Nous avions convenu pour cette première rencontre qu’elle s’immisce dans mon appartement d’où aucune lumière ne viendrait troubler les pudeurs. Dans l’obscurité de mon salon, seulement éclairé des faibles lumières lointaines de la rue, elle se présente avec un ton joyeux, qui dissimule mal l’appréhension très naturelle qu’elle a de cet instant. Imaginez ! Avoir l’audace de se glisser chez un parfait inconnu, qui, grâce aux heures de discussion virtuelle, l’avait convaincue d’opter pour l’aventure suprême plutôt que pour la banalité d’une rencontre autour d’un café dévoilant les mystères, atténuant l’excitation de l’inconnu, étouffant la surprise des instants non convenus. Tous deux en quête d’intensité maîtrisée, nous avions décidé qu’il ne se passerait rien autre qu’une rencontre, que le jeu était déjà suffisamment original pour ne pas le consommer de suite. D’aucuns diraient que nous tenions là une promesse de banquier, tant la nuit offre un érotisme qui se suffit à elle même.

Et en effet, après quelques banalités d’usage, de réconfort mutuel sur nos intentions non belliqueuses, nous glissons lentement vers une conversation plus ambiguë.

Ses rires dissimulent une nervosité palpable et ses retours fréquents au verre de vin que je lui ai proposés soulignent son intérêt pour la situation. Nous évoquons nos expériences de libertins, les heureuses comme malheureuses, l’ambiance s’allège et se teinte d’une légèreté évidente. Puis, à un moment, sans réfléchir, et bien que contraire à nos principes, je lui ordonne, au cur de la conversation et sans transition aucune, de se dénuder.

Elle s’exécute aussitôt, s’amusant visiblement de cette contradiction. Elle ôte son chemisier pour révéler plus de peau, qu’elle offre comme un défi à mes caresses pour l’instant retenues…

Je suis surpris par le geste, heureux de découvrir une poitrine sublime et interrogative sur le sens de son action… me retenir de tous les fondamentaux de ma libido est une joie sans nom, elle me tente, je me contrôle, je la tente, elle se contrôle…

Notre jeu est divin. Je sais que la tentation brûle nos principes, je vois qu’elle en joue, en adoptant une posture bien connue qui semble me dire: "Je veux et ne veux pas… Que fais-tu avec ça… bonhomme ?"…

Ne pas tout lui donner de suite devient mon objectif, mais je connais mes faiblesses: si elle l’alimente, je n’aurais que peu de capacités à retenir mes élans…

Je déteste contredire mes principes et les dires, elle fait tout pour les faire vaciller…

Le combat contre moi-même, contre l’appel de la peau et contre les milliers de directions possibles me procure un plaisir très puissant.

Cette femme dégage un quelque chose que je ne veux pas connaître de suite… mais je connais ma damnation face aux élégances féminines, point de salut devant l’évidence de la peau. La sienne est douce avec une odeur à laquelle je ne peux résister, la paume de sa main est chaude et parcourt mon corps jusqu’à l’irrésistible…

Je lui demande alors de se lever de notre entremêlement et l’amène à la porte de mon placard pour plaquer son corps contre…

Embrasser sa nuque, respirer le fumet délicat qui s’en dégage, sentir sa poitrine contre mon torse, saisir sa chevelure en délicatesse et me retenir de la saisir plus fortement, sentir ses réactions, percevoir son positionnement dans l’imperceptible m’évoque une poésie de la relation à laquelle j’aspire…

Le retrait de son soutien-gorge révèle une poitrine sublime que je ne veux butiner de suite…

Démons et pulsions assaillent mon être… puis je la bascule à nouveau vers mon canapé. J’ai envie de déguster son corps, de le parcourir de ma langue, de mes lèvres, de mon souffle…

Le retrait de sa robe laisse découvrir un porte-jarretelles, des bas et des jambes aux dessins remarquables…

Cette offrande affole mes sens et perturbe ma raison…

Que souhaite-t-elle signifier par cet attribut ? Le oui et le non unis dans une même proposition ? Cette éventualité souligne et confirme la rareté de la personne que j’ai en face de moi, sous mes mains et bientôt sous ma langue…

La complicité faisant bien les choses, elle est sensuelle de l’épine dorsale et je m’y plonge avec délectation… je regrette de ne pouvoir résister à caresser son entrejambe, signe de l’inéluctable, je brûle de l’intérieur, ma maîtrise en est affectée…

Je lui en veux de me tenter à ce point, de jouer sur le fil de nos résistances qui ne sont que des aveux de nos désirs naissants.

Mais j’admire comment elle baisse la garde sans jamais vraiment l’avoir levée. Les pulsions qui m’animent éveillent mon animalité ; je saisis sa chevelure et incline sa nuque pour que j’y glisse une respiration puis un mordillement, signe de ma retenue devant la brutale envie de dévoration que j’ai pour son corps en entier. Je l’agenouille à présent et la guide en saisissant délicatement sa chevelure vers une position plus confortable. Assise désormais sur mon canapé, je provoque sa pudeur en écartant ses jambes pour qu’elle m’expose son intimité. Le sourire qui se dessine sur ses lèvres me donne l’autorisation implicite pour ôter son sous-vêtement, enlevé avec la lenteur d’un supplice.

La dégustation de son sexe, si doux, si humide et si offert provoque en moi des émotions incommensurables… me voilà à la merci de son plaisir et la merci du mien, me voilà soumis à nos faiblesses et je prends plaisir à lui faire adopter des positions indécentes…

J’aime la voir écarter ses jambes avec si peu de retenue, la voir contredire les principes que nous avions énoncés. La victoire et la défaite, la perte et le gain, le oui et le non me sont donnés à travers l’offrande de son sexe au goût délicat, aux lèvres que je devine de la langue, au clitoris que j’aspire… À cet instant, je sais que ma raison est partie faire un tour, lasse de ne pas être entendue… je m’abandonne à cette chatte, je me soumets à son appel, je jouis des petits cris et gémissements que cette femme commence à émettre… leur sonorité est un enchantement, la plus belle musique qui vient récompenser le gynolatre que je suis. Mes doigts en elle provoquent tressaillements et contorsions de son fessier, signe d’un abandon manifeste de nos chastes intentions …

Je sais que nous avons perdu, que nous allons tout droit vers l’inéluctable de la pénétration.

J’aurais aimé qu’elle me dise de cesser…

Elle ne le fait point… et me demande à son tour de me lever. Sa bouche généreuse accueille à son tour mon sexe. Elle le suce avec avidité, provoquant en moi des ondes infinies de plaisirs….. J’aime déjà la voir lubrique, presque chienne…

J’aime l’entrapercevoir allant et venant sur mon sexe, me donnant en retour le plaisir que je lui ai donné…

Je ne souhaite aller plus loin, je nous hais d’y succomber…

La renverser sur mon fauteuil est le point d’orgue, je ne veux pas la pénétrer, je le fais quand même… mon sexe s’enfonce en elle et provoque un gémissement aux tonalités extatiques. Elle est sublime, femme jusqu’au bout de son plaisir, indécente et audacieuse, frivole et impudique… maintenant, je sais où je peux la conduire, je sais qu’elle me suivra dans mes vices les plus cachés, ceux que les mots des discussions virtuelles n’auraient jamais mieux exprimés que cette première entrevue. Aurais-je trouvé une personne à la hauteur de mon aspiration pour développer une complicité hors normes ? Serait-ce celle qui consentira à jouer avec moi une partition à la fois cérébrale, sensuelle et sexuelle dans une union rare, précieuse, sublime…

Après avoir longuement joui de mes assauts, elle me demande de venir dans sa bouche, inondant au passage son visage de ma semence qu’elle garde un instant avant de l’avaler goutte à goutte, son regard tendu vers ma contemplation.

Nous nous glissons enfin dans le silence, le souffle court, caressant nos corps, appréciant les instants suivants cette magnifique indiscipline. Puis, sans prévenir, elle se rhabille, un sourire amusé aux lèvres, et à l’instant de franchir le pas de ma porte, glisse un "à très bientôt" qui suffit à faire jaillir des milliers d’images des situations dans laquelle je vais l’emmener par la suite.

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