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Une poudre extatique – Chapitre 3




Je suivis la secrétaire en fixant son déhanchement parfait et en humant son parfum de santal, ce qui avait sûrement contribué à lui faire gravir les échelons de l’organisation, me dis-je. Et dire que je l’ai baisée comme un taureau il n’y a pas si longtemps. Soudain elle s’arrêta et s’appuya d’une main contre le mur du couloir, comme pour reprendre son souffle.

— Ça va, madame? lui demandai-je.

Elle releva la tête, puis déboutonna son col pour s’aérer.

— Ah non, ça va pas recommencer! Pas ici, quand même! songeai-je.

Mais non, ce n’était qu’une fausse alarme. Elle se dégagea la gorge, puis me fit signe de la suivre à nouveau.

— Ce n’est rien, j’ai une satané migraine ce matin. Suivez-moi.

À son bureau, la fille de l’ascenseur y était assise. Le destin a de ces surprises…

— Anna, je dois te quitter pour un moment, dit Caroline. Tu peux m’attendre ici, mais je ne sais pas combien de temps je devrai m’absenter. C’est à toi de décider.

— D’accord, je vais retourner voir monsieur Letarte, alors. Il me l’a demandé. Je repasserai.

Anna prit son manteau et quitta rapidement sans me regarder. Caroline me demanda de la suivre à nouveau. Nous entrâmes dans un petit bureau poussiéreux en retrait au fond du couloir. Plusieurs documents étaient empilés en désordre sur le bureau central ainsi que sur une table longue le long du mur où une petite fenêtre offrait une vue sur l’édifice voisin.

— Monsieur Letarte vous propose un poste de commis aux archives. Si vous acceptez, ce sera ici votre bureau. Vous pourrez l’aménager comme bon vous semblera. Des documents vous seront acheminés continuellement et il vous faudra les classer suivant un système facile à gérer. Vous aurez carte blanche là-dessus, mais il faudra prendre connaissance de l’ensemble de la documentation qui circule et aurez bien sûr à en rendre compte régulièrement à votre patron. Votre salaire sera le salaire minimum, mais les possibilités d’avancement sont là, il n’en tiendra qu’à vous de prouver que vous les méritez.

Là, Caroline se tut. Son regard devint lointain et elle se mit à s’aérer la chemise et je constatai que son front perlait. Puis elle me regarda à nouveau. Comme le bureau était assez isolé des regards et que personne ne semblait rôder dans les parages, je laissai faire, simplement pour analyser son comportement. Elle paraissait moins frénétique que lors de sa première attaque chez le dentiste, comme si ses gestes étaient plus lents, sensuels.

Elle s’approcha de moi, le regard rieur, prit ma tête doucement de ses deux mains, puis m’embrassa voluptueusement, langoureusement. Elle ouvrit ma bouche de sa langue, cherchant la mienne pour s’y frotter lentement. Ses mains jouaient dans mes cheveux, sa respiration était profonde, ses yeux devenus clos et elle se plaqua contre moi, les seins gonflés. Je les saisis doucement d’instinct en les massant délicatement sur sa chemise de soie et en faisant durcir leur pointe en y tournoyant mes pouces, ce qui lui fit pousser un faible cri étouffé. Je dégageai ensuite ma main gauche pour masser son entrejambe à travers sa robe. Elle dégagea sa bouche de la mienne, se pinça les lèvres les yeux clos et poussa un autre faible miaulement de contentement, puis posa une main sur la mienne m’invitant à poursuivre.

Mon engin s’est vite retrouvé au garde-à-vous. Quelque chose me retint cependant d’aller plus loin. Je ne voulais certes pas bousiller mes chances au travail dès le premier jour, mais en outre, je ne comprenais pas très bien ce comportement. Elle était sans doute à la merci des effets secondaires de la poudre, mais c’était comme si elle posait geste de remerciement, en conclusion d’un processus des plus mystérieux.

Je me suis promis dès cet instant de faire toute la lumière sur cette foutue poudre. Il n’était pas question pour moi d’abuser d’elle, j’en avais déjà un peu sur la conscience. Je me dégageai lentement de son étreinte.

— Euh… Madame, madame, murmurais-je doucement.

Elle secoua la tête légèrement, reprenant ses esprits pendant quelques secondes.

— Ahum… ahum hum… Alors, vous acceptez?

Elle n’avait pas conscience de ce qui lui était arrivé.

— Je crois, oui. Mais qu’en est-il du poste de commis administratif?

— Vous pourrez en discuter avec monsieur Letarte, je ne peux rien vous dire de plus là-dessus.

— D’accord. Quand puis-je commencer, pensez-vous?

— Demain matin, je crois. Les documents vont s’empiler à un rythme alarmant, d’autant plus que l’organisation vient de mettre à jour le système informatisé. S’il-vous-plaît, allez revoir monsieur Letarte pour lui faire part de votre décision.

— D’accord. Y avait-il quelqu’un qui occupait ce poste avant moi?

— Oui, mais elle était dépressive. Elle n’a pas pu tenir.

— Ah bon! Qu’est-elle devenue?

— Je crois qu’elle a quitté la région.

Mes chances de discuter du poste avec celle qui me précédait devenaient donc pratiquement nulles.

— Je vous laisse, je suis débordée. À bientôt, alors. Au fait… appelez-moi Caroline, me dit-elle avec un clin d’oil.

— Je vous remercie. C’est très apprécié. Moi, c’est Sylvain.

Elle afficha alors un sourire qui s’estompa presque aussitôt avant de s’enfuir en agitant sa chemise à nouveau. Elle luttait encore sûrement contre les effets de la poudre.

J’entrai peu après dans le bureau de monsieur Letarte qui était en discussion avec Anna.

— Alors? Qu’en pensez-vous? me demanda-t-il.

— J’accepte. Je tiens à vous remercier pour votre offre.

— Parfait. Toutefois, ce ne sera pas de tout repos. C’est un travail de base, mais qui est important à mes yeux. Nous ne pouvons vous offrir que des conditions minimales pour l’instant, mais si vous vous révélez efficace, je verrai personnellement à changer cela. Vous commencerai demain à 8:00 heures. Je vous présente Anna. Elle sera votre supérieure immédiate.

Cette annonce me sidéra un peu. Je m’avançai pour lui serrer la main, ce qu’elle fit, mais elle la retira rapidement, me donnant ainsi un signal hiérarchique.

— Enchanté, lui dis-je.

— Enchantée.

— Anna est la nièce de monsieur Dumouchel notre directeur général, enchaîna monsieur Letarte. Elle vient de terminer ses examens à la fac avec la plus haute distinction.

Voilà qui explique bien des choses.

— Félicitations, lui dis-je sans conviction.

— Merci. Merci. Monsieur Letarte, pourrais-je prendre possession de mes quartiers?

— Bien sûr. J’appelle Caroline qui va vous montrer.

Anna ne perdait pas de temps pour se donner des airs de patronne. Cela rehaussait cependant son côté félin, ce qui n’était pas pour me déplaire. Et puis, songeai-je, j’avais toujours la poudre au cas où elle abuserait de sa position. Au fait, me dis-je, je dois trouver Bouba dès cet après-midi.

A suivre…

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