Une soirée d’hiver, à plus de 20h passées, alors que les gens normaux sont chez eux, devant leur cheminée (ou leur chauffage électrique, c’est selon), à boire leur apéro devant le J.T de Laurence Ferrari… nous sommes une petite bande de quinze chanceux à être encore à la fac. Oui… L’administration universitaire est parfois surprenante, mais c’est ainsi: mon TD (présence obligatoire!) d’histoire des religions se déroule le mercredi soir de 19h à 21h. C’est une pure arnaque, le cours est évidemment sous-intéressant. Les exposés ne sont suivis que par notre jeune enseignante, pendant que nous autres glandeurs préférons nous pencher sur un article passionnant issu du "20 minutes" ou sur une grille de mots fléchés de ce même journal…
Levant les yeux de ma grille de sudoku, je jette un oeil par la fenêtre. Il pleut… Et bien évidemment, je visualise très rapidement mon parapluie resté sur ma table, dans mon appartement. J’en fais part à mes voisins et amis et s’en suit une passionnante discussion sur les effets de la pluie sur nos blondes chevelures… discussion entrecoupée par quelques regards perçants de haines émanant de notre enseignante, qui, la pauvre, est gênée pour écouter le passionnant exposé sur Dieu sait (c’est le cas de le dire…) quel texte d’un obscur moine écossais du XIème siècle…
Alors que plus personne ne s’y attendait, notre professeur nous indique qu’il est 21h et qu’il est donc l’heure de se séparer. Nous sommes tellement fatigués que personne n’est véritablement heureux d’en finir… Nous sortons néanmoins rapidement de la salle avec mes amis, descendons les escaliers, sortant de la fac, jusqu’à ce que nos chemins se séparent au coin de la rue. A l’abri de la pluie, nous discutons cinq minutes afin de savoir quelle torture serait la plus efficace pour en finir avec notre prof, quand celle-ci passe à notre niveau et se dirige vers la station de métro à une centaine de mètres:
— Si elle nous a entendu, je pense qu’il faudra revoir notre note de TD à la baisse… dit un de mes camarades.
— Tu penses qu’elle peut encore baisser…? lui fais-je remarquer.
— Ta gueule…
Sur cette sympathique preuve d’amitié et d’affection virile, nous nous quittons enfin…
Le hasard fait que je dois me diriger vers la même station de métro que ma prof, que j’aperçois au loin. Elle marche d’un pas assez rapide et je ne peux que la comprendre, vu le temps et l’heure avancée. Comment définir cette brave femme ? Environ 25 ans, doctorante, petite brune assez banale, ni vilaine, ni belle, assez classique en somme. Pas très passionnante, s’il faut être honnête. Pas vraiment le genre de prof proche de ses élèves: elle fait son taf et c’est tout. Au bout de quelques instants, j’arrive à la station de métro. Comme à chaque fois que je suis pressé de rentrer, il y a justement une rame qui vient juste de s’en aller. Je sors ma carte de transports en commun, m’approche d’une des portes quand j’aperçois notre prof à un des guichets automatiques. Elle rouspète (chose assez habituelle d’après le peu que je la connais).
— Un problème, madame? dis-je car je suis quand même un garçon bien élevé.
— Ah, vous ici! Hé bien… il me manque 50 centimes…
— Ha ha… je veux bien vous avancer la monnaie si vous voulez, si vous daignez valoriser un peu ma note de T.D…. non, je plaisantais, m’empresse-je de rajouter, figé sur place par son regard dédaigneux.
— J’espère bien… mais j’avoue que si vous aviez 50 centimes… je vous les rendrais la semaine prochaine…
— Je vais voir ça…
Je sors mon porte-feuille et… effectivement, une pièce de 50 centimes s’y trouvait bien sagement. Disant adieu à une potentielle pause-café du lendemain matin, je lui envoies ma pièce à travers le petit hall de la station de métro. Elle me remercie d’un signe de tête, je valide ma carte et continue jusqu’au quai.
J’imagine la tête de mes potes quand la prof me filera mes 50 centimes le mercredi suivant… Nous sommes déjà à la fin du semestre, et petit à petit, une haine relativement réciproque s’est installée entre les étudiants et cette sympathique chargée de T.D. Dans la liste des défauts qui lui sont imputables, on peut dire: froide, manque d’autorité (alors qu’elle pense en avoir, de toute évidence…), parfois sadique, timide… Et surtout, elle connaît très bien son sujet de cours, car elle semble très catholique. Ce qui donne un peu l’impression d’être en cours de cathéchisme…
Quelques secondes plus tard, ma prof me rejoint sur le quai désert:
— Je vous remercie, j’aurais été un peu embêtée si je devais rentrer chez moi à pied…
— J’avoue, surtout sous ce magnifique temps…
— Oui… me répond-elle imperceptiblement.
On dirait que je l’intimide, alors qu’elle a à peu près 6-7 ans de plus que moi. J’en profite pour l’analyser de plus près (précisons que je suis toujours au fond de la classe, ce qui n’est pas le plus pratique pour scruter l’enseignante…) et j’aperçois une bague autour de son alliance. Je me demande quel peut-être l’énergumène qui la lui a offerte…
A ces heures indûes, les rames de métro se font attendre pendant un temps certain… Assez rapidement s’installe une atmosphère un petit peu gênante à côté de mon enseignante, que je n’apprécie au demeurant pas beaucoup:
— Alors, vous voulez faire quoi plus tard, comme travail? me demande t-elle soudainement.
— Je ne sais pas encore vraiment… sûrement pas dans l’histoire des religions, sans vouloir vous offusquer…
— Roh, j’ai vraiment l’impression que mon cours ennuie tout le monde… me dit-elle mi agacée, mi déçue.
Je me retiens de lui faire remarquer que ce n’est pas une impression:
— Oh, disons que personnellement ce n’est pas ce que je préfère, mais c’est juste une question de goût, dis-je avec une grande diplomatie.
— Oui, sans doute… me répond-elle comme si elle avait peur que je la mange.
Et vous, vous travaillez sur quoi? Je veux dire, votre sujet de thèse? prends-je la peine de m’enquérir.
— Oh hé bien… (…) [Je ne pense pas que cela soit très intéressant pour le développement de l’histoire, donc passons ^^ ]
— Ah d’accord… et ça avance bien?
— Oui, oui… enfin sûrement encore un an de travail, je pense!
— Ah ouais quand même… ça occupe !
— Oh que oui… Mes amis se plaignent de ne pas me voir très souvent, mes parents et mon fiancé aussi…
Elle a donc bien un fiancé. Je suis en train de me dire que si elle est si croyante que ce que l’on imagine, elle est peut-être encore vierge. Cette idée me donne une violente envie d’éclater de rire…
Une rame de métro arrive enfin, et nous montons dedans. Vide, évidemment. Comme il serait délicat de faire le gros asocial et de partir dans la direction opposée, je m’ asseois en face de ma prof. Le temps que la rame reparte, je reprends mon analyse de sa personne. Elle pourrait être beaucoup plus jolie si elle changeait de coiffure (ça part un peu dans tous les sens), s’habillait un peu mieux (un peu trop classique, pas très bien accordé) et si elle perdait deux-trois kilos… Cela dit, j’aperçois qu’elle a en fait une poitrine plutôt avantageuse. J’ai une petite pensée pour son fiancé qui, malheureusement pour lui, ne doit pas encore y avoir accès…
Je cesse mon analyse de peur de me faire rôder. La rame démarre et s’enfonce dans le tunnel.
— Vous avez votre propre appartement? me demande t-elle.
— Oui oui… enfin si on peut appeler ça un appartement…
— Pourquoi donc? me répond-elle amusée.
— Oh, vous savez, les étudiants, le rangement… ça fait deux, quoi !
— C’est vrai oui… Oh moi, c’est pareil, heureusement que mon fiancé vient chez moi de temps en temps, c’est le comble, mais il aime bien faire le ménage !
— Hé bin profitez-en, c’est pas tous les hommes qui sont comme ça…
Cela m’amuse un peu qu’elle me raconte sa vie, cela dit, je suis un peu pressé de pouvoir me débarrasser d’elle. Malheureusement, alors que nous arrivons dans une nouvelle station, elle trouve encore une nouvelle question à me poser:
— Et le reste, les autres matières, ça se passe bien?
— Ca va, ça va…
— Il n’y a qu’avec moi que vous n’écoutez pas en cours, alors? me répond-elle en souriant, mais avec une pointe d’exaspération évidente…
— Heu… réponds-je tout rouge. C’est-à-dire que l’horaire n’est pas des plus faciles…
— Pour moi non plus, vous savez…
— J’imagine bien.
Cette conversation est absolument passionnante. Je scrute le plan des métros et réfléchit par quel chemin détourné je pourrais passer afin d’éviter de me coltiner cette jeune femme. Aucune idée ne me vient à l’esprit, et nous continuons le trajet.
— Vous descendez à quel arrêt? me demande t-elle.
— Je vais jusqu’au terminus…
— Ah, moi aussi, sauf que je dois prendre une correspondance en bus…
— Priez pour qu’il n’y ait pas grève…
— Ca arrive parfois… et là je suis bonne pour la marche à pied…
— Ca fait jamais de mal… (Phrase peut-être moyennement délicate)
Le métro devrait arriver dans environ dix minutes qu’il va bien falloir tuer comme on peut. Je ne sais pas si elle a envie de passer pour une prof sympathique et jeune et aimable, etc… toujours est-il qu’elle me relance:
— Et vous avez d’autres passions à part vos études?
— Oh, je ne sais pas si le terme "passion" peut s’appliquer aux études… mais sinon, ciné, musique… comme tout le monde je pense! Et vous?
— J’ai plus vraiment le temps de m’adonner à mes passions depuis que j’ai commencé ma thèse, mais avant je faisais de la danse… Modern Jazz… J’ai arrêté, ça se voit peut-être, me dit-elle écarlate.
— Oh pfiou heu… vous en avez fait longtemps? essaye-je de rebondir le plus délicatement possible.
— Dix ans… j’ai peur d’avoir tout oublié mais bon…
— Ah oui…
La situation est en fin de compte assez comique. Ca fera toujours quelques anecdotes à raconter à mes potes… Je me demande ce qu’elle va faire quand elle sera chez elle. Ecrire des pages et des pages sur la divine religion chrétienne? Probablement… Je n’arrive toujours pas à réaliser qu’elle est toujours vierge (du moins, c’est ce que je pense) à 25-26 ans… Pas avant le mariage… Quel dommage… Elle pourrait sûrement rendre quelqu’un heureux. L’idée m’amuse malgré moi, mais je constate, en la regardant de nouveau, qu’elle peut être un bon coup… Elle a un visage plutôt mignon, un peu fatigué et qui gagnerait à afficher un sourire plus souvent, mais pas désagréable. Et sa poitrine doit être sympathique aussi… 90-95? Probablement du C… Vraiment, je trouve ça dommage de ne pas les utiliser. Dieu est parfois injuste avec ses ouailles…
Pendant le reste du trajet, nous restons dans un silence total, tout juste perturbé par l’entrée et la sortie de quelques personnes isolées. Malgré moi, je commence à m’imaginer des situations justement pas très catholiques avec cette (en fin de compte) charmante enseignante. Il faut reconnaître que ses lèvres sont très bien dessinées, assez fine mais charnue en même temps. Si ça se trouve elle embrasse très bien… Peut-être même qu’elle pourrait en faire un autre usage, si elle savait…
Nous arrivons enfin au terminus. Il était presque temps. Nous sortons de la rame et de la station… où un rideau de pluie nous tombe dessus:
— Vous n’avez pas de parapluie? me demande t-elle inquiète.
— Malheureusement, il a refusé de monter dans mon sac ce matin…
— Mince, moi non plus…
— Vous prenez votre bus où?
— Sur la petite place juste à côté d’ici…
— Ah bin, je vais vous accompagner, ça doit être celui à côté de mon appart…
Nous nous mettons alors en marche, rapidement, et en deux minutes, nous rejoignions son arrêt de bus. L’avancée se fait péniblement, sous une bonne grosse averse, mes cheveux ressemblent rapidement à une serpillère. Ceux de ma prof dégoulinent abondamment, et il semble que cela lui coule frénétiquement dans le cou et sur la poitrine. La voir s’énerver m’amuse et continue de me donner des idées quelque peu déplacées. Nous sommes trempés jusqu’aux os, surtout qu’il ne fait pas très chaud… et pas de chance pour elle, son bus n’arrivera pas avant 20 minutes:
— Pfiou, j’ai la poisse aujourd’hui… je suis bonne pour poireauter 20 minutes sous ce temps, trempée…
— La vie est dure, dis-je cruellement. Au pire, je peux vous héberger le temps que votre bus arrive, j’habite juste l’immeuble à côté…
— Bin… j’avoue que c’est pas de refus…
Je lui fais alors signe de me suivre. J’ouvre la porte de l’immeuble, avance dans le hall et appelle l’ascenseur. Ma prof est derrière moi, grelottante et trempée…
— Avant de monter, il faut que je vous signale qu’il tombe souvent en panne… alors si vous avez vraiment la poisse aujourd’hui…
— Ca va le faire, vous inquiétez pas…
Nous entrons alors dans la cabine… et j’ai l’image de l’ascenseur qui s’arrêterait alors subitement, me laissant collé de longues minutes contre cette jeune femme. Cela pourrait être amusant, mais j’essaye de me calmer un petit peu tout de même…
Nous arrivons finalement à bon port, j’ouvre mon appartement, et la laisse entrer.
— Ah oui, effectivement… c’est organisé d’une façon singulière… me dit-elle.
— Je vous avais prévenu ! … La salle de bains est tout de suite à droite si vous voulez vous sécher les cheveux ou quoique ce soit…
— Ok, je vous remercie, c’est vraiment gentil de votre part…
— De rien, dis-je en m’éloignant vers la cuisine…
J’enlève mes blousons, pulls… etc qui sont trempés, secoue mes cheveux tel un adorable labrador, me serre un verre de vin rouge (oui, ça réchauffe en hiver, vous savez…) et entend mon sèche-cheveux se mettre en branle. J’imagine tout d’un coup la une d’un journal: "Une jeune enseignante électrocutée chez un des ses élèves" et je pouffe de rire à cette idée. Je me pose dans le canapé et commence à réfléchir à ce que je pourrais bien manger. Je n’ai pas fait les courses depuis… depuis… longtemps, donc je crois que je vais avoir le vice de se faire déplacer un pauvre livreur de pizza. Je prends mon téléphone, commande une Royale censée arrivée dans 1/4h, et allume négligemment ma télévision. Vu cette heure avancée, tous les programmes du soir sont déjà bien entamés… j’éteins donc rapidement.
Par un souci de générosité extraordinaire, je me lève et me dirige vers la salle de bains afin de demander à ma prof si elle souhaite manger quelque chose… J’ouvre la porte franchement, comme à mon habitude… et surprise!
— Oh, excusez-moi, je me suis permis de mettre mon pull et ma chemise à sécher sur votre radiateur, prononce t-elle très vite tandis que, l’espace de deux secondes (le temps que je réagisse et le temps que je referme la porte…), je contemple ce magnifique soutien-gorge en dentelle rouge très bien rempli, comme je me l’imaginais. Je ne pense que je ne verrais plus jamais ma prof de la même façon…
— Euh, ok, pas de soucis, dis-je derrière la porte. C’était juste pour vous demander si vous vouliez manger quelque chose?
— Non, non, c’est bon, dit-elle d’une voix forte pour couvrir le son du sèche-cheveux. Je vais pas m’imposer chez vous plus longtemps…
Je lui dirais bien qu’elle peut rester tant qu’elle veut, surtout si elle reste comme elle est maintenant, mais je me retiens tout de même… Je retourne me mettre dans le canapé, me disant que d’ici quelques minutes, j’aurais une vision tout à fait satisfaisante dans mon esprit pour accompagner ma petite séance de plaisir solitaire… J’envoie un message à de mes potes : "La prof est chez moi et je peux t’assurer qu’elle est beaucoup plus charmante qu’en cours… je te raconterais ça ^^ Haha "
Au bout de quelques minutes d’images déplacées, ma prof resurgit dans mon salon, rhabillée et les cheveux secs.
— Désolé pour tout à l’heure, c’était indépendant de ma volonté, dis-je amusé.
— Non non, c’est moi, j’aurais dû vous prévenir, me dit-elle rouge écarlate. Bon, je pense que mon bus ne va pas tarder, je vais vous laisser…
— Vous pouvez prendre mon parapluie, sur la table de la cuisine, si vous voulez…
— Vous allez faire comment vous, sans? D’ailleurs vous feriez bien d’aller vous sécher les cheveux !
— Vous inquiétez pas, j’ai l’habitude…
— Ok… décidément, vous me sauvez la mise ce soir !
— Vous êtes tombée sur mon jour de bonté, dis-je en rigolant.
Elle renfile sa veste, prend mon parapluie, et se dirige vers la porte. Je lui souhaite bonne soirée, un peu déçu qu’elle n’aille pas pour me faire la bise:
— Et si vous croisez un livreur de pizza, dîtes-lui que c’est au 5ème !
— Ok, d’accord, bonne soirée.
Et je ferme la porte. Je me dirige vers la fenêtre, d’où j’ai une vue parfaite sur l’arrêt de bus. Au bout de quelques instants, ma prof surgit vers l’arrêt, se met à l’abri comme elle peut sous le minuscule abri- bus et attends. Mais toujours pas de bus à l’horizon (ni de livreur de pizza, soit dit en passant…)
Au bout de trois minutes, je décide d’aller voir si les deux vont bientôt arriver (le bus et ma pizza), je me rhabille, descend à pied (maudit ascenseur…) et ressort sous cette sublime pluie battante. Je vais en direction de l’abribus en courant:
— Toujours pas de bus?
— AH! Pfff vous m’avez fait peur… dit-elle toute rouge.
— Ah, pardon… enfin vous savez, le quartier est calme, y’a pas de méchants dans le coin…
— Si vous le dîtes… il n’y a pas l’air d’avoir de bus non plus !
— Ni de pizza d’ailleurs…
Je regarde vite fait les différentes affiches sous l’abribus et lui fais remarquer un détail fort amusant:
— Vous avez vu que… enfin là… le bus ne circule pas après 21h30 cette semaine pour cause de travaux… et… il est légèrement 21h50… Vous avez dû rater le précédent de peu…
— OH MERDE, dit-elle spontanément, ce qui m’étonne un peu venant d’elle. Hé bin c’est parti pour une petite demi-heure de marche à pied… rajoute t-elle aigrie.
— Vous feriez peut-être mieux d’y aller en nageant, vu le temps…
Regard noir.
— Vous savez, je n’ai pas encore fixé définitivement la note de votre exposé.
Silence.
— Je plaisantais, vous inquiétez pas! me répond-elle moqueuse.
— Ah… je n’avais pas encore eu le loisir de découvrir la facette farceuse de votre personnalité… (dis-je en pensant que je venais d’en voir une autre beaucoup plus intéressante il y a quelques minutes).
-Oui… bon, bin, je vais y aller…
— Euh, bin, euh, vraiment au pire, je peux vous héberger pour la nuit si vous voulez… j’peux vous préparer le canapé… dis-je, sublimement étonné de mon audace. Il est évident que je ne ferai pas ce genre d’offre à un quinquagénaire grisonnant.
— Heu… dit-elle aussi rouge qu’une pivoine. C’est-à-dire que… enfin… je sais pas…
— Hé bien décidez-vous car le petit homme en bleu qui attend devant le digicode est sûrement en train de tenir ma pizza…
— Bon ok, si ça vous dérange vraiment pas…
On retourne devant l’immeuble d’un pas assez pressé sur cette chaussée glissante… trop glissante, car elle manque de s’affaler par terre et se rattrape in extremis à ma main droite… sensation gênante, mais très plaisante…
— Ca va?
— Oui, oui c’est bon, allons-y…
Je sens ses doigts glisser contre les miens, petit quart de seconde très agréable…