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Pierre et moi – Chapitre 1




J’ai rencontré Pierre lors de la fête d’anniversaire d’un ami commun. Je m’ennuyais beaucoup et j’étais sur le point de partir lorsqu’il m’a accosté.

Avec un large sourire, il se présente et je lui réponds poliment. Il commence à me parler d’une voix charmeuse et joyeuse. Je deviens rapidement subjugué. Au-delà des mots d’un échange banal, il révèle une philosophie et une joie de vivre débordante. J’ai rarement vu quelqu’un de si positif, simple et direct, tout en restant très réaliste.

Dès cet instant, par sa seule compagnie, les heures défilent. A un moment donné, à mon grand regret, je lui signale que je dois absolument partir. Pierre me serre chaleureusement la main, demandant simplement où j’habite. Comme je lui réponds, il presse ma main un peu plus fort et me demande si je peux le ramener à la gare comme il est venu avec des amis car sa voiture est en panne. Mon cur s’emballe, ne sachant pas vraiment quoi penser, j’ai l’art de me faire du cinéma, mais un "Oui, bien sûr !" sort avant que mon cerveau ne trouve une excuse bidon. Pierre m’emmène faire un tour rapide de salutations et s’excuse auprès de ses amis qui l’ont amené.

Dans la voiture, Pierre me remercie de nouveau et, alternant discrètement quelques questions sur ma vie, il me guide jusqu’à la gare. Il me serre de nouveau amicalement la main, me disant qu’il souhaite me revoir et puis, il sort de la voiture. Tandis je l’observe s’éloigner, il pivote et revient vers moi. J’ouvre rapidement ma vitre et, avant que je puisse réagir, il se penche pour plaquer un incroyable baiser sur mes lèvres, bref mais si chaud. Il est déjà devant l’entrée du bâtiment avant que je ne reprenne mes esprits, il me fait signe et disparaît aussitôt.

Je reste comme hypnotisé derrière le volant durant un temps interminable, sidéré par ce qui vient de se passer, émergeant à peine de la réalité comme je reprends la route pour rentrer chez moi. Ce simple baiser a été si bon et si simple, sans aucun questionnement, comme le résultat d’une simple logique de ce qui doit être. Bien sûr, tout n’est pas aussi simple dans ma tête.

Malgré la fatigue de la journée, ma nuit est agitée. Mes idées et mes fantasmes partent dans tous les sens et je réalise bien vite que je ne connais rien de lui, ni son nom de famille, ni son adresse, ni son téléphone. Une journée active efface progressivement cet évènement insolite… effacer… pas vraiment, mais diminue fortement son impact. Deux jours de plus passent, la saveur du baiser parfume toujours mes lèvres, mais je n’ai plus aucune illusion. La semaine se termine et le doux souvenir reste toujours présent.

Samedi vers 8h00, la sonnette d’entrée retentit. J’ouvre la porte et me retrouve face à face avec ce beau souvenir, Pierre. Je balbutie quelques mots tandis qu’il avance pour m’enlacer, simplement m’enlacer, seulement m’enlacer. J’ai à peine repris mes esprits lorsque j’entends ces derniers mots, "… aller à l’exposition ?" Ne voyant aucune réaction, il ajoute, plus comme un état de fait qu’une question, "Donc, c’est d’accord !".

Chancelant presque, j’agrippe ma veste d’une main tremblante et je le suis dans sa petite voiture sportive. Comme dans un rêve, pas certain d’être éveillé, je discute avec lui et réponds à toutes ses questions comme un automate. Tout semble irréel, sa joie explosante irradie en moi, chacun de ses gestes me fait tourner la tête, surtout lorsqu’il pose furtivement plusieurs fois sa main sur mon genou ou ma cuisse de façon si naturelle. J’ai l’impression qu’il a cent mains tant l’empreinte de chacun de ses contacts laisse une trace imprégnée dans ma chair.

Arrivé sur place, Pierre me présente les différents artistes qu’ils semblent très bien connaître et c’est ainsi que je découvre que Pierre est un photographe réputé. L’exposition est divisée en quatre parties dont une dans laquelle Pierre s’attarde plus longtemps, des nus masculins en noir et blanc, une spécialité qui, je l’ai appris bien plus tard, est aussi la sienne.

Au fur et à mesure de la visite, je sens Pierre se rapprocher de plus en plus de moi, physiquement. Les contacts sont plus fréquents et plus précis. Au début, je m’écarte instinctivement chaque fois un peu et puis, comprenant l’inutilité de cette fuite, je commence à le laisser faire et à savourer progressivement davantage. Certains de ses gestes, même si apparemment naturels, sont franchement inhabituels pour moi, tels que de longues caresses sur mes fesses ou de puissantes poignes de mon entrejambe, le tout accompagné d’une allusion érotique glissée dans le creux de mon oreille. Pierre est visiblement dans son monde, un monde d’érotisme masculin qui me séduit aussi et que je savoure même s’il n’est pas le mien, du moins en public.

De retour dans sa voiture, Pierre devient bizarrement plus distant, ce qui me procure directement un manque, mais cela me rassure en même temps. Durant tout le trajet, Pierre ne dit pas un mot, ne fait pas un geste vers moi. Tandis qu’il gare sa voiture le long de sa maison, Pierre commence une série de boutades réellement amusantes qu’elles me décrispent. Sa dernière phrase avant de sortir de sa voiture est une invitation à dormir chez lui, en réalité toujours plus un état de fait qu’une question. Je suis fatigué… et sans voiture, de sorte que je le suis. Il me fait visiter sa maison, maintenant d’une humeur joviale, le tout de manière contractée. Cet homme était vraiment surprenant, inattendu, assez autoritaire et toujours imprévisible.

Après la salle de bain, Pierre me dirige vers une chambre et me signale qu’elle sera la mienne. Avant que je puisse lui souhaiter une bonne nuit, il disparaît derrière un mur. Je réalise bientôt qu’il n’y a pas de porte, que je n’ai vu aucune porte intérieure dans cette maison et je me demande ce que je fais ici. Conscient de ma fatigue, je me déshabille rapidement et, à peine plongé entre les draps soyeux, je me retrouve dans les bras de Morphée.

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