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Uchronie soit qui mal y pense ou l'effondrement de l'humanité [SF] – Chapitre 3




On ne les prit pas au sérieux. Pis ! On les mit en cellule de dégrisement. Bien sûr, on se demanda bien d’où sortait cette grande bête qui marchait sur deux pattes. Il avait maintenant le temps de réfléchir au nom qu’il lui donnerait.

  

    ─ Et tu comptes rester longtemps comme ça, à attendre qu’on nous sorte d’ici ? s’exclama-t-elle.

    ─ Mais que veux tu que je fasse ? rétorqua Joris sur le même ton.

  

 Puis il s’arrêta aussitôt, perplexe. C’était la première fois que Hinda, comme il venait de la nommer, s’exprimait de vive voix.

  

    ─ En fait, tu es de leur côté, tu m’as livrée à eux. Tu donnes le change en restant enfermé ici, mais

    ─ Mais non, c’est n’importe quoi !

  

 L’altercation attirait déjà le personnel de garde. Joris eut à peine le temps d’apercevoir le minuscule objet dans la main de l’extraterrestre qu’elle l’avait déjà plaqué sur sa tempe. Elle l’empoigna par le cou, le souleva comme un fétu de paille et le projeta au fond de la cellule. Chaque membre armé de la troupe qui encerclait la geôle enclencha son arme, que ce soit une arme à feu ou un TaZ électrique. Elle grimaça en les dévisageant puis émit un cri long et guttural. Ils ne surent si la créature laissait exploser sa rage ou exprimait son dépit ; ils ne comprirent que quelques secondes après. L’appareil sur sa tempe avait amplifié ses ondes cérébrales et ils se retrouvèrent soufflés contre le mur. Un d’eux, moins chanceux, vola à travers la vitre d’un bureau, et tout ce qui se trouvait là fut entassé contre le mur au fond de la pièce.

  

 Il leur fallut plusieurs minutes pour retrouver leur esprit et, pour certains, plusieurs jours pour remarcher. Le premier à ouvrir les yeux remarqua les barreaux tordus. Il sortit aussi vite que son état le lui permettait, dévala les escaliers et se retrouva dans la cour de la caserne. Il y avait peu de monde à cette heure-ci. Malheureusement, un de ceux-ci s’était retrouvé sur le chemin de la créature et vomissait tout ce qu’il pouvait. Elle lui avait foncé dessus, et au dernier moment s’était baissée et lui avait administré un sérieux coup de tête dans le thorax.

  

 Elle se dirigea vers la sortie où quelques hommes armés s’étaient regroupés pour l’intercepter mais elle changea de direction. Elle s’élança et, grâce à la morphologie de ses jambes, bondit par-dessus le mur d’enceinte. Sa taille et la puissance de ses muscles firent la différence, et en quelques foulées elle avait pris congé de ses poursuivants médusés. 

  

 Après un temps de réaction digne d’un escargot asthmatique, ils se dispersèrent en vain pour retrouver sa trace. Ils en débusquèrent une quelques jours plus tard, en regardant le journal télévisé : elle avait foncé sur une voiture de police tête baissée et l’impact avait soulevé le véhicule qui atterrit plusieurs mètres plus loin, poursuivant son trajet par quelques tonneaux. Ils auraient pu la chercher encore longtemps, vu la distance parcourue. L’extraterrestre, qui n’avait pas les deux pieds dans le même sabot, leur avait faussé compagnie avec un aplomb certain. Ses apparitions espacées ressemblaient fort à une carte postale ironique qu’elle leur adressait.

  

 C’est depuis son lit d’hôpital que Joris eu vent de l’incroyable parcours de Hinda. Il se demanda quel était le but de cette créature piégée sur Terre qui avait tout à gagner à passer inaperçue. Au contraire, elle offrait trop facilement de quoi alimenter les journaux télévisés friands de sensationnel. En tout cas, si elle continuait de semer la zizanie à chaque fois qu’elle croisait des représentants de l’État, on finirait bientôt par lui enlever ce gars à la mine naturellement renfrognée qui passait ses journées devant la porte de sa chambre.

  

 Il se sentait de mieux en mieux. Il avait eu de la chance : elle l’avait envoyé valdinguer mais ne s’était pas acharnée contre lui ; il n’avait pas eu à subir la claque mentale qu’elle avait infligée aux premiers gendarmes arrivés sur place.

  

 Il eut droit à la énième visite d’un gradé. Pourquoi insistaient-ils ? Il leur avait déjà dit tout ce qu’il savait. Il s’était même permis de les traiter d’imbéciles congénitaux.

  

    ─ Je n’ai pas pour habitude de frapper les blessés, mais ne poussez pas votre chance trop loin, avait répondu le premier enquêteur.

    ─ Cette créature vient proposer son aide pour tenter d’éviter une catastrophe dont personne n’a encore conscience, et tout ce que vous trouvez à faire c’est de la mettre derrière les barreaux. Et vous voudriez qu’en plus elle vous remercie ?

    ─ Nous n’avons aucune preuve de ce qu’elle avance. 

    ─ Aucune ? Combien de créatures comme elle avez-vous croisées dans votre putain de vie ? Il me semble que sa simple existence valide déjà le début de son histoire.

    ─ On ne peut pas se fier à une telle créature.

    ─ Et vous pensez qu’elle va se fier à vous maintenant ? Qu’elle va se laisser attraper en disant « Désolée pour le grabuge, je mérite vraiment d’être punie. » Si c’est  ce que vous espérez, je pense que vous regardez trop de films sado-maso !

   

 L’officier avait tourné les talons, prétextant que Joris avait perdu le sens des responsabilités suite au choc vécu dans la cellule et lui promit de revenir quand il aurait compris que l’intérêt général prévalait. Malgré la véhémence dont il avait fait preuve à son égard, l’homme le salua et lui souhaita un prompt rétablissement. Un autre gradé lui succéda, se montrant plus affable : l’éternel duo du gentil et du méchant.

  

    ─ Je comprends qu’avec le choc que vous avez subi, vous ayez l’impression d’avoir déjà tout dit, mais si un détail vous revenait quand vous irez mieux, faites-le-nous savoir. 

    ─  Je n’y manquerai pas, répondit Joris en forçant sa sincérité sans trop en faire.

  

 Cela faisait une semaine que Joris piaffait d’impatience dans sa chambre. Il se levait pour se dégourdir les jambes mais aucune chance de pouvoir sortir : l’épouvantail en chêne massif était toujours devant la porte. Tournant en rond comme un lion en cage à moins qu’il ne fût un hamster s’acharnant à courir dans sa  roue Joris avait même allumé le poste de télévision, histoire de s’occuper un peu. Il résista sept minutes et treize secondes avant de l’éteindre. Le journal télévisé abordait des sujets ne nécessitant pas une longue quête d’informations et encore moins de les recouper. Joris put y découvrir le visage de Hubert Marchand un nom semblait-il prédestiné président de l’Association Autonome des Travailleurs du Sexe. Il dénonçait la concurrence déloyale des androïdes en la matière. Cette industrie était en plein essor.

  

    ─ Ces robots n’ont pas besoin de prendre de repos, ne sont affectés par aucune maladie, ne refusent aucune perversion tout ceci entraînera la disparition du plus vieux métier du monde. Mais ce ne sont pas ces créatures qui pourront apporter aux clients le contact, la chaleur humaine, martela-t-il au micro du reporter.

  

 Dépité que l’on ne s’intéresse qu’à l’accouplement avec des créatures assemblées de toutes pièces alors qu’une menace d’origine extraterrestre était balayée du revers de la main par les autorités incrédules, Joris coupa le téléviseur. Devant le spectacle de la stupidité de ses congénères, il en vint à se demander si finalement cette invasion n’était pas une bénédiction qui débarrasserait la planète de ses semblables, ces êtres capables de scier la branche sur laquelle ils étaient confortablement installés. Il se félicita d’avoir toujours refusé d’engendrer une progéniture qui pourrait porter les premiers stigmates de la dégénérescence  de l’humanité. Ou, dans le meilleur des cas, n’être que des lueurs d’intelligence que la noirceur d’un océan de crétinerie finirait par engloutir.

  

 Quand il fut évident que la créature se dirigeait toujours en direction du Nord et que l’on perdit sa trace près de la frontière, Joris devint de moins en moins intéressant ; son incarcération déguisée devenait inutile. L’hôpital reçut le feu vert pour le laisser enfin sortir.

  

 Il fut soulagé de retrouver ses pénates, de pouvoir se balader dans la montagne. Il se doutait cependant que le moindre randonneur ou cueilleur de champignons pouvait être, devait être considéré comme suspect. Des micros avaient eu le temps d’être installés dans sa maison en son absence, il en aurait mis sa main au feu. Il les chercherait un autre moment ; il n’avait plus rien à cacher pour l’instant. 

  

 Il jugea toutefois que sa mise à l’écart avait un côté positif : aucun journaliste n’était venu le tarauder avec des questions ineptes, et il espéra qu’il en serait de même maintenant qu’il était sorti. Il s’installa devant son ordinateur. Il fallait bien qu’il prévienne le directeur du labo et s’excuse par la même occasion de son absence. Alors qu’il allait lancer Skyenger, le programme de connexion visuelle, il jeta un coup d’il sur sa boîte mail ; un message de son boss l’attendait :

  

 Salut Joris,

  

 Je m’inquiétais de ton absence. Merci d’avoir pensé à me faire prévenir malgré tes problèmes de santé. La secrétaire du CHU m’a fait parvenir l’attestation d’hospitalisation ; j’espère que tu te remettras vite. Si tu veux prendre quelques jours de repos pour te remettre après ta sortie, il n’y a pas de souci. Envoie-moi un message quand tu en sauras plus.

  

 Porte-toi bien d’ici là. Cordialement,

  

 Hubert

  

 Quelqu’un avait pris la peine de contacter son chef. Joris resta figé dans son fauteuil, se demandant à quoi tout cela rimait. Puis cela le frappa comme un piège qui se referme sur le cou d’une souris venue grignoter un morceau de fromage : on l’avait mis au vert durant quelques jours pour s’assurer qu’il ne contacterait pas de journalistes pour leur raconter son aventure, ou inversement. Quand la créature avait cessé de se faire remarquer, les journaux télévisés se trouvèrent d’autres centres d’intérêt. Joris se demanda si elle avait été abattue ou si elle avait tout simplement cessé de se manifester. Peut-être avait-elle traversé la frontière ?

  

 Joris eut un frisson dans le dos à l’idée qu’on n’hésiterait pas à le réduire au silence s’il lui prenait l’envie de raconter son histoire. Il lui faudrait prendre le temps de se faire oublier alors que le temps jouait contre lui, et même contre la planète entière. Il ne pouvait pas se résoudre à laisser disparaître les quelques critères positifs qu’il accordait encore à l’humanité. Il sélectionna quelques disques qu’il avait envie d’écouter en se promenant dans la forêt avoisinante. Il franchit la porte au son de A trick of the tail, de Genesis. Qu’il était bon de respirer l’air pur après ces jours enfermé dans une chambre d’hôpital ! 

  

 Aucun des promeneurs qui allaient, panier à la main, ne semblait avoir connaissance des bons coins à champignons tant l’osier était flambant neuf, pas le moins souillé de terre ; c’était tout juste si l’étiquette du prix ne s’y trouvait pas encore collée. Puisque les autorités avaient du temps et de l’argent à consacrer à sa surveillance, il allait leur offrir une bonne promenade ! Après être resté inactif durant de longs jours, Joris avait de l’énergie à revendre ; il entraîna donc ses ombres sur des terrains escarpés d’où il revint heureux d’avoir sué son immobilité imposée. Il cueillit trois bolets qui narguèrent les paniers vides et inutiles puis il rentra chez lui, amusé de voir ses suiveurs se faire distancer sans qu’il ne force son allure. 

  

 Alors qu’il dégustait enfin un vrai repas constitué de nourriture saine, il songea aux jours à venir. Puisque Hubert lui proposait de prendre quelques jours, sous couvert de ramassage de champignons il en profiterait pour balader la maréchaussée dans les bois alors qu’il chercherait l’endroit où les Chaands avaient pu s’écraser. S’il retrouvait leur trace, il devait tenter de récupérer des échantillons de sécrétions extraterrestres à la barbe de ses surveillants. Il envoya un message à son boss qui lui souhaita en retour un bon repos de mycologue. Il écouta encore un peu de musique avant de se coucher, puis de se laisser aller dans les bras de Morphée.

  

 Après quelques heures de sommeil, il fut réveillé par un bruit qu’il ne put identifier. Il resta en alerte pendant de longues minutes. Songeant à Hinda, il se demanda si malgré la distance elle pouvait encore communiquer avec lui. Il n’y eut pas d’autre bruit et Joris se retourna dans le lit. 

  

 Il se rendormit, mais la créature hantait maintenant son sommeil. Il revoyait le moment où il l’avait découverte allongée. Le rêve était conforme à la réalité jusqu’au moment où elle s’éveillait. Ses gestes étaient bien plus sensuels qu’ils ne l’avaient été. Quand elle remarqua qu’il lui reluquait la poitrine, elle n’en dit rien, se contentant d’entrouvrir son vêtement, dévoilant des seins lourds. Elle l’invita à les caresser. Il avança une main hésitante, comme s’il craignait de se faire mordre par ces organes d’origine inconnue.

  

 La peau d’un bleu très clair était bien plus douce que la peau humaine. Tirant sur les manches de sa combinaison de cuir, la poitrine pointa plus en avant, comme une invitation à porter ces délicats globes à sa bouche, ce qu’il fit sans se faire prier. Des tétons perlait un liquide bleuâtre ; intrigué, Joris huma cette sécrétion, puis la goûta du bout de la langue. Si elle en avait une vague texture, cette matière n’avait pas la saveur, même avoisinante, d’un lait. Il goûta à nouveau en léchant directement la source cette fois-ci. Il y décela deux bouquets qui se mêlaient : au premier abord un parfum de pétrichor, cette odeur envoûtante qui révèle l’imminence de la pluie, puis lentement montait un goût de myrtille qui explosait les papilles.

  

 Elle se décolla de lui afin d’ôter sa tenue. Une fois nue, elle s’allongea contre un rocher, écartant les jambes, toujours dans une invitation à la découvrir. Joris se glissa entre les cuisses et contempla le délicat fruit entrouvert. La peau était là d’un bleu plus profond que les seins, mais la même odeur entêtante se dégageait de l’entrejambe. Le clitoris racoleur sollicitait son attention. Il était impossible de le rater : sa taille de trois fois supérieure à la version terrestre ne le laissait guère inaperçu. Même un aveugle n’aurait pu passer à côté, surtout s’il lisait le braille.

  

 Le nez dans une toison courte d’un bleu sombre, Joris s’affairait à lui souhaiter une bienvenue qu’il n’avait pas eu l’occasion de lui transmettre jusque là. Hinda savourait cet accueil : à aucun moment elle n’avait imaginé une si chaleureuse prise de contact. Un abondant flot de sécrétions se répandit sur le rocher alors qu’un ultime coup de langue la propulsa en quasi-apesanteur.

  

 Elle se tourna sur le ventre, chercha une position où son bassin serait à une hauteur adéquate pour sentir Joris venir en elle. Il remarqua au niveau du sacrum une courte queue qui était peut-être le vestige d’un appendice autrefois plus long. À cette vue, il sentit un instinct animal l’envahir. Il empoigna la queue alors qu’il enfonçait la sienne entre les lèvres de la créature. La cadence soutenue et énergique comblait Hinda qui bramait son plaisir. Joris éjacula et se réveilla. Il y avait longtemps qu’il n’était plus un adolescent, mais cette pollution nocturne le ramena plusieurs années en arrière. 

  

 Il entendit encore le bruit : quelqu’un remuait le loquet, cherchant à entrer. Il avait l’air malin, souillé de son sperme alors qu’on tentait de s’introduire en douce chez lui !

  

    ─ Tu viens m’ouvrir ou dois-je défoncer la porte ?

  

 Cette voix dans sa tête, ce ne pouvait être qu’elle. Il était confus car elle avait forcément ressenti le plaisir qu’il venait de prendre en rêvant à elle. 

  

    ─ Donne-moi un instant que

    ─ Ne t’affole pas. Je suis au jus du plaisir que je viens de te provoquer. J’en suis en partie responsable. Viens, je te ferai une petite toilette avec ma langue

  

 Joris haussa les épaules. Elle l’avait projeté au fond de leur cellule sous le coup de la colère, et la voilà qui débarquait comme si de rien n’était, lui proposant de le nettoyer après lui avoir provoqué des rêves érotiques. Il n’y comprenait vraiment rien.

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