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Le bungalow du cocu heureux – Chapitre 5




Le bungalow du cocu heureux 5.

Curieusement nous redescendons la plage ensemble cette fois. Léo est à lextérieur sur la gauche, côté mer. Il passe son bras droit sur les épaules de Léa, de façon naturelle. Cest sa femme. Je marche entre Léa et Mylène et jimite Léo, jentoure de mon bras droit les épaules de ma femme. Tout est revenu à la normale ou presque, car un lourd silence sest abattu sur notre quatuor. Léo est muet, Mylène fixe un point à lhorizon. Elle rumine une riposte à ma déclaration. Jai pour ma part bien du mal à passer à un autre sujet de conversation. Dailleurs Léa ma fourni de quoi méditer. Ainsi donc ce faux timide de Léo est un mari infidèle qui passe régulièrement dune maîtresse à lautre. Sa femme sest montrée tolérante mais se lasse et va uvrer à le détacher rapidement de ma femme. De ce côté lavenir paraît moins sombre que je ne limaginais. Lécart de conduite de Mylène, prévu avec mon accord, grâce à la vigilance de Léa sera une passade de courte durée. Cette perspective me console un peu. Bien que si Mylène se sent contrariée, elle risque détendre ses relations à dautres prétendants.

Or la stratégie de Léa comporte un appel à concurrence auprès de jeunes loups en mal de conquêtes et portés sur les femmes mariées jeunes, belles et sans risques. Leur mentalité est connue. Mures mais encore très désirables et consommables, ces écervelées en cas de grossesse ne pleureront pas, leur mari cocu assumera les conséquences si la dame infidèle sait lui accorder parfois un rapport entre deux tromperies. Quelques galipettes rondement menées dans le lit conjugal et après tout est possible avec des partenaires plus croustillants pour varier le menu sexuel, goûter aux pines longues, grosses, minces, courtes et épaisses, à toutes les dimensions et à toutes les positions. On peut alors savourer des foutres nouveaux comme on boit le Beaujolais nouveau chaque année pour lui trouver des parfums de fraise, de myrtille ou de banane. On peut encore se livrer à des fantaisies surprenantes aussi inavouables quinattendues, en couple ou en groupe: le leitmotiv étant de changer, de sortir des sentiers battus, des habitudes tue-lamour.

— Ah ! Changer, changer de robe, de sous-vêtements, de chaussures, dhommes, damants, de queues, changer de rythmes, de trous, de manières. Changer !

Les séducteurs avec leurs belles gueules et leurs muscles bodybuildés se foutent pas mal que lamante sorte des bras de son époux, pourvu quelle soit chaude et parfois généreuse. Recevoir en plus de laffection de « la salope », comme ils désigneront leurs proies, un petit cadeau est une source de fierté. Ils organisent des concours pour distinguer les plus méritants, les mieux récompensés. En retour sans le déclarer, entre eux, au moment dexhiber leur butin ils témoignent de peu de considération pour les femmes trop faciles. Jai été jeune comme eux, jen ai côtoyé, je connais leurs agissements. Mylène va se jeter dans la gueule du loup, elle apprendra à les connaître, succombera à leurs charmes, à leurs flatteries, se donnera à eux, devra puiser dans ses réserves dargent pour leur plaire. Dans quinze jours ils passeront à dautres nanas naïves ou en chaleur et elle les oubliera.

Depuis sa rencontre cachée avec Gérard, le maître nageur, ma femme semble heureuse davoir obtenu de moi carte blanche pour la quinzaine à condition toutefois dagir devant moi. Je regrette davoir ouvert le champ des possibilités mais si elle respecte sa part du contrat, je saurai, je verrai et je me sentirai moins cocu que si elle allait se faire posséder en secret sous une tente, culbuter dans un bosquet ou trombiner la chatte dans un coin quelconque à lintérieur du camping ou sur la plage par exemple. Il y aura un bonus : Léo le jaloux pourrait se lasser très vite dune maîtresse volage. Mais celle-ci va prendre des habitudes, bonnes pour notre couple selon elle, et bien mauvaises selon moi. Rien ne garantit ni sa fidélité après ces folles vacances ni des amours déclarés et vécus sous mes yeux si daventure un amant sincruste en cachette ici ou à domicile.

Une petite main se glisse dans ma main gauche. Léa secoue mon bras et rompt le silence :

— Jean, tu rêves debout. Nous sommes arrivés, prends place à table.

Nous sommes à lombre sur une terrasse, la ligne sest refermée autour dune table ronde, les extrémités se sont retrouvées, Léo me fait face. A ma gauche se tient Léa, Mylène est à ma droite entre Léo et moi. Jentends les considérations sur le confort des lieux. Nous commandons, attendons, consommons. Léa sefforce de nourrir la conversation, parle chiffons, mode, maillots de bain. Il faudra que les femmes fassent un tour des boutiques. Mylène entre dans son jeu. Léo est songeur. Moi aussi, je me laisse bercer par le bruit des conversations à dautres tables. Invariablement je repense à la séance interrompue dans le bungalow et à lattitude si complice des deux collègues de travail sur le point de sunir. Ce soiril faudra y passer. Celle qui a résolu de senvoyer en lair avec mon voisin de table était mon épouse, Jai limpression quelle lest moins. Une des deux roues de notre couple se dégonfle petit à petit. Quand elle sera à plat elle ne servira à plus rien. Quand Mylène se sera fait passer dessus par ses petits gars, quand à force de laplatir, de lécraser de leur poids, de la tarauder et de la percer, ils lauront révélée, gavée de foutre mais surtout éreintée, crevée comme un pneu trop usé, comment notre couple pourra-t-il continuer sa route ?

Désormais chaque intromission étrangère, chaque pénétration par un membre supplémentaire lui retirera une part de ce qui en faisait ma femme. Foutue lestime, envolée la confiance, à lagonie le désir pour un corps devenu commun et donc désirable comme une fosse commune : sans attrait, dévalué. Finalement mon fantasme sautodétruira au fur et à mesure que les acteurs de lacte damour deviendront des étrangers. Mylène se livrant à dautres, écartant les cuisses devant dautres, pénétrée par des pieux différents, réceptacle de spermes mélangés, sac à foutre, Mylène détachée de moi pendant sa chasse au sexe, Mylène aura changé, tout changé entre nous, trop changé pour moi. La femme défoncée sera une femelle quelconque, ma propre curiosité naura plus de sens, mon plaisir de la voir prise fera place au dégoût.

Hélas je nai pas analysé assez vite les conséquences de mon fantasme dans le passé, je nai pas réagi hier soir pour empêcher le premier faux-pas. Au lieu dintervenir aussitôt jai voulu voir. Pourquoi avoir laissé à un autre le plaisir dassommer ce salopard de maître-nageur. Jaurais encore pu sauver les apparences. Au contraire jai encouragé dautres aventures ! Pauvre de moi. Tout est foutu. Il est trop tard. Je regarderai la situation se dégrader progressivement, jassisterai aux coïts de Mylène et des amants intérimaires. Tant pis pour notre couple. Léa me ramène sur terre :

— Allons Léo, laisse ma cuisse en paix, mets tes mains sur la table.

Je relève les yeux, regarde mes compagnons. Léa enrage, Léo abat ses mains sur la table, lair désolé, confus. Pourquoi le visage de Mylène est-il cramoisi ? Léo lui aurait tripoté le corps sous la table ? A-t-elle honte davoir été surprise par sa rivale ? Ou serait-elle furieuse de croire que Léo a utilisé ses deux mains pour caresser en même temps le genou, la cuisse ou le sexe de lépouse dun côté et elle de lautre côté, de la même manière au prix dun grand écart peu discret et improbable ? Ou plus probablement a-t-il effleuré un peu lépouse pour accorder impunément plus de caresses appuyées à la femme désirée qui seule sait jusqu’où il a poussé laudace. Et sa rougeur dénoncerait une émotion forte, consécutive à des attouchements osés à labri de la table. Lexclamation de Léa avait-elle pour but de mettre fin à des caresses de son mari sur Mylène uniquement ? Je navais rien remarqué, mais lorsque Léo porte sa main gauche à son nez, tout est clair. Le maladroit corrige le geste en grattant sa lèvre supérieure: il hume au passage dun air distrait, il ne trompe personne. Le sagouin ! Cétait une caresse intime, très intime, trop hardie aux yeux de lépouse jalouse et courroucée.

Ces deux là sont incroyablement impatients. Comme moi Léa subira le spectacle inévitable de leur union, ce soir; mais elle refuse dassister à longueur de journée à une liaison affichée. Sa réaction vive les calme pour le moment, mais ne détend pas latmosphère, sauf à la table voisine où une jeune femme a vraisemblablement suivi le manège et rit ouvertement avant dexpliquer à voix basse, à sa tablée, la raison de son hilarité.

Avant le repas du soir au restaurant du camping en ce dimanche soir où ces dames refusent de cuisiner, Léa a tenu à préparer dans son bungalow la salle des festivités. La table est repoussée dans le coin à gauche de la porte. Les matelas des deux chambres gisent au pied du canapé. Le lupanar, la chambre damour ou le champ de bataille, selon lhumeur de chacun, est prêt. Elle me destine une chaise à droite de la porte, juste avant le couloir étroit de la cuisine et les entrées des chambres et des toilettes. Il est entendu que nous mangerons, danserons un peu pour une dernière mise en condition, dont personnellement je ne vois guère lutilité. Ensuite Léo et Mylène sacrifieront à lamour sous nos yeux.

— Ca va te plaire, mon coquin, ma murmuré Mylène, pleine de bonne volonté et persuadée duvrer pour laccomplissement de mon fantasme. Pour peu elle prétendrait être victime sacrificielle, ne prendre son plaisir que pour men procurer.

Léo a embrassé Léa si habituée à accepter ses écarts. Elle na pas à sinquiéter. Plus lheure approche, plus ils essaient dêtre aimables avec nous, les conjoints invités à suivre leurs ébats. Ils nous souhaitent apaisés, calmes et même heureux de les voir saimer. Ils nont pas loutrecuidance daffirmer que ce sera purement physique. Nous avons été prévenus, ils sont attirés lun vers lautre, ils se désirent depuis des mois. Nous assisterons à la consécration dun amour muet, mais respectueux de notre situation de couples mariés. Jai du mal à entrer dans des considérations aussi alambiquées ou fumeuses. Au bal nous échangeons nos cavalières régulièrement. Mylène colle à Léo. Léa na pas renoncé à son plan et elle réussit à émouvoir mon sexe à force de frotter.

— Eh! Bien, tu nes pas aussi indifférent que tu voudrais paraître. Ce que je sens là pourrait éveiller la jalousie de Léo. As-tu remarqué quil ne lâche pas Mylène ? Elle ne lui échappera pas. Les jeunes ne peuvent pas laborder.

— Jaimerais savoir pourquoi nous ne sommes plus recherchés. Pourrais-tu interroger les copains de Gérard ? Je vais au bar, il y aura bien un garçon décidé à tenter sa chance avec toi.

Jai visé juste. Je bois doucement, je sirote un jus, deux, je vois défiler les candidats, de plus en plus hardis. Ils font rire Léa. Elle rit fort et Léo lobserve. Il nest pas très content, abandonne la piste en traînant Mylène par la main :

— Dis, fais danser ma femme ou la tienne, ces jeunes exagèrent.

Jenlace mon épouse échauffée contre Léo.

— Que tarrive-t-il, tu bandes en dansant. Ca texcite à ce point de savoir que Léo va me baiser ?

Elle ramène tout à elle, à ce quelle souhaite, à la jouissance avec et par Léo.

— Peut-être. Mais je te signale que tu sors brûlante de ses bras pour te coller à moi. Rappelle-toi : je suis ton mari et ton corps ma toujours troublé.

— Que tu es chou, mon amour. Je crois quon devrait rentrer. Léo part avec Léa, suivons-les.

Devant Léa se défend :

— Je nai cherché aucun deux. Jean ma laissée seule, ils sont venus minviter. Je ne suis pas une sauvage. Je nai pas plus serré ces trois cavaliers que toi Mylène.

— Cétait trop. Des fiancés ou des époux se tiennent si près. Une honnête femme se comporte mieux.

Elle sarrête pour me livrer les renseignements obtenus de ses danseurs.

— Gérard va très bien. Dès demain il sera à son poste. Mylène réjouis-toi, tu le reverras.

— Mais je suis là. Elle na pas besoin de lui, réplique Léo.

Il fait comme si je nexistais pas. Il se sent investi de la mission de protéger Mylène qui a la gentillesse de préciser :

— Et jai aussi un mari.

Léa ne se démonte pas et annonce avec joie :

— Mais oui, ma chérie. Pourtant jai cru bon dinviter trois garçons en renfort pour le cas où Léo et Jean ne réussiraient pas à calmer ta fringale de sexe cette nuit.

— Tu es folle Léa. Mylène naura besoin ni de son mari ni de tes zigotos. Tu minsultes ! De laide ? Depuis quand ai-je besoin daide pour faire le bonheur dune femme ? Mylène sera comblée comme jamais, foi de Léo.

Je ne relève pas, cherche-t-il à me dénigrer ou se laisse-t-il emporter par son envie déblouir celle qui va se livrer ? Les comparaisons viendront plus tard, jai bonne opinion de moi. Il lui reste à produire ses preuves.

— Ils viennent quand tes renforts ?

— Regarde derrière nous. Ils arrivent au fond de lallée.

Nous pénétrons dans le sanctuaire. Léo prétend fumer une cigarette parce que Léa la énervé. Jentends des voix, une discussion animée. Je sors.

— Ils navaient pas de préservatifs. Je leur ai expliqué que chez nous on ne baise pas sans protection. Ils ont râlé et reviendront demain soir. Dici là nous aurons le temps de voir venir. Jai bien fait, non ? Mais dans quel monde vivons-nous ?

Je me pose la même question pour une autre raison. Ce con va baiser ma femme incessamment ! Devant moi, et ça lui semble normal.

Chaque participant a déposé ses chaussures à lentrée. Léa reste debout au milieu des matelas. Je méclipse dans mon coin, sur ma chaise. Encore vêtus les deux amoureux se font face. Mylène me fait un signe amical de la main puis tend ses lèvres à Léo. Cette fois cest parti. Le sort en est jeté.

À suivre …

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