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Science-Fiction : FantasmEngine – Chapitre 1




Cette histoire se déroule en 2290, une cinquantaine d’années après que la Terre ait colonisé Mars. Un siècle auparavant, la situation sur la planète bleue est devenue critique. À cause du réchauffement climatique et de la montée des eaux, les espaces habitables ont été considérablement réduits, la production de nourriture a fortement chuté, la surpopulation est devenue un danger pour la survie de l’humanité. Après la 4e guerre mondiale qui a mené à l’extermination de près des trois quarts des humains, les gouvernements terriens se regroupent sous la bannière de l’ONU et misent tous leurs espoirs sur la colonisation de Mars afin de pallier aux limites de la planète Mère. Conscients des limites en termes de ressources et souhaitant éviter les situations de ruptures, il a été décidé de contrôler les naissances et donc les rapports sexuels. Une minorité de femmes et d’hommes, généralement issus de familles riches ou au pouvoir, nommés "reproducteurs", ont la permission de coucher les uns avec les autres. Tous les autres humains ont l’interdiction de procéder à tout acte sexuel, quel qu’il soit. Afin de pallier aux frustrations des uns et des autres, la société Fantasmengine a créé un appareil de réalité virtuelle reproduisant les sensations physiques d’un vrai rapport…même si aujourd’hui peu de non-reproducteurs savent réellement de quoi il en retourne…

***Journal d’Aelyne – Jour 1

Le temps passe très lentement dans le vaisseau cargo que je pilote seule, alors je crois que ce journal va m’être très utile pour ne pas finir par devenir folle. Les étoiles filent à l’horizon et je viens en prime de casser le module de musique du vaisseau en passant trop près d’un déchet stellaire. Du coup voilà, j’écris sur ce vieux journal de bord déconnecté d’internet, ce qui m’évitera de me choper la honte si un pirate informatique rentre sur mon réseau.

La station Gamma n’est plus qu’à quelques heures maintenant. Je la vois au loin et amorce les procédures d’atterrissages. Comme d’habitude, le service de sécurité est aussi aimable qu’une porte de prison galactique. Je rentre dans le hangar et je finis de déclarer à la douane tout ce que je transporte : du matériel de transmission et aussi, chose assez étrange, une grosse cargaison de sterilex. Ces saloperies sont utilisées par le gouvernement pour rendre infertiles les prisonniers ou les personnes indésirables. J’ai toujours trouvé ça très barbare. Déjà qu’être reproducteur se paie au prix fort, si en plus ils se permettent d’imposer cette injustice à tous les citoyens qui ne peuvent pas s’offrir ce luxe…

Ah oui, c’est vrai que je ne me suis pas présentée, je crache déjà ma bile contre les puissants, mais j’en oublie les bonnes manières. Je ne sais pas si quelqu’un lira ce journal, je ne l’espère pas d’ailleurs. Mais qui sait, peut être que ce contenu sera retrouvé par une civilisation du futur et que je deviendrai une preuve archéologique de la merveilleuse espèce que nous étions en 2290…

Je m’appelle Aelyne SX-6966. Oui, nous ne portons plus de noms de famille depuis l’année 2200. Histoire d’éviter que nous ayons envie de faire perdurer un patronyme sur plusieurs générations en nous reproduisant, j’imagine… J’ai 28 ans. Je suis assez grande, 1m70 environ, les cheveux roux, mi-longs. Et je suis une vraie beauté. Non je rigole, en fait je ne sais pas. J’aime bien mes yeux bleus. Et je pense avoir un visage assez fin. Voilà ma photo d’académie.

<Photo>

Oui je sais, à l’époque j’avais des dreads. Mais avec l’âge j’ai fini par devenir sage…du moins au niveau des cheveux. Je les ai lisses maintenant.

Aucun homme ne m’a déjà dit que j’étais à son goût. Après tout, je crois ne jamais avoir croisé de reproducteurs…ou alors je n’en ai pas eu conscience. Nous, les SC (Sterile Citizens), évitons la séduction. C’est très mal vu. On pourrait faire des bêtises. Et le gouvernement déteste ça. Il vaut mieux ne pas être trouvé par la police stellaire dans le même lit qu’un autre sous peine de se retrouver sans travail, sans vivres, pourrissant dans une prison miteuse du secteur 7…

Si vous lisez mon journal, vous vous demanderez peut-être pourquoi ils ne nous ont pas tous stérilisés purement et simplement ? Apparemment, une femme ou un homme stérilisé perd en agressivité, en instinct. Ils seraient moins productifs. Ils ont aussi peur qu’en cas de rébellion ou d’attentat, l’humanité ne se retrouve qu’avec des individus stériles, ce qui serait fatal à l’humanité tout entière. Alors voilà, ils nous ont laissé nos attributs. Au prix d’une vie de célibat forcé.

Depuis notre enfance, on nous dit que le sexe c’est mal, surtout une vraie relation de chair. Heureusement ils ont rapidement sorti des moyens d’étancher la libido des uns et des autres grâce au virtuel. L’appareil le plus connu, c’est celui du Fantasmengine, qui reproduirait – selon eux – la sensation d’une vraie relation charnelle. Pour en avoir un toujours avec moi, je ne peux que confirmer que cela marche très bien lorsque j’ai envie. Mais…je ne sais pas. Quelque chose me chiffonne.

Pendant mes études, j’étais l’une des rares à m’intéresser aux anciennes civilisations, celles d’avant les années 2100. J’ai lu des poèmes, des histoires, des récits. Avec un peu de connaissances en informatique j’ai même réussi à récupérer des oeuvres interdites, trop "explicites" comme ils disent. Apparemment, ils s’amusaient bien à l’époque ! Les couples étaient légion à l’époque et chacun pouvait choisir d’enfanter ou non. Les rapports sexuels étaient libres, même très libérés pourrait-on dire. Il y avait aussi le romantisme…

Notre génération a été élevée dans la peur des relations intimes avec les autres. Moi, j’ai toujours été attirée par ça. Alors je lance des simulations virtuelles pour combler ce manque que je ressens et que trop ne soupçonnent même pas. Toutes ces histoires du passé m’ont rendue…différente.

Je suis arrivée à bon port. Me voilà libre pour deux jours. Je pense que je vais louer une chambre, sortir ce soir aller boire un verre et finir par me mater quelques séries.

Je finis dans un petit hôtel dans la ville moyenne. Je refuse de fréquenter les bas quartiers, quitte à ce que ma solde mensuelle s’en retrouve amputée. Au moins je n’aurai pas à supporter la promiscuité avec le tout venant, qui s’empile dans des dortoirs souvent insalubres. 

Je passe la carte de sécurité dans le lecteur à l’entrée de ma chambre. Ouf, je constate que celle-ci n’a pas l’air trop glauque. J’ai même une petite salle de bain. Le lit – une place forcément – a l’air propre. Il y a un écran de projection pour les films. Parfait !

Je jette mes affaires sur le lit et je pars immédiatement en ville. Il est déjà tard, alors je me dis que manger dans un petit fast food serait une bonne idée avant de finir dans un des bars du secteur. Je me contente d’un quelque chose de léger et rapidement je cherche le bon endroit pour y passer la soirée…

Je repère vite un petit club qui ne paye pas de mine au fond d’une allée. Le videur me regarde de haut en bas, scanne mon identité biométrique et me laisse passer. Avec un casier judiciaire vierge, je n’ai jamais eu de problèmes pour aller là où je le désirais. 

Le club est tamisé, des néons de lumière bleue dessinent les silhouettes des clients dans une sorte de halo violet étrange. Au fond, dans des canapés, des groupes de personnes s’avachissent. Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Dans le coin, je remarque une silhouette malheureusement familière de ce genre d’endroit : une femme en tenue militaire, adossée au mur, dans un coin de la pièce avec une large vue sur le lieu, toise chaque personne tour à tour. Une fonctionnaire de la police des moeurs. Chargée d’éviter les "rapprochements".

Hors de question donc de jouer avec mes envies secrètes ce soir. Je vais m’adosser au comptoir et je commande à boire. En regardant la carte, je m’étouffe en voyant les prix, alors je finis par valider mon choix non sans esquisser une grimace. Le verre devant moi, je laisse le liquide alcoolisé noyer mes pensées. Je regarde vaguement l’écran qui diffuse les actualités du jour. Encore des accrochages avec des pirates, toujours plus de lois idiotes pour garder la population sous contrôle, des déclarations de politiciens à la langue de bois déserpéremment trop pendue.

La soirée passe, mais alors que je commence à songer à rentrer, je sens sur moi comme un regard insistant. Je parcours la pièce du regard. Je finis par remarquer un homme assis à l’opposé du bar, face à moi, un peu plus à gauche. Celui-ci me fixe. Je fais mine de ne rien voir, mais son regard reste braqué sur moi. Je note alors rapidement que cet étrange inconnu semble me fixer quand la policière des moeurs regarde ailleurs. Un peu intriguée, je me concentre sur la silhouette sombre du jeune homme, qui doit avoir à peu près le même âge que moi.

Il a l’air plutôt grand, les cheveux mi-longs de couleur sombre, le visage assez fin, la pilosité légère. Une bouche bien dessinée. Il a l’air d’une corpulence normale. Je ne pense pas que ce soit un militaire. Il n’en a d’ailleurs pas la tenue. Ni un flic d’ailleurs, ou alors si c’est un fonctionnaire en civil, il n’a a pas du tout la tête de l’emploi.

Mon regard croise le sien. Et nous nous regardons pendant quelques dizaines de secondes. J’aimerais froncer les sourcils pour lui faire comprendre que j’aimerai qu’il regarde ailleurs. Mais à cet instant, il tient mon regard et je ne résiste pas. Est-ce du défi ? Non…il arbore un petit sourire qui me fait un drôle d’effet. Cet homme est plutôt beau…selon mon instinct. Mon coeur s’accélère. Je bouge nerveusement un peu sur ma chaise qui commence à me faire mal aux fesses. 

Le temps semble s’arrêter pendant cet étrange jeu de regards. Je n’ose me montrer trop amicale ou…charmeuse. Qui me dit que ce n’est pas un piège ? Surtout que je sens parfois le regard froid, presque robotique, de la policière passer dans mon dos. Est-ce pour me pousser à la faute ?

Je finis par baisser mon regard alors que je sens mes mains devenir moites, reposant par réflexe le verre devant moi. Il en reste un fond. Que je décide de boire d’une traite. Le malaise est à son comble. À cet instant je savais qu’il fallait que je rentre… Ma respiration et les battements de mon coeur refusent de ralentir la cadence.

Maladroitement je me dirige vers la sortie. Mais…je devais passer devant lui pour cela. Et je ne sais pas si c’était l’alcool ou bien l’étrange émotion qui montait dans ma poitrine qui me faisait perdre l’équilibre, mais je frôle cet homme étrange. Et je sens, quelque part sur ma combinaison, le contact de sa main. Mais alors, je décide de ne pas m’arrêter et de pousser la porte menant vers un bol d’air frais bien mérité.

Je n’ai pas traîné dans les rues et je suis vite rentré dans ma chambre. Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Même quand j’écris ces lignes, je me sens encore perturbée par cet étrange jeu de regards, m’ayant laissé toute chose.

Je commence à enlever ma combinaison non loin de la douche et je laisse l’eau chaude couler sur ma tête. Je me calme et respire. Évitant de penser aux papillons qui volettent dans mon ventre. Et aux frissons dans ma poitrine. Il faut que je me contrôle…

La douche a fait du bien et m’a fait redescendre. Mais alors que je me dirige vers mon lit, encore nue, ma cuisse frôle ma combinaison et j’entends le bruit léger d’un objet qui tombe au sol. Intriguée, je cherche la provenance de la chute et ramasse un petit appareil. Je reconnais rapidement ce que c’est : une clé de stockage. Étrange. D’autant plus étrange que je ne reconnais pas le type de périphérique où cela semble se brancher.

Je m’assois au bord du lit et prépare mes coussins pour m’appuyer contre. M’allongeant, mon corps éclairé par une petite lumière, je tourne cette étrange clé dans tous les sens, cherchant dans mon esprit quel appareil pourrait bien en lire le contenu.

Au bout de dix minutes de réflexions, je finis par abandonner et pose la clé non loin de moi. Cette dose d’émotions fortes m’a alors donné envie d’extérioriser. Je vais donc chercher dans mon paquetage mon Fantasmengine afin de profiter de cette nuit pour étancher mon envie sexuelle…

Je branche l’appareil et alors que je m’apprête à le placer sur ma tête pour me plonger dans le virtuel, je décide de regarder le port d’alimentation de cette étrange machine. Et alors que je soulève le petit cache, je note un étrange port que je reconnais alors : mais oui ! La clé que l’on m’a donnée se branche sur le Fantasmengine.

Sans réfléchir une seconde aux risques que cela peut comporter, je m’empresse d’insérer la clé dans le port prévu à cet effet. Clic. J’appose la lunette de réalité virtuelle sur mes yeux. Et je note dans les notifications que la clé a bien été détectée et qu’un programme est en train de se lancer…

J’hésite à retirer la clé de stockage, mais ma curiosité est la plus forte. L’écran finit par devenir tout noir et des lignes de codes défilent devant mes yeux. Et alors que je commence à râler et à m’apprêter à arrêter cette mauvaise blague, un nouvel écran de chargement apparaît. Lorsque je lis le titre du nouveau logiciel, mon coeur s’emballe et un grand frisson froid parcourt mon échine : "FantasmEngine – Editions pour les reproducteurs – Programme d’éducation sexuel".

Je me souviens qu’à cet instant, j’ai eu la peur de ma vie. Dans quelle merde je m’étais foutue… Je ne suis pas censée avoir ce genre de programmes… Pas moi. J’étais tiraillée entre l’envie d’exploser l’appareil contre le mur et celle de me sentir honorée d’une telle erreur.

La seconde finit par l’emporter dans mon esprit. Je regarde les paramètres du logiciel et note que l’appareil ne semble pas relié à l’internet global, mais à une sorte de réseau local. Mais je n’ai pas le temps de m’en préoccuper bien longtemps. Une notification vient attirer mon regard : "Nouveau scénario prêt à être joué".

Je respire profondément….que suis-je en train de faire ? Est-ce que mes prochains mots vont changer à tout jamais ma vie ? Est-ce là un moyen d’enfin découvrir une vérité que je sens au fond de moi depuis des années ?

"Appareil, joue le scénario."

Je suis alors projetée dans un environnement ressemblant à une chambre d’hôtel, bien plus luxueuse que celle où je me trouve dans le monde réel. Un magnifique soleil illumine la pièce. Un énorme lit blanc trône dans cette chambre. Je m’avance vers lui et on me dit de m’allonger. Je peux presque sentir le contact des draps de soie. Je me sens très chamboulée : les scénarios auxquels j’ai accès d’habitude ne sont ni aussi réalistes, ni aussi…immersifs. La majorité se conte de jouer une musique et de procurer du plaisir grâce à l’appareil destiné à être placé au niveau du sexe. Là…j’accède à une dimension de réalité augmentée bluffante de réalisme.

J’entends le bruit d’une porte qui s’ouvre dans le scénario et je vois au loin un homme sortir d’une salle de bain, vêtu d’un peignoir. Je regarde l’homme comme me le permet le scénario. C’était un…très bel homme. Un visage magnifique. Un corps moulé dans ce peignoir…que je meurs déjà d’envie de voir. La curiosité provoque déjà une excitation irrésistible en moi. Ce beau personnage avance vers moi, pas à pas, et l’appareil me permet peu à peu de le voir avec plus de précision.

 ▪ "Chérie, tu es magnifique." 

Je vibre à ces mots prononcés par l’homme, d’une voix pleine de charme. Douce et forte à la fois. Je remarque que je suis entièrement nue. Et que son regard que je devine comme plein d’envie m’aurait très bien déshabillée à lui seul. Il me regarde…partout. Que c’est étrange, de se sentir…admirée.

Après quelques instants, l’homme défait son peignoir et je suis confronté à l’Adam originel des vieux livres que j’ai vu. Mais avec l’image. J’admire pour la première fois le corps d’un homme en haute résolution. Un corps sans aucune censure, sans aucun tas de pixels cachant ce qui se cache entre ses jambes. C’est ça le sexe d’un homme ? C’est…presque mieux que je ne l’imaginais. Dans les livres officiels…le sexe de l’homme est décrit comme inélégant, douloureux pour les femmes. Que les reproductrices ressentaient souvent de la souffrance pendant le rapport. Mais ce scénario virtuel fait voler ces certitudes en éclat.

 ▪ "Tu veux toucher mon ange ?"

Cette question me fait tressaillir. J’hésite de longues minutes avant d’oser tendre la main vers cette chair que je n’ai jamais touchée, même à travers une image. La main de mon personnage virtuel suit le parcours de la mienne. Et je commence par dessiner l’ossature de ses épaules, de ses clavicules. Je descends le long de ses bras. Ses mains viennent se lier aux miennes. Je lâche un soupir d’aise et d’excitation. Je parcours ses hanches, son bassin, le creux de ses reins. Puis ses fesses, ses jambes, ses cuisses. Je n’ose aller plus loin. Je note que son membre croit petit à petit à mesure que je le caresse.

Je suis perturbé par ce sexe qui se gonfle devant moi. La fille dans le scénario semble prendre le relais et ma main virtuelle touche bien malgré moi le sexe de cet homme. Cette verge offerte à mon toucher. Je le prends en main et je me vois faire doucement des mouvements d’avant en arrière. Je suis troublée, mais l’homme semble s’extasier de cela. Et je remarque alors que cela me fait aussi plaisir à moi qu’à lui. J’accélère mon mouvement.

Puis la vue semble changer, la personnage que j’incarne vient se mettre à hauteur de son sexe que je vois dangereusement de près…est-ce que….elle est en train d’ouvrir la bouche ? Pourquoi….ah… J’aperçois la verge disparaître dans ma bouche virtuelle. Entre mes lèvres. Est-ce ainsi que l’on doit satisfaire un reproducteur ? Je me laisse aller à cet étrange scénario et je me prends au jeu. Notamment quand cette fille dans le scénario semble prendre un malin plaisir à regarder dans les yeux cet homme pendant qu’elle lui fait du bien. Ce scénario m’excite énormément. Je sens mon entrejambe mouillée d’envie. Je viens placer le dispositif de l’appareil à cet endroit…histoire de voir ce qu’il se passera ensuite.

L’homme semble pleinement satisfait de cette drôle de pratique orale. Je vois une notification dans l’appareil apparaître : "Débloqué : fellation". Donc…cela s’appelle ainsi ? J’en prends bonne note…

 ▪ "Allonge-toi."

Cet étrange jeu s’arrête brusquement à ces mots. Et je me vois m’allonger et écarter les cuisses. L’homme s’approche et vient se glisser entre mes cuisses. L’appareil entre mes cuisses se met à vibrer comme si le sexe virtuel rentrait en contact avec le mien et le caressait. Cela m’arrache un gémissement de plaisir…je viens rajouter mes doigts tellement l’envie est forte. Je n’ai jamais été aussi trempée de ma vie…

Une forte vibration fortement appuyée sur me vulve entrant légèrement en moi vient simuler ce que je vois à l’écran. Son sexe disparaît en moi. L’appareil joue pleinement son rôle et je sens un torrent de plaisir m’inonder le bas ventre. Mon corps imagine bien malgré moi l’idée même d’accueillir ce sexe en moi. Et cette idée de ne faire qu’un avec lui me place dans un extase immense.

Son bassin fait des vas et viens et la machine se synchronise sur le mouvement, me donnant réellement l’impression qu’il me pénètre. Est-ce là tout le bien que ressent une reproductrice quand un homme la prend ? Ce doit être si délicieux. Une notification vient doucement me surprendre : "Débloqué : missionnaire".

Je vois le visage de l’homme s’approcher du mien. Et ses lèvres rentrer au contact des miennes. Si ce n’est pas du plaisir que je ressens, le désir intense de sentir réellement cet être virtuel en chair et en os me serrer ainsi contre lui n’a jamais été aussi réaliste. J’ai tant envie de sentir des lèvres se coller aux miennes… Ce serait tellement divin… De se sentir aimée et désirée. Comme dans ces romances interdites que j’ai lu plus jeune.

Les mouvements de vas et viens en moi s’intensifient. L’appareil s’emballe et mon plaisir monte en flèche. Heureusement que j’ai rechargé la batterie du FantasmEngine, car je voudrais qu’il continue jusqu’à…hmm…chaque pénétration est un délice de simulation, qui interrompt toute question dans mon esprit.

 ▪ "Je vais jouir en toi…mon amour…"

Je crie de plaisir malgré moi. Mon corps et mon instinct primitif semblent être bien plus éduqués des choses du sexe que je ne le suis. Je frotte frénétiquement mon clitoris pendant que l’appareil vibre à l’entrée de ma vulve. Jouir…va-t-il…oui ? Je n’arrive plus à penser alors que l’appareil est poussé au paroxysme de sa vitesse. Je vais jouir aussi…le plaisir monte en moi sans que je puisse le retenir…

Au même moment je vois le visage de l’homme se tendre. Et il lâche un râle de plaisir, alors que l’appareil vibre tellement fort qu’il m’arrache de nouveau un cri. Et je défaille littéralement quand le jouet sexuel en moi libère un puissant jet d’eau chaude. Voilà donc pourquoi il était conseillé de remplir le réservoir…? C’est si bon que je manque d’évanouir. Je transpire à grande goutte et mon corps est brûlant, emporté par le braséro d’une jouissance que je n’avais jamais connu auparavant. Et les lents mouvements de vas et viens de l’appareil, à l’image du sexe de l’homme dans mon vagin virtuel n’arrangent rien à ma folie hormonale. "Débloqué : jouissance masculine vaginale".

La notification me fait sursauter, alors que l’écran devenu noir me fait redescendre dans la réalité. Je peine à calmer mon corps et ma respiration. Quelques dizaines de secondes passent où je me remets du plaisir et essuie mes doigts couverts de cyprine dans le drap, qui servira aussi à récolter le fruit de ma jouissance entre mes cuisses.

L’appareil revient au menu principal, mais un message apparaît avant que je ne retrouve le contrôle. "Félicitations reproductrice, par ce scénario, vous maximisez vos chances de tomber enceinte. Dans les prochains scénarios, vous seront enseignées des techniques plus avancées afin de favoriser la procréation."

Ces deux phrases sont de violents coups de massue qui finissent de me ramener au réel. Déstabilisée, je retire l’appareil et contemple la lumière blafarde de ma chambre d’hôtel. Je prends une large inspiration et expire bruyamment.

Je crois que j’ai fait une connerie…une grosse connerie. Je n’aurais pas dû voir ça. Vivre ça. Ce n’est pas mon rôle…je n’ai pas le droit… Pas le droit au plaisir avec un homme. Et encore moins d’être enceinte. De donner la vie. Alors qui voudrait me faire ouvrir cette boîte de Pandore des légendes ? Et pourquoi ?

Mon esprit fait le lien avec et étrange homme que j’ai vu au bar. Se pourrait-il qu’il m’ait donné cette clé afin de me faire découvrir tout ça ? Mon esprit est encore engourdi par le plaisir et je peine à faire le vide.

Une étrange sonnerie retentit dans le casque de l’appareil. Assez légère pour n’être entendue que par ceux qui porteraient le dispositif. Je le remets, non sans hésitation.

"Vous avez un nouveau message."

Quelques secondes passent. Et finalement…je me dis que rien ne peut être pire.

"Appareil, lit ce message".

Une petite fenêtre s’ouvre et un texte apparaît.

"Chère Aelyne, j’espère que ce petit cadeau t’as plu. Je t’ai offert ce soir la douloureuse vérité, ce que l’on nous cache. Ce que l’on refoule. Tous. Sous le poids de cette dictature inutile et mortifère. Bienvenue dans le monde réel. Demain, redémarre l’appareil à 20h précise, si tu veux en apprendre plus. La révolution est en marche. Et toi aussi, un jour, tu nous rejoindras. Zack."

Je presse le bouton d’alimentation pour éteindre l’appareil sans le retirer de mes yeux. L’écran totalement noir exprime assez bien comment je me sens à cet instant. Perdue dans l’obscurité. Plongée dans un brouillard de questions auxquelles je n’ai que peu de réponses.

Qui est ce Zack ? Qu’est-ce qu’il entend par révolution ? Pourquoi moi ?

Devrais-je donner cet appareil à la police ? Non…ils risquent de me réduire au silence. Cela à l’air trop gros pour jouer la carte de l’honnêteté. Dois-je continuer….ou arrêter…

Ma raison affronte le souvenir du plaisir que j’ai ressenti ce soir, imprimé à jamais dans ma chair.

Je n’ai pas dormi de la nuit. Impossible de trouver le sommeil. Je finis par prendre une douche, comme si je me sentais sale. Même si une partie de moi se demande déjà ce que je serai capable d’offrir pour vivre cette expérience avec un véritable homme de chair et de sang… Je ne peux résister à me faire plaisir seule dans la nuit pour essayer d’être assez détendue pour dormir. Je crois que je suis devenue accroc à une drogue mortelle… Mais que vais-je devenir ?

Morphée finit par avoir pitié de moi et m’emporte dans des rêves agités. Je me réveille en oubliant toute alarme, alors qu’il fait déjà bien jour. Je regarde par la petite fenêtre de ma chambre et fixe les bâtiments autour de moi et toutes ces personnes en contrebas qui elles…ne savent rien. Alors que moi, si, je viens de lever le voile.

Ce soir : je continuerai à chercher la vérité.

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