5.
Manon ferma derrière elle et sadossa à la porte. Elle ne portait que son pull et son soutien-gorge nétait plus en place. Son jean et sa culotte traînait par terre, près du canapé. Elle repensa à ce qui venait de se passer, les baisers de Julia, sa bouche contre sa bouche, contre sa vulve, sa langue qui fouillait le moindre recoin de son corps, lorgasme foudroyant, un orgasme comme elle nen avait jamais eu, le liquide quelle avait expulsé.
Soudain, elle se rendit compte de ce quelle venait de faire. Tromper son petit copain et avec une femme en plus. Elle se sentit sale, souillée. Tout comme lappartement. Elle enfila à la hâte son jean et fit le ménage dans son appartement et ensuite une longue douche. De son gant elle frotta son sexe très fort, espérant faire partir les traces de Julia. Mais rien ny faisait. Le plaisir quelle avait éprouvé la rendait honteuse.
Cédric arriva en début de soirée, exténué par sa journée de travail, la plus chargée de la semaine. Il demanda comment sétait passé la soirée de la veille et sa journée. Manon raconta tout, sauf son incartade.
Cédric lui fit lamour et Manon se donna à lui encore plus fougueusement que dhabitude. A tel point quils remirent le couvert une deuxième fois.
Les semaines passèrent. Manon commençaient à oublier Julia et son expérience saphique. Les visites à ses petits vieux et les ménages lui changeaient les idées. Jusquau jour où, chez Isabelle, elle surprit les gémissements de sa patronne qui faisait lamour avec son amie Nathalie arrivées quelques instants plus tôt. Elle poussa légèrement la porte et jeta un il dans la pièce. Les deux femmes étaient dans la même position quelle et Julia. Tout remonta en surface, son ventre se noua et son sexe shumidifia. Manon abandonna son poste et redescendit au rez-de-chaussée finir son travail.
Si elle se sentait coupable de ces pensées honteuses, lenvie de recommencer avec Julia, de ressentir à nouveau cette jouissance ultime sinsinua malgré elle dans son esprit. Et avec les jours qui suivirent, cela devint une obsession. Elle voulait revoir Julia, au moins une fois.
Son seul problème était quelle navait pas son téléphone.
Une semaine plus tard, Jean-Charles passait la semaine au château, surnom donné à leur maison de maîtres. Et comme à son habitude, Jean-Charles devenait Charlène dès quil nétait plus au travail. Au début, Manon avait surprise et choquée quun homme shabille en femme. Mais elle nen avait rien dit et avait fini par shabituer. Le seul problème était quelle narrivait pas toujours à lappeler Charlène.
Manon entra dans le salon où Charlène lisait la dernière de la Tribune. Elle coupa laspirateur.
— excusez-moi, osa-t-elle
— oui Manon, quy a-t-il ?
— voilà, enfin, je ne sais pas trop comment le dire, ça me gêne.
— allons, allons, pas de chichi entre nous.
Manon rougit.
— je jai est-ce que
Charlène la laissa chercher ses mots.
— je ne sais pas par où commencer.
— par le début, ou alors pose ta question directement.
Manon marqua un silence.
— non, rien. Désolée de vous avoir dérangé.
— hop, hop, hop, dit Charlène à Manon qui tournait les talons. Pas si vite. Tu ne partiras pas avant de mavoir dit ce qui te tracasse.
Manon se sentit piégée dans son propre filet.
— bon, dit-elle en baissant la tête. Pensez-vous quil soit possible que je revoie Julia.
Charlène sourit.
— elle ma tout raconté, dit-elle doucement. Je lappelle pour lui dire.
Manon reprit son ménage, le feu aux joues. Elle navait plus quà attendre. Pas trop longtemps, espérait-elle.
Plus les jours passaient, plus lattente dun appel de Julia devenait insupportable. Manon devenait irritable même si elle faisait des efforts surhumains pour se contrôler. Elle faisait lamour avec Cédric, mais juste pour lui faire plaisir. Pendant lacte elle repensait aux caresses buccales de Julia.
Elle était en pleine conversation avec Madame Lefèbvre, alerte octogénaire mais à tendance radoteuse, lorsque son téléphone sonna. Un appel masqué.
— bonjour Manon.
Elle reconnut la voix de Julia et son cur bondit dans a poitrine.
— bbonjour Julia.
— je suis au café de la plage ? Tu Me rejoins ?
— jarrive !
Manon prit congé de sa cliente et fonça vers le bord de mer. Elle reconnut aussitôt Julia, toujours dans la même robe rouge. Elle limagina nue en dessous.
— Bonjour Manon.
— Bonjour Julia. Je suis heureuse que vous soyez venue.
— Jean-Charles ma laissait entendre que tu en avais très envie.
Manon lui décocha son plus joli sourire.
— tu prends quelque chose ? demanda Julia
— un diabolo menthe.
Elle appela le serveur et passa la commande.
— comment tu vas ? demanda Julia.
— bien, maintenant que vous êtes là.
— je tai manquée ?
Manon fut embarrassée
— javoue que jétais contente quand vous êtes partie. Je me suis sentie mal. Puis jai fini par oublier.
Manon prit une voix basse.
— mais cest en voyant Isabelle faire lamour à sa copine, que tout ce quon a fait ensemble est revenu en mémoire. Javais envie de revivre ce que vous maviez donné.
— et tu en as toujours envie ?
— oui.
Le serveur emmena la commande mais cette fois, Manon insista pour régler la note.
— enfin si vous voulez de moi, ajouta Manon.
— je nai pas fait tout ce chemin juste pour boire un thé. Mais il y a une condition. Que tu me rendes la pareille ensuite.
— daccord, dit Manon.
Elle avait réfléchi à cette éventualité et elle était prête.
— je ne suis pas sure dêtre à la hauteur.
— ne tinquiète pas, je te guiderai.
Elles terminèrent leur boisson puis Julia suivit sa jeune amante dans les rues de la ville.
— nous revoilà chez moi, dit Manon, le feu aux joues et le cur battant la chamade.
Elles sinstallèrent sur le canapé bon marché.
— et oui. Mais pour quelquun qui nest pas lesbienne et qui veut rester fidèle, je trouve que tu as bien changé.
— je nai pas changé. Cest juste vous. Vous mavez fait vibrer comme personne. Je voulais revivre cette sensation.
— oh, mon petit chat. Tu es adorable.
Julia se pencha et embrassa Manon qui répondit aussitôt en ouvrant la bouche pour accueillir sa langue. Le baiser fut long et passionné. Une main de Julia saventura sous le t-shirt de Manon, qui à son tour posa la sienne sur le sein de Julia.
Manon se laissa faire, sans rester passive pour autant. Cette fois, elle osa oser sa main sur le genou de Julia et suivre la cuisse sous la robe de laine rouge. Très vite, elle quitta le nylon du Dim-Up chair pour toucher la peau nue et lisse. La main se coinça entre les cuisses serrées.
— pas tout de suite mon chaton. Laisse-moi te boire avant.
Julia se leva et ota sa robe. Et comme Manon sy attendait, elle était nue. Manon se déshabilla à son tour et offrit son sexe à son amante.
— oh, je vos que tu tes fait épiler. Ton copain a apprécié jespère.
— oui. Je lai fait juste après avoir demandé à Jean-Charles de vous appeler. Et oui, mon copain a apprécié. Il ma léchée. Mais pas comme vous. Ça vous plait ?
— beaucoup mon chaton.
Julia sinstalla entre ses cuisses et lécha la jeune fille. Et une fois encore, le même orgasme foudroyant la fit jouir et éjaculer, inondant le parquet.
— comment cest possible ? demanda Manon. Pourquoi Cédric ne me fait pas jouir comme ça ?
— je nen sais mon petit chat. Je nen sais rien. Mais je suis très flattée de te faire grimper aux rideaux. A toi maintenant.
Manon sinstalla devant Julia, qui offrit sa chatte de façon obscène.
— fais comme tu le sens. Je te guiderai si besoin. Mais crois en mon expérience, tu ten sortiras très bien.
Manon se releva et embrassa Julia. Puis elle téta ses seins avant de reprendre sa place.
Timidement, presque solennellement, elle avança son visage vers la vulve où les poils recommençaient à pousser.
Elle déposa un baiser, puis un autre, avant de pointer sa langue. Elle se recula, passant sa langue sur ses lèvres pour récupérer le nectar et apprécier le gout.
— ce nest pas si désagréable.
— tu nas jamais gouté ta mouille ?
— si, une fois, mais jai eu honte
— alors ne te prive pas.
Et Manon ne se priva pas. Elle lécha longtemps, découvrit le clitoris gonflé avec lequel elle joua un moment, obligeant Julia à se tortiller de délices sur le canapé.
Au bord de lorgasme, Julia plaqua le visage de Manon sur son sexe qui le lécha de plus belle.
— tu vois, tu tes très bien débrouillée, dit Julia en reprenant son souffle. Tu es une vraie petite goudou mon chaton. Embrasse-moi.
Manon servit un rafraichissement et regarda lheure. Elles avaient encore un peu de temps devant elles avant que Cédric ne rentre du travail.
— tu as un rendez-vous demanda Julia.
— non. Je regardais combien il nous restait de temps.
— tu veux recommencer ?
Manon fit oui de la tête.
— alors allonge-toi.
Manon sexécuta et Julia se plaça au-dessus delle, tête-bêche.
Le soixante-neuf dura un moment avant que Julia ne décide de changer de position pour se mettre en ciseaux, vulve contre vulve.
— merci dêtre venue, dit Manon. Encore une fois, vous mavez fait jouir comme jamais
— merci à toi mon petit chat. Toi aussi tu mas fait jouir.
— vraiment ?
— vraiment !
Elles sembrassèrent et Julia quitta lappartement.
Mais cette fois, Manon ne ressentit pas cette honte, ce sentiment de culpabilité, limpression dêtre sale.
Elle se doucha mais seulement pour enlever lodeur, le parfum de Julia. Et pour la première fois, elle se masturba sous la douche, en pensant à son amante.