Chapitre 14

Raoul m’offrit alors quelques biscuits et un peu de fromage. Je refusai. J’avais tant de peine à respirer que je n’imaginais même pas comment j’aurais pu avaler. Il insista malgré tout avec force : « T’as rien mangé depuis le matin, et j’ai pas envie que tu perdes connaissance dans nos bras. Surtout avec les traitements qu’on va te faire subir T’as besoin de toutes tes forces. »

Je me dis qu’il avait raison et fis un effort. Les aliments franchissaient avec peine mon sophage mais, en fin de compte, je me sentis beaucoup plus forte après quelques bouchées. Les deux hommes me regardaient avec délectation, en échangeant quelques vulgarités que je feignais de ne pas écouter.

Puis, la sonnerie se fit entendre. Monica traversa le salon et nous fit signe de déguerpir. Son invité exigeait la discrétion. Ghyslain, juché sur ses hautes bottes blanches, avec sa cape qui tombait à mi-jambe, nous précéda dans le petit salon rouge où les deux hommes avaient, le matin, abusé de mon corps. Raoul, presque nu, avec une serviette enroulée sur ses hanches, fermait la marche derrière moi, en me soufflant à l’oreille des choses obscènes qui, de lui, me paraissaient agréables. Mais je ressentais toujours la même douleur dans mon corps et dans mon sexe compressés, la même difficulté à tenir mon équilibre, la même angoisse face à ce qu’ils allaient me faire subir, la même excitation pourtant, et surtout le même désir irrépressible de goûter à ce corps noir, d’être SA chose.

« Merde ! J’suis pas allé pisser », lâcha Ghyslain, en entrant dans le salon. « Et on a une heure à attendre dans cette chambre maintenant ! »

— « Bah, Ca sera pas une heure. Dans cinq minutes, Monica va descendre avec son visiteur au sous-sol. Tu peux bien te retenir cinq minutes », dit Raoul.

— « Cinq minutes ? Peut-être bien Mais je vois pas pourquoi je le ferais », lui répondit Ghyslain, en jetant vers moi un regard chargé de sous-entendu.

Il sortit son pénis bandé de son string de cuir. Je savais bien ce qu’il attendait de moi et cette perspective me faisait horreur. J’essayais de voir, rapidement, comment je pouvais échapper à ce projet repoussant, mais rien ne me venait à l’esprit. J’implorai Raoul du regard, dans l’espoir qu’il retienne Ghyslain. Il l’encouragea au contraire : « C’est vrai qu’on lui a pas offert de champagne, la petite, avec son repas. »

— « C’est vrai ça Tu dois avoir soif, Claudia chérie ? »

— « Non Je vous en prie ! » répondis-je, la voix brisée par la peur, en reculant quelque peu.

Je n’avais pas aimé le goût acre et salé de l’urine de Monica, le premier soir. Cela m’avait donné un véritable haut le cur. Elle m’avait annoncé par la suite que je devrais apprendre à l’aimer, mais n’avait pas mis sa menace à exécution et j’avais fini par croire que c’était une menace sans portée. Mais l’idée de boire directement à la source ce liquide jaune à l’odeur repoussante et au goût acide, la perspective d’un haut le cur avec, cette fois, mon corps cintré dans ce corset démoniaque, cela me semblait conduire à la catastrophe. Comment allais-je éviter de vomir ?

Devant mon hésitation trop manifeste, Ghyslain parut perdre patience : « Qu’est-ce que t’attends, salope ? À genoux ! »

Je reculai un pas, en balbutiant un faible « S’il vous plait Monsieur ! » Derrière moi, Raoul leva ma jupe. J’entendis un très bref sifflement, comme une tige souple qui fend l’air, et je ressentis un terrible déchirement de part et d’autres de mes fesses. Je venais de recevoir un premier coup de cravache sur le fessier, et le noir avait de nouveau le bras levé, prêt à m’administrer une seconde correction. En une fraction de seconde, j’étais à genoux, bouche grande ouverte.

« L’as-tu entendue me dire merci, Ghyslain ? »

— « Non ! J’ai rien entendu, moi »

— « Merci, maître ! » m’empressai-je de balbutier, avant que le géant noir me frappe à nouveau.

— « Aaahh ! Voilà qui est mieux. Mais à l’avenir, ma fille, faudra pas qu’on ait à te le demander. Sinon, c’est deux coups de plus ! »

— « Oui maître. »

— « Maintenant, donnes ta bouche à mon ami Ghyslain. Il a un peu de champagne pour toi.

J’ouvris grand la bouche, et Ghyslain y introduisit son vit bandé. Plus par réflexe que consciemment, je refermai mes lèvres et commençai à caresser la hampe de son organe qui semblait pulser de plaisir sous les mouvements de ma langue.

Alors, le jet d’urine me prit par surprise. Un liquide chaud, salé, au goût acide prononcé, vint, avec une forte pression, s’engouffrer au fond de mon palais. Je faillis étouffer et Ghyslain, attentif tout de même aux difficultés de son esclave, interrompit aussitôt le torrent. Je repris péniblement mon souffle. Ghyslain libéra à nouveau ses sphincters. Un jet plus doux cette fois, qui me permit de tout avaler au fur et à mesure.

En fait, comme le fluide passait directement de l’organe de l’obèse à ma gorge ouverte, je n’en sentais pas l’odeur, et le goûtais à peine, de telle sorte que le supplice me parut plus supportable que l’avant-veille, lorsque j’avais dû boire au verre le champagne de ma maîtresse. J’y trouvai même quelque excitation perverse, de me trouver ainsi rabaissé au rang d’une simple pissotière pour cet homme sans charme, pendant que l’autre, ce noir au corps magnifique, s’amusait à jouer en douceur de sa main de géant sur mes fesses encore chaudes. N’être qu’un objet de plaisir. Appartenir à l’autre. Totalement, sans volonté propre, sans réserve aucune. Être utilisé à son gré, même pour les choses les plus abjectes, et y prendre plaisir ! Obéir et oublier le reste.

Un malaise me tira rapidement de cette douce rêverie. Le jet d’urine continuait à couler contre mon palais, et j’avais de plus en plus de peine à en suivre le rythme. Entre les gorgées, je n’arrivais plus à reprendre mon souffle. Combien de temps sa vessie allait-elle ainsi se vider ? Et puis il y avait mon corset trop serré, qui comprimait mon estomac et rendait difficile mes efforts pour avaler. Je commençai à perdre le souffle et ne pus refreiner un faible toussotement. Des gouttes d’urine giclèrent sur le slip de cuir de l’homme dont j’étais devenu le pot de chambre.

— « Merde ! » lança Ghyslain, furieux, en cessant d’uriner et en retirant son pénis aussitôt. « On t’a jamais dit, petite pute, que le liquide de ton maître, c’est précieux ? Chaque goutte que tu perds, c’est un coup de fouet sur tes miches. T’as compris ? »

— « Oui maître », répondis-je, à la fois soumise et craintive. Mais en fait, j’étais honteuse. Et toujours pour la même raison : je me sentais, une fois de plus, incompétente, et m’en faisais le reproche. Quelle émotion bête, quand j’y pense ! On me traitait comme la pire des ordures, on me pissait dessus et, au lieu de me révolter, tout ce que je trouvais à me dire c’est que je ne savais pas faire adéquatement ce qu’on me demandait, que je n’étais pas une bonne esclave, que je ne valais même pas l’attention méprisante de mes maîtres, que Monica me gronderait.

Alors j’ouvris la bouche à nouveau, vers le sexe de Ghyslain, bien décidée cette fois à tout avaler. Il recommença à uriner, d’un jet plus faible, que j’avalai sans peine, un peu plus fière de moi déjà.

Quand il se fut complètement vidé, il me demanda de lécher les gouttes d’urine qui perlaient sur son string de cuir et autour de son pubis. Je le fis avec application. Puis il se retira.

— « As-tu envie, Raoul ? C’est à ton tour. »

Je me retournai avec angoisse vers le sexe de l’autre. Ce n’était plus parce que l’odeur et le goût du fluide doré me paraissaient répugnants; je m’y étais somme toute habituée pendant cette longue absorption forcée du contenu de la vessie de Ghyslain. Mais c’était le corset qui serrait mes entrailles, et refoulait vers le haut le contenu de mon estomac. J’avais des crampes au milieu du ventre et je sentais qu’au premier moment, je risquais de tout restituer. Comment allais-je pouvoir avaler une goutte de plus ?

Je me rappelai que, dans les livres d’histoire, on raconte que les femmes de l’époque victorienne, qu’on forçait de la sorte dans des corsets de torture, pour leur donner taille de guêpe, vomissait souvent les repas qu’elles parvenaient à peine à entamer. Je paniquai devant la possibilité que cela se produise ici, devant ces deux hommes que je devais servir.

— « Non ! Je préfère rester bandé encore un peu. Ça m’excite », répondit le noir, en déclinant l’offre de m’utiliser à son tour comme urinoir.

Ouf ! Je ne pus réprimer un sourire, et quand le noir s’assit au bord du lit, quand il tendit son pénis vers moi, c’est avec un bonheur réel que je recommençai à envelopper de mes lèvres, de ma langue, puis de mes joues entières ce membre démesuré, aux veines proéminentes, dont chaque pulsion me procurait un début de jouissance, comme si mon âme s’était branchée directement sur ce mat vivant; comme si avec ma bouche, c’est mon propre sexe que je caressais avec amour.

* * *

Je commençai lentement, puis de plus en plus vite, à glisser mes lèvres sur cette masse de chair. Je n’arrivais pas à en avaler plus du quart, je crois. Mais à chaque mouvement, l’homme poussait un peu plus loin, ses mains contre ma nuque et je sentais la tige de vie, de taille toujours croissante, s’enfoncer de plus en plus contre ma luette. Malaise au début : la gorge, par réflexe, cherchait à repousser l’envahisseur. Il fallait que je lutte contre mes propres réactions, en me concentrant sur une possible détente de ces muscles internes aux contractions involontaires. Effort de respiration lente par le nez. Effort pour trouver des mouvements de l’arrière gorge qui puissent neutraliser le réflexe de déglutition.

Je fis le geste d’avaler et je sentis soudain quelque chose se relâcher, comme si mon arrière palais s’ouvrait brusquement. J’aspirai rapidement de l’air par mes narines ouvertes, mais tous les conduits se bouchèrent alors, au moment où je sentis le gland du géant noir s’enfoncer au plus creux, jusque dans mon sophage. Une fraction de seconde, j’ai pensé au film « Deep Throat » et me suis dit que je venais de réussir la performance la plus totale qu’on puisse attendre de la fellation. Mais une fraction de seconde encore et ce fut la panique. Je n’avais plus le moindre accès à l’air libre. Ce gland gigantesque était coincé dans ma gorge et sa taille démesurée bouchait même les parois de mon nez. J’essayai de recracher, mais c’était impossible. Toute mon arrière bouche était paralysée, ainsi empalée sur le sexe du noir dominateur.

Je commençai à me débattre, furieusement. J’entendis le noir appeler l’autre à l’aide, sans pouvoir comprendre, tant mes oreilles bourdonnaient. Puis je sentis des bras m’enserrer avec force. Les mains de Raoul serraient de plus en plus fort contre ma nuque. Je fus complètement immobilisée. Quinze secondes. Vingt. Trente peut-être, sans pouvoir respirer. J’eus le temps de penser que j’étais en train de mourir, victime impuissante de deux sadiques; qu’ils allaient jouir dans mon corps, tout absorbés à leur propre plaisir érotique, et me laisseraient choir, morte d’asphyxie.

Tous mes muscles se relâchèrent. j’allais perdre conscience, faute d’air ou faute de volonté de vivre, lorsque je sentis, mais à peine, au fond de ma gorge, l’organe coincé s’agiter. Raoul éjaculait en saccades, directement dans mon sophage, son sexe planté au cur de mes viscères.

Il y eut un bruit de succion puis, comme un vortex formidable, je sentis l’air s’engouffrer à nouveau dans mes poumons. Combien de temps avait duré mon supplice ? Avais-je perdu conscience ? Où n’étais-je demeurée qu’une minute ou deux, en tout, dans cette léthargie impuissante ? En tout cas, à la première bouffée d’air, je sentis la vie se répandre dans mes veines. Mais l’air ne suivait pas, à cause de l’étau qui enserrait encore mes poumons. J’haletais en souffles courts, comme une chienne en chaleur, mais le sang n’arrivait pas à se purifier vraiment dans mes alvéoles comprimées. Tout bourdonnait dans ma tête et je ne voyais plus les couleurs. Mais J’étais sauvée, pourtant ! C’est tout ce qui comptait pour moi.

Le sexe de Raoul, encore gros mais déjà moins rigide se retira de la gorge, et je goûtai sur ma langue les derniers écoulements de son sperme. Je sentis alors, mais cela m’avait totalement échappé jusque là, que l’autre pénis s’agitait dans mon cul. Il m’avait sans doute pénétré au pire moment de ma détresse et, tout absorbé par ma mort que je croyais imminente, par cette totale incapacité de respirer, je n’avais rien senti.

J’avais les larmes aux yeux. J’avais atrocement mal à la gorge. Mais j’essayai tout de même de me concentrer sur le vit de chair qui labourait mes parois intestinales, qui massait ma prostate, qui échauffait par son va-et-vient constant la rosette de muqueuse, si délicieusement excitable, de ma petite chatte culière.

Alors, je me sentis soudain la plus heureuse des femmes. Une douce sensation de plénitude. J’étais vivante alors que j’avais senti la mort de si près. J’étais possédée, excitée, comblée, caressée, entièrement prise. Je sentais vibrer toutes mes parois intérieures, parcourues par un étrange courant électrique.

Comment expliquer un changement aussi brusque ? Simplement que cette porte arrière que Ghyslain venait de forcer une fois de plus, cet orifice culier encore vierge deux jours plus tôt, c’était, j’en prenais conscience désormais, la zone la plus excitable de mon corps. En ce moment même, un tel courant de jouissance me parcourait l’épiderme, que j’en perdais toute mémoire de la violence atroce qu’on m’avait fait subir.

Je sentis, sous la couche de latex de mes prothèses mammaires, mes mamelons se durcir. Je regrettai de n’avoir que de petits seins d’homme, de taille dérisoire. Quelle jouissance ça serait de pouvoir sentir sur des seins plantureux la caresse virile d’un amant à qui je pourrais m’abandonner corps et âme, tous orifices ouverts, afin qu’il me prenne de partout à la fois ! Oui ! Un jour j’allais demander à Monica de me fournir des hormones, pour avoir un vrai corps de femme, de vrais seins. Pour me sentir encore plus femme. Pour me sentir encore plus excitable. Et plus soumise encore aux clients qui paieraient pour abuser de mon corps.

Mon pénis, toujours enfermé dans son tube de métal, incapable de prendre de l’expansion, donc, se mit alors à vibrer en saccades, au rythme du glissement du pénis agresseur dans mon couloir anal. J’étais si excitée que j’aurais voulu que ça dure. Tout le temps. Que ça ne s’arrête jamais ! Mais en même temps, plus l’excitation montait, plus mon pénis bandait, et plus la meurtrissure des chairs comprimées dans leur étau de métal devenait insupportable.

Pour pouvoir me sodomiser, Ghyslain avait dû détacher la courroie qui tenait la cage de fer repliée vers l’arrière. Le petit tube de métal ballottait donc librement, comme un pendentif accroché à mon sexe de femme. Je savais que la douleur, à l’intérieur de ce vestige dérisoire de mon statut de mâle, allait augmenter encore, jusqu’à prendre possession de toute ma conscience, si je ne parvenais pas à mettre fin à la pression érotique qui bandait mon pénis. Je fis un gros effort pour repousser l’éjaculat qui commençait à prendre forme dans mes testicules tendus comme des peaux de tambour. Éclat de douleur intense, comme si on me coupait le sexe à vif, puis la tension diminua.

J’avais réussi ! Je sentis la pression diminuer dans mon pénis enfermé et je pus à nouveau me laisser aller au plaisir, l’autre plaisir, féminin celui-là, de sentir un verge bandée vivre au creux de mes entrailles et entraîner dans ses mouvements des vagues frissonnantes qui rayonnaient sur l’ensemble de mon corps.

Alors j’ouvris la bouche pour caresser à nouveau le sexe puissant du noir. Il pendait mollement sur son entrecuisse, à quelques centimètres de mes lèvres, mais même vidé de sa semence, il conservait une taille impressionnante. J’espérais pouvoir l’exciter encore, avant que l’autre ne laisse échapper son foutre au fond de mes viscères. J’espérais jouir une fois de plus de ce moment unique où deux sexes en phase se vident à l’unisson.

Parcourant de ma langue le tracé des veines bleues sur le mat d’ébène, je suçais avec douceur la peau du scrotum, en faisant rouler entre mes lèvres chacun des testicules, avec juste un peu de pression tendre, puis je massais le bas du membre, enveloppais le gland en le glissant sur mon palais, et je me retirais pour jouer à nouveau de la langue.

Mais le noir avait trop joui, ce jour là. Et dans ma chatte en chaleur, au comble de l’excitation, je sentis soudain couler la sève de l’homme qui m’enculait avec une énergie soudainement redoublée. Je ne pus m’empêcher de gémir de plaisir, de longs cris qui sonnaient comme une lente incantation, pour que la jouissance dure toujours: « Ouiiiii ! Fouilles-moi. Ooohh Oui ! Aaahh ! J’veux te sentir Encules-moi encore Vas-y ! Comme ça. Ouiii Encore ! Encooore Fourre mooiiii ! Ouiiiiii ! Longtemps ! Oh oui ! que j’aime ça ! »

— « T’aimes ça, hien, petite salope ? »

– « Oooooohhh Ouiiii. Arrêtes pas ! Encooore ! »

– « Dis-nous que t’es rien qu’une petite salope d’enculée. »

– « Ouuiii Je suis rien qu’une petite salope d’enculée J’dirai n’importe quoi, mais continue Ooohhh ! J’aime ça. Continue à me labourer. »

– « Aaarrrh Tiens J’t’encules, salope ! »

– « Ouiii Encules-moi C’est ça Comme Ca ! »

*  *  *

Il fallut bien que ça arrête, hélas ! Ce qui me fascinait, c’était qu’une fois de plus (mais combien de fois ce jour là ? Je n’en faisais plus le décompte) j’étais venue, totalement, d’une jouissance intégrale, dans chaque fibre de mon corps, sans pourtant que mon pénis ne rebande. Comme si mon organe mâle avait fini par comprendre qu’il était exclu de cette fête de mon corps de femme.

C’est alors seulement que j’appréciai vraiment l’instrument de torture que Monica m’avait fait revêtir. Ce harnais qui contraignait mon sexe dans un canal minuscule n’était pas seulement un instrument de punition. C’était aussi un outil efficace de transformation : en m’empêchant de jouir à la manière d’un mâle, par une brusque libération de toute mon énergie, la cage de fer me permettait d’atteindre un niveau d’excitation érotique que je n’avais jamais connu auparavant. Je jouissais comme une femme. Et même après que Raoul et Ghyslain se furent retirés, d’autres vagues de chaleur me parcouraient le corps, d’autres contractions internes m’excitaient les muqueuses, d’autres pulsations modulaient mes mamelons. Je jouissais encore.

J’étais affaissée contre le sol. Je ne sentais plus la moindre douleur. J’étais tout à fait bien dans ma peau, malgré toutes les contraintes imposées à mon corps. Mes deux maîtres s’étaient étendus sur le lit et discutaient de choses et d’autres, sans me prêter attention. Délicieux moment de calme après l’amour.

Puis ils m’offrirent de m’étendre à côté d’eux. On se mit à parler : de ce qu’ils faisaient dans la vie, l’un et l’autre; de ce que je faisais moi aussi, quand je n’étais pas esclave. Ils s’étonnèrent que je fus journaliste, s’inquiétèrent un peu de l’article que je pourrais faire sur eux, mais se laissèrent facilement rassurer. Après tout, je n’aurais certainement pas le beau rôle, eus-je l’idée de raconter cette histoire. Je n’étais pas d’accord et le leur dit aussitôt : oui, j’avais le beau rôle; deux hommes à mes côtés; une maîtresse comme Monica; une vie centrée sur le sexe

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