Le directeur du Théâtre de l’Enclume, Olivier Mégaleau, s’entretient avec Stéphanie Lapechatt avant l’entrée en scène de cette dernière.
— Stéphanie, je ne vous cache pas que vous avez un sacré défi à relever ! Lors de la première représentation, Ernestine Brouteminoux a fait sauter tous les compteurs : salle comble, public en délire et j’en passe. Elle a su jouer de tous les ressorts de la société XStorienne pour assurer son succès. Il est vrai que sa faconde et son sens de la répartie ont joué en sa faveur. Mais je n’en attends pas moins de vous !
— Je ferai de mon mieux. D’ailleurs, si vous avez pensé à moi pour traiter du thème de la zoophilie, c’est que vous imaginiez que j’étais la personne idéale, n’est-ce-pas ?
— Tout à fait, Stéphanie ! Cette romance avec votre fidèle toutou, qui fait souvent la une des magazines people, m’a séduit et c’est pour cela que j’ai fait appel à vous.
Elle fait la moue :
— Romance ? Dites plutôt le grand amour ! Ah ! Ouragan… mon labrador… que je t’aime ! Tenez, Olivier, je l’ai amené ; j’ai l’intention d’entrer sur scène avec lui ; sa force tranquille me rassurera…
Olivier semble contrarié :
— Cela ne me semble pas une bonne idée, Stéphanie. C’est que ce soir, il y a du beau monde ! Avant de vous recevoir je suis allé jeter un coup d’il sur la salle et qui ai-je aperçu ? D’abord, Serge Bouviol. Il s’en est tant voulu d’avoir raté la première. Puis l’animateur vedette de Radio-Story, Gérard Manvussat, venu couvrir l’événement. Vous vous rendez compte, Stéphanie ? Notre Théâtre aura les honneurs de la radio ! Et pour couronner le tout, une personnalité a fait le déplacement et quelle personnalité, puisqu’il s’agit de B. B. !
Stéphanie pâlit :
— Quoi ? Vous voulez dire que B. B. sera dans la salle, face à moi ?
— Eh oui ! C’est bien notre B. B. nationale que vous verrez, au premier rang ; la sémillante et déterminée présidente de la S. I. M. C. A. (Société des Intrépides Militants de la Cause Animale), Bérengère Beaumatou, pour tout dire !
— Elle n’aimerait pas voir mon chien sur la scène, je suppose ?
— Je ne vous cache pas qu’elle vous a adressé un avertissement très clair sur les ondes de Radio Story, d’ailleurs, et le voici : « Je considérerais comme une intolérable provocation que Mademoiselle Stéphanie Lapechatt, ose s’afficher sur scène aux côtés de son amant canin ». Du Beaumatou pur jus. Et elle n’avait pas l’air de plaisanter, ajoutant même avoir prévu une riposte au cas où vous oseriez la braver.
— Me désigner en tant que « Mademoiselle », elle y va un peu fort, non ?
— C’est calculé, Stéphanie. Elle prétend que cette relation étroite avec votre labrador s’apparente à du concubinage, et donc, non mariée, il convient de vous donner du « Mademoiselle ».
Elle semble préoccupée :
— Olivier… vous savez quelque chose sur la riposte imaginée par Bérengère ?
— Fort peu. Elle a simplement laissé entendre qu’elle viendrait, nantie de quelques boîtes de Canigou. Il se murmure que Bérengère envisagerait de les balancer sur la scène… Mais ne soyez pas si préoccupée, Stéphanie : il se pourrait que vous ayez un allié en la personne de Serge Bouviol.
— Serge Bouviol ? Un allié ? Il ne peut pas sentir les incestueux, certes, mais, pour autant, je le vois mal venir au secours des zoophiles. Au mieux, il restera neutre.
— Stéphanie, je vais vous dévoiler un petit secret : en fait, Serge Bouviol n’est pas venu pour vous, mais pour… Bérengère Beaumatou ! À la fin d’une interview à Radio Story, une fois les micros fermés, Serge s’est lâché, affirmant, avec la délicatesse de style qui le caractérise, qu’il venait au théâtre de l’Enclume, dans le but de « se faire la Beaumatou ». Il paraît qu’il est fou d’elle… plus sûrement, il veut l’inscrire dans son petit carnet secret.
Stéphanie semble dubitative :
— Autant dire qu’il va foutre le bordel dans mon spectacle. Excusez-moi d’être vulgaire, Olivier, mais c’est comme ça que je vois les choses.
— Ne vous faites pas tant de tracas, Stéphanie. D’abord, votre labrador restera dans mon bureau. Peut-être trouverons-nous une occasion de le présenter sur scène.
Olivier jette un coup d’il à l’horloge. On approche de 20 h 30, l’heure fatidique. Dans la salle, Gérard Manvussat est prêt. Stéphanie se lève et Olivier est ébloui : elle arbore une jupe couleur bois de rose, ultracourte, du plus bel effet.
— Mazette ! Quelle élégance, Stéphanie ! C’est bien une jupe signée du grand couturier Radel Hatouff que vous portez, n’est-ce-pas ?
Elle sourit :
— C’est bien cela, Olivier. Je me suis mis en frais pour cette soirée… et aussi pour faire pièce à Bérengère Beaumatou, qui arborerait une tenue du même couturier…
Olivier, avant de clore l’entretien, lui lance :
— Et, bien entendu, Stéphanie, n’oubliez pas la devise du Théâtre de l’Enclume : « Frappez fort ! »
Les voilà tous les deux devant la porte qui donne sur la scène. Olivier l’ouvre et fait passer Stéphanie Lapechatt. Le rideau s’ouvre lentement et, tout en s’approchant du micro, elle jette un regard en direction d’Olivier. Elle n’a pas l’air très rassurée. Alors, il lève son pouce, en signe d’encouragement, puis fait l’annonce :
— Et voici Stéphanie Lapechatt, la princesse de la zoophilie !
Elle prend une bonne inspiration, puis se lance :
— Mes amis, je suis heureuse d’être avec vous, ce soir ! Mon nom ne vous est pas inconnu, n’est-ce-pas ? Vous avez pu lire dans certains magazines, des récits de mes frasques, réelles ou supposées, avec mon labrador…
Elle ose affronter le regard de Bérengère Beaumatou :
-… et j’espère bien pouvoir vous le présenter sur scène, à mes côtés.
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Dans la salle, installé derrière un pupitre, micro en main, Gérard Manvussat est en transe (sans doute, ses origines napolitaines) :
— Chers auditeurs de Radio-Story, bonsoir ! Après le véritable festival d’Ernestine Brouteminoux, lors de la première représentation, il était inconcevable que votre radio préférée ne s’intéresse pas à ce lieu mythique qu’est en train de devenir le Théâtre de l’Enclume. Et ce soir, c’est Stéphanie Lapechatt qui est sur scène ; celle qu’on surnomme la princesse de la zoophilie, s’apprête à nous faire vivre sa passion amoureuse pour son labrador, joliment appelé Ouragan. Tous ses fans ont fait le déplacement et on joue à guichets fermés. Bien sûr, elle a une redoutable opposante en la personne de Bérengère Beaumatou, mais gageons que cela enrichira le débat. Je note aussi la présence de Serge Bouviol, venu en simple spectateur. Mais laissons la parole à Stéphanie…
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— Vous le savez, je vis une relation torride avec mon labrador. J’espère qu’elle se poursuivra encore longtemps. Mais commençons par le début. Comme Ernestine, j’avais aussi un mari. Il était directeur des ressources humaines d’une grande société internationale. Et, à ce titre, il se déplaçait souvent à l’étranger, me laissant seule, à la maison. Et il a bien fallu que je trouve un dérivatif à mes frustrations sexuelles. Mes amis, je dois vous avouer que je suis ce qu’on appelle une gourmande. J’ai de gros besoins de ce côté-là !
(Des sifflements admiratifs fusent de tous côtés)
Elle attend qu’ils cessent, puis :
— Comme Ernestine, je me suis plongé dans la lecture des innombrables histoires que propose le site. J’en ai lu des dizaines dans des genres différents, mais, je ne sais trop pourquoi, je me suis sentie attirée par les histoires zoophiles : vous savez, ce genre d’histoire ou un jour, ou peut-être une nuit, un chien on trouve surtout ça- vient, un peu par hasard, renifler l’entrejambe d’une femme, et cela éveille en elle des plaisirs insoupçonnés.
Un titi l’interpelle :
— Pourquoi n’as-tu pas choisi un cheval, un poney ou même un âne ? Ils ont une sacrée bite… et comme tu as de gros besoins…
— Ben voyons ! Tu me vois faire entrer un cheval dans mon appartement ? En plus, j’habite au septième étage : je le fais passer par l’escalier ou l’ascenseur ?
(Des rires saluent la réplique de Stéphanie)
ACTE I – Serge sème sa merde
(Rien de scatologique là-dedans…)
Ayant écouté, jusque- là, religieusement, les propos de Stéphanie, Gérard Manvussat se dresse soudain :
— Oh ! Chers auditeurs, il se passe quelque chose dans la salle : Serge Bouviol vient de se lever, et ce n’est certainement pas à cause de l’ami Rick Horey… Non. Va-t-il sortir fumer une clope, comme il en est coutumier ? Oh ! Non, chers auditeurs, le voici qui se dirige vers les premiers rangs… et il va droit… c’est incroyable… droit sur Bérengère Beaumatou ! Enfin, quand je dis « droit » c’est une façon de parler : à voir sa démarche légèrement hésitante, il semble bien que Serge aie, légèrement, forcé sur l’Oukraïnskaïa. Vous savez, cette affreuse bibine pimentée… La première et unique fois- où Serge me l’a faite goûter, j’ai cru ma dernière heure arrivée : j’avais l’impression de boire du métal en fusion. Mais quand Serge vous parle de « son » Oukraïnskaïa, il a des étoiles dans les yeux.
Il marque un bref moment de silence, avant de reprendre :
— C’était donc bien ça : voilà Serge Bouviol debout, face à Bérengère. Ils ont entamé une conversation. De là où je me trouve, je n’entends rien, mais quelque chose me paraît bizarre : Serge semble regarder le bout de ses chaussures. Devant une jolie femme, ce n’est, certes pas, son habitude… (Gérard essaie de comprendre ce qui se passe)… Chers auditeurs, il est pratiquement certain que Serge ne regarde pas le bout de ses chaussures, oh que non ! Ce vicieux invétéré mate tout simplement les jolies cuisses de Bérengère. Et ce n’est guère difficile, en vérité ! J’ai oublié de vous dire qu’elle a fait une entrée très remarquée au théâtre, dans une splendide mini-robe couleur bois de rose, signée du grand couturier à la mode, j’ai nommé Radel Hatouff, le roi- que dis-je-, l’empereur de la mode mini !
Captivé par ce qu’il voit, Gérard Manvussat en oublie la vedette de la soirée, Stéphanie Lapechatt. Il poursuit son commentaire :
— Voilà que Serge tend la main à Bérengère. L’entrevue serait- elle terminée ?
Il hésite un moment, puis, tout à trac :
— Chers auditeurs, il se passe quelque chose d’extraordinaire au théâtre de l’Enclume ! Serge a, en fait, invité Bérengère à se lever et les voici qui se dirigent vers la sortie, bras dessus, bras dessous !
Il suit des yeux le couple qui s’éloigne, puis, sur ton de tragédien :
— Eh bien non, ils ne se dirigent pas vers la sortie ! Ils se dirigent vers… les toilettes du théâtre ! Serge aurait-il lu moult histoires de fesses se passant dans les toilettes, les W. C. les chiottes et autres ouatères closette ? Veut-il savoir quelle sorte de sensation cela procure ?
La porte des toilettes se referme derrière le couple. Gérard est tout excité :
— Robert ! (un technicien) Débrouille-toi, faut qu’on entende ce qui va se passer ! Quel scoop !
Le technicien parvient à glisser un micro extra-plat sous la porte. L’animateur retient son souffle. Un étrange silence s’est installé dans le théâtre. Sur la scène, Stéphanie Lapechatt semble perdue : tous les spectateurs ont la tête tournée vers les toilettes !
— Que va-t-il se passer, maintenant ? Voilà près de cinq minutes qu’ils sont enfermés et toujours rien… Je… Oh ! Il me semble entendre quelque chose. Robert ! Mets le son à fond !
On entend des gémissements, d’abord lents et espacés, puis, distinctement, la voix de Bérengère :
— Hmmm ! Serge, quel artiste tu es ! Tu joues sublimement de mes lèvres ! (Celles du bas, vous aurez compris…)
Puis la voix de Serge :
— Avec ma langue, je vais et je viens entre tes lèvres… ton minou est excité et tu ronronnes de plaisir…
L’excitation de Bérengère enfle d’un coup :
— OOOH ! OUIIII ! TU ME RENDS FOOOOOLLE ! TU VAS ME FAIRE JOUIIIIR ! (Bon, pas besoin d’en rajouter, c’est suffisamment explicite comme ça, non ?)
Gérard Manvussat est en transe (ça devient une habitude).
— Mais c’est qu’il est en train d’envoyer B. B. au septième ciel ! Quel scoop !
Puis ce sont des râles (de plaisir) à n’en plus finir. Jusqu’à l’explosion finale. Bérengère émet un couinement bestial (ou inhumain, au choix). Puis on entend la voix de Serge, une voix qui exprime la surprise. Puis le silence retombe. Gérard est au bord de l’apoplexie :
— Mais que se passe-t-il ?
Le technicien venu retirer le micro extra-plat, remarque une flaque d’un liquide mystérieux qui dépasse de la porte. Gérard donne l’explication qui s’impose, selon lui.
— Eh bien, qui l’eût cru ? Bérengère Beaumatou est une femme fontaine ! Serge a dû se régaler.
Puis, lentement, la porte des toilettes s’ouvre. Bérengère et Serge apparaissent, tout sourire et bras dessus bras dessous. Serge tient quelque chose dans sa main droite. Gérard sursaute :
— Mais c’est bien une petite culotte que tient Serge dans sa main ! Et en plus, il l’exhibe comme un trophée devant les spectateurs en transe (eux aussi…). Lui qui n’avait pu concourir pour la petite culotte d’Ernestine Brouteminoux, brandit triomphalement, à la face du monde (oh, calme-toi, Gérard…) celle de Bérengère Beaumatou ! Et les voilà qui sortent de la salle sous les acclamations des spectateurs…
Gérard reprend son souffle :
— C’était en direct du théâtre de l’Enclume… À vous les studios !
Robert, le technicien, lui désigne la scène à grands renforts de gestes. Gérard se rend compte de sa bourde :
— Oh… M… ! Bien, après cet intermède fort divertissant, revenons au sujet qui nous intéresse ce soir : la zoophilie, traitée par Stéphanie Lapechatt !
Justement, elle est toujours sur la scène, assise sur une chaise qu’Olivier lui a apportée, attendant que « l’incident » se termine.
ACTE II – La revanche de Stéphanie Lapechatt
Stéphanie se lève et s’approche du micro. Elle arbore un sourire de satisfaction :
— Eh bien, il me semble que la représentation est terminée !
Son regard se pose sur le fauteuil, désormais vide, de Bérengère Beaumatou :
— Mes amis, nous voici entre nous, maintenant. On peut estimer que Serge Bouviol a bien fait les choses, n’est-ce-pas ?
(Quelques rires viennent ponctuer ces propos teintés d’ironie).
Stéphanie prend de l’assurance :
— Alors, c’est tout ce que ça vous fait ?
(Cette fois, c’est une salve d’applaudissements qui emplit la salle).
— Merci, mes amis ! Je n’en attendais pas moins de vous. Mais… revenons à nos moutons.
Stéphanie décroche le micro de son support. Elle se sent plus à l’aise en l’ayant en main.
— Avant que Serge n’intervienne, je vous parlais de ma situation matrimoniale à ce moment crucial de mon existence. Le fait d’avoir un mari souvent par monts et par vaux a fini par faire naître ce qu’il faut bien appeler une frustration sexuelle. Dans un premier temps, les lectures de récits torrides, m’ont permis de tenir : vous savez, ces récits qu’on trouve à foison, sur XStory et qui vous donne une folle envie de vous titiller le clitoris. Bien sûr, il a vite fallu passer à autre chose…
Elle marque une légère pause :
— J’aurais bien pu prendre un amant, un homme viril, bien monté de surcroît… Quand vous me voyez, je vous fais envie, n’est-ce-pas ?
(Un concert de sifflements admiratifs lui fait écho).
— Merci ! Merci ! Cependant, il faut vous dire que c’est mon mari, qui, sachant qu’il serait souvent absent, avait tenu à m’offrir un chien pour me tenir compagnie. Il ignorait qu’il venait d’introduire le loup dans la bergerie. Un labrador, c’est déjà un beau chien et pour une femme comme moi, nantie de gros besoins sexuels, cela pouvait s’avérer utile. Cependant, la honte de devoir en arriver à de telles extrémités, freinait mes ardeurs. Je préférais donc attendre que l’initiative vienne de lui, de mon chien, d’Ouragan…
Elle tire sur le fil du micro :
— Un jour, alors que mon mari se trouvait au forum de Davos (un grand Monsieur, je vous dis !), je me prélassais au lit, retardant sans cesse le moment de me lever. Je portais une adorable nuisette en satin rose qui moulait admirablement mes formes et je n’avais pas de culotte… pardon : de petite culotte. Autant dire que j’avais la moule à l’air libre. Ouragan s’était-il introduit subrepticement dans la chambre sans que je le vis… ou le visse ? Toujours est-il que je sursautais en sentant son mufle chaud sur mon abricot gorgé de désirs. Je tentais de repousser sa tête, mais il insistait, le bougre. Et quand sa langue râpeuse se mit en mouvement, je me sentis emportée par une vague d’excitation…
Un spectateur fait de grands gestes de dénégation :
— Excuses-moi de te couper la parole, mais un chien n’a pas la langue râpeuse !
— Hmm ! C’est pourtant bien ce que j’ai ressenti quand il a lapé ma moule. Bref, ce fut un grand moment : un cunnilingus canin ! Même si, un peu plus tard, le remords m’envahit. Mais cela ne dura pas longtemps.
Un jeune homme barbu l’interpelle :
— Dois-je croire qu’il satisfait tes besoins sexuels ? Peut-être te faudrait-il un chenil pour que tu sois comblée !
Stéphanie sourit :
— Un chenil… Ah… Bon… Ça rime à quoi ? Ça rime à rien, n’est-ce-pas ?
Elle reprend le fil de son récit :
— J’ai longtemps gardé en moi, cette sensation divine qu’était la langue chaude et mouillée d’Ouragan sur mon minou trempé d’excitation. Jusqu’au jour où, n’y tenant plus, je décidai de chauffer Ouragan en arborant devant lui des tenues provocantes. Je vous le recommande, mesdames, chauffer un chien, c’est excitant. Comme disent nos amis Américains : a hot dog it’s very exciting.
Stéphanie sent le public suspendu à ses lèvres :
— Par un après-midi de juin, où il faisait assez chaud, je décidais de passer à l’attaque. Profitant du fait qu’Ouragan se trouvait sur la terrasse, paresseusement allongé sur son transat, je mis un bikini ultra-mini-et vint me planter devant Ouragan, qui daigna relever la tête. Son étonnement était à la mesure de ses yeux ronds comme des soucoupes. Se disait-il que sa maîtresse était bien bandante ?…
Plusieurs spectateurs lancent :
— Oh ! Que oui qu’il le pensait !
— Je m’en doutais… En tout cas, je me suis approchée de lui, jusqu’à avoir le bas-ventre tout près de sa gueule. Je mouillais déjà, et j’ai vite retiré le string, attendant impatiemment qu’Ouragan me lape la moule comme il l’avait si bien fait la première fois. Était-ce l’odeur qui lui plaisait ? Toujours est-il qu’il me gratifia d’un sublime cunnilingus. À me faire jouir comme une folle ! Et c’est ainsi qu’Ouragan devint mon amant.
Un blondinet rondouillard s’impatiente :
— Abrège un peu, veux-tu ? Ce qu’on veut savoir, c’est si ton chien a une grosse bite et s’il te ramone bien.
Elle se permet une pointe d’ironie :
— Ah ! Mon premier Vite-la-suite ! Ne t’inquiète pas, nous allons y venir.
— Peu à peu, je pris l’habitude de rester nue en permanence dans l’appartement. Un jour, j’ai osé glisser ma main sous le ventre d’Ouragan… jusqu’à faire sortir sa bite de son fourreau. Puis je l’ai masturbé. C’était si excitant que je mouillais : sa bite était aussi grosse que celle de mon mari. Alors, je me suis mise à quatre pattes et Ouragan m’a monté. Il avait l’air excité lui aussi. J’ai joui comme une folle et Ouragan n’arrêtait pas de lancer des giclées de foutre dans mon vagin. Cela a duré longtemps, jusqu’à ce qu’il se retire de moi…
Elle s’interrompt, le temps de voir l’effet que produit son récit
Un titi l’apostrophe :
— Oh, Stéphanie, tu prends la pilule au moins ? Sinon, tu vas te retrouver avec une portée de chiots !
(Les rires fusent)
— Je l’attendais celle-là ! Non, aucun risque, sauf peut-être d’avoir un centaure… En tout cas, Ouragan est devenu un merveilleux amant, toujours disponible, en plus. Ce n’est pas lui qui dira : « Pas maintenant, j’ai un dossier à terminer… » ou « j’ai passé une dure journée au bureau ».
À ce moment-là, la porte d’accès à la scène s’ouvre et Olivier Mégaleau apparaît dans l’embrasure, tenant en laisse le labrador de Stéphanie. Celle-ci, tout en affichant un sourire radieux, annonce :
— Et voici le moment que vous attendez tous ! Ouragan, mon merveilleux compagnon !
Olivier lâche la laisse et le labrador entre en scène et vient s’asseoir auprès de Stéphanie. Une salve d’applaudissements salue son arrivée.
— C’est vraiment un beau chien, n’est-ce-pas ? Son calme est rassurant… Hum, ce que je vais vous dire est surprenant, mais, maintenant que je suis séparée de mon mari, j’aimerais bien pouvoir… épouser Ouragan ! Après tout, ne suis- je pas traitée de « chienne » et même de « chienne en chaleur » sur les réseaux sociaux ?
Un spectateur, portant une fine moustache, ironise :
— Après le mariage pour tous, le mariage pour toutous ?
(Cela déclenche l’hilarité générale)
Stéphanie reprend la balle au bond :
— Cela me conviendrait fort bien !
À ce moment-là, le chien se relève et vient renifler les genoux de Stéphanie. Un homme un peu enrobé lance, à la cantonade :
— Hum, Stéphanie, il semble que ton chien ait des idées coquines. Faut dire qu’avec une jupe si courte, tes jolies jambes sont si généreusement dénudées que ça doit sûrement le faire bander !
(Des rires égrillards accueillent ce propos)
Stéphanie ne peut s’empêcher de sourire :
— Voyez-vous ça… Merci pour le compliment, mais… Vous ne seriez pas en train de me proposer de faire crac- crac avec Ouragan, là, sur la scène, tout de suite ?
Stéphanie vient, littéralement, d’allumer le feu. Un déferlement de propos sans ambiguïté s’ensuit :
— Stéphanie à poil ! Ouragan baise-la ! Stéphanie fais toi défoncer ! À poil ! À poil ! Fais-toi sauter ! Etc… Etc…
Elle semble tétanisée devant ce véritable déchaînement de passions. Puis, elle commence, timidement, à déboutonner son petit haut (j’ai lu ça dans plusieurs récits, alors je me suis dit : « Pourquoi ne pas m’y mettre aussi ? »)
Alerté par le chahut monstre provoqué par l’initiative de Stéphanie, Olivier entrouvre la porte d’accès à la scène, juste au moment où elle achève de déboutonner son petit haut, faisant apparaître son soutien-gorge. D’un bond, Olivier se retrouve près de Stéphanie :
— Holà ! Stéphanie, qu’est-ce qui vous prend ?
De sa main droite, elle montre le public littéralement en transe. Olivier sent qu’il doit faire preuve d’autorité et s’empare du micro :
— Mesdames, messieurs, Stéphanie, je vous signale que le théâtre de l’Enclume n’est pas une boîte à strip-tease et encore moins un théâtre porno ! De la dignité, que diable !
Puis, constatant que le chien s’est recouché :
— En voilà un qui a compris, en tout cas ! Quant à vous tous, je vous demande de vous arrêter !
Le ton ferme d’Olivier opère et le calme revient. Stéphanie achève de reboutonner son chemisier (c’était ça son petit haut). Puis elle se penche… un peu trop, et un peu trop longtemps, pour caresser son chien. Et, d’un coup, le public scande :
— La culotte ! La culotte ! La culotte ! (Et non pas : la petite culotte, comme vous l’aurez remarqué…)
Sur le coup, Stéphanie paraît surprise, alors qu’Olivier affiche un sourire entendu. Se souvenant de la prestation d’Ernestine, il lui susurre ce petit conseil :
— Avec une jupe si courte, vous auriez dû vous rendre compte, en vous penchant à ce point, que vous alliez leur dévoiler votre petite culotte. Et ils sont au courant du geste d’Ernestine, lors de la première… Vous voyez ce que je veux dire ?
Puis Olivier rejoint son bureau, laissant l’initiative à Stéphanie.
Elle affiche son plus beau sourire :
— Alors ? Il paraît que ma petite culotte vous intéresse ?
La réponse du public est instantanée :
— Oh oui ! Oh oui ! Oh oui !
Elle fait durer le suspense :
— Je la lance dans le public ? Je la mets aux enchères ? Hum ! Jai une idée… Je vais remettre ma culotte à ce monsieur qui porte des lunettes, au premier rang. Après quoi, il la passera à son voisin, qui la passera à son tour… Ainsi, chacun de vous, mes amis, aurez eu ma culotte entre vos mains. Ça vous va ?
(Une clameur, en signe d’approbation, monte du public)
Et Stéphanie, sans trop prendre de précaution, retrousse un peu sa jupe, puis fait glisser sa culotte sur ses jambes, la saisit, et la lance au Monsieur à lunettes. Une jolie petite culotte rose, taille basse, croquignolette en diable et qui passe de mains en mains.
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Gérard Manvussat profite de l’intermède ainsi offert pour placer un commentaire :
— Eh bien, il semble qu’une tradition est en passe de naître dans ce coquet théâtre de l’Enclume : le lancer de culotte. En sera-t-il de même si des messieurs seraient appelés à se produire sur cette scène ? Verrons-nous ces dames réclamer à grands cris des lancers de slips ? On n’ose imaginer la gêne d’une Serge Bouviol, invité à se plier à cette tradition !
Puis il raconte ce qu’il voit :
— Chers auditeurs, il faut bien vous dire que le passage de culotte risque de prendre un moment. Entre ceux qui la sentent, ceux qui l’embrassent à l’endroit réputé stratégique, et ceux qui miment une masturbation avec l’objet du désir… Même les quelques dames présentes semblent afficher un intérêt certain pour la chose. Dame, ce n’est pas tous les jours qu’on peut avoir entre ses mains une culotte de Stéphanie Lapechatt, la princesse de la zoophilie.
Gérard marque un temps d’arrêt :
— Ah ! Je vois qu’on vient de rendre la culotte à Stéphanie. Et le monsieur qui le lui a remis, placé juste au- dessous d’elle, a dû avoir une vue imprenable sur son entrejambe ! Mais rendons la parole à Stéphanie !
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Justement, la voilà qui brandit la culotte. Elle semble s’amuser beaucoup :
— Alors ? Qui aura ma culotte ? Ma petite culotte ?
Et, imitant le geste du discobole, elle la lance dans le public. Mais pas de suspense, cette fois, car la culotte atterrit directement sur les genoux d’un spectateur du deuxième rang. Ravi, celui-ci la brandit, un sourire radieux aux lèvres.
Stéphanie s’adresse à lui :
— Eh bien, un joli trophée à ramener à la maison, n’est-ce-pas ?
Le spectacle se termine. Comme pour remercier Stéphanie,, le public entonne une chanson :
Stéphanie n’a plus de culotte
Son Ouragan, ça le botte,
Il peut mater son minou,
Son minou qui le rend fou !
Elle est émue. Alors, elle se croit obligée de leur faire cette confidence :
— Mes amis, le saviez-vous ? J’ai reçu une invitation du prince Rupert et de la princesse Caroline, de la principauté de Macani. Ils veulent savoir à quoi ressemble une princesse de la zoophilie. Ouragan est évidemment invité !
Les applaudissements crépitent, puis les spectateurs quittent la salle. Et tandis que le rideau se referme, Stéphanie repasse la porte. Olivier est là, qui l’accueille, souriant :
— Bravo ! Vous étiez magnifique, Stéphanie ! Et je vous ai sentie solide comme un rocher !
Son regard se pose sur la lisière de sa minijupe :
— Et vous n’avez plus de culotte…
— Coquin ! Et ça vous donne des idées, n’est-ce-pas ?
Elle lui sourit. Puis, sur un ton léger et provocant :
— Je vous autorise à vérifier, Olivier… je vous dois bien ça.
La main d’Olivier se faufile sous la minijupe de Stéphanie, flattant les deux globes soyeux. L’opération dure une poignée de secondes. Puis, reprenant une attitude digne :
— Au revoir, Stéphanie. À une prochaine fois, peut-être ?
— Nous verrons bien… Au revoir, Olivier !
Fin de la deuxième représentation. Pour la suivante, vous devrez patienter. Il faut que ça cogite, là-dedans !