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On a aussi le droit de baiser quand on est gros et moche – Chapitre 3




Quand je le pouvais, je partais voir mes parents. Je ne le faisais pas tous les weekends car le train ça coute cher mais dès que je le pouvais je retournais les voir. Ma mère avait peur que Tonton jacques ne me donne de mauvaises habitudes et je l’ai vite rassuré. Au début, je pensais que personne ne savait pour les photos de charme et j’ai vite compris que Papa le savait. Jacques, son petit frère, lui en avait parlé. Quand on s’est compris sur ce sujet, en plus des filles et du cul en général, une nouvelle complicité était née entre nous. Parfois Maman nous voyait discuter, Ce qu’elle prenait pour une discussion père fils, et elle n’intervenait pas.

Au niveau de mes études, ça se passait super bien. Je sortais d’un stage dans une succursale parisienne d’une grande banque d’affaire américaine et j’y ai plus appris sur le monde de la finance et sur ce qu’il s’y passait vraiment que durant toutes mes années de cours. Eux aussi avaient été contents de moi. Mon maître de stage m’avait même écrit une lettre de recommandation et quand je serais diplômé, il était prêt à me prendre à l’essai puis à m’embaucher. Que demander de plus. En attendant d’avoir un boulot fixe et un appartement rien qu’à moi, j’allais pouvoir rester chez tonton. Et heureusement que j’étais là parce qu’une surprise n’allait pas tarder à arriver.

C’est arrivé un matin où je n’avais pas cours. Je m’étais dit « je vais me faire une matinée tranquille, réviser un peu, . » mais durant mon petit-déj, j’ai entendu comme des pleurs après avoir entendu la sonnette de la porte d’entrée. C’est en ouvrant la porte que j’ai découvert un bébé dans son couffin avec un sac à côté. D’abord sous le choc de la surprise j’ai vu une lettre qui dépassait d’une des poches du sac. C’est en commençant à la lire que j’ai compris : « Très cher Jacques, voici le fruit de nos amours. C’est ton fils, il s’appelle Adrien, .. ».

Alors comme ça, j’étais en face de mon petit cousin . Agé à peine de six mois. Je suis resté accroupi durant plusieurs minutes à lui faire des « mais t’es mignon tout plein toi » ou encore des « gouzis-gouzis » quand j’ai entendu Jacques sortir de sa chambre.

— Bon sang mais tu fais quoi à genou, la porte ouverte ?

— Figure-toi qu’un colis est arrivé pour toi.

— Un colis ? Le facteur est déjà passé ?

— Le facteur, j’en sais rien mais la cigogne par contre ..

— C’est quoi cette histoire de .. Bon sang, mais c’est quoi ce bordel ? dit-il en m’ayant rejoint

— Bah tu le vois bien. C’est un bébé.

— Mais qu’est-ce qu’il fout ici ce moutard ?

— J’en sais rien mais y a une lettre qui t’es adressé.

J’ai fait rentrer le couffin et le sac et Jacques a lu la lettre. Après sa lecture, je le voyais se tenir la tête et tirer une tronche de deux kilomètres de long. Visiblement il avait couché avec la mère, une de ses modèles. Elle était en grande difficulté à l’époque et trainait souvent avec des voyous. D’après ce qu’il m’a dit, dans sa lettre, la mère disait avoir fait une bêtise qui allait lui valoir quelques années de prison. Elle a demandé à une de ses amies de déposer le bébé chez Jacques. Elle préférait le savoir ici, chez son père, plutôt que confié par la DDASS à dieu sait qui, dieu sait où. Ainsi elle saurait où le retrouver

— Bon alors tu vas faire quoi ?

— Appeler les services sociaux.

— Hein ? mais t’es con ? C’est justement ce que sa mère voulait éviter.

— Ah oui ? Mais moi je ne sais pas m’occuper d’un gamin.

— Bah tu vas apprendre.

— Et puis j’ai un boulot, une vie, Et puis d’abord qui me prouve que ce gosse est de moi ?

— Bah déjà il te ressemble. Ça se voit, c’est flagrant.

— Ça ne veut rien dire.

— OK alors il y a aussi ses coudes.

— Quoi ses coudes ?

— T’es pas au courant de cette petite déformation congénitale des membres de la famille ? Papa m’a dit que l’excroissance qu’on a tous au niveau des coudes nous venait de sa grand-mère donc la tienne.

— Et ?

— Regarde, je l’ai, je me souviens que papy l’avait, papa l’a et toi aussi. Et maintenant regarde le petit Oh miracle ! il l’a aussi. Alors à moins que tu ne me dises que Papa soit venu coucher avec la même femme que toi. C’est ton fils.

— PFFFF ! . Et merde.

— Je sais que ça va te chambouler mais il va bien falloir assumer tes actes mon grand.

— Mais comment je vais faire moi ?

— Tu vas te démerder, comme les autres parents. Tu vas fermer ta boutique temporairement pour urgence familiale ou vacances et si tu veux je t’aiderai. J’y pense, tu peux appeler mes parents ? Ils vont surement pouvoir t’aider ?

— Pour que ta mère se foute encore plus de ma gueule ? Hors de question. Je préfère . Bon sang mais c’est quoi qui shlingue comme ça ?

— D’après toi ? Est-ce que les mots « changer une couche » te disent quelque chose ? Tiens regarde, sa mère en a mis dans le sac. Ya même des biberons et oh bah tiens, elle t’as même fait ce qui ressemble à un mode d’emploi.

— File moi ça.

— Tu vas te lancer alors ?

— Bah va bien falloir. Bon je prends tout et j’y vais Et je t’interdis de te marrer.

Je voyais ainsi Jacques emporter le petit dans la salle de bain. De mon côté, je ne pouvais retenir ce rictus nerveux. En même temps je lui avais dit que ça lui pendait au nez. Il était en train d’expérimenter ce que trois hommes célibataire allaient vivre dans un film à succès qui allait sortir l’année suivante au cinéma, celui avec un couffin déposé sur le pas de la porte. Nous étions au début des années quatre-vingt et malheureusement pour jacques, les tests de paternité étaient une invention récente et pas encore accessibles en France, ou alors encore plus difficilement qu’aujourd’hui. Jacques s’était résigné.

J’avais prévu de réviser un peu mes cours mais j’avais du mal à me concentrer, pensant à ce qu’il se passait dans la salle de bain. J’y ai définitivement renoncé quand j’ai été pris d’un fou rire. A peine quelques minutes après être entré dans la salle de bain, j’ai entendu Jacques gueuler « Oh non mais ce n’est pas vrai ! Ce p’tit con m’a pissé dessus, Mais viens plutôt m’aider, toi, au lieu de te marrer comme une baleine ». Là c’était fini pour mon quart d’heure studieux. Je suis allé le rejoindre et . Mon dieu c’était un carnage. La couche sale était par terre et Jacques était trempé. On a quand même compris comment faire et le petit était enfin au sec.

Jacques faisait le difficile apprentissage de la paternité et c’était trop comique. Je n’ai pas pu résister à l’envie d’apprendre la nouvelle à mon père si bien que le Weekend suivant, mes parents se sont pointés et mon père, tout sourire avec un nounours dans les mains, lui a dit « Salut je viens voir mon neveu ». C’est le samedi, un peu avant midi que mes parents sont arrivés. Jacques n’y était pas préparé et quand il m’a demandé pourquoi je les avais avertis je lui ai répondu que je n’ai pas pu y résister et que de toute façon ça aurait fini par se savoir.

Curieusement, cette visite a fini par améliorer les rapports entre ma mère et tonton. Le voyant se débrouiller comme il pouvait, elle lui a donné des cours et des petites astuces. Enfin ! Jacques allait se responsabiliser et si le côté St Bernard de ma mère pouvait l’y aider, tant mieux. En fait c’est surtout pour le petit qu’elle l’avait fait après avoir appris que la mère l’avait fait déposer ici, elle avait peur pour le petit, voyant comment se débrouillait son beau-frère ..

Tant bien que mal, Jacques a fini par s’y faire et se débrouiller. Il n’a jamais voulu le dire mais il a fini par s’y attacher à ce petit bout. Lui qui jouait les gros durs, je l’ai un jour surpris à donner le petit pot en faisant « l’avion qui rentre au hangar » avec la cuillère et une voix toute mielleuse. Quand il s’est rendu compte que j’avais tout vu, il a changé de ton « Alors tu vas finir de manger oui ? ». Je n’étais pas dupe et il a bien fini par m’avouer que, finalement, il s’y était attaché.

Il s’y était attaché mais pas seulement pour les raisons que l’on croit. Ok, le petit Adrien était adorable avec sa petite bouille mais pour tonton c’était surtout un formidable aimant à gonzesse. Quand il le sortait au parc en poussette c’était rare de croiser un homme le faire et ça attirait toutes les dames du coin qui commençait à faire des mamours au gamin, attiré par ce père célibataire et sa poussette. Et c’est seulement ensuite que certaines d’entre elles questionnait tonton. Pour les attendrir, il racontait l’histoire du petit en enjolivant les choses à son avantage et n’hésitait pas à draguer et à préciser qu’il cherchait une nounou. C’est comme ça qu’un jour, en rentrant de mes cours, j’ai vu le petit dans son parc. Je me suis dirigé vers ma chambre et là j’ai entendu des « Oh oui Jacques, encore, t’arrête pas » provenant de la chambre de Tonton. « Oh le sagouin ! » me suis-je exprimé. J’ai déposé mes affaires dans ma chambre et je suis retourné voir le petit pour jouer avec lui. Ce n’est que plus tard que j’ai vu une femme de vingt-cinq ans environs sortir de la chambre en me disant bonjour suivi de près par Jacques qui terminait de se rhabiller, qui me disait « Ah ! Tiens t’es là ? ». Il la raccompagna et, tout penaud, me regarda comme un gamin s’étant fait pincé après une bêtise.

— Quoi ? Elle postulait pour être nounou. Il m’en faut une pour garder le petit durant la journée.

— Et c’est comme ça que se passe les entretiens d’embauche chez toi ?

— C’est elle qui m’a allumée. A la fin de notre entrevue, elle m’a clairement fait comprendre que, si je voulais, elle était prête à s’occuper du papa autant que du fils, moyennant finance bien sûr.

— Tu fais ce que tu veux mais tout ce que tu vas gagner c’est lui faire un petit frère.

— Aucun risque. J’ai tout fait dans la sortie de secours . Attend tu ne vas pas me reprocher d’avoir pris du bon temps non ? Tu sais depuis quand je n’ai pas tiré un coup ? Depuis que j’ai arrêté les photos de cul. Depuis que le petit est là. T’as vu mon physique ? Ces photos c’était ma seule opportunité de pouvoir coucher alors .

— Ecoute c’est ta vie. Je ne te reproche rien, on est un peu pareil physiquement et je te comprends mais fais gaffe quand même.

C’est vrai que, lui comme moi, on n’avait pas des physiques de séducteur à la « What else ». Pour nous, toute opportunité était bonne à prendre. Moi-même je n’ai pas fait grand-chose depuis l’actrice porno. Il y a eu une des modèles, peu de temps avant l’arrivée du petit . Ah si, il y a eu cette étudiante qui avait un besoin urgent de ses photos qu’elle avait déposé à développer. Elle n’avait pas assez d’argent et m’a proposé de payer autrement si j’étais d’accord. C’est avec un sourire coquin qu’elle a contourné le comptoir pour me rejoindre et elle s’est mise à genou devant moi. Elle m’a taillé une des meilleures pipes que j’ai pu avoir. Pour la petite anecdote, alors qu’elle était déjà bien occupée, des clients sont entrés : un père et son fils venu acheter un appareil photo bon marché pour le gamin qui allait partir en voyage scolaire. La cliente était sous le comptoir et continuait son affaire pendant que je parlais avec ceux qui venaient d’entrer. Le père me demanda si j’allais bien parce que je semblais changer de couleur (rien d’étonnant vu ce qu’il se passait au niveau de ma ceinture). Je réalisais que j’allais devoir me déplacer jusqu’à la vitrine mais que je ne pouvais le faire avec le pantalon sur les chevilles et une érection. J’ai fait trainer les choses et, quand j’ai jouis dans la bouche de la cliente, j’ai simulé une quinte de toux. Il a ensuite fallu que je trouve une excuse pour remettre mon futal. J’ai alors fait tombé le pot de crayon ce qui m’a permis de me baisser. La cliente m’aida à récupérer les crayons avec un sourire amusé, comprenant la situation délicate dans laquelle j’étais. J’ai ensuite pu me déplacer pour montrer les modèles que nous proposions. Ce n’est que quand ils sont partis que ma cliente est ressortie et qu’elle a pu repartir. Depuis cet épisode, plus rien, « c’est le Manu-militari » comme dit Papa.

La vie a repris, tonton bossait à sa boutique, il offrait des heures sup à la nounou à grand coup de boutoir, quant à moi, je l’aidais de temps en temps que ce soit avec Adrien ou à la boutique mais de moins en moins. L’examen final de ma formation approchait et il me fallait réviser . Bon OK, vu mes notes, je n’en avais pas vraiment besoin. J’étais plutôt en concurrence avec deux autres étudiants pour devenir major de promo. Malheureusement, quand les résultats sont tombés, je suis arrivé second à trois centièmes de points prêt, merde ! Dès que j’ai eu mon diplôme officiel, j’ai recontacté mon maitre de stage. Le temps que j’obtienne un rendez-vous et qu’une procédure d’embauche se déclenche, Jacques m’a aidé pour que je sois présentable et mettre toute les chances de mon côté en cachant quelques imperfections cutanées que j’avais avec du maquillage qu’il utilisait avant pour les photos de cul. Connaissant déjà les lieux et ce que l’on allait me demander de faire, je n’étais pas inquiet et je savais déjà quoi répondre.

Le jour de mon rendez-vous était arrivé. J’ai mis mon costard, jacques m’a fait un petit raccord maquillage et quand je me suis regardé dans le miroir, pour donner une comparaison plus actuelle, je ressemblais, en plus potelé, à cet acteur anglais : Mark Addy, dans son rôle de père de famille, vendeur en sanitaire dans une série dont j’ai oublié le nom. Juste pour info et pour ceux qui ne voient pas qui c’est, il a aussi joué le petit gros dans ce film avec les ouvriers qui montent un spectacle de chippendale du pauvre et il a également joué dans la série du trône de fer où il jouait le rôle du roi dans la première saison, pour ceux que ça intéressent.

J’ai passé plusieurs entretiens sur plusieurs semaines et au final, j’ai été embauché. Tout le monde était là à m’attendre à la sortie. On a fêté ça au restaurant. J’allais commencer dans la vie active avec un bon salaire à cinq chiffres dès le départ (je rappelle que c’était en franc à l’époque). J’allais pouvoir prendre ma vie en main et faire ce que je voulais YEEESSS ! . Oui enfin avant de trouver un logement, j’allais quand même devoir rester chez Jacques mais ça n’avait rien de désagréable.

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