Réciprocité et embrouilles

24 ans. Pourquoi se vieillit-elle? Pour ne pas meffrayer par la différence dâge? Jai quarante ans aujourdhui, elle nen sait rien, je ne men suis pas vanté. Mais si elle ne me souhaite pas un bon anniversaire par ignorance, elle me fait ma fête! Et quelle fête. A larrivée elle ma roulé un palot à inscrire au livre des records. Je lattendais un peu, sans lattendre vraiment. Je lui avais donné une adresse et une heure. Javais pris la précaution de me doucher, de me laver les dents, de me passer quelques jets de déodorant, jétais fin prêt mais sans certitude. Viendrait, viendrait pas?

Marié depuis un peu plus dun an, après des années de célibat peuplées de compagnes éphémères, je savais comment amener progressivement une fille entre mes draps. Javais appris à draguer en faisant rire, sans rien précipiter, en prenant le temps de tisser ma toile. Je savais faire raconter les rêves, les désirs, je mintéressais habilement à ses projets, je savais être amical, me rapprocher sur patte de velours, laisser ma main toucher un coude ou une main, remettre gentiment une mèche en place et sourire. Jusais patiemment de mon charme et je peux me vanter davoir ramassé très peu de râteaux proportionnellement au nombre de mes tentatives de séduction. Le principe premier était damener au consentement.

Entre lannée du bac et ma quarantaine javais concouru avec mon ami Charles. Cétait à qui battrait le record de conquêtes, surtout pendant nos années détudes. Pendant les classes préparatoires nous écumions les sorties de lycées et chassions un gibier jeune aux saveurs de lait maternel. Les filles étaient tendres, la littérature leur bourrait le crâne de preux chevaliers romantiques, nous jouions les princes charmants. Payer un cinéma ou une boisson en terrasse nous privait dun repas, mais nous nous nourrissions de bécots, de la tendre chair dun cou, dun lobe doreille et finissions habituellement par nous abreuver de salive. Le tour était joué, la mouche prise dans la toile trouvait ma chambre soigneusement entretenue, aimait le parfum qui planait dans lair, mon goût de lordre. Et moi jaimais la douceur de sa peau, la fraîcheur de son parfum. Mon menu saméliorait de sécrétions vaginales en échange de sperme dont je nétais pas avare. En souvenir dun bon moment elle oubliait une petite culotte sous mon oreiller. Charmant prétexte pour un « bis repetita placent » à renouveler si lenvie persistait. Le « revenez-y » fonctionnait pour mon plus grand bonheur.

Mais si je devais établir un classement de la meilleure, de la plus rapide et de la plus combative, cette Émilie aurait le maillot blanc de la meilleure jeune, le maillot vert de la plus rapide au sprint, il y a deux heures, et le maillot blanc à pois rouges de celle qui monte le plus fort au septième ciel. Car le maillot jaune revient incontestablement à Marie, la femme que jai épousée. Jusque là elle avait tous les maillots. Il lui reste celui de lendurance: elle a réalisé lexploit de rester au sommet pendant un temps record: treize mois et vingt jours. Jai rencontré Marie sur un site internet, nous avons échangé des idées, des photos. Nous nous sommes donné rendez-vous sur un quai de gare. Elle trouvait quà lapproche de la quarantaine il était grand temps de sétablir de façon solide et définitive. Moi-même, lassé des aventures sans lendemain, jéprouvais lenvie de me poser. Depuis un certain temps, la moyenne dâge de mes compagnes grimpait.

Après les étudiantes de la faculté de médecine toute proche de mon école supérieure de commerce, imbues de leur supériorité intellectuelle mais curieuses de compléter concrètement leurs cours danatomie javais exploité, avec Charles, les étudiantes en psychologie tout aussi bonnes observatrices à laffût des recoins de mon moi profond et désireuses de bien comprendre ce qui pouvait être le moteur de lunion des sexes. Mon moteur fonctionnait bien, trop bien puisque la plus délurée philosophe et psychologue voulut mépouser à 25 ans. Elle avait tout faux. Jai fui ses chaînes et jai recherché des filles plus simples, adonnées à lamour plus quà la recherche. Pourquoi toujours creuser le pourquoi du comment lorsquil était si facile et si agréable de faire, de saisir le plaisir au vol sans souci du lendemain? Un beau corps, un visage plaisant, une lueur dans lil et le mécanisme se mettait en branle, parfois en concurrence avec mon ami. Cétait un challenge. Il arrivait même que le perdant devienne le consolateur quand le vainqueur se lassait. Nous procédions à des échanges sans le dire, dautant plus facilement que nous connaissions les us et coutumes, les goûts et les dégoûts de ces demoiselles en transit dans nos lits.

A la trentaine jai trouvé que javais encore quelques belles années à vivre en dévorant les occasions à belles dents. Les filles étaient moins jeunes, mais plus attentives, avaient du savoir faire et du savoir vivre à revendre. Le compagnonnage était plus serein, on commençait à se lasser moins vite. Mais il fallait bien tester notre capacité à gagner un cur ou un corps qui embrasait notre imagination toujours en éveil. La chasse à loiseau rare conduisait à des ruptures douloureuses quand laimée se faisait trop possessive. Les complications se multipliaient et le résultat pouvait se révéler décevant. Les baroudeuses trop expérimentées finissaient par exiger la bague et le passage en mairie. La perte de quelques cheveux, lapparition de rides, minaient la folle idée de la jeunesse éternelle et conquérante. La vie de solitaire paraissait aussi plus reposante, les compromis devenaient plus difficiles à accepter.

Advint ce coup de foudre: Marie! A sa descente du train, jai été ébloui. Quelle allure, quelle classe, quel charme. Cette fois jai su quelle était LA FEMME, celle que je cherchais dans toutes les autres.

Belle, intelligente, sensible, charmeuse, chaleureuse. Le coup de foudre fut réciproque. Elle abandonna sa province, son emploi et accepta demblée mon hospitalité. Elle passa par convenance une nuit dans la chambre damis de mon appartement. Mais dès le lendemain matin nous étions amants.

Lâge navait pas altéré le caractère, le corps était magnifique, ses grands yeux bleus éclairaient la face dange et lensemble des courbes de son corps formait un délice pour mes yeux qui en avaient tant admirées. Quand il fallut passer aux travaux pratiques, elle me permit de découvrir un à un les trésors cachés sous les vêtements. Ses seins sortaient tout neufs du moule qui les avait créés, les cuisses avaient été tournées par un dieu, les hanches généreuses accrochaient les doigts, les fesses inspiraient des rêves de feu et sous la toison blonde du pubis je découvris une fente parfaitement dessinée entre le double renflement de la vulve ciselée dans la chair pulpeuse par le grand peintre Boucher, cétait Diane au bain, vue de près, livrée à mon admiration, objet dadoration dabord, comble de la tentation. Mais accessible, humaine, heureuse de me plaire, offerte à ma convoitise et ouverte à toutes les propositions. Plus que ça, elle aussi était admirative, franche, directe, tentée et décidée à succomber à la tentation.

Ses yeux me disaient que tout était permis et que mon audace serait récompensée. Jai posé un bécot sur son front, un autre sur une joue, un troisième dans son cou. Elle a frémi comme une eau qui se met à bouillir. Ses lèvres se sont entrouvertes, ont appelé les miennes, jai penché ma tête à droite, elle a incliné la sienne, nos nez se sont évités, jai voulu happer sa bouche, elle a voulu men faire autant, jouvrais ma bouche pour memparer de la sienne, elle répondait à mon essai par une autre tentative. Nous nous sommes amusés en bisous manqués, en bécots déviés, en chocs de lèvres dévoreuses. Nous en avons ri et nous nous sommes rencontrés, bouches unies, la peau des lèvres dans ce frottis-frotta renouvelé était électrisée. Javais fermé les yeux, plein de dévotion, Marie aussi. Jai levé les paupières et jai lu sur son visage la plus belle expression du bonheur. Cétait un instant sublime, inoubliable. Elle a souri, a rouvert ses quinquets, a éclairé mon cur. Jai caressé sa joue, elle a ronronné de plaisir. Nos bouches se sont saisies pour un long baiser langoureux, plein de fougue. Les pointes de nos deux langues se sont heurtées, Marie a pris un avantage en profitant de mon hésitation, est entrée et ma roulé une pelle incroyable faite de mouvements vifs de la langue qui tournoyait sous ma langue, contre une joue, contre lautre, sur ma langue, sous mon palais chatouilleux. Nous nétions plus des adolescents innocents et je sus que jétais en bonne bouche, en bonnes mains: Marie a démontré une expertise, une hardiesse de femme mature, sûre delle, expérimentée. Nous étions dégale à égal, au diapason de cette langue qui me pénétrait oralement à la manière dun sexe. Jappréciai linvasion, luttai et rendis coup pour coup. Ce combat présageait heureusement lunion de nos sexes et de nos curs.

Le lit a accueilli deux corps chauds. Les barrières étaient tombées, nos derniers vêtements avaient chuté, nous étions nus, nous palpions, nous effleurions, nous caressions. La vue nous poussait à toucher, à identifier les formes, la communion des bouches livrait nos saveurs, nous nous goûtions, nous voulions percer nos mystères, nous allions nous pénétrer dans les parties les plus intimes et nos mains en exploration reconnaissaient le terrain. Marie tenait dans les siennes mon membre dressé par lafflux de sang. Mes doigts vérifiaient la douceur des lèvres de sa vulve, parcouraient la ligne entre les bourrelets, cherchaient un passage, dégageaient le minuscule mais dur bouton, droit au-dessus de la baie humide, éperon en veille armée à la porte du sexe. Leur contact lavait durci, agacé, fait vibrer et tout le corps de la belle avait traduit dans un long frémissement la vibration du gardien du paradis. Mon index espiègle avait répété le contact, avait appuyé en secousses successives qui avaient déclenché autant de petits bonds. Le doigt sur le bouton de sonnette faisait trembler quelque part un petit marteau saccageur, accélérait les battements du cur, ravivait la circulation sanguine, rougissait les joues, enflammait la base du cou et des seins. Les poumons soulevaient en convulsions sévères les côtes et les rondeurs généreuses de sa poitrine parfaite. Ma bouche voulut téter leurs pointes, mes lèvres les encerclèrent et la pointe de ma langue les chahuta, encouragée par la pression de deux mains dans ma chevelure.

Une main aux longs doigts fins de pianiste enserra avec force ma verge et se mit à coulisser le long de la hampe. Qui menait, qui guidait, qui inspirait? Le nud de nos corps se défaisait et se renouait. Mon gland fut mouillé et pris dans la chaleur de sa bouche, sa langue tourbillonna tout autour, lacéra le méat. Je me raidis puis plongeai à mon tour sur son minou en ébullition, y fourrai ma langue en écartant des deux mains le rose de son losange vulvaire. Et le clitoris voulut échapper à lattaque conjuguée dun doigt frétillant et de ma langue. Marie poussa un rugissement rauque, sauvage, cambra son dos, se mit en arc de cercle. Nous étions comme deux aimants, pôles contraires attirés, plus fort que notre volonté, liés, collés, pris dune sorte de rage dans la tension brutale qui devait nous confondre, elle en moi, moi en elle. Cétait vertigineux, en mouvements constants qui changeaient ou recomposaient les positions. Je venais davaler une bouchée de cyprine, elle avait savouré les prémisses des poussées de sperme. Déjà, dans le tourbillon de volupté elle pointait mon sexe contre le sien, enduisit la tête de ma verge du jus suintant de sa chatte brûlante, le baigna à lentrée de la grotte dans un tendre mouvement, projeta son ventre vers moi et souvrit sous a poussée de mes reins. Tout était consommé? Non. Notre envie de nous perdre dans lautre fut décuplée, nos ventres se bousculaient, nos bras étreignaient, nous nous accrochions comme des noyés désespérés à la bouée de sauvetage de lautre corps. Puis nos mains saffolaient, semplissaient des muscles des fesses pour les attirer encore plus surement vers la jonction des sexes confondus, lancés en ruades violentes vers la réalisation du rêve impossible. Harassés, brisés nous faisions une pause pour mieux repartir à lassaut de limprenable citadelle, du plaisir fuyant, quand les yeux donnaient le signal. Nous étions deux complices à la lutte, tendus, traversés par limplacable force du désir darracher à notre chair la preuve de notre amour. Jen avais mené des combats amoureux, javais connu des filles, des jeunes encore acidulées, des plus âgées forcenées en quête dorgasmes dévastateurs. Lengagement charnel navait rien à envier aux précédents, mais il se doublait dune force nouvelle: nous nous aimions. Ce serait pour toujours.

Marie en cette époque de chômage retrouva rapidement un emploi à sa convenance. Après lindispensable période dobservation et déchanges amoureux, nous décidâmes de donner forme légale à notre vie commune. Je lépousai. Charles en fut attristé, mais jura, la main sur le cur quil respecterait notre décision et renonça à toute tentative de séduction en direction de ma chérie. Il devrait chasser seul à lavenir. Notre amitié nen souffrirait pas, il fut mon témoin de mariage.

Il nous invita pour un repas, fut cuisinier émérite, nologue averti. Je connaissais lappartement et le mobilier et lui laissai faire visiter les lieux à Marie. Il avait gagné une amie et je me réjouissais de le voir attentionné avec mon épouse. Ils discutaient: Chaque bibelot avait une histoire, le conteur était habile et enjoué. Marie riait, approuvait. Pour aller aux toilettes je passai à lextrémité du couloir qui menait aux autres pièces. Charles sétait tu. Marie était juste engagée à lentrée de la chambre à coucher. Placé derrière elle, plutôt assez près, dans une sorte denveloppement amical, Charles avait la main gauche sur la hanche gauche de Marie, tendait le bras droit vers lintérieur de la chambre, le ramenait sous laisselle de ma femme et allait fermer sa main droite sur le sein le plus proche, penchant en même temps sa bouche vers et sur la nuque de Marie. Je toussai discrètement pour annoncer mon déplacement. Le brusque retour à une position moins proche métonna plus que le murmure à loreille.

Quand ils me rejoignirent Marie parut contrariée malgré les plaisanteries de Charles. Jétais un peu embarrassé davoir surpris ce que Charles avait juré de ne plus faire. Ce nétait pas grave, Charles lui-même avait une jeune compagne dont il me disait monts et merveilles. Peut-être était-elle trop jeune pour en faire une épouse, cétait à lorée de son automne lamante qui le consolait de mon mariage. Il nous la présenterait. Chaque soir de semaine, en revenant de son travail, Marie achetait une baguette chez le boulanger. Rentré avant elle, je participais aux tâches ménagères, vidais la machine à laver le linge, lançais le sèche-linge, rangeais la vaisselle etcétéra Je lattendais sans voir passer le temps. La première, elle attira mon attention sur son retard en mexpliquant que le boulanger avait eu une panne de four. Étrangement les pannes se multiplièrent, lartisan envisageait dacheter un four neuf. Curieusement le pain de la fournée qui avait retenu Marie nétait pas chaud, je le constatai en silence. A la boulangerie personne ne faisait allusion à une ou plusieurs pannes. Je relevai que Marie était en retard le mardi, presque chaque semaine et toujours environ une demi-heure, parfois plus. Elle menaça de changer de boulangerie si les pannes lui faisaient perdre son temps.

Un mardi donc je fis le guet. Je la vis entrer et sortir en hâte de la boulangerie, sa baguette en main. Le boulanger conserverait la cliente. A ma surprise Marie se trompa de direction. Intrigué je la suivis de loin. Elle marchait à pas pressés, sarrêta devant limmeuble où demeurait Charles, elle neut pas à sonner, la porte souvrit, Charles laccueillit avec un baiser plus amoureux quamical et la fit entrer. Dans ma poitrine je sentis sabattre un grand froid tout noir, mon cur se contracta, me fit mal, très mal. Quand avec un retard accru Marie maudit le boulanger, je lui fis remarquer que cétait malheureux pour le pauvre homme. Il enfournait son pain selon les caprices de sa machine. Et je pensais à Charles qui enfournait en vitesse sa baguette dans le four de Marie, un four de qualité qui ne connaissait de panne ni avec moi, ni avec lui. Jobservais la menteuse qui manquait dimagination, elle aurait pu savoir que les pannes à répétitions éveilleraient des soupçons. Avec un peu dinvention elle aurait dû servir dautres fables.

Charles nous invita à faire connaissance de sa nouvelle amie. Nouveau repas bien arrosé. La demoiselle sappelait Émilie. Émilie était jolie, si jeune, si fraîche mais avec un je ne sais quoi de triste dans le regard. Ses longues jambes sous sa légère minijupe jetèrent le trouble dans mon cur qui portait le deuil des mardis. Car Charles continuait à réchauffer sa verge dans le ventre de Marie quand le four du boulanger refusait de travailler assez vite le mardi. Fallait-il pour autant perdre lami et lépouse?

-Émilie, dans le tiroir de la commode jai une nappe qui appartient à Polo. Voudrais-tu la lui rendre. Il te montrera de quelle nappe il sagit.

Charles venait de trouver un moyen de méloigner de Marie. Je suivis le parfum de la charmante jeunette, avec des réminiscences des temps heureux où je décidais de ma vie, de qui maccompagnait, de qui me quittait. Au lieu de saccroupir pour chercher dans le tiroir du bas de la commode, Émilie écarta ses pieds et se pencha, pliée en deux à hauteur du bassin. La minijupe laissa paraître dans lentrecuisse la bande blanche dune culotte petit bateau un tantinet démodée mais marquée en son milieu dun pli long en creux assombri par une humidité récente. Par déception, par désespoir suicidaire ou par esprit de vengeance je cédai à une pulsion violente, pointai un index sur le sillon dévoilé et en parcourait létendue; du clitoris à lanus jinsinuais davantage le tissu dans la fente et des pensées libidineuses dans sa tête. En temps normal jaurais jugé le geste indigne, dune goujaterie condamnable et jattendis une gifle qui ne vint pas. Émilie sétait figée dans la position, tourna vers moi sa tête penchée, lair triste et désabusé et tenta un sourire. Je posai la nappe sur le lit et laidai à se redresser. A ma surprise, elle plongea sa main sous son oreiller en extirpa une boule de fine dentelle couleur chair et me déclara:

-Je croyais que Charles maimait. Voyez ce que jai trouvé mardi soir sous son oreiller. Ce string appartient à une autre.

Elle le déploya. Je le reconnus: je lavais offert à Marie en pensant que les petits cadeaux entretiennent lamour.

-Viens chez moi, mardi. Mardi après-midi, jaurai mis de lordre dans les affaires de Charles

-Le mardi je suis un cours de perfectionnement en anglais

-Dommage, ce mardi jai un congé.

Notre retour apparemment trop rapide désunit les quatre mains de Charles et de Marie.

Voilà comment je me retrouve aujourdhui rajeuni par limpressionnante ardeur dune jouvencelle que jaurais jugée hors de portée. A peine lui avais-je annoncé le nom de sa rivale distraite, en lui montrant la jumelle du cache-sexe oublié ou offert en cadeau à renifler à ce vieux vicieux de Charles, que la gentille Émilie a voulu me consoler et se venger. Pas de travaux dapproche, pas de petits bisous, elle ma sauté au cou, a profité de ma stupéfaction pour plonger sa langue dans ma bouche et ma roulé un patin propre à me plonger en apnée. Pfouh! Sa fougue alimentée par sa colère a envoyé ses jambes autour de mes hanches. Je ne lai pas séduite, elle sest jetée sur moi, ma dévoré, ma mis a ses pieds. Elle noublierait pas sa culotte dans mon appartement, elle nen portait pas. Debout devant moi, elle a poussé ma tête sur son minet tout frais et ma dit:

-Cest à toi, prends-le et fais-en ce que tu veux. Venge-moi, venge-toi et fais moi plaisir, baise-moi.

Javais aussi une vengeance à prendre, sur Marie, sur Charles et sur ma naïveté. Jamais conquête navait été aussi rapide et inattendue. Dans le lit conjugal, jai répondu à son attente. Je la pénètre avec égards, elle exige que je la bouscule. Je donne quelques coups de lime, nai pas le temps de pendre la cadence: elle se met à gigoter et à brailler un orgasme dune rapidité inouïe. Elle veut prendre le dessus, menfourche, pousse ma baguette dans son four étroit et joue à larrache-moyeu. Elle monte sur mon manche en spirales redescend en trombe, tournoie sur mon pieu, le tord dans tous les sens, bave, écume, monte trop haut, me perd et lécrase dans son sillon trempé, le rattrape dune main pour lenfouir encore et le remettre à la torture. En quelques minutes elle a raison de mes réticences, marrache une première bordée de sperme et sélance vers les cimes comme Pierre Rolland à lassaut de lalpe dHuez. Elle reprend ma bouche, balance devant mes yeux éblouis ses deux jolis seins moelleux qui nont pas atteint leur pleine maturité, men plante malicieusement un dans le bec. Charles lui avait fait connaître bien des positions du kamasoutra. Jai droit à un festival, couché sur le dos, en cuiller, le papillon droit ou à lenvers, le taureauUn récital épuisant. Agile, souple, avec la légèreté de la jeunesse et sa désinvolture elle métourdit de caresses, de baisers, promet un amour éternel.

Je viens de jouir pour la troisième fois, elle va mépuiser mais reste insatiable et si ma bistouquette faiblit elle sassoit sur ma bouche et réclame le service de ma langue. Elle pivote, fait demi-tour, se penche, me montre la rose de son anus, demande que jy glisse un doigt puis un deuxième, recommence ses loopings et ses spirales sur mon index et mon majeur et me reprend en bouche, me branle sans pitié, prétend me ressusciter pour un nouvel accouplement féroce. Elle va me tuer. Mon petit pain est de nouveau enfourné, ma panne na pas duré ou je nai pas vu passer lheure. Je geins de plaisir, la belle espiègle laisse éclater sa joie et chante son bonheur, elle souligne son orgasme de cris aigus et saffale enfin heureuse, repue et satisfaite.

-Il va falloir sarrêter, ma petite chérie. Marie doit être en train de brunir dans son four la baguette de ce traître de Charles. Cest sa demi-heure dindépendance hebdomadaire. Jespère quelle ne va pas me ruiner en petites culottes oubliées.

Émilie souvre à lhumour. Ses sens apaisés lui rendent le sourire. Avoir deux amants à partager avec Marie? Cest une excellente idée, admet-elle. Mais si je voulais delle, jaurais la plus fidèle petite femme. A étudier.

Le four du boulanger est réparé, baguette en main Marie se tient au pied du lit, plus tôt que prévu pour un mardi. Elle pousse un cri de colère et senfuit en sanglots. Elle revient et me jette un biscuit danniversaire sur le lit. Émilie ne demande pas son reste. Marie ouvre son armoire et jette pêle-mêle vêtements et sous-vêtements dans un coffre en maudissant son époux adultère, le parjure, linfidèle pris en flagrant délit le jour de son anniversaire.

-Noublie pas ce string retrouvé par Émilie, il y a une semaine, un mardi de panne à la boulangerie, sous loreiller de Charles.

Sa fureur tombe, fait place à la stupeur. Elle fond en larmes, sagenouille devant mon petit Jésus en déroute, pose ses mains sur mes genoux dans le geste de supplication des anciens.

-Tu peux rester, Charles et moi avons toujours tout partagé.

Elle se vexe, replace ses effets dans larmoire. Le biscuit nest plus consommable. Je dois promettre de ne plus la partager avec Charles. A croire que je lavais poussée dans ses bras. Restaurant ce soir pour mes quarante ans. Le four du boulanger a cessé ses caprices. Émilie continue ses cours danglais, Charles est fier de ses progrès et annonce quil va lépouser.

Le four de Marie, ma baguetteun peu de tolérance.

QUESTION

Pourquoi le four du boulanger tombe-t-il en panne le mardi ?

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