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La nouvelle vie d'Isabelle – Chapitre 5




La jalousie est un vilain défaut, le Père Tommier ne manque pas de répéter inlassablement cette vérité. Mais pour Isabelle, ce péché devient récurrent.

 JALOUSE de Morgane, lorsqu’elle l’entend gémir de plaisir et hurler sous un Romain déchaîné, on peut entendre ses cris depuis le salon. Paul est mort de rire, tandis qu’Isabelle contient difficilement sa colère.

 JALOUSE de sa collègue Janette, qui ne cesse de lui répéter tous les jours de la semaine combien elle est heureuse avec Pierre, et combien ils s’entendent à merveille sur tous les plans.

 JALOUSE de Sophie qui, chaque fois qu’elle la voit, lui vante les qualités surtout physiques de ses deux amants, et de cette « charte » passée avec son mari Jean, où chacun fait sexuellement ce qu’il lui plait, à la seule condition de ne rien cacher à l’autre.

 La masturbation d’Isabelle se fait routinière, elle peine maintenant à atteindre l’orgasme, contrairement à ses toutes premières fois.

 En cachette, elle surfe sur les sites de rencontres. Un premier homme lui propose avec vulgarité « crac-crac » de suite. Un autre lui avoue déprimer, avoir besoin d’être réconforté, dorloté, bref, une personne à problèmes. Un troisième cherche une nouvelle compagne pour la vie. Un quatrième lui propose tout de go de participer à une partouze avec lui et ses amis !… Et enfin après avoir brièvement parlé d’amour et de sexe, un dernier se renseigne sur ses éventuels talents de cuisinière, et si elle sait repasser les chemises !… Clac ! D’un coup sec, Isabelle referme son ordinateur portable. Chou blanc…

 L’été est arrivé, enfin un dérivatif agréable pour la pauvre Isabelle. Renouvelant sa garde-robe, elle s’est achetée toute une série de petites jupes, t-shirt, shorts, sandales à brides, et robes de vives couleurs, comportant des fleurs, apportant de la joie ! Mais cette joie ne brille guère dans les yeux de Paul, à son grand désespoir. Elle l’aperçoit même fronçant les sourcils en détaillant le dernier relevé bancaire.

 –       Dis donc, depuis un moment, tu dépenses vachement !…

 Voilà le seul commentaire qu’elle recevra de son mari. Déçue, déçue Elle en pleurerait.

 Faisant un gros effort, elle demande à Paul :

 –       Que va-t-on faire ce dimanche ?

 –       Bof rien.

 –       Et si on se faisait un petit barbecue ? avec Morgane évidemment, et puis on pourrait inviter Romain, Sophie, Jean, Janette, et son mari Pierre que je ne connais pas, qu’en dis-tu ?

 –       Pfff, non, ça fait trop de monde. Mais Sophie d’accord !

 –       Et son mari Jean, tout de même !…

 –       Oui oui, bien sûr. De toutes manières, rappelle-toi que Morgane avait déjà une sortie de prévue avec Romain, et que je ne connais ni Janette ni Pierre.

 Allons, demi-victoire pour Isabelle. Elle réalise tout à coup l’enthousiasme qu’a montré Paul lorsqu’elle lui a parlé d’inviter Sophie Sa jalousie tenace refait alors surface, mais il est à présent trop tard pour reculer.

 Elle téléphone aussitôt à Sophie pour lui proposer l’invitation.

 –       Venez tous les deux, ce sera sympa !

 Isabelle va écumer intérieurement de rage, lorsque au bout du fil sa copine lui répond :

 –       C’est super-gentil, merci. Mais tu me dis venez tous les deux, mais avec lequel de mes trois hommes ?… Et d’éclater de rire au bout du fil, croyant sa plaisanterie irrésistible.

 –       Ton MARI, évidemment ! Isabelle a sciemment appuyé sur le mot mari.

 –       Bien sûr, je plaisantais se reprend de suite Sophie.

 Eh bien, il s’annonce joyeux, ce barbecue !…

 Et pourtant, celui-ci va fort bien se dérouler. Les deux hommes sont aux manettes derrière le barbecue, les femmes préparent la table, et les quatre amis vont déguster la viande grillée à point, arrosée de l’excellent bordeaux apporté par Jean. Conversations détendues, permettant à Isabelle de retrouver enfin le sourire.

 Après le déjeuner, vient l’heure du farniente, sur les transats dépliés sur la pelouse. Sophie et Jean vont d’autant plus en profiter qu’ils vivent en appartement. Isabelle avait précisé :

 –       N’oubliez pas vos maillots, vous pourrez vous mettre à l’aise.

 De fait, tous les quatre se prélassent bientôt sur les transats dans cette tenue estivale. Qui consiste pour Isabelle en un sage maillot une pièce, de couleur bleu marine. Slip de bain pour chacun des deux hommes. Mais que dire de la tenue de Sophie !… Maillot deux pièces ultra mini, jaune citron. Outre les ficelles reliant les diverses parties, trois triangles de tissu le composent : deux couvrant à peine les seins, et un troisième en guise de cache-sexe. Et naturellement, guère plus qu’une ficelle entre les fesses

 –       C’est vrai qu’elle est bien roulée la Sophie ! pense alors Isabelle.

 Elle se sent soudain presque ridicule dans son maillot sombre à une pièce. Les yeux fermés, Jean, visiblement habitué de l’érotique spectacle offert par sa femme, s’endort paisiblement, entamant une petite sieste. A contrario, les yeux de Paul s’écarquillent comme des soucoupes ! Sans vergogne, avec un petit sourire, il mate Sophie avec une insistance déplacée. Et Isabelle de retomber dans son obsédante jalousie Elle sait que Morgane possède des bikinis, serait tentée d’aller lui en emprunter un, mais le changement ne passerait guère inaperçu Alors, elle va ronger son frein tout le reste de l’après-midi. Préférant éviter l’agaçant regard de son mari, elle braque elle aussi ses yeux sur Sophie, allongée sur le transat voisin. Quelles belles jambes galbées, bronzées, ventre plat, petits seins fièrement dressés, beau visage, bouche sensuelle Le string de bain de Sophie est si petit et serré que ses lèvres sexuelles se dessinent sous le minuscule « confetti » de tissu. 

 Subitement, Isabelle constate qu’elle mouille ! Se parlant à elle-même :

 –       Mais ce n’est pas possible, je suis excitée en regardant le corps de Sophie ! Jamais une femme ne m’a provoqué la moindre attirance !

 Les trois autres s’étant assoupis, Isabelle se lève discrètement. En maillot et pieds nus elle traverse le jardin, pénètre dans la maison, et se rend à la salle de bain. Ôtant son maillot, elle plonge sous la douche, la prenant presque froide, pour se remettre les idées en place. Mais la vision du superbe corps quasiment nu de Sophie ne quitte pas ses pensées. Machinalement, sa main descend entre le haut de ses cuisses. Voilà qu’elle se caresse. Elle arrête la douche, s’accroupit dans le bac. Et elle se branle alors, de plus en plus vite, plus fort. L’orgasme va survenir très rapidement. Isabelle lâche un long murmure :

 –       Oh ouiiiii, Sophiiiiiie, Sophiiiiiiie !… Ah salope, tu me fais jouiiiiiir !!…

 Un flash dingue ! Un flash enfin de retour après ses dernières masturbations décevantes.

 A haute voix, Isabelle, se relevant, s’adresse encore à elle-même.

      –      Isabelle, tu deviens complètement folle ! Te masturber en pensant à une femme !! Ton amie d’enfance par-dessus le marché !…

 Elle sort de la cabine de douche, s’essuie, tout en se regardant dans la glace de l’armoire de toilette. Et tout à coup, elle se met à sourire.

 –       Finalement, Sophie ou pas, c’était super-bon. Après tout, voilà bien le principal !…

 Remettant son maillot, elle regagne le jardin, où tout le monde s’est endormi au soleil d’été.

 Les jours suivants, Isabelle recommencera à se masturber en pensant très fort à Sophie, toute honte disparue. « Seul mon plaisir compte » devient son leitmotiv. Tandis que comme d’habitude Paul ronfle à ses côtés, Isabelle rêve toute éveillée. A présent, elle se verrait bien faire l’amour avec sa bonne vieille amie. Ne serait-ce qu’à titre d’expérience. Mais si elle sait Sophie friande de s’ébattre avec des hommes, accepterait-elle de s’envoyer en l’air avec une femme ? Qui plus est sa meilleure amie depuis une trentaine d’années ?… Isabelle doit se raisonner. Il lui serait trop bête de tout gâcher, de mettre fin à une si belle amitié si Sophie prenait mal la chose. Alors, encore un essai non transformé comme l’on dit au rugby.

 Deux semaines plus tard, un samedi matin, Morgane est déjà partie rejoindre Romain, Paul flemmarde à la maison, et Isabelle s’apprête à se rendre au centre commercial pour de volumineuses courses hebdomadaires. Elle y arrive avec sa voiture, et commence à déambuler dans les allées grouillantes de monde. Elle farfouille dans son sac à main, le tourne, le retourne, et constate dépitée qu’elle a oublié sa carte bleue à la maison.

 –       Mais qu’est ce que je peux être conne ! s’exclame-t-elle à haute voix.

 La voici bien obligée de retourner la chercher.

 A peine arrivée, elle opère une entrée discrète. Ce n’est en effet pas la première fois qu’elle oublie sa carte de paiement, Paul va encore la charrier Alors qu’elle la récupère sur la table du salon désert, un cri venant du jardin attire son attention. Elle s’approche de la porte vitrée, et là, elle va manquer défaillir.

 Sur une couverture déployée sur l’herbe, elle voit Paul, nu s’activant entre les cuisses grandes ouvertes d’une femme dont pour l’instant le visage lui est caché !

 Paul ! Paul indifférent au lit avec elle, en train de baiser une autre avec ardeur ! Il avait bien préparé son coup, sachant Morgane absente, et Isabelle en courses théoriquement pour toute la matinée

 Isabelle ferme les yeux. Elle a probablement rêvé, voire halluciné. Elle les rouvre. Non, la triste réalité s’offre hélas à son regard. Paul est bien là, en train de sauter ardemment une « poufiasse, une salope, une pute, une roulure, une », elle épuise les mots grossiers qu’elle connaît pour qualifier la femme profitant visiblement avec joie des assauts de son mari.

 Le couple adultérin change de position, Isabelle va peut-être mettre un nom sur le visage de la femelle se faisant saillir !

 Les voici en levrette, Paul laboure à présent sa maîtresse par derrière. Sa maîtresse qui n’est autre que SOPHIE !! Cela tourne au cauchemar pour Isabelle. D’abord paralysée, elle file à l’office, se munit d’un tranchant couteau de cuisine, pour faire quoi, au juste ? Tuer les deux amants ? Ou tout au moins les blesser ?… En une fraction de seconde, surgit dans son cerveau en folie la police, la justice, le tribunal Et puis, le visage de Romain lui apparaît maintenant. N’a-t-elle pas elle-même trompé son mari ? Et avec le petit copain de leur propre fille ?

 Sagement, Isabelle repose le couteau sur la table. Elle ne tente même plus de retourner voir où en sont les choses dans le jardin, elle n’a que trop vu.

 Elle repart au volant de sa voiture, et va rouler. Combien de temps ? Pour aller où ? Elle l’ignore.

 A suivre.

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