Chapitre 3
Des hommes venus de nulle part font irruptions dans la pièce. Étaient-ils là depuis le début ? Trop cachés dans le noir, je ne les avais pas vus, ni même entendus la moindre respiration de leur part. Ils se précipitent sur moi et sur mon Emilie. Des masques cachent le haut de leur visage, une cape noire recouvre leur corps nu.
Déjà plusieurs sont sur moi. Ils me touchent, me caressent, me lèchent, et me mordent tels des bêtes sauvages se jetant sur leur proie. Je me délecte, je découvre de nouvelles formes de jouissance. Je suis à eux, prêt à subir tous leurs supplices. J’entends Emilie crier tout son plaisir, le son de sa voix rapidement étouffé, imaginant sa bouche prise telle qu’est actuellement la mienne.
Combien sont-ils à nous baiser ? Cela semble durer des heures. Mon envie ne se calme pas, ma verge ne semble plus savoir débander. Aucun d’eux ne la touche, comme s’il s’agissait d’un graal sacré. Et pourtant, je n’attends que ça, qu’on calme enfin mes envies de continuer à en recevoir davantage. On se décharge dans mon anus, mon trou ne reste pas longtemps sans être de nouveau occupé, déjà un autre y prend place. On se décharge dans ma bouche, j’avale avec plaisir le foutre doux et épais, et déjà j’ouvre mes lèvres pour accueillir la verge suivante.
Ils repartent comme ils sont arrivés. Un mirage ? Une tempête ? Je comprends à peine ce qu’il vient de se passer. Pauline est là, vient vers moi et me détache enfin. Emilie est allongée sur une table comme inconsciente, seule sa respiration lourde montre qu’elle est vivante. J’observe un court instant son corps souillé qui m’est offert. Mon envie est plus forte que jamais. Je me sens animal, je me sens bête. Sans tenter de me contrôler, je vais sur elle, la tourne en la prenant par les jambes, la change de position, sa tête bascule, tombe dans le vide. Je la pénètre d’un coup dans son antre brûlant, je presse sa poitrine poisseuse de sperme que j’ai envie de lécher. Elle se redresse un peu, me regarde de ses yeux qui partent dans le vague, me sourit et me dit d’une voix affaiblie : "je suis contente que ce soit toi le dernier".
Je veux en finir rapidement, je la besogne, mais la jouissance tarde à venir. Le mari de Pauline arrive, pose sa verge sur les lèvres d’Emilie qui a la tête en arrière, elle ouvre la bouche, il s’engouffre dedans. Est-ce à cause du mord qu’il a toujours entre les dents ? Il semble n’y prendre aucun plaisir. Et pourtant, la gorge de ma bien aimée est déformée par chaque coup qu’il lui donne. Un bruit de talons sur le sol en pierre me fait tourner la tête pour voir Pauline. Elle a retiré sa robe, se présente quasiment nue, me montre enfin son magnifique corps, s’accroche un phallus en bois au niveau de son pubis.
Ma jouissance ne vient toujours pas, Emilie suffoque avec ce vit dans sa gorge, Pauline passe derrière moi, je me penche sur mon amour. Pauline agrippe mes hanches et d’un coup franc me pénètre. Je hurle comme une bête de douleur et de plaisir mélangés. Je jouis, éjacule dans le ventre de ma bien aimée tout ce sperme que j’ai bien trop longtemps gardé. Les murs commencent à tourner autour de moi, je sens que je perds conscience. Je n’ai que le temps de voir dans le reflet du miroir à côté de moi un tatouage de diable sur la fesse de Pauline, et le noir total m’envahit.
J’ouvre enfin un il, je regarde par la fenêtre : le soleil commence à se coucher, je distingue encore l’enclos des loups d’élevage dont la sur de ma chérie nous avait parlés et ils commencent à hurler. J’ai dormi toute la journée, je suis dans ce lit à baldaquin, Emilie est à côté de moi toujours assoupie. Je retire les draps de son corps, je veux le regarder. Il est recouvert de marques de sperme séché, de griffures et de morsures, tout comme le mien dont chaque poil a été enlevé. Je n’ai presque aucun souvenir de la nuit que nous avons passée. Je sais juste qu’elle a été intense, extrême, mais pourtant je ne me souviens de rien.
Je tente de me lever et m’écroule sur le sol. Mes forces m’ont quitté, mon corps est endolori de partout, mon anus me brûle. Je force sur mes jambes pour réussir à me redresser. Une main se pose sur la mienne qui a attrapé le drap du lit. Emilie me sourit, ce contact me redonne de l’énergie. Je me redresse maintenant sans le moindre effort. Je me baisse sur elle, l’embrasse amoureusement. Elle sent le sexe, le corps d’autres hommes. Je ne m’offusque pas, je me doute de ce qu’il s’est passé. Je suis content que mes souvenirs m’aient échappé. Je n’aimerais pas me rappeler la voir prendre du plaisir, empalée par le sexe d’un autre qui la ferait jouir.
L’heure n’est pas à la jalousie mal placée, nous avons joui même si aucun de nous deux ne se souvient de ce qu’il nous est arrivé. Ses baisers se posent sur mon torse, elle le lèche et me dit honteusement
— Mon fantasme est de te voir avec un autre homme.
— Je crois bien que cela s’est passé.
— Dommage que je ne m’en souvienne pas. Tu es beau sans tous ces poils. Tu sembles plus musclé et ton sexe plus grand.
— Il est plus sensible aussi, tu peux le toucher.
Elle sourit, prend ma verge qui se met aussitôt à grossir. Je lui proposerais bien un bain, mais les odeurs bestiales qui subsistent de la nuit dernière me donnent envie de la prendre sans tarder. Cependant, je la laisse faire, jouer avec mon gland, caresser mes fesses. Elle retire sa bouche de mon sexe, m’enlace et m’embrasse amoureusement. Je pose mes mains sur son dos, elle gémit en me repoussant gentiment. Elle se tourne pour que je regarde, il est zébré, l’a-t-on fouettée ? Elle donnerait cher pour savoir ce que nous avons fait, m’avouant en même temps que son anus, tout comme le mien, est endolori et que son vagin a été trop utilisé.
Alors que je m’inquiète, elle rit. Sa bonne humeur est communicative. Nous découvrons sur la table basse plusieurs assiettes remplies de fruits, de fromage, de volaille. La faim me gagne, Emilie se jette aussitôt sur la nourriture. Elle me met un grain de raison noir dans la bouche, il est délicieux. J’observe cette bouteille de vin rouge, elle est ouverte, a eu le temps de respirer. Sur l’étiquette est indiqué « Château Margaux 1982 », je n’imaginais pas être aussi bien reçu. Le vin est excellent, la nourriture tout autant. Je me dis qu’il faudra que je demande à Pauline les adresses de ses producteurs. Tout est si savoureux, tout est tellement délicieux, et mon Emilie l’est encore plus.
J’ai envie d’elle, elle a quelque chose de plus sensuel que d’habitude. Elle prend une dernière fraise, s’allonge sur le sol. Jambes impudiquement écartées, se caresse la vulve avec le fruit avant de me le tendre. Je croque dedans, savoure le jus qui coule sur ma langue et elle me dit d’une voix certaine : « baise-moi ». Je m’allonge sur elle, la pénètre sans ménagement. Elle pousse un cri de douleur, je m’inquiète
— T’ai-je fait mal ?
— Continue. Ca brûle mais c’est à la fois merveilleux.
Je m’enfonce profondément, elle m’attrape les fesses, caresse mon anus de ses doigts. Je comprends ce qu’elle ressent, son attouchement est douloureux pour moi aussi. Mélangé avec le plaisir que je reçois, mes sens sont décuplés et mon envie de continuer affirmée. J’accélère mes mouvements, ses cris sont plus forts. Ses doigts me pénètrent, mes râles prennent en puissance. Son vagin se contracte, un orgasme prend possession de son corps. Je suis sur ses traces, et relâche sans attendre de merveilleux jets de sperme dans une jouissance exquise.
Je m’écroule sur elle, nous nous cajolons. Je glisse le long de son corps, embrasse sa poitrine, lèche son ventre. Je ne m’attarde pas sur son clitoris, j’ai une envie irrésistible de lui offrir un fantasme qu’elle me réclame depuis bien trop longtemps. Ma langue lèche l’entrée de son vagin, le pénètre, goûte à mon sperme. Mes pupilles s’éveillent, la texture est délicieuse. Ses mains se posent sur ma tête, j’aspire ce jus, l’avale, m’en délecte jusqu’à ce qu’elle tire mes cheveux pour que je vienne l’embrasser, voulant également y goûter.
J’ai dû m’assoupir, je suis réveillé par l’eau de la baignoire, Emilie est prête à y entrer. Elle s’excuse de m’avoir réveillé, je ne lui en veux pas et viens pour l’enlacer. Nous nous embrassons fougueusement, mes envies reviennent. Ma verge grossit, se tend, caresse sa peau en montant. Elle me glisse à l’oreille, tel un secret : « laisse-moi juste la sucer ». Elle s’agenouille face à moi, masturbe mon vit pour qu’il prenne encore un peu d’envergure, puis le glisse entre ses lèvres.
Le plaisir est toujours aussi intense, je me délecte de sa bouche de plus en plus experte. Mes yeux se perdent dans cette chambre, dans cette pièce dont la décoration m’était sortie de la tête. Il y a ce tableau qui m’avait mis mal à l’aise la veille, mais dont l’union me semble étrangement familière : ce couple avec la bouche de la femme prise par la verge d’un être au corps humain et à tête de cheval, l’homme sodomisé par le diable. Tiens, n’y avait-il pas des statues juste là où nous nous trouvons ? La femme du tableau trois grains de beauté sous la poitrine comme mon Emilie a
Et tous les souvenirs de la nuit précédente me frappent comme si j’y étais encore. Je baisse la tête pour regarder Emilie qui a mon sexe au fond de sa gorge. Elle me dévisage, ses yeux se remplissent de peur. Elle blêmit sans bouger comme tétanisée, sa peau pâlit à vue d’il. Moi non plus, je ne peux plus faire un geste, mon sang se glace, le bruit de la trappe qui s’ouvre dans la cheminée. Tous les sons disparaissent, toutes mes sensations s’évaporent. Juste une certitude me gagne : Emilie n’a jamais eu de sur.