Je regarde ma montre. Onze heures. Lola n’est toujours pas rentrée. Amandine boit une tasse de café sur son canapé. Le visage souriant, perdu dans ses pensées, elle a l’air aux anges.
Son homme, je ne l’avais pas vu jusqu’ici, sort de la chambre en vêtements de sport. Elle lui dit bonjour, s’étonne de sa tenue, lui pose une question. Il répond brièvement. Son visage se ferme. Elle n’a pas l’air contente. Visiblement, elle ne pensait pas qu’il allait partir. Elle insiste. Il fait un signe pour dire que ce n’est pas possible. Il doit y aller. Elle lui lance une phrase qui n’a pas l’air gentille. Lui sourit tranquillement, vient l’embrasser, prend son sac de sport, s’en va comme si de rien était…
Elle se retrouve seule. Elle a l’air furax. Son visage fulmine. Il va le regretter !… Si il veut partir, qu’il parte !… Elle finit sa tasse d’un trait, se lève, va se placer devant la glace. Elle prend ses cheveux dans ses mains, les ramène à l’arrière. Elle se regarde, les lâche, les laisse partir libre. Elle lève les bras au ciel pour s’étirer d’un air de dire qu’elle est pas mal…
Elle file vers la salle de bain, revient avec un flacon de vernis, l’ouvre, le pose sur la table. Elle prend son téléphone, appuie sur des touches, semble chercher quelque chose, le trouve. Elle porte le haut-parleur à son oreille. Cela sonne chez moi !… Est-ce que c’est elle ?… Je décroche…
— Mathis ?… Amandine !… J’espère que je ne te dérange pas ?…
Elle coince le téléphone dans son cou. Elle attrape le flacon, égoutte le vernis, commence à le passer sur ses ongles de pieds. Je ne sais pas quoi dire. Je suis tout surpris…
— Je voulais m’excuser pour la dernière fois. Je n’ai pas été sympa. Je t’ai laissé en plan au milieu de ton enquête. Elle n’est pas terminée, j’espère ?…
— Pas encore…
— Je voudrais bien continuer.
— D’accord !…
— Tu es seul ?…
— Oui…
— Tu as une copine ?…
— Oui, elle n’est pas là…
— Bien… Je présume que tu veux savoir comment je suis habillée ?…
— Oui…
— Je porte un peignoir rouge, court, rien dessous… Je suis sur mon canapé. Je peins les ongles de mes pieds. Tu aimes ?…
— Mmm, mmm…
Elle se mord les lèvres. Elle pose le pinceau sur la table. Sa main passe sous le haut de son peignoir, sur le sein. Elle le masse. Elle reprend le pinceau, le fait à nouveau glisser sur ses ongles…
— J’imagine que tu voudras choisir la tenue que je vais mettre ?…
— Mmm,mmm…
— Tu as toute latitude. Après, bien sûr, je ferai en fonction de ce que j’ai… J’aimerais que tu passes à la maison…
Elle me lance çà comme si elle me disait « Bonjour, çà va ?… »
— Heu… Tu n’as pas de copain ?…
— Si, j’ai un mari, mais il n’est pas là. Il est à son entraînement de foot comme tous les samedis. Tant pis pour lui !… Il ne revient pas avant seize heures. J’habite passage du Printemps, tu connais ?…
— Oui.
— Tu peux être là dans trente minutes ?…
— Oui.
— Tu trouveras facilement… Amandine Colin. C’est au 10…
— D’accord !…
— Mathis ?…
— Oui ?…
— Tu veux que je sois habillée comment ?…
J’hésite. J’ai presque envie de lui dire de garder son peignoir. Je me ravise…
— Une robe avec une fermeture-Éclair qui se zippe longuement, des talons haut, pas de culotte !…
— Tu exagères, Mathis !…
Elle redresse le visage, réfléchit un instant, mord le bas de ses lèvres…
— Mais c’est toi qui décides… D’accord !… A toute à l’heure, Mathis !… 10 passage du Printemps !…
