Essayons. Ou Jean et toi savez sauter le gros obstacle et oubliez Louis ou vous ne pouvez plus vous aimer ni cohabiter, nous dresserons alors le constat déchec et tu le quitteras.

— Pour aller où, pour faire quoi ?

— Ce ne doit pas être un souci. Primo tu es capable de te débrouiller seule, nous venons de létablir. Secundo, je suis propriétaire de ma maison, je my sens bien seule et je toffrirai une place chez moi, pour te permettre de tétablir à ton compte.

— Sans Jean ? Tu es gentille, généreuse, merci. Mais sans lui je perdrai lenvie de vivre et de travailler. Jai besoin de son amour.

— Je te présente une solution de rechange pour le cas où Jean te rejetterait. Qui sait, il a toléré dêtre réchauffé par toi quand il grelottait de froid, donc tu peux garder lespoir de pouvoir reprendre une vie commune, même sil faudra de la patience et beaucoup damour. Tu aurais chez moi un petit appartement, tu pourrais recevoir. En ville tu rencontrerais Louis et.

— Essayons, répond Sabine. Si ça ne marche pas, si vous ne pouvez plus vous réconcilier, si

-Sabine, tu te moques de moi. Ce nest pas charitable. Sil te plaît, ne prononce plus le prénom de cet escroc. Sans lui je nagerais encore dans le bonheur, je naurais pas offensé mon mari.

Derrière ma porte, je reçois linformation en direct. Ou jefface de ma mémoire laventure de Myriam et de Louis et jaccueille ma femme, ou Sabine constatera léchec de nos retrouvailles et recueillera Myriam, loin de moi Jai deux semaines pour me remettre, deux semaines pendant lesquelles deux femmes vont se mettre en quatre pour maider. En cas dincompatibilité dhumeur, au terme des deux semaines, elles tireront les conséquences de lessai :Ou Myriam restera ou elle suivra Sabine et je me retrouverai dans la situation de jeudi matin, seul, bon pour la corde. Myriam partie chez linfirmière sera exposée aux stratagèmes de Louis, pourrait rechuter. Cette idée là mest insupportable. Sabine a démontré ma responsabilité dans

Lidée dêtre lobjet de toute leur attention me séduit de deux femmes. Deux semaines entre ces deux femmes pour rebâtir notre foyer, ce pourrait être le point de départ de mois ou dannées de vie de couple retrouvée. Mieux vaut être seul que mal accompagné, dit-on. Cest plus facile à dire quà faire. Cette Sabine me plaît, Myriam semble devenue plus raisonnable. Jai à tenter une double chance. Je retourne entre mes draps. Pourquoi attendre leurs bons soins ? Jappelle :

-Myriam, Sabine, jai froid. Étés-vous parties ? Je savais bien que ça ne durerait pas.

Je suis couché, jentends le bruit sourd de quatre pieds nus qui accourent. Ah ! On me traite comme un malade ? Je serai un malade capricieux, exigeant. Elles navaient quà me laisser mourir ! Je le déclare haut et fort :

-Oh! Jai eu si peur dêtre de nouveau délaissé. Vous vouliez me laisser seul ? Alors il ne fallait pas mempêcher de mourir. Oh! Oui! Une de chaque côté, serrez-vous contre moi. La bonne chaleur. Vous permettez ?

Ma main gauche caresse à gauche, ma main droite caresse à droite. Dans le noir je reconnais Myriam à droite, cest une question dhabitude, et Sabine à gauche par déduction. Ont-elles intentionnellement changé de place. Rien ne moblige à le savoir. Jai une bonne excuse pour me tromper, pour toucher lune à la place de lautre. Mes ongles se prennent dans une toison de chaque côte. Ni lune ni lautre ne crie ou ne se dérobe. Laccueil silencieux saccompagne de mouvements des bassins pour être plus accessibles. Pauvre Sabine, privée de sexe depuis une éternité et soudain troublée, elle devient une proie facile. Ce ne peut pas être uniquement par pitié. Ses sens réclament, notre position permet des attouchements sans alerter Myriam. Et Myriam caressée de son côté espère. Un majeur lisse une fente, le deuxième majeur sinsinue entre des grandes lèvres. Ici je chatouille une vulve, là jappuie sur une fente, un clitoris pousse puis un autre apparaît, sort de son capuchon. En réponse muette, deux mains se rencontrent sur ma verge avant un cri de victoire. Soudain Myriam sémerveille :

-Dis, tu bandes ? Il bande, Sabine tu sens ? Quel miracle. Jean, tu bandes. Quel miracle !

Sabine aussi est ravie :

-Jean je suis heureuse pour toi et pour Myriam.

Mais, elle a participé à ce petit miracle. Nen attend-elle rien ? Sa soumission à mes doigts dit le contraire. Il serait injuste de ne pas lassocier à la suite. Je menhardis :

— Sabine, jaimerais que tu vives avec nous, que tu restes avec nous. Nous avons besoin de tes conseils. Depuis mon retour sur terre japprécie ta présence apaisante. Je veux retrouver lamour de ma femme. Je crois avoir assez de place dans mon cur pour aimer deux femmes.

En chur, elles sécrient :

-Tricheur !

Sabine enchaîne avec humour :

Aimer deux femmes ? Quelle prétention. Tu nies pour une femme la possibilité daimer deux hommes, pourquoi un homme serait-il plus capable daimer deux femmes, gros malin ? Mais là, en bas de ton ventre, cest un petit miracle, Tout petit ! Aucune femme ne pourrait se contenter de si peu. Alors nest-il pas trop tôt pour vouloir en aimer deux ? Tu dois attendre demain, le docteur a insisté sur la nécessité du repos. Quant à te prendre pour un pacha à deux queues, il faudra faire tes preuves. Réconcilie-toi avec Myriam en premier.

Elles se jettent sur moi. Je naurai plus froid cette nuit. Je suis si bien, je peux me rendormir.

Dehors le jour se lève. Jouvre un il. Jean le bienheureux voit une brune ou une blonde selon quil regarde à droite ou à gauche. Contre lui deux corps chauds terminent la nuit. Jean le bienheureux cest moi. Jai raté le ciel; ici, cest le paradis sur terre, il ne faut pas bouger, je veux profiter au maximum de ces heures exceptionnelles dont je naurais pas osé rêver. Pourvu que cela dure longtemps. Deux femmes, la mienne et une autre qui sest mis en tête de me garder en vie, qui se veut responsable de moi, responsable du bon rétablissement de notre foyer. Deux femmes nues pour me réchauffer. Quel bonheur, jen ris aux anges, immobile pour prolonger ce moment de grande béatitude. Jai le devoir de me réconcilier avec Myriam, a dit Sabine. Ce sera un boulot de funambule car à chaque instant une autre crise pourrait survenir. Il me faudra beaucoup de vigilance pour tenir Louis à lécart. Jaimerais tellement lui faire passer lenvie de souiller Myriam. Oui, mais comment ?

Sabine a dit : « Réconcilie-toi avec Myriam en premier ». Hé!« en premier ».cela sous-entend un :« Et après « ? Sabine acceptera-t-elle de partager un homme, pas nimporte lequel, moi, Jean le bienheureux, avec sa protégée, Myriam. Entre admettre quelques frôlements intimes et passer sa vie avec moi, il y a un fossé. Myriam permettra-t-elle, sans désespérer, de partager mon cur et mon corps, quand sa propre expérience a mené au fiasco ? Je suis si bien entre mes deux femmes, je laisse divaguer mon esprit, je fantasme, je plane. Mieux vaudrait vivre avec deux femmes aimantes que den renvoyer une déçue. Oui, mais linfirmière ne voudra-t-elle pas se cantonner dans son rôle de professionnelle de santé? Ne sest-elle par ailleurs entièrement dévêtue que par professionnalisme ? Je rêve, je touche du bout des doigts, je caresse la blonde. Dort-elle ou fait-elle semblant de dormir ? Prend-elle plaisir, la veuve sans mâle, à mes caresses, à ma curiosité ? Ses lèvres laissent passer un souffle court, elle garde les paupière closes, mais dans un murmure à peine perceptible je devine : « Oh! Oui, si longtemps, bon, oui » Jobserve son visage, mes caresses restent superficielles, jose sans oser vraiment. Derrière moi, Myriam souffle à mon oreille :

— Jean, aime-la. Il y a si longtemps quelle na pas fait lamour. Tu peux, je suis daccord. Prends-la si tu peux.

« Si tu peux »Cest un défi ? Je tourne la tête vers ma femme. Elle me sourit et hoche la tête, mencourage à donner du plaisir à Sabine.

— Depuis Bruno elle na pas eu de rapports sexuels. Elle a voulu se punir. En te sauvant la vie elle a retrouvé le droit au plaisir. Tu lui plais. Aime-la, je ne serai pas jalouse, je taimerai toujours. Prends-la, si elle le veut, nous serons tes deux femmes. Prends-la, cela sera signe de ton amour pour moi.

— Hein ? Tu crois que

Faire lamour à lune pour prouver à lautre que je laime. Est-ce que je comprends ce discours étrange ? Myriam supplie :

-Donne-moi ce signe de pardon. Jen ai besoin. Un homme doit pouvoir aimer deux femmes qui laiment et qui saiment. Je taime depuis que je te connais, Sabine testime depuis quelle te connaît, je laime parce quelle ta sauvé et parce quelle est éprise de toi. Elle est le miroir dans lequel je me vois. Fais confiance à la vie, aime-nous, comme nous taimons.

— Te rends-tu compte de ce que tu racontes ? Sabine a peut-être droit à la parole ? Et toi supporterais-tu le spectacle de mon union charnelle avec Sabine ?

— Aurais-je demandé à Sabine de se déshabiller et de te serrer contre elle si javais voulu vous interdire de coucher ensemble? Nes-tu pas bien entre elle et moi ? Veux-tu de laide ? Sabine, ouvre les yeux et embrasse Jean, je le veux .

— Myriam tu es encore sous linfluence de Louis. Tu me demandes limpossible. Nous vivions à deux. Mais Louis est apparu, ta bourré le crâne avant de te bourrer le sexe. Aurais-tu reçu ses hommages, ses fleurs et ses assauts si javais été un bon mari ? Non, la preuve est faite de mon insuffisance. Incapable de combler une femme comment ferais-je pour en aimer deux de manière à les rendre heureuses? En mappliquant je pourrai peut-être satisfaire tes sens et mieux vaut une femme satisfaite que deux insatisfaites.

Sabine a écouté en silence, elle peut être étonnée de notre échange.

— Jean tu parles dor. Cependant, moi qui suis sexuellement morte depuis de longs mois, je saurais me contenter de peu avec un homme que jaimerais. Je crains de provoquer la jalousie ou la colère de Myriam, sinon je hurlerais de joie quand elle tinvite à maimer.

-Oh! Ma chère Sabine, que me resterait-il de mon homme sans ta réaction ? Tu lui as rendu la vie, tu mas rendu mon mari et tu mas sauvée du désespoir quand je voulais me jeter sous un train. Tu tes mêlée de nos vies, tu nous a pris en charge : tu mérites toute notre reconnaissance et notre amour. Je ten prie, vis avec nous et partage notre amour.

— Myriam, tu ne mesures pas limportance de ton offre. Vous êtes encore en pleine tempête sentimentale et amoureuse, bouleversés par un terrible orage sexuel. Est-ce raisonnable de vous élancer aussitôt dans une aventure aussi compliquée? Un ménage à trois, comme tu le prévois, a-t-il une chance dêtre viable? Jai pour vous de lestime et peut-être de lamour. Mais le partage peut devenir une redoutable épreuve. Ce que je recevrais de ton mari serait pris sur la part qui te revient. Je saurais me satisfaire de peu car cest beaucoup comparé à rien, mais ce peu ne te manquerait-il pas beaucoup au risque de te renvoyer vers un Louis ? Et puis, tu connais la répulsion de Jean pour lidée de partage si chère précisément à Louis ? Enfin il ne faut pas confondre reconnaissance et amour.

— Jean, ne serais-tu pas heureux de vivre avec Sabine ? Par amour de moi, aime-la.

La perspective de ce partage me tente. Avant de vous donner une réponse, je veux savoir si vous êtes prêtes à donner une leçon à Louis? Sa conduite me semble indigne. Peut-on le laisser impuni ? Laquelle de vous deux sait comment venger votre honneur et lui faire payer ses exécrables agissements ?

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