Précédemment dans Léo et la Découverte :
Léo a enfin un ami. Il n’y croyait plus mais c’est enfin arrivé. Qui plus est, cet ami a l’air de sincèrement vouloir lui venir en aide Il se sent en confiance, à tel point qu’il s’est livré à lui comme jamais il ne l’avait fait à quelqu’un auparavant. Un lien s’est créé entre les deux jeunes hommes, et Léo sent déjà les premières barrières tomber
***
— Alors, t’as désherbé le pied de l’arbre ?
Lundi matin. Les cours n’ont pas encore commencé et je somnole devant mon gobelet de café dans le hall du lycée. Mak, lui, a déjà l’air en pleine forme.
— Hé ça va, rougis pas comme ça, si tu m’as demandé si les mecs se rasaient c’est que tu voulais le faire, non ?
Oui je l’ai fait. J’ai passé toute la journée d’hier à me sentir mal à l’aise en repensant à cette scène un peu surréaliste du samedi soir, avec toute cette mousse à raser. C’est avec le recul que je me suis rendu compte que l’alcool avait joué un grand rôle dans cette désinhibition soudaine, et depuis que les effets ont disparu j’ai un peu de mal à me reconnaitre. L’absence totale de poils autour de ma verge est la seule chose qui me permet d’être certain que ça s’est bel et bien passé.
— Ouais, j’ai rasé, je finis par répondre.
— Ahah, avoue, on a l’impression qu’elle est plus grande !
— Ouai, c’est vrai. Pour ce que ça change
— Ah oui c’est vrai. Tu es différent des autres et tu n’as pas le droit d’avoir une vie sexuelle. J’avais oublié
Je le dévisage par-dessus mon gobelet de café. Je ne suis pas encore tout à fait habitué à sa franchise un peu brutale, et je ne suis pas encore assez bien réveillé pour le prendre vraiment bien. Je me contente de grogner en me débarrassant de mon gobelet.
— Paye-moi une clope plutôt que de vouloir dresser la liste de mes défauts.
— Tu fumes, toi ?
— Non.
C’est vrai, je n’ai jamais fumé. Et je n’ai pas particulièrement envie de commencer. J’ai juste besoin d’une excuse pour ne pas trop montrer mon agacement. Il me tend une cigarette, s’en prend une et nous attendons d’avoir franchi les grilles du lycée avant de les allumer.
— Ça m’a surpris que tu m’envoies un message comme ça aussi vite, reprend plus sérieusement Mak après avoir échangé quelques mots avec Florian, un gars un peu plus vieux que nous d’une autre classe.
— Tu m’avais dit que je pouvais te demander ce que je voulais. Et je voyais pas trop d’autre moyen d’avoir une réponse, de toute façon.
— Ah mais t’as bien fait ! C’est exactement de ce genre de trucs dont je parlais quand je disais n’avoir aucune gêneC’est juste que je pensais pas que tu oserais aussi vite.
— Moi non plus, je pensais pas
Me voilà entièrement réveillé à présent. Peut-être à cause de la fumée de cigarette qui me brûle la gorge et me pique les yeux.
— Mais vider mon sac, ça a été comme un électrochoc, continue-je sans regarder mon interlocuteur. Ça m’a tellement soulagé que j’ai pas envie de m’arrêter maintenant. Je te fais confiance, et je crois que tu peux vraiment m’aider.
— Hé ben encore un peu et tu vas me faire chialer ! Me chambre Mak.
Je le gratifie d’une bousculade sur l’épaule. Je peux exprimer mes émotions à quelqu’un sans le moindre problème ça aussi, c’est nouveau.
— J’ai pas encore fait grand-chose, tu sais.
Au loin, la cloche du lycée retentit. On retourne à l’intérieur de l’établissement direction la salle de classe de la première heure de cours.
— Mais puisque tu dis que tu ne veux pas t’arrêter maintenant, on va saisir l’occasion, se réjouit Mak. La suite à la récré, je sais exactement par quoi commencer.
Nous rentrons dans la salle de classe et Mak s’éloigne sans que j’aie le temps de lui demander de quoi il parle. Tout au long des deux heures de cours d’Histoire, un nud dans mon estomac ne cesse de se tortiller d’appréhension
***
La cloche a à peine le temps de signifier la fin du double cours que je suis déjà à côté de Mak.
— De quoi tu parles ? On est au bahut, je peux rien faire ici
— Détends-toi ! sourit Mak. On a l’impression que je vais te demander de faire décoller une fusée ! Tu as bien dit que tu voulais continuer dans ta lancée, non ?
— Ouais, mais
— Mais quoi ? Je ne te demanderai rien d’autre que des trucs normaux pour les autres tu sais Et si je vois que c’est vraiment insurmontable pour toi, je te mettrais pas de couteau sous la gorge T’inquiète, ça va bien se passer.
Mon rythme cardiaque s’emballe encore un peu plus et j’essaye de retrouver mon calme. Je me rends bien compte que je suis en train de faire une montagne de pas grand-chose, mais c’est plus fort que moi. C’est une plongée permanente dans l’inconnu et l’inconnu m’effraie.
— Tiens, refume une clope, ça va te détendre.
Il me tend à nouveau une cigarette et nous retournons devant la grille du lycée en nous frayant difficilement un chemin à travers la foule amassée là.
— Tu as déjà remarqué des gens qui te plaisaient, ici ? Je veux dire, au bahut ?
— Euh
Je ne sais pas quoi répondre. Je ne me suis même jamais posé la question.
— J’ai jamais vraiment cherché, pour tout dire.
— Quoi, même pas une jolie fille sur qui tu t’es retourné en te disant qu’elle était mignonne ?
— En fait j’évite de regarder les gens. J’ai trop peur de croiser leur regard
— Et tu penses que tu vas fondre si ça arrive ?
— Non mais
— Alors c’est ton premier exercice. Vas-y, redresse la tête et regarde autour de toi. Essaye de voir s’il y a des gens que tu trouves beaux physiquement.
Je m’exécute sans broncher et je ballade mon regard sur la foule, sans jamais trop m’attarder. C’est une sensation bizarre. J’ai l’impression de poser des visages sur toutes ces silhouettes familières mais pourtant totalement inconnues. La plupart discutent et rient entre eux, d’autres pianotent sur leur téléphone. Il y a de tout : des plus ou moins jeunes que moi. Des hommes, des femmes, aux looks, aux ethnies et aux allures différentes. J’affine la vision un peu figée que j’avais des ’autres’’.
— Alors ?
J’essaye de m’attarder un peu plus sur les gens pour pouvoir répondre à Mak. J’observe leurs traits, leurs vêtements. Leurs comportements.
— Il y a des filles plutôt jolies, oui.
— Super. Alors maintenant, tu vas en choisir une et tu vas aller la voir pour lui donner ton numéro.
J’avale la fumée de ma cigarette de travers et manque m’étouffer. Les larmes me montent aux yeux.
— Même pas en rêve ! Je réplique en crachotant.
— Pourquoi, elle ne va pas te bouffer !
D’accord je suis prêt à faire des efforts, mais là c’est vraiment beaucoup trop pour moi.
— Tu m’as dit que tu me mettrais pas de couteau sous la gorge si c’était trop. Eh bien c’est trop.
— D’accord, d’accord, je comprends. Et si tu allais en voir une pour lui donner mon numéro à moi ? C’est plus simple ça, non ?
Ça me parait déjà un peu plus simple. Je devrais toujours surmonter ma peur des autres mais au moins je n’aurais pas besoin de me rendre ridicule en me lançant dans une parodie de drague ampoulée.
— Tu as déjà vu Lost ? Me demande Mak.
— Lost, la série ? Qu’est-ce que ça a à voir avec ça ?
— Tu l’as déjà regardé ou pas ?
— Vite fait, y’a longtemps.
— OK et tu te souviens du premier épisode, quand Kate recoud Jack ?
— Là tu m’en demandes trop
— L’avion vient de s’écraser et Jack, le héros principal, est blessé au dos. Il croise Kate et lui demande de le recoudre.
Des images me reviennent en mémoire pendant qu’il raconte, mais je ne vois toujours pas où il veut en venir.
— Comme la femme n’est pas franchement rassurée à l’idée de recoudre un mec avec du fil de couture, Jack lui raconte qu’il est chirurgien et que pendant la première grosse opération de sa carrière, il a fait une bourde qui rendrait sa patiente infirme s’il la réparait pas. Il était complètement paniqué, mais il a réussi à surmonter sa peur pour finir le boulot.
— Il a compté jusqu’à cinq, je le coupe en me souvenant tout à coup de la scène en question.
— C’est ça, sourit Mak. Il a fermé les yeux, compté jusqu’à cinq et a décidé que quand ils les rouvriraient, il n’y aurait plus une trace de peur en lui.
— OK je vois le délire, mais ça reste une série, hein
— Ouais c’est une série, c’est pour ça que c’était pendant une opération de chirurgie avec des vies en jeu. Là on est dans la réalité, et il est juste question de faire quelque chose de ’normal’’ et de naturel pour la plupart des gens. Ça pourrait marcher, non ?
J’hésite encore. Moi qui occupe le plus clair de mon temps enfermé dans ma chambre à regarder la télévision, j’aime assez l’idée de m’inspirer d’un héros de série. Je finis par hocher la tête en écrasant mon mégot sur la semelle de ma chaussure.
— Tu en choisis une, qui tu veux ! M’encourage Mak en griffonnant son numéro au dos d’un ticket de caisse trouvé dans ses poches. Tu respires un grand coup, tu comptes jusqu’à cinq, et tu fonces !
J’attrape le petit morceau de papier et scrute autour de moi avec l’objectif de trouver une ’cible’’ facile. Qui n’a pas l’air trop extravertie, et sans trop de monde autour de préférence. Je finis par repérer deux filles un peu à l’écart adossées à un tronc d’arbre. Mak suit mon regard.
— Elles sont mignonnes, ces deux-là ! Tu as bon goût !
Je ne réponds pas. Je ferme les yeux et compte jusqu’à cinq en prenant de grandes inspirations. La peur n’a pas vraiment disparu quand je les rouvre, mais j’arrête de réfléchir et je fonce.
— Euhsalut.
J’ai à peine ouvert la bouche que je me sens ridicule. Je sens déjà le rouge me monter jusqu’aux oreilles et m’attends à me faire envoyer balader d’une seconde à l’autre. Mais ça n’arrive pas.
— Salut, répondent en cur les deux jeunes femmes en se retournant vers moi.
Ça me laisse le loisir de mieux les regarder. Je m’attarde particulièrement sur celle de gauche, avec ses longs cheveux noirs lisses et ses yeux en amande d’un vert vif. Je l’ai forcément déjà croisé puisque nous sommes tous dans le même lycée et qu’elle a l’air plus ou moins du même âge que moi, mais son visage ne me dit rien.
— Désolé de vous déranger continue-je en bredouillant toujours autant. En fait c’est pour
Les deux femmes me regardent me débattre sans rien dire. Celle aux cheveux noirs a un petit sourire de coin sans que je puisse décrypter si c’est de la moquerie ou autre chose. J’essaye de retrouver un minimum de contenance avant de définitivement passer pour un cinglé.
— C’est pour mon pote là-bas Il voulait te donner son numéro.
Je tends le morceau de papier à celle aux cheveux noirs, qui le prend sans le regarder.
— Pourquoi il ne vient pas par lui-même ?
— Disons qu’il est trop timide pour ça
Elle penche la tête pour regarder Mak qui pianotait sur son téléphone.
— Hum, ouais lâche-t-elle en faisant disparaitre le papier dans une poche. Ça tombe bien, j’ai un faible pour les timides Je trouve ça mignon.
Elle me gratifie d’un sourire radieux, et même d’un clin d’il discret. À moins qu’elle ait juste une poussière dans l’il.
— Super. Alors bah salut !
Je m’empresse de déguerpir avant de me liquéfier devant elle et retourne auprès de Mak en savourant déjà ma victoire.
— Alors comment ça s’est passé ?
— J’ai survécu, donc j’imagine que c’est une victoire.
— Ahah tu vois ! Tu gères ! Elle est célibataire ?
— Euh j’en sais rien.
— Ah pas grave. Et elle s’appelle comment ?
— Euh
Je n’avais pas compris que je devais demander autant de choses. Je ne sais pas si j’en aurai été capable de toute façon.
— Tu m’as demandé de lui filer ton numéro, je lui ai filé ton numéro
— Ouais, et c’est déjà super. T’es fier de toi, j’espère ?
— Plutôt ouais T’imagines pas ce que ça peut représenter
— Si, je crois que je commence un peu à imaginer, justement. Séance de sport mercredi après-midi pour fêter ça, ça te dit ?
J’accepte aussitôt. J’ai très envie de regoûter à cette sensation de bien-être que procure l’effort physique.
— Nickel. On passera le reste de l’après-midi chez moi si tu veux, mon frère n’est pas toujours pas rentré de sa virée, j’ai l’appart pour moi tout seul. On continuera nos exercices !
C’est à son tour de me faire un clin d’il, toujours sans que je n’arrive à le décrypter, mais peu importe. Une nouvelle journée, une nouvelle victoire Il ne m’en faut pas plus pour être galvanisé à l’idée de relever de nouveaux défis.
***
Mercredi midi. Je suis rentré du lycée depuis une bonne heure et j’avale un sandwich à la hâte avant que Mak ne passe me prendre. J’ai tout juste eu le temps de prendre une douche. Douche que j’ai fait durer un peu plus que nécessaire, j’avoue. Mis en condition par l’eau chaude et le gel douche, le lavage de mes parties intimes est vite devenu une partie de masturbation intense.
C’est devenu une activité quotidienne, depuis que tous ces changements ont commencé. Mettre un pied dans le ’monde normal’’ a eu l’effet d’un électrochoc, et j’ai la sensation de redécouvrir tout ce qui compose ma vie, ma propre sexualité en première ligne. L’idée de me masturber comme je le faisais avant, concentré sur le plaisir des acteurs d’une vidéo, ne me donne plus du tout envie. Je ressens maintenant une excitation incroyable à me centrer sur mon propre plaisir. Mon sexe, les possibilités qu’il propose, les sensations que JE ressens Tout ce à quoi je ne pensais pas avoir droit il n’y a même pas une semaine encore. Même le sentiment de honte que j’avais ressenti après l’épisode de la mousse à raser a disparu. Comme le dit si bien Mak : il n’y a pas de mal à se faire du biensi ?
Rien que de penser à ce changement, mon sexe se réveille dans mon boxer. Instinctivement, je caresse le tissu de mon jean et fais ressortir la forme de mon pénis, de plus en plus grosse. Pris d’une pulsion, je déboutonne mon jean et, toujours assis autour de la table de la cuisine, je mets la chaise sur deux pieds et libère mon chibre déjà complètement en érection.
Je m’apprête à l’empoigner quand un bruit de pneus sur les graviers de ma cour se fait entendre.
Je me rhabille à la hâte en me sentant devenir rouge pivoine, comme si je venais d’être pris en faute. Je me débarrasse des restes de sandwich et me mets à tourner en rond, sans trop savoir quoi faire, tandis que Mak klaxonne à plusieurs reprises pour signifier sa présence.
Je passe la main sur mon jean. Cette crise de panique a fait redescendre mon érection en un clin d’il Ce qui n’est pas plus mal. J’enfile ma veste et prends une grande inspiration. Tandis que je rejoins mon ami, je souris intérieurement. Il y a encore un sacré boulot à faire pour que je sois à l’aise avec ça
***
— Allez, encore quatre et t’as fini la série. Lâche rien !
Je suis ruisselant de transpiration. J’ai tellement chaud que j’ai l’impression que quelqu’un s’est amusé à pousser tous les radiateurs de la salle à fond. Je serre les dents et vais puiser mes dernières ressources pour parvenir à lever les deux haltères au-dessus de ma tête.
— Allez c’est bon. T’as tout donné, on arrête là.
Je laisse tomber les deux haltères en soupirant et me redresse pour boire de grandes gorgées d’eau. Je suis à bout de forces.
Nous venons de passer deux heures à travailler sans relâche. Constamment sous les conseils et l’il avisé de Makara, j’ai testé et utilisé pratiquement tous les appareils de musculation et j’ai l’impression que tous mes muscles sont en feu.
— Franchement c’est pas pour te passer de la pommade dans le dos, mais tu t’en sors pas mal du tout pour un débutant. T’as une bonne endurance, tu pourrais vite te modeler si tu t’y mettais.
— Qu’est-ce que tu appelles vite ? Je demande en passant une serviette sur mes cheveux trempés de sueur.
— Avec le bon programme et en restant régulier, tu pourrais commencer à voir des résultats au bout d’un petit mois je pense. En t’entraînant au moins trois fois par semaine par contre.
— Si t’as rien de mieux à faire que de continuer à me dire quoi faire, je suis partant !
— Hé, je passe des dizaines d’heures ici de toute façon. Alors autant que ça te serve à toi aussi.
Il me tend sa main pour m’aider à me relever du banc de musculation et nous retournons aux vestiaires, où trois autres hommes sont en train de se changer. J’attrape mon sac à dos et me dirige vers les cabines individuelles mais Mak m’attrape par le bras et se rapproche pour me parler sans que les autres n’entendent.
— En parlant de te dire quoi faire, et si tu te changeais ici plutôt que d’aller t’enfermer là-dedans ?
— Euh Qu’est-ce que ça change, j’en ai pas pour longtemps, je
— Comme tu dis qu’est-ce que ça change ? La dernière fois qu’on est venus tu t’es enfermé pour te changer mais tu es sorti en maillot de bain Là tu dois te mettre en boxer, c’est la même chose, non ?
Comme un réflexe, je regarde autour de moi. Deux hommes sont toujours à côté de nous. Le troisième est en train de se diriger vers les douches. Je réfléchis quelques secondes, mais l’exercice ne me parait finalement pas si compliqué. Sans rien dire, je pose mon sac et enlève mon tee-shirt. Mak lève son pouce en l’air en signe d’approbation et fait de même. En deux temps trois mouvements, il se retrouve en boxer, et je me surprends une nouvelle fois à observer discrètement sa musculature.
— Regarde comme tes bras sont gonflés ! Me fait-t-il remarquer en appuyant son mon biceps.
Je l’imite. Mon muscle est dur comme du béton.
— Ça fait toujours ça, me rassure-t-il. Les muscles que tu viens de travailler sont tous au taquet, tu ne seras jamais aussi tracé que juste après une séance de sport.
Je retourne à mon exploration : pour être tracé, ça, il est tracé. Tous ses muscles sont secs et dessinés, je ne vois pas une seule trace de gras. Je suis clairement jaloux.
Comme la dernière fois, mon regard s’arrête sur son boxer, toujours aussi rempli. Là encore, je suis jaloux. Je repense à mes séances de masturbation. À mon sexe imberbe dressé, raide comme la justice. Est-ce qu’il se branle, lui aussi ? Oui, bien sûr qu’il le fait, il l’a dit lui-même. Mais comment fait-il ? Qu’est-ce qui l’excite ? Est-ce qu’il a des techniques particulières ? Et combien de filles l’ont vu nu ? Combien ont profité de ce pénis ? D’ailleurs, à quoi peut-il bien ressembler ?
Je pars complètement dans mes pensées sans me rendre compte que je suis toujours à moitié nu dans un lieu public.
— Tiens ! Me chuchote Mak, me sortant de ma rêverie et me faisant relever la tête par la même occasion. Il me tend une serviette éponge.
— Euh Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse, au juste ?
— On a transpiré comme des porcs, on pue le fennec. On a besoin de prendre une douche.
Mon cur rate un battement. Ce n’était pas prévu au programme, ça
— Euh je balbutie en réfléchissant à toute vitesse à une excuse. J’ai pas pris de maillot de bain
— Je me doute Tu dirais quoi si c’était ton prochain exercice ?
Je ne réponds pas. Mes mains se mettent à trembler d’elles-mêmes.
— Non, je peux pas Tout le monde va me voir, je
— Pour que les gens te voient il faudrait déjà qu’ils te regardentJe te l’ai déjà dit, tout le monde vit sa vie, il faut que tu arrêtes de croire que tout le monde t’observe.
Je me pince la lèvre et vais m’asseoir sur le banc à côté de nous. Je tremble de plus en plus ; je suis en pleine crise d’angoisse.
— Faire du sport libère des hormones du plaisir. À l’heure où je te parle, tu ne peux pas être plus détendu que maintenant, m’explique Mak pour tenter de me convaincre. C’est le moment idéal pour relever un défi comme ça. Il n’y a pratiquement personne, tu ne prends pas trop de risques.
Je tends l’oreille et entends un bruit d’eau qui coule. L’homme que j’ai vu partir sous les douches y est toujours.
— C’est déjà trop, je réponds dans un souffle.
Mak semble réfléchir à de nouveaux arguments, mais il voit bien mon état.
— Et s’il y avait que nous deux, alors ? Y’a des douches individuelles, personne te verrait à part moi. T’en dis quoi ?
J’ai instinctivement envie de répondre qu’une personne, c’est déjà trop, mais je retiens ma langue. Si cette personne est Mak, c’est déjà un tout petit peu plus réalisable. Je ne m’arrête pas de trembler pour autant
— Ecoute, voilà comment on fait : moi je suis pas pudique. On est tous fait pareil, on sait tous les deux à quoi ressemble une bite donc j’ai pas de problèmes avec ça. Alors on va tous les deux dans une cabine, je me mets à poil, je vais sous la douche, et quand tu te sens prêt tu me rejoins.
Je me tourne vers lui. Dans n’importe quelle autre situation, pour n’importe quelles autres personnes, une invitation à rejoindre quelqu’un sous la douche sonnerait comme quelque chose de clairement sexuel. Je n’arrive pas à croire tout ce qu’il est prêt à faire pour m’aider
Je n’arrive pas encore à accepter quand quelque chose me traverse l’esprit. Si je peux le regarder sous la douche, je pourrais voir son sexe Voir à quoi il ressemble, le comparer au mien, aussi, inévitablement
Je me crispe encore un peu plus sur mon banc et attends quelques secondes que les deux autres quittent le vestiaire.
— Dépêche-toi avant que je change d’avis.
Un grand sourire se dessine sur son visage et il se lève aussitôt pour ouvrir la porte de la douche individuelle la plus proche.
— Viens vite avant que quelqu’un nous voie. Ils vont forcément s’imaginer des trucs, sinon.
Je le suis en vérifiant que personne ne pouvait nous voir et j’expire longuement quand il ferme la porte à clé. Être enfin à l’abri des regards a quelque chose de rassurant mais me retrouver ainsi dans un endroit aussi confiné avec quelqu’un d’autre représente une forme d’intimité dont je n’ai pas l’habitude. Mon rythme cardiaque ne veut toujours pas se calmer.
Mak passe devant moi et son boxer frôle le mien quand il passe à côté de moi. Ce contact inattendu me fait l’effet d’une décharge électrique, mais j’essaie de ne rien montrer.
— Ça va ? Me demande-t-il.
— Je suis dans un état pas possible à l’idée de me mettre à poil et je suis dans une douche avec un mec ça peut pas aller mieux ! Je lâche, essayant l’humour pour essayer de me détendre.
— Vu comme ça, même moi j’ai du mal ! Eclate-t-il de rire. Réfléchis pas trop, tout ça c’est pour t’aider. Je me répète, je veux pas te bloquer ou te rendre malade. Si vraiment tu peux pas, on arrête.
Mon regard glisse subrepticement sur son boxer. L’envie de le voir le retirer commence à prendre le pas sur mes angoisses. Maintenant que je suis là, je ne veux plus reculer.
— Ça va aller. Enfin je crois.
— Être à poil, c’est quelque chose de naturel dit Mak pour me détendre encore un peu plus. OK on est tous différents, on est gros, mince, poilu, jaune, blanc, noir Mais on est tous faits pareil au final ! Les meufs ont une chatte et des nichons, les mecs ont une bite et une paire de couilles Dis-toi que rien ne nous différencie, toi et moi. Et si moi ça ne me pose pas de problème, pourquoi ça t’en poserait à toi ?
J’ai tout un tas de réponses à lui fournir pour le contredire. J’ai envie de lui dire qu’il n’a qu’à regarder son corps et le mien pour qu’il se rende compte de nos différences. Mais je garde tout ça pour moi.
Mak passe ses doigts sur les côtés de son boxer.
— Tu te sens prêt ?
Mon cur bat toujours aussi vite, mais un peu plus d’envie que d’angoisse. Je fais oui de la tête.
D’un geste, il baisse son boxer et s’en débarrasse en le jetant dans un coin de la cabine.
— Tadaaaaa !
Il lève les mains, complètement nu. Je ne peux pas m’empêcher de descendre les yeux sur son pénis.
Il est complètement imberbe, couleur caramel ; la peau un peu plus foncée que sur le reste du corps. Il n’est pas circoncis, mais son prépuce laisse voir une partie de son gland. De petites veines la parcourent, même au repos, et il a deux testicules qui pendent et ont l’air bien lourds. Quant à la taille
Je me dis en une fraction de seconde qu’elle est plus grosse que la mienne. Je le vois à la façon dont elle pend entre ses jambes Plus épaisse aussi. Même au repos comme ça, je la vois comme un symbole de puissance, de fierté
— Tu vois, t’es pas mort !
Je redresse la tête et me sens un peu honteux. Est-ce qu’il s’est rendu compte que j’ai fixé son sexe pendant de longues secondes ?
Visiblement non, puisqu’il appuie sur le bouton poussoir et commence à se frotter les cheveux sous l’eau jaillissante. Quant à moi, je reste prostré dans mon coin de cabine, observant maintenant ses fesses imberbes, aussi musculeuses que je les avais imaginés.
— À ton tour, mon grand !
Voilà le moment que je redoutais. Fini le rôle rassurant de spectateur. Je dois, pour la toute première fois de ma vie, me montrer nu à quelqu’un. Mes mains se remettent à trembler.
— N’oublie pas, compte jusqu’à cinq, m’encourage Mak, toujours sous le jet d’eau chaude.
Je ferme les yeux et glisse à mon tour mes doigts sur les côtés de mon boxer.
1
Je ne peux pas faire ça. C’est complètement dingue.
2
Je suis dans une douche avec un mec nu que j’ai détaillé sous toutes les coutures
3
Qu’est-ce que je suis en train de faire, au juste ? Comment je me suis retrouvé dans cette situation ?
4
Je veux rentrer chez moi. Fuir à toutes jambes, m’enfermer dans ma chambre et ne plus jamais en sortir.
5 !
Tout en gardant les yeux fermés, je pousse le tissu vers le bas d’un coup sec.
***
Fin un peu brutale et frustrante je l’avoue, mais j’ai préféré découper ce gros chapitre en deux parties pour rendre le tout un peu plus digeste. Encore une fois, vos avis sont tous les bienvenus.