CHAPITRE 6 : déclic n°11
Me voici allongée sur un lit, dans une pièce blanche d’abord très floue, mais qui se dessine peu à peu. Je suis dans un hôpital ou une clinique. J’ai envie de me lever, mais j’ai mal partout. Mes fesses sont extrêmement douloureuses, mon abdomen également. En fait c’est bien simple, je n’arrive à bouger que mes bras, bien qu’encore très engourdis, par l’anesthésie j’imagine.
Ça me revient, le verre de jus d’orange, puis le flou. Et cette histoire de transformation, de dernière étape. Il semble que j’avais bien compris ce qu’avait prévu Christian pour moi. Mais j’ai l’impression qu’il est déjà trop tard. Vite, je fais glisser les draps jusqu’à mes genoux. Je suis couverte de bandages. Depuis les cuisses jusqu’au nombril, ainsi que sur la poitrine. Et, surprise, mon visage est également couvert de bandages.
Les forces me reviennent peu à peu. J’arrive enfin à me lever, chancelante. Et alors que je vais enlever mes bandages pour découvrir ce qu’on a fait de moi, une personne entre dans la pièce. C’est Christian.
« Tu sembles bien pressée de découvrir ton nouveau corps. Justement, cela fait 15 jours que tu es sous sédatifs, suite à tes opérations. Nous t’avons laissée te réveiller pour que tu assistes au dévoilement du résultat de ce travail d’artiste.
— Nous ? Qui ça ?
— Tu as été opérée dans le plus grand secret par l’un des chirurgiens plastiques les plus réputés au monde. Celui-ci m’a fait un bon prix, très emballé par ton histoire. Mais il souhaite garder l’anonymat. C’est donc moi qui vais défaire tes bandages. »
Et Christian s’exécute. Il commence par l’énorme bandage sur mon abdomen et mes fesses. Je vois apparaître une taille beaucoup plus fine qu’avant, un ventre plat, des fesses extrêmement rebondies. Et je n’exagère pas sur l’adverbe. Elles sont bien extrêmement rebondies. Et mes hanches sont encore plus larges qu’avant ! Par contre, je suis pleine de bleus.
« La cicatrisation semble parfaite. Les bleus partiront avec le temps, c’est normal. Nous t’avons liposucé l’abdomen et une partie des cuisses, afin d’affiner tes jambes et ta taille. Puis nous avons réparti les graisses résiduelles sur tes hanches et surtout tes fesses. Tu as aujourd’hui un cul à faire bander un nonagénaire sur son lit de mort. »
Je suis trop déboussolée pour réagir. Pourtant, je me trouve belle. Et ce n’est pas fini. Christian ne me laisse d’ailleurs pas vraiment le temps d’exprimer mon avis, et défait le bandage sur ma poitrine, dont on devinait déjà, bien que compressée sous le tissu tendu, qu’elle était plus grosse qu’avant. Beaucoup plus grosse à vrai dire. Une fois les bandages ôtés, une lourde poitrine tombe et me tire la peau du torse.
« Du travail d’artiste, s’exclame Christian ! Nous t’avons bien évidemment implanté deux prothèses en silicone, autour desquelles nous avons joint une partie de la graisse issue de ta liposuccion, pour un effet plus réaliste, moins rigide. Tu as désormais de beaux seins qui ont l’air relativement naturels.
— Relativement, c’est le mot. Ils sont énormes !
— Un bonnet F. Le professeur pensait te faire un bonnet C, comme à la plupart de ses patientes. J’ai insisté pour le bonnet F. Mais encore une fois, l’idée ne vient pas de moi, mais de tes fans, sur ton site. D’ailleurs, fais leur un petit signe à ta droite, ils te regardent. »
J’aperçois alors une petite webcam placée devant la fenêtre. Les pervers ! ils sont tous complices et moi, je suis la victime d’une opération pour laquelle j’avais signé, un an auparavant. Et c’est alors que Christian dévoile mon visage. Déjà, un élément saute aux yeux : mes lèvres sont énormes. Pulpeuses et sexy, certes, mais vraiment énormes. Et mes pommettes ont été retravaillées, ainsi que mon menton, mon nez, et mes arcades sourcilières. Tous mes traits ont été affinés. J’ai l’air d’une femme à 100% désormais. A un détail près : mon pénis est toujours là.
« Oui, m’annonce Christian, c’est le sujet sur lequel tes fans étaient le plus partagés : garder ton pénis que tes hormones ont de toute façon rendu totalement impuissant, ou bien te créer une belle petite chatte. J’ai insisté pour que tu gardes ton sexe. Tes baiseurs viendront voir une trans, pas une femme, il te faut donc une queue. Aussi petite et mole soit-elle. »
Christian parle désormais de moi comme d’un produit en développement. Il est loin le temps où je nous croyais deux amants vivant leur romance interdite. J’ai l’impression d’être son jouet désormais.
« Je dois dire que je suis très satisfait du résultat, s’extasie alors mon créateur. Tu vas faire des heureux avec tous tes nouveaux attributs. Mais assez perdu de temps ici. Le professeur va t’examiner et nous pourrons ensuite quitter cet établissement. Cependant, il souhaite rester anonyme, donc je vais devoir te rendormir. Pas de surprise cette fois-ci, tu vois ? Allez tends ton bras. »
C’est alors qu’il présente une seringue à mon bras. Je ne lui oppose aucune résistance, trop perdue que je suis dans ce nouveau corps, et surtout, aussi incroyable que cela puisse paraître, j’aime ce qui m’arrive. Plus encore que jamais, je me sens reconnaissante envers Christian pour tout ce qui m’arrive
Une piqûre, je vacille, Christian m’allonge sur le lit, ma vue s’opacifie puis je me réveille dans ma cave, chez Christian.
De nouveau enfermée dans cette pièce qui fut ma prison durant de longs mois. J’y passe encore cinq semaines supplémentaires, le temps que les bleus sur mon corps se résorbent totalement. Nous sommes alors début juin 2010, Christian fait irruption dans ma chambre pour m’annoncer ma libération :
« C’est le grand jour pour toi. Un fan souhaite te rencontrer ce midi. »
Je suis devenue la chose de Christian. Une situation vraiment peu enviable, et pourtant, il ne se passe pas une journée sans que je prenne plaisir à cette vie, et à exécuter la moindre « mission » pour mon créateur.
Un homme marié voulant tester de nouvelles choses ? Je suis cette nouvelle chose à la sortie du bureau.
Un gang-bang avec des fans de mon site ? J’accepte toutes leurs queues.
Un riche homme d’affaires a besoin d’une soubrette pour le week-end ? Je me charge de lui nettoyer la queue.
Fin juin 2010, au bout d’un mois de rencontres sans discontinuer, mon corps me hurle cependant sans cesse de ralentir. Je ne tiendrai pas très longtemps sur un tel rythme. Et à mesure de ces rencontres dans mon corps de femme, j’ai découvert que je pouvais prendre du plaisir avec d’autres hommes. Pas seulement Christian.
Je prends alors conscience que Christian m’a bien menée en bateau. M’a-t-il forcée ? Non. J’ai tout accepté sans broncher. Mais je me rends compte que je ne suis rien d’autre qu’un objet pour Christian, et ce n’est pas ce que je souhaite. J’ai besoin de tendresse et d’amour. Après quelques jours de réflexion, je décide alors de prendre la fuite. Et cette décision constitue mon onzième déclic.