REGLEMENT DE COMPTES

Nous avons contourné Paris. Julie cogite. Je relance la conversation :

— Peux-tu me dire comment tu envisages lavenir ? parle Julie.

— Je sais que tu men veux, je le comprends, mais jespère encore que tu ne me déposeras pas au bord de la route. Jai été stupide, cependant je nai pas cessé de taimer. Jaimerais continuer à vivre avec toi. Je compte sur toi pour maider à me relever.

— Tu crois pouvoir effacer en quelques mots trois mois de tromperies ? Tu as été poussée par Marie-Jo peut-être. Avant daccepter dinitier son fils, quaurait fait une épouse normale ?

— Jaurais dû refuser. Après cette expérience et ses développement je le sais. Est-ce vraiment trop tard ?

Elle se tourne vers moi pour savoir si la réponse me convient, voit ma moue et se reprend :

— Tu crois que cest une question quune femme peut poser à son mari ? Jamais je naurais pu te dire : « Chéri, me permettrais-tu dinitier un jeune homme, fils dune amie, aux gestes de lamour? »

— Ah ! Et pourquoi cela te semble-t-il « impossible » ? Parce quil est inconvenant dassurer ce service ? Il faut être fêlée ou vicieuse pour prendre plaisir à déniaiser le fils dune amie et la mère qui a laudace de solliciter une femme mariée pour transmettre ce savoir doit lêtre davantage encore. La vie de M-J la démontré si son fils ta dit la vérité. Cest une mère indigne et elle ta fait tomber à son niveau pour cacher sa propre indignité. A deux vous avez complètement abîmé un malheureux garçon. Vois à quoi a abouti ta mission : qui lui permettra de devenir un homme normal ? Or, il ne sagissait pas de me demander lautorisation de copuler avec Marco; tu aurais pu tout simplement mexposer la requête de Marie-Jo et nous aurions réfléchi à deux à cette proposition pour trouver la bonne solution. Mais le fait de vouloir me cacher tes actes est révélateur : tu sentais que cétait mal.

— Cela aurait pu te fâcher, créer une brouille entre nous.

— La situation actuelle te paraît-elle meilleure ? Non seulement tu ne mas pas associé à ta décision, mais puisque les choses sont accomplies nous sommes bien plus que brouillés. Je naurai pas la cruauté de taccuser den avoir largement profité hier soir en te livrant à quatre gaillards en chaleur. Cela a pu te plaire, moi jen suis révolté et furieux

-Jen ai honte. Souviens-toi, hier jai voulu te protéger. Jai bien compris maintenant que jaurais dû repousser ces soudards, pour être une femme digne de toi.

— Oui, si elle a confiance en lui et si elle laime du fond du cur une femme digne montre ses sentiments. En mépousant tu mas fait don de toi comme je tai fait don de moi. Nous disposons de notre corps à deux. Loffrir à un autre cest rompre ses engagements, cest voler le conjoint.

— Je pourrais acheter une ceinture de chasteté dont tu garderais la clé. Comme ça je naurais plus la possibilité de te tromper avec un autre homme. Quen penses-tu ?

Julie a perdu le sens des réalités.

— Julie, te vois-tu déambuler avec une plaque de métal ou de plastique collée à lentrejambe ? Cela pourrait être douloureux au bout de quelques heures. De plus ce serait gênant pour tes besoins naturels. Que penserait de moi, au contact dun obstacle créé au moyen âge, le prochain audacieux qui te collerait une main entre les cuisses ? Imagine par ailleurs que je perde la clé ! Qui devrait ouvrir ton cadenas ? Combien détrangers visiteraient alors ton intimité à la recherche dune solution douce ?

Tu crois créer un obstacle matériel à toute pénétration ? As-tu si peu confiance en toi pour te protéger des tentations de façon aussi barbare ? Non, je rejette absolument cette forme desclavage sexuel. Il faudrait trouver léquivalent pour cadenasser ton cur mais cela nexiste pas. La plus efficace ceinture de chasteté ne tempêchera jamais de tamouracher dun autre homme, de lembrasser, de le masturber à pleines mains, de lui faire une cravate de notaire entre les seins en position couchée, une branlette espagnole à genoux devant lui ou encore de lui aspirer le sperme avec la bouche.

Nous nous aimions, nous nous sommes mariés. Si ton amour pour moi est mort, si ton cur bat pour un autre, va, vis avec cet homme, je te rends ta liberté. Je nai que faire dun amour conservé par la force. Choisis de guider ta vie librement.

— Jai peur de mes faiblessesMais je serai forte pour te reconquérir et te conserver

— On pourrait repartir sur des bases nouvelles. Vivons sous le même toit. En raison dune possible infection par une maladie sexuelle , de la plus bénigne au sida, transmise au cours des ébats du vendredi soir avec Marco et ses amis, tu devras pratiquer des analyses de sang et attendre les résultats. Je ne souhaite pas être contaminé. Avant dêtre rassurés sur létat de ta santé, au cours des trois prochains mois, nous nous abstiendrons de rapports sexuels. Cela te convient-il ?

— Trois mois, cest long. Je ne sais pas

— Eh ! Oui ! Quand on a vécu pendant trois mois avec double dose, une ration de Jean plus une ou deux de Marco, la privation totale devient monstrueuse. La dernière séance aura créé des besoins nouveaux. Ne compte pas sur moi pour éteindre ces feux .

— Coucher ensemble, comme frère et sur, est-ce réalisable ?

— Pour mon compte cest une condition indispensable : partager une maladie grave non soignée ne peut pas être le but dune vie de couple. Peu pour moi ! Comment tenir le coup pendant cette période dabstinence : nous ferons chambre à part. Cest à prendre ou à laisser. Tu gagnes ta vie, tu peux organiser la tienne à ta guise. Tu peux toujours choisir de me quitter et ten aller.

— Tu te venges ? Tu ne maimes plus ?

— Non, je protège ma santé et éventuellement la tienne si tu approuves mon projet.

— Trois mois sans câlins? Jean, tu ne tiendras pas le coup. On pourrait utiliser des préservatifs.

— Tu pourrais toffrir des jouets sexuels aussi. A côté de laspect matériel ou médical reste à guérir les ravages psychologiques. Je minterroge. Jenvisage les solutions possibles. En voici une autre : Nous vendons la maison, partageons ce revenu après déduction de nos dettes et nous nous séparons. A ce moment tu refais ta vie, je rebâtis la mienne,débarrassé du souci de savoir si tu seras fidèle ou pas, si tu ne succomberas pas à une autre tentation, si labstinence te rendra malade ou pas.

— Je ne veux pas me séparer de toi; je taimerai toujours

— Je refuse de me laisser submerger par une jalousie maladive à cause du doute, je ne serai pas ton chien de garde. Autre possibilité : pendant les trois prochains mois, nous vivons sous le même toit, en chambres séparées et chacun dirige sa vie sexuelle comme il lentend avec pour seule obligation le devoir de déclarer à lautre quun tiers partage son lit. Ainsi, tu prends un amant, jeune ou moins jeune, avec ou sans préservatif et tu menlèves mes derniers doutes. Au bout de trois mois, nous faisons le point.

— Je te vois venir; tu divorceras ou tu prolongeras le carême dautant de semaines ou mois. Non, je préfère la première solution, les trois mois dabstinence mais une vie commune, comme par le passé. Dis, tu veux bien pardonner et me garder. Je serai la meilleure des épouses.

— Tu crois ten tirer aussi facilement ? Tu as pris lhabitude des reniements, comment te croire ?

— Je taimerai de mille manières. Je ferai tout ce que tu voudras. Toutes ces gâteries que tu as énumérées, je te les ferai.

— Attention, cette promesse tengage. Jaurai bientôt certaines exigences. A la première hésitation ou au premier refus je me séparerai de toi.

-Cest du chantage. Mas je serai ta soumise, tu commanderas et jexécuterai. Fais moi chanter, fais moi peur, bats-moi, mais garde-moi

-Je pourrais tordonner de texhiber en tenue indécente, de coucher avec un autre homme ? Avec plusieurs ?

— Ne me dis pas que tu y as pris goût en voyant Marco et les autres. Chasse cette idée ou je saute de la voiture. Ne ralentis pas, je veux mourir. Comment un mari pourrait-il exiger une pareille débauche. Je lai subie une fois, je ne me laisserai plus prendre par dautres que toi.

— Même si cest un ordre ? Tu reviens déjà sur tes engagements ? Attention, il y a une aire dautoroute à vingt kilomètres.

— Un ordre de toi ? Précise ta pensée et, comme promis, jobéirai.

-Très bien. Voici la condition de rachat : ton pardon ne sera acquis quaprès une double épreuve dont le but sera de punir principalement Marie-Jo.

— Oh ! Dis-moi vite de quoi il sagit : je brûle denvie de me venger.

— Tu séduiras son mari et le jeune Albert. Tu détruiras la vie amoureuse de cette diablesse.

— Séduire ? Leur faire du charme ? Plus que ça ?

— Tu coucheras avec ces deux hommes, en présence de la corruptrice

Comment faire ? Tu crois quil suffit de claquer dans ses doigts pour attirer un homme?

— Voici lépreuve que je te réserve : à larrivée nous appellerons la maman de Marco au téléphone. Le samedi soir, avec un peu de chance, son mari sera à la maison. Tu leur raconteras que tu es de retour sans Marco et que tu souhaites les recevoir au plutôt. Tu couperas la conversation. Normalement ils devraient se précipiter chez nous.

-Et alors ?

— Nous improviserons. Tu improviseras, car tu souhaites te racheter. Cest ton problème.

— Nest-ce pas hasardeux ? Tu veux me prostituer, mhumilier, trouver une raison supplémentaire de me repousser ? Il suffira que je réussisse à les détourner de Marie Joséphine pour que tu me chasses !

-Tu as la langue mieux pendue quhier. Tu tenteras les hommes, je contrôlerai la situation . A chaque étape tu me consulteras dun coup dil ou dun mot. Lessentiel sera de pouvoir tarrêter au moindre signe au lieu de te laisser déborder par tes envies.

En soirée, M-J, son mari et Albert arrivent en trombe. Le coup de fil de Julie les a effrayés. La mère tremble, veut voir son enfant. Albert entre les parents affiche un air inquiet. Le père fixe durement Julie et interroge M-J:

— Hum ! Cest à cette femme que tu as demandé de procéder à linitiation de Marco? Hum, physiquement le choix était bon. Madame où est Marco ? Sur mon ordre ma femme vous la confié. Cétait un moyen de mettre fin a des troubles familiaux. Notre fils semblait très satisfait de vos prestations, quen avez-vous fait ? Vous avez accepté de veiller sur lui, vous avez engagé votre responsabilité, rendez compte, sil vous plaît. Je vous écoute.

Cest un chef ! Il commande.

Julie reprend le récit à zéro, parle du lien qui la rapproché de Marco, de son étonnement de constater quil ny avait pas grand-chose à lui enseigner en matière de sexe. Avec courage elle avoue le plaisir reçu de cette liaison pendant les premières semaines. Lorsquelle aborde la narration du jour du départ et décrit la fureur de Marco à la vue de lenlacement de Marie Joséphine et dAlbert, les deux intéressés protestent , nient. Le père leur lance des regards furieux mais menace:

— On réglera ça à la maison.

La relation des difficultés croissantes au cours de la semaine à Fouras se termine par la description de la nuit du vendredi au samedi, en chambre et sur la plage.

— Bien, Jo, il te reste à rapatrier ton vaurien. La prochaine fois embauche du personnel compétent au lieu de tadresser à une putain.

Le mot veut blesser, il blesse lépouse et le mari . Le « chef » ne voit pas partir mon crochet à lestomac, suivi de luppercut au menton qui le rassoit dans son fauteuil. Je mapproche dAlbert livide :

— Petit, depuis combien de temps es-tu lamant de cette truie ?

Je sais aussi blesser quand il le faut. Le malheureux est terrorisé, ne cherche pas dastuce, répond spontanément ;

— Trois mois, mais cest lui qui me la ordonné.

-Qui?

Il désigne le mari groggy, affalé dans le fauteuil.

— Lui, le père de Marco? Que cest étrange. Pourquoi lui as-tu obéi, ce nest pas ton père ?

— Si. Cest mon père. Il a couché avec ma mère.

— Marie Joséphine serait ta mère ? Pauvre enfant ! Quelle famille ! Tu nas pas de chance.

— Non , ma mère était leur bonne. Il la engrossée. Elle a été fichue à la porte. Mon père a payé une pension alimentaire jusquà ce jour. Marie Joséphine a bien voulu se charger de mon initiation sexuelle, quand mon père la exigé. Mais jai beaucoup apprécié. Marco mavait confié que Julie était « bonne » elle aussi.

— Daccord. Cest une coutume fermement installée chez vous. On pratique linitiation sexuelle à grande échelle. Après Marie-Jo tu voudrais compléter ta formation avec ma femme? Elle est belle, elle te plaît ? Tu monterais en chambre avec elle?

— Oh! Oui, bien volontiers.

— Et toi, le père, ça te tenterait un petit tour au lit avec ma putain, comme tu dis ? Marie Joséphine naimerais-tu pas voir tes hommes sexciter sur Julie ? Je moccuperais de toi. Finalement nous formons une grande famille, oui ou non ?

Il y a un moment de flottement. Je ne leur laisse pas le temps de dire « oui », jenchaîne en criant :

— Allez, dehors la famille tuyau de poêle. Foutez le camp ou je vous assomme. Allez régler chez vous vos histoires de cul. Disparaissez, puants. Récupérez Marco et quon ne vous voie plus. Faites vos cochonneries loin dici. Ouste.

Je les pousse vers la porte. A mon retour jentends :

— Mon chéri, si tu les mets à la porte, comment pourrai-je les séduire ?

Julie rit sous cape.

— Ah ! Joubliais. Faut-il les rappeler ? Tu as envie de te mélanger à eux ? Un peu plus ou un peu moins, décide-toi vite .

— Non, je taime. Dis, as-tu faim ? Les émotions ça creuse.

Des nouvelles récentes.

Marco est revenu en stop, mais reste invisible. Ses parents ont divorcé et Marie-joséphine fait des ménages chez des personnes âgées, avec interdiction d’entrer en contact avec des ados.. Albert héritera de son père

Trois mois d’abstinence ont dopé la sexualité de Julie. Bientôt je devrai acheter la pilule bleue si son tempérament ne faiblit pas. Ne ferais-je pas mieux de divorcer. Une lueur d’espoir est apparue six mois après notre retour de cure: Julie a fait hier un test de grossesse qui s’est révélé positif. C’est à faire confirmer par sa gynécologue. Non, le bébé ne se prénommera pas Marco.

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