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Marie et le sculpteur aveugle – Chapitre 9




CHAPITRE 9

LE MARIONNETTISTE

On marche une centaine de mètres dans la nuit chaude jusqu’à une boutique où un homme moche en blouse grise maculée de taches, nous ouvre son magasin.

C’est une vieille boutique avec des poteries partout et un vieux comptoir en bois.

Je reste cachée derrière Lucien alors qu’ils commencent à discuter des produits qu’il vient chercher.

Parmi le bric-à-brac invraisemblable, figurent des sculptures humaines : des corps sans tête et sans membres plus exactement.

Mais surtout, par une porte dérobée, j’aperçois un atelier avec une étrange potence accrochée au plafond d’où pendent des cordes, des palans et des bracelets de cuir.  Je commence à m’inquiéter…

« Je te présente Marie, le modèle dont je t’ai parlé »

Un type du même âge que le Prof s’avance et me reluque de la tête aux pieds.

Il est également d’une cinquantaine d’années mais plutôt repoussant.

Il est à moitié chauve, bedonnant et porte de grosses lunettes d’écaille.

« Enchanté Marie… très mignonne en effet… » fait- t-il en tournant autour de moi comme le font des éleveurs autour d’une bête pour en estimer son poids et sa bonne santé !

Il me dégoute d’entrée de jeu.

« Je peux attendre dehors que vous ayez fini Prof ? » Je demande en commençant à ressortir du magasin.

« Que né-ni ma jolie, on a besoin de toi » lance Lucien en me tapant gentiment mais fermement avec sa canne dans les jambes.

« Besoin de moi ?  Pourquoi faire ? »

« Michel me fournit de la glaise d’excellente qualité mais hors de prix et de mes moyens ; alors je lui ai proposé une transaction »

« Quelle transaction » je fais d’un air soupçonneux.

« Tu vas poser pour lui ; t’inquiète, y’en a pas pour longtemps »

« Il sculpte aussi ? »

« Pas exactement…Explique lui Michel »

«  Je fais du moulage de corps nus au plâtre ; suis-moi ; il parait que tu es soupleon va voir ça » dit-il d’un ton péremptoire qui n’incite pas à discuter.

On entre dans l’atelier et immédiatement, il me positionne debout sous le portique équipé de palans.

Je porte toujours mon corsage déboutonné qui ne tient partiellement fermé que parce-que j’ai rentré les deux pans dans ma jupe.

Le sperme séché me colle un peu partout.

Il commence à me passer des bracelets de cuir aux poignets, au-dessus des coudes, puis des chevilles et au-dessus de genoux.

Puis, il enfile des cordes dans ses palans et dans les anneaux des bracelets.  Il ne se mélange jamais et travaille vite.

Un expert des cordes.

Je me laisse faire et regarde le Prof d’un air inquisiteur mais il ne peut évidemment pas me voir. Il est assis sur le côté sur un tabouret haut et ne bronche pas.

« Bon ; tu vas te décontracter et me laisser jouer avec les cordes pour trouver la bonne pose, OK ? Ne cherche pas à résister, laisse-toi aller »

Je ne lui réponds pas mais me laisse faire.

Soudain, je me sens soulevée et tombe à plat ventre en bas à quelques centimètres du sol, façon Mission Impossible.

Je pousse un cri mais reste en lévitation, les bras et jambes écartés comme un parachutiste.

Mon corsage, sort instantanément de la ceinture de ma jupe, pendouille, grand ouvert sous moi, libérant ma poitrine dans toute sa nudité.

Puis, en actionnant ses palans, mon corps remonte… jusqu’à ce que ma tête soit au niveau de la sienne.

Il me regarde avec un sourire écurant et son regard s’attarde avec une insistance d’une impudence rare sur ses seins qui s’agitent sous moi.

Il fait le tour complet de mon corps suspendu…lentement. 

Ne portant pas de culotte et avec les jambes écartées à hauteur d’yeux, il doit bien se rincer l’il je me dis.

Soudain, il attrape mon corsage déjà bien entamé et le découpe carrément avec des ciseaux !

La lame froide qui glisse dans mon dos me fait frémir.  Je proteste de surprise mais il m’intime de ne pas remuer.

Il découpe méticuleusement les bras et arrache les morceaux d’un geste vif. 

Le Prof entend le tissu se déchirer et sourit.

Mon corps se balance torse nu devant lui, les seins en train de swinguer sous moi.

Il me reluque sous toutes les coutures et prend son temps le salaud.

Puis, il refait un tour pour me mater dans cette posture indigne et vulnérable.  Je ne le vois plus.

Il se tient derrière moi lorsque je sens à nouveau le métal froid des ciseaux qui passent sous l’élastique de ma jupe…Il coupe tout le côté…

La jupe tombe au sol, me laissant complètement nue dans cette pose si humiliante.

Comme si la honte n’était pas suffisante, ma chatte commence à s’humidifier malgré moi.

Il me contemple comme on admire un bel animal, une belle proie prise dans ses filets et arbore un sourire machiavélique qui m’effraye.

« Tu vois, j’ai vu pas mal de modèles dans ma vie et je croyais avoir tout vu. Je suis même assez blasé mais là…, quel corps !  Il est parfait, mince à la taille, le ventre plat, et ces rondeurs… ce fessier protubérant et cette poitrine…ronde et ferme, ni trop opulente, ni trop petite…des proportions parfaites et en plus, un petit minois à tomber par terre, un des plus fin que j’ai vu avec des lèvres bien charnues à souhait. On lui donnerait le bon Dieu sans confession tellement elle a l’air innocente. Et en bonus, un sexe complètement glabre qui font bien ressortir tes grosses lèvres bombées…Une bête de concours dis-donc !  Tu ne m’avais pas menti »

Je suis cramoisie !! On dirait qu’il parle d’une dinde prête à enfourner !

Et il parle de moi au prof en ces termes tellement crus comme si je n’étais pas là ; comme si je ne l’entendais pas !

Je suis tellement choquée ; mais le Prof est stoïque et attend assis, appuyé sur sa canne d’aveugle.

« Bien.  Je vais chercher une bonne pose maintenant… voyons ce que ça donne »

Il attrape alors ses cordes qu’il manipule les unes après les autres avec une grande dextérité.  Mon buste se redresse puis mes bras se croisent et se décroisent. C’est ensuite au tour de mes jambes.

Ça dure cinq minutes jusqu’à ce qu’il soit satisfait d’une pose assez extrême. 

Je suis en position pratiquement verticale, dans une position qui rappelle celle d’un archer, les jambes écartées l’une derrière l’autre, le buste tourné de côté et les bras parallèles aux jambes comme si je tenais un arc.

« Pas mal… » fait-t-il d’un air satisfait. « On ne bouge plus »

« Très drôle… » je dis dans un souffle, entravée de tous les côtés.

Il va chercher un pot dans lequel il plonge sa main qu’il ressort couverte d’un liquide visqueux translucide.

« C’est de la vaseline ; pour que le plâtre ne colle pas à ta peau au démoulage »

Il grimpe sur un tabouret et commence à m’enduire cette crème visqueuse sur les épaules et le dos.  Il me fait tourner en l’air, suspendue à son palan.

Puis, il attaque les hanches et les fesses.  Ses mains passent alors par en-dessous…et enduisent ma poitrine en s’y attardant plus que nécessaire jusqu’à ce que mes mamelons soient bien imprégnés… Je les sens se durcir malgré moi…

Il insiste alors dessus en me les triturant car il le sent au toucher qu’ils réagissent et me fixe avec un sourire moqueur qui me fait détourner les yeux.

Puis il continue sur le ventre et insère sa main dans mon entrejambe…

Je pousse un gloussement révélateur qui trahit le plaisir qu’il me donne en passant et repassant sur ma moule imberbe et toute rebondie.

Il sourit de plus belle d’un air vicieux et s’aperçoit que je réagis facilement à ses attouchements. 

Alors, il remet ça le salaud ! Il se délecte littéralement et abuse de son pelotage en règle.

Cette fois, je sais que je mouille vraiment et mon souffle devient court.

Il étale la crème très lentement en prenant son temps et lance au Prof « Tu veux m’aider Lucien ? »

Le Prof ne se fait pas prier, se lève et prend lui aussi de la vaseline qu’il commence à m’enduire sur les épaules.

« Pas sur les bras, les jambes et la tête ; je ne reproduis que le torse jusqu’aux hauts des cuisses. »

Alors, les mains du Prof s’attardent sur mes seins tandis que l’autre pervers passe un temps infini sur mes fesses et ma raie dans laquelle il prend un plaisir vicieux à glisser ses doigts doucement en titillant mon anus

"C’est dans les creux qu’il y a la plus de risque que ça colle…"

Je me crispe et serre les poings sur les cordes alors que le plaisir m’envahit et que ma fente suinte de plus en plus.

« Ne bouge pas comme ça ma belle »

Il englobe alors ma vulve aux grosses lèvres souples et protubérantes qu’il presse comme un abricot juteux…

« Incroyable. » fait-t-il estomaqué. « Elle réagit au quart de tour ! »

« Je te l’avais dit… » lâche le Prof sur le ton d’un "spécialiste".

Je me sens incroyablement humiliée mais mon corps n’en fait qu’à sa tête. Je ne peux pas me contrôler.

L’orgasme commence à pointer et je sais que je vais succomber s’ils ne mettent pas un terme immédiatement à leurs insupportables caresses.

« Et on n’a pas attaqué le plâtre… » ajoute Michel avec un sourire ironique.

Sa main imbibée de vaseline glisse inlassablement sur ma chatte trempée alors que le Prof continu de me malaxer les seins avec délectation…

« C’est dingue, j’ai l’impression qu’elle va partir comme une fusée ! »

Ses remarques salaces me mortifient de honte. Je n’en peux plus.  Je sens le point de non-retour approcher.

  Les doigts du marionnettiste s’enfoncent soudainement entre mes grosses lèvres et appuient sur mon bouton qu’il écrase au passage.

J’EXPLOSE !!!

  Mon corps spasme plusieurs fois au bout des cordes et je m’agite comme un pantin désarticulé pendant de longues secondes en poussant un humiliant râle incontrôlé alors que ma chatte pisse de mes jus.

« Eh bien ! Quelle sexualité refoulée nous avons là et qui ne demande qu’à s’exprimer ! … »  Fait le bonhomme gras et libidineux en rajustant ses grosses lunettes mais trop satisfait de m’avoir fait jouir sous ses doigts.

« On va appliquer le plâtre maintenant… ça va te donner une sensation de chaleur en séchant ; c’est normal »

Il prépare son mélange dans deux bassines et en tend une au Prof.

« Évite de respirer profondément… comme tout à l’heure si tu vois ce que je veux dire… »

Les deux hommes m’enduisent alors tout le buste et le torse en s’appliquant plus que nécessaire.

De nouveaux leurs mains passent partout…et leurs caresses sont divines. Ma moule ne détrempe pas.

« Au moins, on est sûrs que le plâtre ne collera pas à certains endroits, ha ha ha » fait l’horrible personnage d’un ton moqueur et irrespectueux.

Puis, Michel dépose des morceaux de tulle en coton sur le dos et sur le devant sans les croiser entre les aisselles et les hanches pour renforcer la structure.

Ils remettent une bonne couche de plâtre et retirent le surplus puis attendent quelques minutes que ça sèche suffisamment.

Michel en profite pour faire quelques photos.

Je sens effectivement une chaleur se dégager du plâtre en séchant.

Il est tout excité du résultat qu’il espère. Ils partent discuter et boire une bière au fond de l’atelier et reviennent un moment plus tard.

« Bon, on va démouler.  Ne bouge pas »

Il tire alors sur la coque arrière et le plâtre non recouvert de tulle casse net.  La coque se sépare de mon corps qui respire à nouveau.

Puis, il démoule celle de devant.

« Parfait ; On va la nettoyer maintenant »

A l’aide d’une éponge et de serviettes, ils m’essuient tous les résidus et enlèvent le plus gros de la vaseline qui n’a pas pénétré la peau.

  De nouveau, les sensations sont terriblement érotiques et je me pince les lèvres pour ne rien montrer.

Je me tortille à chaque passage de l’éponge entre mes jambes. Ces remarques ne m’épargnent rien.

« Dis-donc, on croirait qu’elle en redemande ! »

La douceur de l’éponge et les passages répétés m’excitent à nouveau terriblement.  Je me mords les lèvres en espérant qu’ils s’arrêtent avant de m’humilier une nouvelle fois.

Ma respiration plus profonde et mon cur qui bat à tout rompre m’alertent sur les prémices d’un nouvel orgasme et je sens la panique m’envahir.

Mais,  à mon grand soulagement, il me détache enfin. 

« Voilà, c’est fini, tu peux te rhabiller »

Je me frotte les poignets et les chevilles et demande : « Me rhabiller ? Avec quoi ?  Vous m’avez découpé mes fringues »

« Ben avec celles de rechange que t’as apportées… T’en a pas ?? »

« Ben non, vu qu’on m’a rien dit et vu que j’en ai pas d’autres en plus »

« Pfff… c’est la meilleure celle-là… bon, je dois avoir une vieille blouse par-là… »

« Je peux prendre une douche ? »

« C’est pas un hôtel ici ! »

Il part et revient avec une blouse blanche en Nylon, enfin blanche…quand elle a été neuve peut-être…Elle est maculée de taches comme la sienne, est pleines d’accrocs et il manque des boutons.

« Tiens, j’ai même une ceinture assortie pour souligner ta joli taille de guêpe. Tu vas être sensass là-dedans »

J’enfile la blouse à même la peau sans rien en-dessous.  Le Nylon me procure des sensations très agréable je dois dire.  C’est doux.

Puis Michel donne un grand carton très lourd à Lucien qu’il fixe sur un petit chariot à deux roues, genre valise d’aéroport et me le met dans les mains.

«  Tiens, toi t’es jeune et t’as de beaux yeux en plus » fait-t-il en rigolant.

Lucien me demande de l’attendre dehors tandis qu’il parlote avec le marionnettiste.

Il me rejoint quelques minutes plus tard sur le trottoir et nous marchons vers l’arrêt de bus pour faire le chemin inverse.

Il est très tard et les rues sont presque vides.

« Il est spécial votre copain… » je dis au bout d’un moment pour casser le silence.

« Je le connais depuis très longtemps ; il est assez direct mais très professionnel… enfin…il aime bien palper de temps en temps quand ça vaut le coup »

« Quand ça vaut le coup ? C’est comme ça que vous voyez les femmes ? »

« Mais non… tu me connais mal.  Je parle uniquement des modèles qui posent pour nous ; en ce qui te concerne, tu es nettement au-dessus de ces considérations mais on ne peut pas se refaire.  Quand on travaille sur un modèle, on ne voit – si je puis dire – que son anatomie "artistique"…mais j’avoue qu’avec toi, on a du mal à rester concentré »

« Tiens, voilà le bus » je fais.

LE RETOUR EN BUS

On monte et y’a personne. Tant mieux je me dis.  Après le trajet surréaliste de l’aller, je ne me voyais pas recommencer à me donner en public.

On s’assoit au fond et je me laisse bercer par le ronronnement du moteur et les mouvements souples de la route qui me bercent.

Je suis bien et suis sur le point de m’endormir quand Lucien me dit « Tu as été parfaite chez Michel.  Il était très heureux.  Et moi aussi. Merci Marie »

Je n’en reviens pas.  Le Prof qui me complimente à ce point et qui me dit merci.

Du coup, je me sens encore mieux et je m’endors béatement sur l’épaule du Prof en rêvant à toutes ces mains d’hommes qui me massaient partout.

Ce qui me réveille en sursaut, c’est des cris et des rires.  J’ouvre les yeux et je vois une bande de racailles qui est monté dans le bus.

Il est vrai qu’à cette heure tardive, on voit moins de grand-mères, d’étudiants ou d’hommes d’affaires.

Ils ont l’air saoul et se la pètent en prenant possession du bus comme s’il leur appartenait. 

Puis, l’un d’eux me dévisage et soudain je me rappelle de lui !

C’est l’un des deux abrutis qui m’a agressé dans la boutique jusqu’à ce que Robert me vienne en aide.

Il me reconnait aussi et immédiatement, il attire l’attention des autres sur moi et…ils s’approchent bruyamment.

« Prof… » je fais.

« Quoi donc ? »

« C’est les racailles qui m’ont agressées dans la boutique où votre frère est intervenu…Ils m’ont reconnu »

« Mais qu’est-ce qu’on a là ?  C’est la chieuse de l’autre jour qui allume tout le monde ! »

« Mam’zelle Sainte ni-touche aux gros nichons en personne »

Et sur ce, ils viennent s’assoir autour de nous et sans attendre, l’un d’eux me soulève ma blouse que je rabats aussi sec.

Ça les énerve alors un autre me saisit le bras pour m’en empêcher et le premier recommence.

Il remonte à nouveau ma blouse, découvrant mes cuisses.

Je tire à nouveau dessus pour les cacher avec l’autre main quand l’un d’eux éructe :

« Putain les mecs, elle a même pas de soutif sous sa blouse c’te salope ! »

Affolée, je baisse les yeux pour regarder ma poitrine. Mince ! Je n’avais pas remarqué à quel point le Nylon est translucide.  On voit clairement les auréoles foncées de mes tétons qui pointent sous le fin tissu.

En plus, on voit ma peau par certains accrocs et il manque des boutons. La blouse baille aux corneilles par endroits. C’est la cata

Je lâche le bas de ma blouse pour croiser mon seul bras de libre sur ma poitrine.

Le Prof reste imperturbable, comme étranger à la scène. Je ne comprends pas ou alorsça l’amuse peut-être ?

Le même mec dégage mes cuisses à nouveau.  J’esquive son geste en me déplaçant.  Mes cuisses sentrouvrent une seconde.

Je resserre les jambes mais pas assez vite. Ils s’aperçoivent que je ne porte rien en-dessous…Leurs visages se figent de stupeur.

C’est le déclic.

 « Les MECS ! Elle est carrément à poil sous sa blouse cette allumeuse !! Ouvre-nous ta blouse salope ou on va s’en charger… »

Je ne réponds pas et protège ma poitrine avec l’autre bras en travers, le premier étant toujours tenu par l’une des racailles.

« Alors ? Qu’est-ce que t’attends putain ?!  Tu fais moins la fière quand y’a pas l’autre vieux pour te défendre, hein pétasse ? »

A ce moment, le Prof réagit. Enfin.

« Suis-moi » fait le Prof qui se lève d’un coup.

Je veux le suivre mais l’un d’eux me pousse violemment pour me faire rassoir.

« C’est ça casse toi l’aveugle. Et toi, montre-nous tes nibards ! »

« Et tout le reste » fait un autre qui se lèche les lèvres en bougeant sa langue avec obscénité.

Joignant le geste à la parole, il s’avance et empoigne ma blouse en tirant dessus.

Le reste des boutons craquent et une manche se déchire sous l’aisselle jusqu’à la hanche.

Je tente de reculer en retenant ma blouse mais je sais que je ne tiendrai pas longtemps.

« Alors ? Tu viens ? » me lance le Prof d’un ton autoritaire et feignant d’ignorer ce qui se passe.

« T’es encore là l’aveugle ?? Tire-toi avant qu’on te fasse bouffer ta canne ! »

Les autres rigolent de la bonne blague.

C’est à cet instant précis que j’assiste à quelque chose d’incroyable.

Le Prof revient sur ses pas d’une démarche lente et assurée, face aux racailles pour le moins surpris.

« On dirait qu’il la veut sa torgnole cet abruti ! Pique-lui sa canne et balance-la par la fenêtre !» dit l’un des plus lâches à un autre qui hésite.

C’est alors que Lucien prend sa mince canne affutée et sans un mot, se met à la faire virevolter dans l’air.  Les racailles, surpris, rigolent.

Mais un peu moins quand ils s’en prennent un coup sur les bras.

Le Prof commence à les fouetter les uns après les autres dans les jambes, les bras, la figure avec une dextérité et une vitesse stupéfiante.

J’aurais cru assister à une scène de Kung Fu !

Les jeunes, surpris se protègent des coups comme ils peuvent et s’abritent au fond du bus derrière les sièges.

Avec calme, le Prof m’entraine à l’avant du bus pour en sortir au prochain arrêt.

J’ai tout juste le temps d’emporter le chariot de glaise avec ma blouse entrouverte qui ne tient plus que par la fine ceinture.

Mais la surprise passée, les racailles, fous de rage, se précipitent derrière nous dans le couloir de bus.

Le Prof me met alors à l’abri derrière lui et grâce à l’étroitesse du couloir, comme ils ne peuvent pas tous lui tomber dessus ensembles, ils doivent lui faire face l’un après l’autre.

Et là, chacun se prend une copieuse volée de bois vert dont ils se souviendront longtemps !

C’est un massacre.

Le Prof les rosse un par un jusqu’à ce qu’ils renoncent, les joues et bras lacérés de zébrures rouges.

Dès l’arrêt suivant, on descend et le Prof empêche le plus acharné de nous suivre en le rossant sur les jambes et même, ultime vexation, sur les fesses.

Humiliés, ils hurlent des injures derrière les vitres du bus qui s’éloigne.

Assez choquée, je tremble de peur et m’agrippe au bras du prof comme à un bouclier.

On est encore loin de chez nous. La nuit est noire, les rues sont vides, juste emplies d’une douce brise et du bourdonnement lointain de quelques véhicules.

« Tu vas bien ? » me demande Lucien qui reste très calme, stoïque même.

« Oui Prof, mais et vous ?  Vous avez été… mais vraiment incroyable !  Comment avez-vous fait ça ?  Comment pouviez-vous les voir et les frapper avec autant de précision ? »

Sans attendre le bus suivant qui sont plutôt rares à cette heure tardive, on commence à marcher doucement dans nuit, bras dessus, bras dessous en trainant le chariot.

« Je te l’ai déjà dit : j’ai développé une ouïe exceptionnelle.  J’entendais tous leurs mouvements et pouvais donc les visualiser »

« Mais même avec le bruit du bus ? »

« C’est comme une musique enregistrée sur plusieurs pistes ; une pour la batterie, une pour la guitare, etc…  Les bons musiciens sont capables de faire abstraction de toutes les pistes, sauf celle qui les intéresse.  Je fais pareil ; j’isole les bruits parasites comme ceux venant du bus et me concentre sur les bruits dégagés par le type que je veux atteindre »

« Stupéfiant… mais… »

« Mais ? »

« Mais la façon dont vous utiliser votre canne… vous avez appris ça comment ? »

« En faisant de l’escrime quand j’étais plus jeune et nouvellement aveugle ; ça m’a beaucoup aidé pour me mouvoir dans des espaces inconnus »

Je n’en reviens pas et nous marchons silencieusement pendant longtemps.

  Je revois la scène défiler et encore défiler dans ma tête et puis je lui sors : « Les pauvres racailles… il ne fait pas bon de se frotter aux deux frères on dirait ! »  Et je me mets à rire. « Ils sont tombés coup sur coup sur votre frère et vous, ha ha »

Il esquisse un sourire mais ne dit rien.

Je le regarde marcher à mes côtés avec une admiration sans borne.  Il n’est plus seulement mon Prof, il est mon protecteur.

Avec Robert en plus, je ne crains rien.

« Je suis tellement heureuse de vous avoir rencontré » Je lâche avec un tel naturel que je me surprends moi-même à l’avoir dit à haute voix.

« Et réciproquement » me fait-t-il en me serrant tendrement le bras un peu plus fort.

Je me sens bien et heureuse.  On marche sans s’en rendre compte et approchons de notre quartier.

Je réalise soudain que je déambule les seins à l’air ! La blouse a bien morflé. 

Elle est ouverte jusqu’au nombril et tout le côté est ouvert sur mon flanc droit.

Ayant une main qui tient le chariot et l’autre au bras du prof, je marche ainsi dans la nuit, à moitié à poil.

Heureusement, il n’y a personne mais la sensation est très agréable, même très excitante.  Et le Nylon qui frotte sur ma peau nue m’excite.

« Ils m’ont déchiré ma blouse… » je dis en souriant.

« Mmmm… sans blague… décris-moi ça… Je veux tout savoir… »

Je rigole et commence à lui décrire tous les détails… Il en demande plus, comment mes seins se balancent et interagissent avec la lumière des lampadaires qui enveloppe ma poitrine et tourne autour au fur et à mesure qu’on avance, puis les ombres, tout y passe… comme l’étude des ombres et des lumières d’un tableau de Maitre.

Notre conversation devient des plus étonnantes, m’apprenant à voir des choses que personne ne voit en temps normal.

On en oublie que nous marchons depuis presque une heure.

Soudain, j’aperçois un couple qui marche dans notre direction sur le même trottoir.  Je m’en inquiète auprès du Prof qui me demande de les décrire.  Au passage d’un lampadaire, je pense qu’il s’agit d’un couple d’amoureux d’une trentaine d’années.

Ils se tiennent par la main et marchent lentement.

Je veux retirer mon bras du sien pour refermer ma blouse mais le Prof m’en empêche.

« Prof !  Mes seins sont à l’air ! Je dois fermer ma blouse ! »

« Ne change rien et dis-moi quelle est leur réaction quand nous les croiserons »

Je rougis à mort et mon cur s’accélère ; en plus, je voulais regarder ailleurs ou baisser la tête mais je dois rapporter leur réaction et donc les fixer des yeux.

Ils sont à dix mètres et se parlent doucement sans nous regarder.

Soudain, la femme lève la tête dans notre direction.  Sa bouche s’ouvre en grand et elle donne un coup de coude à son partenaire qui à son tour découvre ma tenue alors que je marche à côté d’un aveugle, un homme d’âge mur qui pourrait être mon père et que je tiens fermement par le bras.

« Ils ont l’air choqué… » je souffle à voix basse dans l’oreille du Prof.

« Belle soirée » fait le Prof à leur encontre en les croisant.

« Heu… certainement » répond l’homme visiblement troublé.

Je ne sais plus où me mettre !

Puis ils s’éloignent en se retournant et en jasant.

« Alors ?  Ça t’a plu ? »

« C’était très embarrassant »

« Et c’est tout ? ça t’a excité n’est-ce pas ?  Ton cur bat la chamade et tu sens des picotements dans le bas ventre, et plus ton embarras est grand et plus ça t’excite, tu aimes qu’on t’exhibe, ne le nie pas »

Je ressens effectivement tous les symptômes qu’il décrit.  Je ne réponds rien mais réfléchis à ce que je ressens au plus profond de moi-même et en arrive à la conclusion qu’il a surement raison.

Je repense aux séances de pose avec lui, puis avec Robert…et me rends compte que non seulement ça me plait, mais que j’aurais du mal à m’en passer…

« Ouic’est un peu ça » j’avoue dans un souffle.

Puis, je repense aussi à son amour de jeunesse qu’il a quitté sans lui demander son avis…

« Vous n’avez jamais essayé de la recontacter ? »

« Qui donc ? »

« Heu… oui, excusez-moi, je pensais tout bas… je veux dire la jeune femme que vous deviez épouser et dont vous étiez si amoureux… »

« Non »

« Mais… vous ne voudriez pas savoir ce qu’elle est devenue ?  Si elle a fondé une famille, si… »

« Surtout pas ; je veux juste garder son souvenir avant le drame…c’est mieux ainsi »

« Mieux pour vous peut-être… » je réponds avec crainte de sa réaction.

Mais il ne réagit pas.

On arrive enfin à la maison ; il est très tard et au moment de nous séparer, je l’enlace amoureusement et lui fais un baiser dans le cou.

Il ne dit rien mais je sais qu’il est très touché. 

A partir de ce jour, je sais qu’il pourra me demander tout ce qu’il veut ; mais j’y suis prête et, même, je n’attends que ça !

Je prends une longue douche savonneuse pour enlever le reste de la vaseline et pars me coucher, épuisée.

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