6 – DOUBLE VIE
Les mois qui suivirent ne me permirent pas de m’y retrouver.
Lorsque mon mari revient durablement travailler sur Paris, tout allait bien : j’étais l’épouse modèle et aimante qui parvenait à oublier l’existance de son amant. Il se posait bien sûr des questions sur mes activités durant son absence, remarquant que j’étais moins prolixe au téléphone depuis quelque temps mais il ne me soupçonna pas plus, me faisant confiance sur les explications que je lui fournissais.
François, de son côté, ne se soucia pas de me recontacter. Indifférent à mon existence …
Malgré moi, je fis ce que je n’ai jamais aimé faire : je comparais mon mari et François. Je trouvais mon mari nettement moins séduisant maintenant du haut de ses cinquante-sept ans : ses rides qui me faisaient craquer par dessus tout me paraissaient brusquement pitoyables. Je n’aimais plus toucher sa peau qui me paraissait excessivement rèche et cendrée, comparé à la peau soyeuse de François. Son acharnement et son obsession à me faire l’amour à tout instant sans répit et sans jamais me laisser l’initiative me paraissaient subitement insupportables. Je pris sur moi pour me raisonner et après quelque temps, il y eut un semblant d’arrangement dans mon esprit.
Mais après plus d’un mois de comportement assagi de ma part à ses côtés, mon mari dut à nouveau repartir pour toute une série de voyages professionnels d’une à plusieurs semaines. Je ne tins bon que le premier week-end. Dès le lundi suivant, j’appellais François qui était aussi calme que si on s’était vus la veille :
— Oui
— Je peux passer ce soir ?
— A partir de dix heures …
C’était tout. Je raccrochais anéantie comme si un immeuble m’était tombé sur la tête. La journée se passa dans une torture incommensurable. L’anxiété me donnait des colliques … Mon assistant étudiant, qui sur quelques mots plus ou moins osés avait exprimé son désir pour moi, était aux petits soins avec moi, rattrapant les bêtises que je pouvais faire. Je restais tard au boulot, appellant ma voisine pour lui demander de nourrir mon chat car je n’avais aucune envie de me retrouver seule chez moi … Il était déjà neuf heures du soir lorsque j’éteignis mon ordinateur. Une lubie me vint subitement à l’esprit : bien qu’étant la dernière, j’allais m’enfermer dans les toilettes et relevais ma jupe longue. Tout va bien, je portais des bas autofixants aussi, je n’eus qu’à faire glisser ma culotte que je rangeais soigneusement dans mon sac à main. Je me refis une beauté consciensieusement avant de sortir … Je redevenais midinette et ça m’énervait …
Je conduisais avec une vitesse folle, ramenant les deux heures de trajet à, à peine, une heure un quart. Dès que j’engageais ma BMW sur la petite route sombre, le portail de chez François s’ouvrit et la cour s’éclaira. Je calais et redémarrais ma voiture avec des insultes vulgaires peu communes venant de ma part. C’est dire si j’étais dérangée ! Des tics de nervosités agitaient mon visage régulier lorsque je vérifiais mon maquillage dans le rétroviseur.
Il m’attendait debout sur le perron. Je me jettais à son cou, le couvrant de baisers auxquels il répondit tant bien que mal. Puis je me laissais glisser par terre, déboutonnant sa chemise sans qu’il ne fasse rien pour m’en dissuader malgré le froid. Je m’accroupis et fébrilement, dégraphais son pantalon, extrayant sa matraque molle, que je me mis à avaler avidement. Avaler … Enfin, j’ai un peu présumé de mes capacités : même au repos, il m’était impossible de l’engloutir entièrement dans ma bouche. Il prenait peu à peu vie dans ma bouche. François se laissait toujours faire, satisfait.
Brusquement, je m’arrêtais : tout en tenant son pénis de ma main, je me retirais doucement, et baissant la tête, je fus à nouveau assaillie de doutes, me prenant la tête de l’autre main. Avoir un amant … pourquoi pas ? Emilie les collectionnait bien. Elle semblait les butiner et les oublier aussitôt. Mais moi ? Je sais que je pourrais les collectionner aussi pour peu que je m’en donne la peine … Et si c’est vraiment ce que je voulais … Alors pourquoi la première idée qui me venait à l’esprit en Le revoyant est de lui administrer une fellation, chose que je n’aimais pas particulièrement faire, sauf à mon mari et encore, dans des conditions particulièrement propices ? Et puis pour en revenir à la question des amants, est-ce qu’avoir un amant était mon but ? Si oui, alors je n’aurais aucune raison d’être ici : François ou un autre ferait aussi bien l’affaire … Etait-ce réellement pour me venger de mon mari ? Cela me ramènerait à la question précédente … et toujours pas de réponse … La tête me tournait …
MAIS QU’EST-CE QUE JE FAIS ICI ???
Non … En fait, QU’EST-CE QUE J’AI A ME POSER AUTANT DE QUESTIONS ?
François conscient de mon trouble, se tint néanmoins coi. Il savait adroitement par sa discrétion dans notre relation me laisser franchir chaque étape de ma réflexion. C’est ainsi qu’il obtient la quintescence de moi. Il le savait et moi aussi je le savais : je savais qu’il me manipulait et j’en redemandais.
Doucement, je repris dans ma bouche son pénis agité des battements de sa pulsation. Je léchais le bout, me délectant de sa mouille puis tentant à nouveau d’englober le Monstre. Je le fis passer le long de mon palais le plus loin possible … jusqu’à ce qu’un haut-le-coeur me saisisse … Ma langue goûtait avec délice à sa peau fragile et tendre … Un frisson me parcourut l’échine puis remonta le long de mon ventre jusqu’à électriser le bout de mes seins qui me firent délicieusement mal : les piercings avaient cette faculté d’avoir rendu hyper-sensibles mes tétons. François me releva en me saisissant une touffe de cheveux puis me saisit par les fesses pour me porter : je fis passer mes jambes autour de sa taille, ma jupe longue était repliée jusqu’en haut de ma ceinture. François avait toujours son pantalon baissé jusqu’aux cuisses, aussi, il sentit s’appuyer contre la peau de son abdomen ma chatte libérée de sa culotte quelques heures plus tôt. Un sourire éclaira aussitôt son visage taciturne et il m’embrassa tandis que je passais mes bras autour de son cou, rendant son baiser passionné. Il se détacha furtivement avant que je ne happe à nouveau sa bouche :
— Tu es incroyable Fl …
Il ne put finir sa phrase car ma langue venait d’investir sa bouche. Il me porta ainsi vers l’intérieur, directement dans sa chambre, sur son lit. Il s’assit sur le rebord et je me glissais sur la moquette pour reprendre ma fellation interrompue. Je repris son braquemart dans ma bouche. Je voulais qu’il se déverse dans ma bouche … Je n’aimais pas prodiguer une fellation : avec François, je ne voulais pas, j’en avais envie. Lui me retirait tant bien que mal mon manteau : je voulais bien l’aider mais il était hors de question que son pénis ne sorte de ma bouche, aussi une opération aussi simple que se deshabiller devint un parcours du combattant. Je dus tout de même m’interrompre lorsqu’il me fit passer le pull léger que je portais mais c’est pour aussitôt reprendre mon travail de fourmi travailleuse du sexe. François me dégrapha le soutien-gorge qui finit par échoir à mes cuisses. C’est affublée de mes seuls bas et de mes escarpins que j’achevais la fellation de mon Homme . Il me tint par le visage pour accompagner mes mouvements de va-et-viens. J’enrageais de ne pouvoir engloutir entièrement les trente centimètres de François aussi j’alternais la technique en ressortant puis en léchant plus bas, les testicules mais je ne tardais jamais à remonter pour avaler le bout nourrissant de son pénis. J’aurais été jusqu’au bout si François ne m’avait pas fermement interrompu au bout d’un moment. Il écarta mon visage et me souleva par les aisselles pour me porter sur le lit avec lui. Je soupirais de dépit mais me laissais faire. Je me mis à califourchon sur lui et calant son pénis à l’entrée de mon vagin, je m’assis lentement pour l’engloutir entièrement : j’étais soulagée car ce que ma bouche a failli à faire, mon vagin pouvait se le permettre. Je posais mon buste sur son torse et je commençais à onduler mon bassin de bas en haut pour que son pénis puisse me masser les chairs intimes comme j’aimais qu’il me fasse. Les mots me vinrent à nouveau sans qu e je puisse l’empêcher :
— Tu m’as manqué …
François toujours sommairement deshabillé me saisit par les fesses et c’est lui qui me souleva et me reposa pour imprimer le rythme de notre coït sauvage. Mes hallètements emplissaient le silence de la maison durant de longues minutes au rythme de mon plaisir. Cependant, François ralentit le rythme dès qu’il me sentait venir : il ne voulait pas que l’énergie de mes orgasmes soit gaspillé à tout va … A chaque fois, la frustration d’avoir été interrompue en plein essor me poussait à repartir de plus belle. Ce fut seulement après plus d’une heure qu’il me laissa faire : je me cabrais de tous mes muscles ; je me cramponnais à son torse : mes ongles s’enfoncèrent profondément dans ses muscles ; mes cuisses sérrèrent à tout rompre ses côtes ; ma bouche s’assécha soudainement ; des étoiles m’aveuglèrent avant que je ne ferme définitivement les yeux ; je tremblais de partout ; lui me tenait toujours par mes hanches étroites.
La jouissance me laboura les reins de toute sa puissance durant de très longues secondes … des secondes qui me parurent être des minutes, voire des heures … Je me calmais enfin essoufflée reposant ma joue sur son torse … Mais je savais que ce n’était pas fini … Même essoufflée, je ne voulais pas que ça finisse … Je voulais que ça ne finisse jamais … De toute manières, François n’a pas joui alors je savais que ce n’était pas fini. Il me laissait juste reprendre mon souffle … En attendant, il jouait avec mon dos puis la raie de mes fesses, tout en restant bien chaudement enfoncé en moi … Il me titilla l’étroite rose intime, me donnant une idée de ce qu’il voulait …
Lorsque je fus requinquée, je me détachais de lui tandis qu’il me tenait toujours les hanches comme un vase précieux. J’entrepris néanmoins de le déshabiller complètement tout en ponctuant mes actions de légères morsures ou de succions tout le long de son corps. Je ne lâchais son corps que lorsqu’il fut complètement dénudé. Je m’agenouillais puis déposais un chaste baiser sur son sexe avant de le rejoindre allongé sur le lit. Je lui chuchotais à l’oreille :
— Je t’aime …
C’était devenu une banalité mais cette phrase, je ne la réservais qu’à mon mari et depuis François, j’en usais et en abusais … Il me prit par les épaules puis me força à me relever pour lui tourner le dos, puis me mettre à quatre pattes … Je savais ce qu’il voulait … Je me soumis … Seul une phrase sortit de ma bouche, dans un souffle :
— Vas-y doucement … doucement …
Il se mit à genoux derrière mon bassin et de ses doigts, il commença à écarter doucement mes globes fessiers, puis il se pencha pour me lécher doucement la raie des fesses, insistant bien sur ma fente, encore béante puis mon trou ferme et anxieux dans l’attente de son sort. C’était étrange comme sensation … Rares sont les hommes qui ont aimé me faire ça … Même mon mari y répugnait même s’il s’y prétait volontiers pour me faire plaisir … Sa langue me titilla longuement l’anus, détendant lentement ce dernier. Ses doigts, au fur et à mesure que ma plus fragile intimité s’ouvrait, s’avancèrent en faisant des ronds, de plus en plus loin. Je me tenais sur les coudes, les poings ramenés sous le menton en attendant mon sort. Mon bassin était toujours offert aux manipulations douces et légères de mon amant, qui sortit enfin sa langue de mon anus, puis elle remonta le long de ma raie, puis elle remonta le long de ma colonne vertébrale. En même temps, je sentais se poser sur mo n oeillet le bout massif du pénis de François. Par petit coups de reins, il poussa pour s’insérer en moi lentement. Il savait détecter quand le coup de rein était trop brutal et me faisait mal : je jappais à chaque fois. Néanmoins, milimètre par milliètre il finit par me conquérir les entrailles entièrement. Comme c’était bon de se sentir remplie complètement : aucun mouvement n’était plus possible sans bouger François et sa centaine de kilos. Il me laissait patiemment m’adapter à sa présence dans mon corps qui finit par se détendre complètement. Il me gratifia alors de coups de reins de plus en plus amples ce qui me fit griffer le matelas pour ne pas m’éjecter. Il ressortit lentement, presque totalement avant de pousser à nouveau pour me remplir. Je sentais son pubis velu me chatouiller les fesses. Il serrait mes hanches dans l’étau de ses mains. Une trouble délectation me saisit pourtant j’ai rarement joui en étant sodomisée. Avec François, c’était seulement la deuxième fo is et à chaque fois, j’arrivais sans peine à prendre du plaisir. François opérait des mouvements de plus en plus amples : si je ne me cramponnais pas au mur en face, il m’y ferait cogner. Je subissais ses coups de reins comme une frêle génisse sous les assauts d’un taureau. Il me saisit les seins sous ses mains et comme un tic, il se remit à jouer avec mes anneaux mammaires … Je ne pouvais que subir halletante lorsque la houle de mon plaisir se fit plus violente. Je poussais un cri lorsque l’orgasme me submergea. François semblait ne pouvoir jouir qu’en me sentant jouir : mon cri provoqua son propre orgasme et je sentis son sexe opérer des contractions témoignant qu’il était en train d’éjaculer en moi.
Lorsque nos corps se séparèrent, nous achevâmes notre coït en nous embrassant longuement avant de nous endormir du sommeil du juste.
Vers quatre heures du matin, nous nous réveillâmes de concert et nous refîmes encore l’amour rapidement.
Après, je n’arrivais plus à me rendormir aussi j’empêchais mon amant de s’endormir en lui faisant la conversation :
— Pourquoi tu ne me rappelles jamais ?
Un long silence s’ensuivit mais je n’y tins pas :
— Qu’est ce que tu aimes chez moi ?
— Ta façon de faire l’amour.
— Qu’est-ce qu’elle a ?
— Tu te donnes comme si tu étais tout le temps en manque.
— Je le suis sans doute …
Encore un long silence.
— Tu fréquentes d’autres femmes ?
Je redoutais la réponse.
— Pas en ce moment …
— Et depuis que nous nous sommes connus ?
— Une ou deux …
Une aiguille sembla me transpercer le coeur. Je ravalais un sanglot dans l’obscurité. Encore un long silence … Je l’embrassais à nouveau comme pour conjurer le mauvais sort.
— Tu es mon premier noir … Et moi, je suis ta première blanche ?
— Non
— Ca te fait quel effet ?
Il ne répondit pas devant le ridicule de ma question. Il finit par s’endormir malgré mon insistance. J’allais fumer une cigarette dans le salon, nue devant la baie vitrée, éclairée par la lune. Cela avait quelque chose de grisant. Puis je retournais m’allonger à ses côtés et dans son sommeil, il m’entoura les épaules de son bras de façon protectrice. Toujours incapable de m’endormir, mon buste posé sur son torse, mes seins écrasés sur ses muscles, je jouais avec ses tétons en balançant les jambes, derrière moi. Il ne se réveilla même pas.
Vers six heures du matin, je me réveillais puis m’habillais sans qu’il ne se réveille. J’hésitais puis je griffonnais rapidement un mot que je lui posais sur sa table de séjour : ’je reviens ce soir’. Au pire, s’il n’était pas d’accord, il me téléphonerait pour m’envoyer ballader …
Il n’en fut rien.
*-*-*-*-*-*-*-*
Le temps que mon mari fut absent, je revins chez François tous les soirs et finis par m’installer chez lui lorsque j’étais célibataire, faisant le trajet tous les soirs et tous les matins. Je lui ramenais même mon chat …
Quand cela va-t-il se terminer ?
(à suivre)
Pour vos commentaires, vous pouvez m’envoyer un mail à [email protected]