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II – Plaisirs coupables – Chapitre 7




En ce beau dimanche qui s’annonce presque estival, Florian et Jenny sont sur la route pour se rendre chez les parents de cette dernière.

Si, la fois précédente, c’est Florian qui était stressé, aujourd’hui, c’est au tour de Jenny d’être quelque peu tendue. C’est sa belle-sur qui l’inquiète, car elle ne peut pas s’empêcher de se demander ce que la rouquine va encore inventer pour se rendre intéressante.

— Ça va, chérie ? demande Florian qui ressent l’angoisse de sa petite amie.

— Oui oui, ça va, répond-elle du bout des lèvres.

Il ricane.

— C’est toujours Typhaine qui te préoccupe ?

Jenny reste silencieuse.

— Bébé ?

Elle tourne le visage vers lui.

— Tout va bien se passer, détends-toi, d’accord ?

Elle esquisse un sourire et Florian lui envoie un baiser avec ses lèvres.

Ils finissent par arriver dans la luxueuse propriété familiale et Florian ne peut s’empêcher, une nouvelle fois, de manifester son émerveillement par un long sifflement. Ils se garent à l’ombre d’un grand carport, aux côtés de la voiture de Fred et Typhaine, déjà présents.

L’accueil qui leur est réservé est très cordial, hormis peut-être celui de Jean-Pierre Dutellier. Le patriarche garde une certaine retenue, comme à son habitude, contrairement à Hélène, la mère, qui ne se gêne pas pour aller saluer le couple avec une joie non dissimulée.

— Aaaaah, les enfants, ça fait très plaisir de vous voir enfin ensemble ! s’écrie-t-elle d’un air enjoué.

Elle va étreindre sa fille chaudement avant de se tourner vers Florian pour lui faire une bise appuyée.

— Enchanté de vous revoir, madame.

— Appelle-moi Hélène, tu fais partie de la famille à présent !

— Et bien d’accord Hélène, merci pour votre invitation !

— C’est tout naturel ! Nous avions hâte de vous avoir à manger ici.

— Désolé de ne pas être venu avant mais nous avions beaucoup de travail.

— Je comprends parfaitement, ne t’en fais pas.

Elle s’approche un peu plus de Florian.

— Je compte sur toi pour nous amener Jenny un peu plus souvent, maintenant, lui chuchote-t-elle.

— J’ai entendu, maman ! dit cette dernière, un petit sourire aux lèvres.

Fred et Typhaine les saluent à leur tour et il s’avère que la rouquine ne paraît pas être dans le même état d’esprit que l’autre fois. Elle semble plus calme et moins encline à partir dans la provocation, du moins pour le moment.

 

Toute la petite famille déjeune sur une terrasse abritée par deux immenses stores. Le repas se déroule dans la bonne humeur et si lors de sa première venue ici, Florian s’était fait bombarder de question le plus souvent en rapport avec le travail, c’est à présent sa vie qui est au centre des discussions. Sa famille, ses loisirs, ses passions, tout y passe.

À plusieurs reprises, Jenny vole au secours de son petit ami quand elle sent que les questions de sa mère commencent à devenir un peu trop insistantes, ce qui est le cas lorsqu’elle évoque le futur du jeune couple. Jenny botte en touche en brandissant la carte du « rien ne presse » pour couper court à ces interrogations indiscrètes.

Elle qui est si impudique lorsqu’ils sont tous les deux devient bien plus réservée lorsqu’ils ne sont pas seuls. Elle évite les gestes de tendresses et se comporte avec Florian comme si c’était un simple ami. Il ne se formalise pas pour autant, elle l’avait prévenu qu’elle préférait s’abstenir de ce genre de choses en présence des membres de sa famille. Elle n’est, de toute manière, pas fan des effusions de ce style en public, peu importe qu’elle soit, ou pas, avec des inconnus.

À contrario, Fred n’est pas avare de gestes d’affection envers Typhaine qui reste toujours très calme depuis le début du repas, ce qui a le don d’intriguer Florian. Elle ne s’occupe pas de lui alors que la dernière fois, elle s’était fait un malin plaisir de le titiller sans cesse. Elle semble pensive, comme si elle était ailleurs.

Le repas quasiment terminé, c’est Ludivine qui accapare la grande majorité de l’attention, comme d’habitude lorsqu’elle est là. Il faut dire que la petite fille a pris beaucoup des traits de sa sublime mère et plus elle grandit, plus elle lui ressemble. Elle a aussi une peau pâle, quoique moins que sa génitrice, de jolis reflets auburn parcourent sa fine chevelure et ses grands yeux en amande couleur brun-noir rendent son regard très expressif. Une mini-Typhaine qui, plus tard, fera sans nul doute se décrocher plus d’une mâchoire.

Jenny adore Ludivine, la réciproque étant tout aussi vraie et Florian ne peut s’empêcher de les regarder jouer ensemble avec un petit sourire aux lèvres. À voir sa petite amie s’occuper de sa nièce en y prenant autant de plaisir, il se dit qu’elle aurait fait une excellente mère si elle avait choisi de garder leur bébé.

Ils n’ont jamais reparlé de ça depuis cette fameuse journée où leur relation a réellement commencé, Florian ne veut pas la mettre mal à l’aise et Jenny n’a pas non plus envie de remuer le couteau dans la plaie. Après tout, ils sont heureux et cet événement ne plombe pas leur relation donc à quoi bon revenir sur cet épisode difficile ? Pour Florian, Jenny a ce qu’il faut en elle pour être mère et le jour où ils l’auront décidé tous les deux, elle le sera, sans l’ombre d’un doute.

Forcément, voir Jenny aussi à l’aise avec Ludivine finit fatalement par faire dévier les discussions autour de sa potentielle future maternité.

— Ma chérie, il va falloir que tu penses à avoir un enfant, tu sais ! lui dit sa mère.

— Holà, maman, ne recommence pas avec ça s’il te plaît !

— Tu viens d’entrer dans la trentaine et le temps passe vite.

— Comme tu dis, je viens d’y entrer et je ne suis pas encore grabataire. Si toutefois je décidais de faire un enfant, ce qui n’est déjà pas acquis, je pense avoir encore quelques années devant moi pour le faire.

— Et toi Florian, tu n’as pas hâte d’être père ?

— Pour être franc, je n’y ai jamais vraiment pensé. Comme le dit Jenny, on verra plus tard, on a encore un peu de temps pour se décider.

Jenny jette un rapide coup d’il à son petit ami avant d’esquisser un sourire.

— Il va bien falloir que tu mettes la main à la pâte pour assurer la pérennité de la famille Dutellier ! lance Fred à sa sur.

— Tu t’en es déjà chargé avec Ludivine, je te signale.

— Ben techniquement, non, pas vraiment. Plus tard, elle se mariera sûrement et portera le nom de son mari donc il faut que tu fasses un garçon !

— Puisque tu veux partir sur ce terrain-là, les enfants que je pourrais faire auront le nom de leur père, pas le mien. Donc c’est à toi de faire un garçon.

— C’est pas faux. Mais de toute manière, c’est prévu, pas vrai mon amour ? lance-t-il à sa femme.

Cette dernière tourne légèrement la tête en direction de la discussion, les yeux bien planqués derrière ses lunettes de soleil.

— Oui oui, chéri. Mais on avait dit qu’on voulait attendre que la petite soit un peu plus grande pour ça, tu te souviens ?

— Ludivine a deux ans et demi, c’est mieux quand les enfants n’ont pas trop d’années d’écart entre eux, avance Hélène, Frédéric et Jennifer ont trois ans de différence et je pense que c’est l’idéal !

Elle sourit poliment à sa belle-mère sans lui répondre.

— On va parler de ça à tête reposée, n’est-ce pas ? demande Fred à Typhaine en lui posant la main sur l’épaule.

— Oui, bien sûr mon chéri, lui répond-elle sobrement en recouvrant la main de son mari avec la sienne.

Il se penche pour embrasser tendrement sa femme.

L’attitude de Typhaine continue de chiffonner Florian et alors que Fred et sa mère rejoignent Jenny pour s’occuper de la petite, il se décale d’une chaise pour se mettre en face de la rouquine qui ne le regarde pas.

— C’est impressionnant à quel point Ludivine grandit vite, lance-t-il.

Typhaine tourne la tête vers lui et semble étonnée par l’attention qu’il lui porte soudainement. Après sa petite visite de courtoisie à son bureau où il lui a clairement fait comprendre qu’il fallait qu’elle ne s’occupe plus ni de lui, ni de Jenny, elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui adresse la parole de son propre chef.

Bien sûr, Florian lui en veut toujours de ce qu’elle a fait, surtout à Jenny, mais il se dit que ça ne sert pas forcément à grand-chose de continuer à l’ignorer comme si c’était une pestiférée. Aujourd’hui, il est heureux avec sa petite amie et il ne voit pas vraiment ce que Typhaine pourrait faire pour leur nuire.

Après que son étonnement se soit dissipé, elle sourit et se tourne plus franchement vers lui en relevant ses lunettes sur sa tête.

— Oui, ça va vite en effet, j’ai l’impression d’avoir accouché hier !

— Elle est vraiment très belle en tout cas, vous pouvez dire que vous ne l’avez pas loupée !

— Oh merci, c’est très gentil ! répond Typhaine en lui décochant un de ses magnifiques sourires dont elle a le secret.

À ce moment-là, Florian ne peut s’empêcher de se dire, à nouveau, que Typhaine est vraiment une très, très belle femme. Ils ont beau être lointains, mais les souvenirs des moments charnels qu’il a partagés avec elle sont encore bien vivaces et ne manquent pas de le faire frissonner.

— C’est bien que vous soyez ensemble, avec Jenny, ajoute-t-elle après quelques secondes de silence.

— Oui, en effet, je pense que c’est une très bonne chose, répond-il en tournant son regard vers sa belle, toujours occupée avec Ludivine.

— Tu as reçu le petit mail que je t’ai envoyé à ce propos ?

— Oui, je l’ai bien reçu.

— Je m’attendais à une réponse, disons… piquante.

Florian ricane.

— Je me suis dit que la petite visite que je t’avais rendue à ton bureau était bien suffisante, inutile d’en rajouter.

— Aaaaah oui, cette fameuse visite, lâche Typhaine en regardant dans le vague.

— J’espère que ce soir-là, Fred en aura bien profité.

Elle ne lui répond pas mais envoie son regard valser dans le sien. Si, jusqu’à maintenant, Typhaine était très discrète et réservée, à présent, elle est de nouveau dans un rôle qu’elle affectionne tout particulièrement et dans lequel elle excelle, c’est-à-dire celui de la séductrice envoûtante. Ses yeux vert émeraude sont littéralement enfoncés dans ceux de Florian qui finit par les détourner pour finalement croiser ceux de sa copine qui le regarde avec suspicion.

Typhaine et Florian continuent à parler de tout et de rien sous la surveillance discrète de Jenny qui voit d’un mauvais il cette discussion improvisée entre eux tant elle se méfie de la rouquine comme de la peste.

— Eh, ça vous dit une partie de ping-pong ? propose Fred.

— Oh oui ! On pourrait faire un petit match entre couples, vous en dites quoi ? dit Typhaine en se tournant vers Florian.

— Pourquoi pas, oui, répond-il en regardant Jenny.

— D’accord ! lance cette dernière.

Typhaine et Fred vont déplier la table pendant que Florian rejoint Jenny.

— Un souci avec Typhaine ? lui demande-t-elle discrètement dès qu’il est près d’elle.

— Non non, du tout.

— Vous parliez de quoi ?

— De Ludivine, de son boulot, du mien… des sujets bateaux.

— Hum d’accord, souffle-t-elle.

Florian enroule un bras autour des hanches de sa belle et se penche vers elle.

— Détends-toi ma chérie, tout va bien, lui chuchote-t-il au creux de l’oreille avant de lui déposer un baiser sur la tempe.

Elle sourit en le regardant alors qu’il lui lance un clin d’il.

Les deux couples commencent à jouer et la tension de Jenny est vite remplacée par des rires qui finissent par s’envoler autour de la table.

La première partie est rapidement expédiée et gagnée de main de maître par Jenny et Florian qui ont tous deux un niveau bien supérieur à celui de leurs adversaires.

— Houla, y a du level en face ! s’écrie Fred, on se fait la revanche ?

— Si vous voulez ! lance une Jenny confiante.

— Non, ça ne sert à rien, ils vont encore nous mettre une raclée, avance Typhaine, et si on changeait plutôt les équipes, histoire d’équilibrer un peu ?

— C’est pas une mauvaise idée, répond Fred.

— Tiens Jenny, tu viens avec ton frère et moi, je vais avec Florian ! dit-elle rapidement avec un petit sourire en commençant déjà à faire le tour de la table.

La bonne humeur de Jenny prend alors un sérieux coup dans l’aile et elle soupire en réponse à la proposition de sa belle-sur. Florian la regarde et lui sourit en hochant la tête. Bon gré mal gré, Jenny rejoint son frère non sans jeter un coup d’il peu amène à la rouquine. Cette dernière ne s’en préoccupe pas et elle se place aux côtés de son nouveau partenaire de jeu avant de lui donner un petit coup d’épaule amical.

Le jeu reprend et Jenny est bien moins rieuse et concentrée que lors de la partie précédente. En effet, Typhaine ne se gêne pas pour être en contact plus ou moins direct avec Florian dès qu’elle en a l’occasion.

Lorsqu’ils marquent un point, elle s’empresse de lui faire de petites accolades pour fêter ça, ce qui a le don d’agacer Jenny, et encore plus lorsqu’elle s’aperçoit que, discrètement, Typhaine se permet de mettre une petite tape sur les fesses de son homme.

Florian, de son côté, ne sait trop que faire et il fait en sorte de rester stoïque et mesuré malgré la pointe de plaisir qu’il ressent grâce aux contacts répétés de la belle rousse. Il voit bien que Jenny bouillonne et il ne veut pas en rajouter en lui montrant que les gestes de sa partenaire de jeu sont très loin de le déranger.

— Bordel Jenny, il t’arrive quoi ? s’écrie Fred alors que sa sur met une énième balle dans le filet, tu étais bien plus concentrée tout à l’heure !

— Oui bon ben ça va, j’ai le droit à l’erreur, non ? Je te rappelle que je suis pas une pongiste professionnelle !

Quelques instants plus tard, au moment où Fred loupe la balle de match qui offre la victoire à ses adversaires, Typhaine saute au cou de Florian et lui claque une belle bise sur la joue avant de lui lancer un clin d’il. Immédiatement, il regarde Jenny qui a les lèvres serrées d’agacement et il fait en sorte de s’écarter au plus vite de sa voisine.

— On en fait une autre ? demande Fred.

— Non, c’est bon, j’ai eu ma dose ! Je vais aller me baigner, ça va me faire du bien, répond Jenny qui prend sur elle pour ne pas incruster sa raquette entre les yeux de sa belle-sur.

— Oh oui tiens, bonne idée Jenny ! Je vais aller me changer ! s’exclame Typhaine en posant tranquillement la raquette sur la table.

— Flo ? T’es partant ? lui lance Fred.

— Euh, non, je crois que je vais aussi profiter de la piscine.

En dernier recours, Fred fait appel à son père qui accepte l’invitation et le rejoint.

Les deux femmes s’éclipsent l’une après l’autre pour aller se mettre en maillot pendant que Florian récupère son short de bain et se dirige à l’écart pour se changer rapidement.

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