Les invités arrivent sur les coups de 20h. Morgane aperçoit leur grosse berline à travers les fenêtres du salon. Le faisceau des phares balaie brièvement le plafond, puis elle lentend se garer à côté du 4X4 de son maitre. Elle est debout près de la cheminée, mains sur la tête comme Thierry la fait se tenir dès son retour. Elle est vêtue de la tenue de nuit deux pièces quil lui a offert la veille. Rien quune statue dénudée parmi les statues qui décorent la pièce. Son amant a mis sur le lecteur CD la neuvième symphonie de Schubert. Tout cela donne une ambiance irréelle à la scène. Thierry lui a juste permis de monter vingt minutes, plus tôt dans la soirée, pour se doucher et rougir ses lèvres. Fred est parti pour la nuit. Son amant a passé deux heures en cuisine, ne lui accordant que quelques minutes pour lui apprendre à saluer comme il se doit des invités de marque. Il la veut parfaite pour ses amis.

Le maitre de maison va accueillir les invités sur le pas de porte. Elle entend des éclats de rire. Les retrouvailles sont chaleureuses. Lhomme est grand et sec, de la même génération que Thierry. Il est habillé très chic lui aussi, avec de fines lunettes. La femme est une élégante brune dune quarantaine dannées, coiffée au carré. Elle est juchée sur des talons hauts et porte un long manteau de styliste qui doit couter une fortune. Thierry les fait passer au salon. Le couple a à peine un regard pour Morgane. Voir une jeune fille à demi-nue dans cette posture ne parait pas les surprendre le moins du monde.

Lami de Thierry défait sa veste et fait signe à sa compagne de lui donner son manteau. Elle sexécute aussitôt, dévoilant un corps plantureux, tout en jolies rondeurs mises en valeur par des dessous noirs sophistiqués (soutien-gorge, tanga, bas et un porte-jarretelles). Elle sagenouille sur le tapis. Morgane détaille le collier au cou de la brune. Il ne sagit pas dun accessoire animalier mais dun vrai collier SM pourvu dun large anneau dargent. Lhomme discute avec Thierry qui les débarrasse de leurs affaires. Il sort une chaine de sa poche et la clipse au collier de la femme sans cesser de parler au maitre des lieux. La brune se prosterne aussitôt sur le tapis. La scène met Morgane mal à laise. Cest donc à ça quelle doit ressembler elle aussi…

Thierry revient du vestibule où il a accroché les manteaux de ses amis. Lhomme ordonne à sa compagne de saluer son ami. Avec une servilité empressée qui répugne Morgane, la femme se penche vers les chaussures de Thierry et embrasse le cuir ciré.

— Tu es toujours aussi belle, Olivia, commente Thierry. Belle et bien éduquée, à ce que je peux voir. Damien a de la chance.

— Bien éduquée, ça dépend des jours tempère le dénommé Damien.

Thierry se tourne vers sa propre soumise.

— Morgane, viens saluer, ordonne-t-il avec un signe de tête.

La jeune femme rejoint le trio avec toute la grâce exigée par son amant. Elle descend à genoux, bien droite, en tenant ses coudes dans son dos comme il lui a été appris.

— Je suis honorée de vous accueillir chez mon Maitre, Monsieur, récite-t-elle avec un léger manque de naturel qui trahit son peu dexpérience.

— Une vraie petite geisha, commente Damien avec un rictus amusé.

Lhomme la détaille à travers ses lunettes.

— Elle est ravissante ta nouvelle recrue, félicite-t-il Thierry. Un peu maigrichonne pour moi mais bien faite, avec un joli minois.

— Pas si nouvelle, rectifie son ami. Mais je commence à peine les choses sérieuses avec elle.

Damien relève la tête de Morgane par le menton. Elle grimace quand il lui attrape le bas du visage à pleine main. Il la force à présenter son profil en écrasant un peu ses joues entre ses doigts. La jeune fille le déteste instantanément. Jamais elle na été manipulée avec tant de froideur. Son amant ne prend pas toujours de pincettes, sans parler de Fred, mais au moins ils la considèrent comme un être vivant. Le type la tripote comme un objet sans grande valeur.

— A cet âge, elles sont plus malléables, plus faciles à éduquer, observe-t-il. Elle a quoi ? vingt ans ?

— Vingt-trois, précise Thierry.

— Voilà bien longtemps que je nai pas profité dune si jeune soumise, déclare Damien. Jaimerais misoler avec elle tout à lheure, avec ta permission bien sûr…

— Ce qui est à moi est à toi, répond Thierry.

Morgane bouillonne en son for intérieur. Elle se dégage un peu trop vivement quand le type relâche la pression sur ses joues, mais les deux hommes sont trop occupés à bavarder pour lui en tenir rigueur. Elle croise le regard de lautre soumise à côté delle. La brune lui fait un petit clin dil. Ses beaux yeux noirs semblent plein dempathie pour la jeune novice quelle est.

Quelques minutes plus tard, les deux hommes prennent lapéritif dans les larges fauteuils du salon. Les filles sont respectueusement agenouillées aux pieds de leurs hommes, face à face à deux mètres de distance. La brune ne quitte pas Morgane des yeux. Elle lui sourit chaque fois que leurs regards se croisent. On dirait que tout ceci lui est naturel, comme si aucune chaine ne reliait son cou à la main de Damien posée sur le bras du fauteuil. Morgane trouve quelle a lair dune pute de luxe avec sa lingerie hors de prix et ses escarpins. La jeune fille est quant à elle toujours vêtue de son shorty et de son haut à bretelles semi-transparents. Pour linstant la laisse lui est épargnée. Elle se laisse bercer par les harmonies de la musique qui se mélangent à la voix des deux hommes. Ils parlent de leurs affaires et de la vie politique locale. Morgane ny comprend pas grand-chose. Elle devine juste que le dénommé Damien est un personnage important de la région. Lui et son amant semblent avoir beaucoup dintérêts communs. Ils évoquent aussi un mystérieux « Cercle » auquel ils semblent tous deux appartenir. Cela pique sa curiosité mais impossible den savoir plus, et poser une question nest pas envisageable

La soirée se poursuit dans la salle à manger où Morgane a diné la veille avec Thierry. Cette fois les deux femmes doivent se tenir debout de part et dautre de la table, têtes basses, les mains jointes dans le dos. Elles ne peuvent quitter cette posture quà tour de rôle pour servir du vin quand lun des hommes fait tinter son verre. Quand vient le tour de Morgane de remplir celui de son amant (elle a déjà dû servir Damien par deux fois), il lui caresse distraitement les reins. Cest le seul moment où il daigne sintéresser à elle. La jeune femme sennuie ferme. Elle se sent dans la peau dune enfant coincée à table pendant un repas dadultes qui nen finit pas. Elle peine à se retenir de rire quand Olivia feint discrètement de sendormir debout. La conversation finit par porter sur des sujets dargent sensibles.

— Les filles, allez dans la cuisine, commande Thierry. Il y a de la salade à la feta et du pain sur la table. Morgane tu débarrasses les assiettes, Olivia va taider pour le reste. Restez-y jusquà ce quon vous appelle.

Elles obéissent sans demander leur reste, trop contentes dêtre libérées de table. Arrivées dans la cuisine, Olivia referme la porte derrière elles.

— Enfin tranquilles Cest pas trop tôt ! sexclame la brune dun ton rieur.

Morgane remarque son petit accent italien. Les deux femmes engagent la conversation en déposant les verres et couverts dans lévier. Puis elles sassoient à table et sympathisent très vite en picorant à même le saladier. Olivia est drôle et pétillante. Sa légèreté fait du bien à la jeune fille au milieu de ce week-end strict où il faut toujours veiller à éviter le moindre faux pas.

— Je te trouve jeune pour avoir un maitre, finit par observer Olivia. A ton âge on a besoin de liberté

— Cest juste des week-ends de temps en temps, relativise Morgane.

— Tant que tu te sens bien avec lui Il taime, ça se voit quand il te regarde.

Les mots dOlivia réchauffent le cur de Morgane.

— Toi, tu es soumise tout le temps ? ose demander la jeune fille.

— 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, répond litalienne dun ton décontracté en mâchant sa salade.

— Cest enfin… comment tu supportes ça ?

– Si tu restes avec Thierry, tu comprendras vite ma belle !

– Ca ne te manque jamais de ne pas pouvoir faire ce que tu veux ?

Olivia rit de bon cur.

— A ton avis ma chérie, si javais un mari comme les autres, je ferais ce que je veux ? demande-t-elle lair malicieux. Cest « ça » que je veux. Jai toujours fait ce qui me plait, toute ma vie. Je ne travaille pas mais je ne manque jamais dargent. Je ne fais jamais le ménage, ni les courses, ni la cuisine, on a du personnel pour ça. Damien moffre des cadeaux, il memmène en voyages partout, je fais la fête dans des beaux endroits et je couche avec plein dhommes devant lui La voilà la liberté à mon âge !

— Mais il te traite comme son esclave

— Et toi, tu es quoi pour ton homme ?

— Pas que ça répond Morgane après une hésitation.

— Comme elle est chou ! Tu es drôlement amoureuse toi, nest-ce pas ?

— Non enfin si, un peu

— Les hommes comme eux, ils ont besoin de femmes comme nous, sourit litalienne.

La jeune fille est un peu gênée par ce « nous ». Olivia a lair épanouie, mais elle nest pas certaine denvier sa vie, ni dêtre semblable à cette femme qui accepte sa servitude comme sil sagissait du seul choix raisonnable. Morgane est issue dune lignée de femmes de caractère où lon apprend très tôt lindépendance face aux hommes et leurs penchants tyranniques. Sa mère serait surement atterrée de voir sa fille se complaire dans un tel asservissement. Mais elle na jamais rencontré quelquun comme Thierry

— Tu sais quoi ? Il reste un peu de vin, dit Olivia en agitant la bouteille quelle vient de ramener à la cuisine.

La poignée de porte de la cuisine tourne, faisant sursauter les deux femmes.

— Repose le vin où tu las trouvé Olivia, commande calmement Thierry du pas de la porte.

La brune obéit comme une gamine surprise les doigts dans le pot de confiture. Morgane pose les mains sur ses genoux. Elle aussi se sent un peu coupable davoir oublié un instant sa condition du week-end.

— Ne va pas dévergonder ma soumise, plaisante le quinquagénaire, je tai à lil.

Olivia a un petit sourire malicieux. Thierry leur ordonne de le suivre dans le petit salon dhiver, celui recouvert dune véranda art déco. Damien les y attend déjà, debout sur le tapis avec son air sinistre dhomme politique. Il ordonne à Olivia denlever ses dessous. Son amant commande à Morgane den faire de même. Les deux pièces de sa tenue de baby doll tombent lune après lautre sur le tapis, sous le regard attentif de Damien. Puis le maitre des lieux ordonne aux femmes daller sasseoir dans le canapé. Le contact du cuir sous ses cuisses et contre son dos fait ressentir plus vivement sa nudité à Morgane.

Thierry sert un cognac pour son ami et lui dans de petits verres à digestif. Morgane observe son amant passer la main sur le dessus dun meuble pour y prendre une sorte de cravache tressée. Elle est fine et longue dun peu moins dun mètre, terminée par une petite claquette triangulaire.

— Décroisez les jambes, ordonne-t-il.

Les deux femmes obéissent aussi sec. Thierry leur montre la longue tige noire dans sa main.

— En équitation, cela sappelle un stick de dressage, explique-t-il en faisant siffler lair.

Morgane senfonce un peu dans le canapé. Elle na jamais été fouettée. Ce truc doit faire drôlement mal.

— Ce sera dix coups au moindre signe de mauvaise volonté, poursuit Thierry. Crois-moi Morgane, ma cravache fait de belles zébrures bien nettes. Même une soumise comme Olivia la redoute, et pourtant elle en a vu dautres Nest-ce pas ma chère ?

Litalienne acquiesce. Elle a lair un peu tendue pour la première fois depuis son arrivée, ce qui ne rassure pas Morgane.

— Bien. Il est temps de vous mettre dans de bonnes dispositions pour la suite de la soirée. Damien et moi attendons que vous perdiez toutes vos inhibitions.

Lami de Thierry rit sous cape.

— Cest surtout valable pour toi Morgane, sourit Thierry. Ta copine na plus à se forcer depuis longtemps !

Les deux hommes ont un rire complice. A sa surprise, Morgane entend sa voisine glousser elle-aussi. Elle narrive pas à partager leur décontraction, incapable de quitter la cravache des yeux.

— A genoux mesdames, cuisses ouvertes, ordonne Thierry.

Olivia bondit du canapé et tombe aux pieds des deux hommes, bientôt rejointe par Morgane, plus méfiante. Son amant lui intime de prendre exemple sur la brune et décarter plus grand les genoux tout en surveillant sa cambrure. Elle adopte la pose exigée, un peu mal à laise.

— Je veux voir chacune dentre vous se caresser la poitrine, ordonne Thierry. Exactement comme quand vous vous donnez du plaisir toute seule. Exécution !

Olivia prend aussitôt ses seins généreux à pleines mains et commence à les malaxer. Morgane est pétrifiée. Faire ça devant les deux hommes lui parait obscène. Elle est une soumise, peut-être, mais pas une de ces actrices vulgaires quelle voit parfois en couverture des revues pornos chez le buraliste !

— Dernier avertissement avant de gouter à la cravache, Morgane, menace Thierry. Fais pointer tout ça, montre à nos invités comme tu peux être une vraie salope

La jeune fille sent un pincement dans son ventre. Elle na pas lhabitude dentendre son amant employer de tels mots. Au comble de la honte, elle plaque ses paumes contre ses jolis seins ronds et fermes. Elle commence à les pétrir en sefforçant de garder un visage impassible. Mais ses mouvements timides et contraints trahissent sa gêne.

— Cest une petite sainte-nitouche ta Morgane, observe Damien dun ton glacial.

Thierry la force à lever le menton du bout de sa cravache.

– Bombe la poitrine ! Mains derrière la tête !

Morgane prend la pose sur le champ, motivée par le ton autoritaire de son amant et la crainte de ce quil tient dans sa main. Elle lève les yeux vers lui, cherchant une lueur complice dans son regard qui la détendrait un peu. Mais elle ny lit quune froide intransigeance.

— Cesse de faire ta mijaurée, lui dit Thierry, je te conseille de tactiver. Touche-toi comme tu laimes, comme lesclave de plaisir que tu es.

Elle doit se faire violence pour rendre ses gestes plus sensuels, toujours sous la menace de la cravache dont la claquette ne quitte pas son menton. A sa gauche, Olivia respire fort en explorant ses formes. Lentrain de son ainée aide un peu la jeune femme à surmonter ses blocages. Elle ferme les yeux et caresse sa poitrine en essayant doublier les regards sur elle, en particulier celui de Damien. Elle en regretterait presque Fred Les deux femmes continuent leurs attouchements sous les commentaires très crus de leurs maitres. Les tétons de Morgane finissent par pointer avec une insolence bien involontaire. Son amant ne se prive pas de le faire remarquer aux invités du bout de son instrument. Elle est félicitée pour cela mais nen tire pas vraiment de fierté… Thierry leur intime darrêter.

— Mains sur le sexe, exige-t-il. Toutes les deux.

La jeune femme sattendait à lépreuve qui se profile, mais obéir lui est quand même une vraie torture. Elle croise les doigts sur son bas-ventre, yeux rivés au tapis.

– Ecartez les jambes en grand, dit Thierry.

— Plus que ça ! intervient Damien. Et tenez-vous droites, ce nest pas le spa ici !

Morgane et Olivia descendent de quelques centimètres en silence, en même temps que leurs genoux séloignent lun de lautre sur le tapis.

— Masturbez-vous, catins, commande Damien.

Morgane se plie à lexercice la mort dans lâme. Elle na jamais rien fait de semblable en public. Elle préfèrerait mille fois que ce soient les doigts de son amant qui la stimulent, ou même ceux de ses invités, plutôt que davoir à se donner en spectacle de la sorte. Elle sen veut tellement de mouiller mais la soumise au fond delle commence à sabandonner au plaisir coupable de la situation. Pour Olivia, les choses ont lair plus facile. Elle obéit aux directives sans trahir le moindre conflit intérieur.

— Ce sera dix coups de cravache pour la première qui ferme la bouche ou les cuisses, avertit Thierry. Je veux voir deux chiennes en chaleur et rien dautre. Excitez votre clitoris. Laissez-vous aller. Aucune retenue avec nous.

La jeune femme lutte contre ce qui lui reste de pudeur. Elle se concentre sur le plaisir qui monte pour oublier lobscénité de la scène. Sa respiration se fait plus profonde. Son bassin ondule lentement sous ses propres caresses. Thierry leur ordonne de basculer sur le dos et dutiliser leurs deux mains, lune sur la poitrine, lautre entre les cuisses. Les deux femmes se laissent aller en arrière à lunisson. Elles sabandonnent de plus en plus lascivement aux stimulations imposées par leurs hommes. Olivia ne retient pas ses gémissements, on dirait même quelle en rajoute. Morgane frotte ses reins contre le tapis, fixant le plafond à travers ses yeux mi-clos, bouche entrouverte. Elle se sent brulante et indécente. Horrifiée par son propre exhibitionnisme, elle comprend quelle pourrait bien finir par avoir un orgasme devant eux. Mais Thierry interrompt le petit jeu bien avant.

— Redressez-vous à genoux, mesdames. Il nest pas encore lheure de jouir.

Les soumises se relèvent en ordre dispersé, sarrachant comme à regret à leurs sensations.

— Jaimerais emmener Morgane à létage, déclare Damien.

— Elle est à toi, répond Thierry.

Linvité fait signe à la jeune fille dapprocher. Elle jette un coup dil à Thierry, anxieuse. Il lui intime dobéir dun mouvement de tête. Morgane quitte le tapis et rejoint Damien qui la prend fermement par le bras.

— Je te laisse avec Olivia, dit Damien à son ami. Fais-en ce que tu veux, tu sais aussi bien que moi la créature lubrique quelle peut être

Thierry confirme le savoir. Il tend le manche de la cravache à son vieux complice.

— Prends-la au cas où. Parfois, Morgane a besoin quon lui rappelle qui commande pour se montrer coopérative.

— Avec moi elle ne risque pas doublier, assure Damien en prenant linstrument.

Il traine la jeune femme vers le couloir qui mène aux escaliers. Elle jette un regard à Thierry par-dessus son épaule, mais il nen a déjà plus que pour Olivia.

***

Morgane est introduite par Damien dans une vaste chambre damis au premier étage. Lhomme la prend par les épaules et la pousse sèchement en arrière sur le grand lit à la japonaise. La jeune femme atterrit sur le dos. Elle se redresse sur les coudes et replie une jambe vers elle en levant des yeux de louve prise au piège. Damien la détaille à travers ses lunettes dun air impassible. Il se penche pour saisir ses jolis mollets galbés et la tire vers lui dun coup sec. Puis il rabat les genoux de Morgane sur son nombril pour inspecter son intimité. La jeune femme se sent manipulée comme un animal. Les gestes de Damien sont secs et méthodiques, presque médicaux. Il sonde son vagin avec deux doigts. Puis il la prend par les hanches pour la retourner comme un vulgaire oreiller. Morgane subit une inspection anale la colère au ventre.

— Vous êtes étroite, commente lhomme.

Cest la première fois depuis son arrivée quil lui adresse directement la parole. Le vouvoiement surprend la jeune fille. Il rend les attouchements encore plus froids et impersonnels.

— A quatre pattes, ordonne-t-il.

Elle prend la pose avec une mauvaise volonté bien visible. Damien récupère la cravache posée sur le matelas et fait courir son extrémité le long du corps de la jeune femme. Il suit ses courbes délicieusement féminines avec lenteur et précision.

— Je vois bien que vous ne mappréciez pas beaucoup, dit-il. Cest parfait ainsi.

La claquette de la cravache descend le long des reins de Morgane puis suit la raie de ses fesses. Il lui tapote lintérieur des cuisses en exigeant quelle souvre davantage.

— Je vais vous prendre par derrière, jeune fille, annonce-t-il. Dune part, parce que jaime les filles étroites, dautre part, parce que les jeunes personnes de votre espèce ne sont pas toujours très sérieuses avec leur contraception.

Morgane se demande contrariée de quelle « espèce » ce pervers peut bien parler. Mais elle ravale son fiel, Thierry ne lui pardonnerait pas un incident avec son ami. A sa vexation sajoute une pointe de jalousie en pensant que son amant est peut-être en train de profiter des charmes dOlivia au rez-de-chaussée. La cravache parcourt maintenant son ventre par en dessous, dessinant des cercles autour de son nombril.

— Jai bien vu votre petit cinéma tout à l’heure, lui dit Damien. A essayer de faire croire que vous possédez ne serait-ce quun fond de vertu Le vernis na pas tenu longtemps ! En réalité vous êtes une petite trainée, cela se lit dans vos yeux, dans votre façon de tendre le cul comme une chienne en chaleur.

La pointe de la cravache vient titiller la médaille qui pend au collier de Morgane.

— Thierry ne sy est pas trompé. Les filles comme vous, on les met en laisse et on les dresse. Elles sont juste bonnes à ouvrir les cuisses.

Morgane encaisse lhumiliation verbale en serrant les dents. Les mots de Damien lui sont plus pénibles encore que ses gestes.

— Posez votre tête sur le matelas, fesses hautes.

La jeune fille plaque doucement sa joue contre le futon bien ferme. Elle sen veut de se plier si facilement aux caprices de linvité, mais que pourrait-elle faire dautre ? Il est entendu pour lui comme pour elle quil a tous les pouvoirs. Elle en éprouve de la colère, mais aussi un peu dexcitation… Il lui fait lever les reins encore plus hauts dune tape sèche mais retenue sur larrière des cuisses.

— Montrez-moi par où vous allez être prise, exige Damien.

Morgane ravale son orgueil avec difficulté. Elle sait que le choix de Damien est déjà fait. Elle désigne son arrière-train dun geste vague.

– Je ne vois rien. Ne jouez pas avec ma patience, petite vicieuse. Montrez-moi clairement !

Elle voudrait se révolter mais il a déjà gagné, tous deux le savent. Elle se contente décarter docilement ses fesses pour présenter sa petite rosette plissée. Il lui ordonne de rester ainsi. Elle lentend qui commence à se déshabiller derrière elle. Lidée dêtre sodomisée par ce type lui donne envie de gémir de rage. Très peu dhommes ont emprunté cette voie, et jamais aucun lui inspirant si peu de désir. Le lit ploie sous le poids de Damien lorsquil prend place derrière elle et sempare de sa taille. Il laisse couler un filet de salive pour la lubrifier, puis attrape ses poignets quil maintient fermement dans son dos.

Elle fixe le mur à sa gauche en sefforçant de faire le vide dans son esprit, comme elle le fait dans les moments pénibles à passer. La verge tente de forcer ses reins sans préliminaire. Il doit sy reprendre à plusieurs fois, tant le corps de la jeune femme nest pas préparé à laccueillir. Mais il finit par senfoncer sans douceur, comme un guerrier conquiert une terre. Le bruit qui séchappe de la gorge de Morgane est plus un glapissement offensé quun gémissement de plaisir. Damien commence à la labourer comme une prostituée de bordel miteux. Elle naurait jamais cru que lacte sexuel puisse être si rabaissant. Se répéter encore et encore quelle accepte tout ça pour Thierry, voilà le seul moyen quelle trouve pour rendre lépreuve supportable. Elle ne sest jamais sentie aussi bassement « femelle » entre les mains dun homme. Elle nest quun objet de plaisir dont le ressenti na aucune espèce dimportance. Sa dernière once dhonneur consiste à rester aussi silencieuse et passive quelle le peut. Mais même cela lui est impossible, Damien la lime trop brutalement. Elle sait bien que chaque hoquet de surprise douloureuse quil lui arrache est une victoire pour lui. Au moins, ses yeux sont secs elle est bien trop furieuse pour pleurer (contre Damien et son absence totale de respect, contre Thierry qui la prête comme un jouet, et aussi contre elle-même, qui éprouve un plaisir enfoui et coupable à être traitée ainsi). Le coït anal se poursuit de longues et douloureuses minutes. Lhomme jouit enfin en elle, terminant sa besogne à coups de reins secs et dominateurs. Il se retire et lautorise à aller se doucher dans la salle de bain qui jouxte la chambre, sans ôter le collier, précise-t-il.

***

Damien est toujours là lorsquelle ressort de la pièce deau, les cheveux ondulés par la douche et une serviette nouée autour delle. Il sest rhabillé et se tient assis sur le bord du lit, manipulant la chaine de la laisse dOlivia.

— Vous avez un joli corps, jeune fille, ne le cachez pas comme ça.

Morgane se tient sur le pas de la salle de bain, tendue. Elle se demande avec angoisse si le type ne serait pas déjà en mesure de remettre ça. Il claque des doigts.

— Jai dit tombez la serviette ! sagace-t-il. Jaime être obéi rapidement !

La jeune fille laisse choir le drap de douche humide à ses pieds. Elle croise machinalement ses mains sur ses épaules, fuyant les yeux inquisiteurs de lhomme qui vient de la posséder de la manière la plus vile. Il claque à nouveau des doigts en désignant le sol devant lui. Morgane comprend le message. Elle vient prendre place à genoux, poignets croisés dans le dos.

– Voulez-vous quon vous remette en laisse ? demande-t-il.

La jeune femme doute davoir vraiment le choix mais répond que ce nest pas utile.

— Je crois au contraire que vous nattendez que ça, affirme-t-il. Vous avez les yeux qui brillent juste à la regarder.

Morgane senferme dans un mutisme méprisant. Ce sadique joue avec elle.

– Mais il va falloir la demander correctement, poursuit Damien.

— Accrochez la chaine sil vous plait soupire-t-elle, comme si elle cédait à un caprice denfant gâté.

— Jai dit correctement

— Ô votre Grandeur, je vous implore de mhumilier, lâche Morgane dun ton amer et sarcastique.

Lhomme se lève dun bond. Elle bascule de surprise en arrière sur ses mains. Son cur manque un battement en le voyant saisir rageusement la cravache. Lombre de Damien la recouvre. Elle lève vers lui des yeux soudain craintifs.

— Jeune fille, vous allez apprendre ce quil en coûte de jouer les effrontées avec moi, lui annonce-t-il.

Morgane bat en retraite à reculons, mais il est sur elle en un éclair. Avant même de comprendre ce qui lui arrive, elle sent la cravache assaillir sa peau humide de toute part. Elle roule et se tord sur le plancher, comme une anguille tout juste péchée sur le pont dun bateau. La sensation est pire encore que ce quelle imaginait. Elle est en deux temps. Il y a dabord le claquement sec et précis, puis la brulure se fait sentir crescendo. Peu importe à Damien quelle lui présente son ventre, ses hanches ou ses reins, il la flagelle à toute volée. Lhomme est de toute évidence expert dans le maniement de linstrument, aucun coup nest perdu ni approximatif. Elle nest jamais cravachée là où elle sy attend, ce qui rend futiles ses tentatives de faire barrage de ses mains. Ladrénaline monte en flèche et le seuil de résistance de Morgane est vite dépassé. Elle tente de fuir le châtiment, rampante et en pleurs. Mais sans pouvoir se lexpliquer, elle ressent aussi au plus profond delle-même un plaisir masochiste à être dominée si durement. La jeune femme repense confusément aux théories de Thierry sur la dopamine libérée dans le cerveau dune soumise en pareille situation

Lhomme la suit avec calme, usant de son instrument aussi froidement quil la prise sur le lit. Tout orgueil ravalé, elle roule en position ftale et se répand en excuses à peine intelligibles. Entre deux sifflements de la cravache, elle fait la promesse noyée dans ses larmes de ne jamais, jamais recommencer. Lhomme la renverse sur le dos du bout de sa chaussure. La claquette tapote sèchement son sexe épilé. Elle fait écran des deux mains.

— Otez vos mains ! aboie Damien.

Le ton est si autoritaire quelle obéit sur le champ. Mais la sensation est intenable. Morgane sent quelle ne pourra pas en supporter beaucoup plus. Elle est à deux doigts dappeler Thierry à son secours et de prononcer la phrase qui rompra le contrat. Damien doit le sentir car il marque une pause.

— Etes-vous disposée à demander convenablement ? lui demande-t-il.

— Oui ! sanglote Morgane à bout de souffle. Oui ! Oui !

— Voyons cela, dit-il en plaçant sa chaussure à quelques centimètres de son visage. Je vous conseille dy mettre du cur, la prochaine volée sera pire.

La jeune femme bascule sur le ventre et se relève sur ses coudes tremblants. Elle approche ses lèvres de la Weston à lacets de Damien. Une larme tombe sur le cuir marron, sous labri formé par ses cheveux encore humides. Vaincue et matée, elle commence à couvrir la chaussure de baisers serviles. Tout plutôt que de gouter encore à la cravache

— Bien. A présent montrez-moi comme une petite chienne bien dressée réclame sa laisse.

Morgane se redresse à genoux. Elle lève des yeux embués et implorants vers Damien, puis effleure dune main hésitante le tissu de son pantalon, comme si elle nosait le toucher.

– Faites la belle.

Elle le dévisage en serrant les dents. Une ultime lueur de révolte passe dans ses yeux.

— Vous avez très bien entendu. Je nattendrai pas longtemps

Morgane est résignée à tout. Elle lève ses poings fermés au-dessus de sa poitrine, les phalanges tournées vers son tourmenteur.

— Pas bouger, dit Damien.

Il pose une main dominatrice sur le haut de son crâne et exerce une pression vers le bas, ce qui la force à courber respectueusement léchine et poser ses fesses sur ses talons, poignets toujours levés comme une chienne quémandant un sucre.

— Bien, dit Damien. Cest la seule attitude que jaccepterai de vous à lavenir. Maintenant vous savez à quoi mènent les autres.

Il récupère la chaine et fixe le mousqueton à lanneau du collier. Elle se laisse tirer hors de la chambre, étourdie comme après un orgasme.

***

Morgane est allongée sur le côté, dans le noir. Elle tourne le dos à son maitre et fixe lobscurité. Il lui a permis de dormir dans son lit. Peut-être cherche-t-il à se faire pardonner ce quelle a vécu plus tôt avec Damien ? Les convives sont partis depuis une heure. Elle a passé de longues minutes dans la salle de bain à se laisser enduire dun baume spécial par Oliva (un remède de grand-mère très efficace, selon Thierry). Litalienne a apaisé Morgane avec des mots et des gestes presque maternels. Elle lui a dit que la première fouettée était toujours la pire. Cela na guère consolé la jeune femme qui ne croit pas quelle supporterait dautres séances du même type. Lové contre elle, Thierry suit du doigt les fines boursouflures des stries laissées par la cravache sur sa peau douce. Damien la marquée des genoux jusquà la taille, presquautant devant que derrière.

— Ne boude pas, mon ange, chuchote son maitre à son oreille. Sois fière davoir supporté sans craquer. Tu es forte et courageuse.

Morgane a un petit rire triste.

— Cétait atroce murmure-t-elle dune voix chargée de reproches.

— Je sais ma belle. Mais il fallait que tu en passes par là.

– Pourquoi ?

— Pour savoir

— Savoir quoi ?

— Ce que signifie vraiment être soumise entre les mains de certains maitres.

— Je men fiche de « certains maitres ». Cest vous que je veux.

— Ne crois pas que jhésiterai moi-même à utiliser la cravache, sil le faut

— Comment on peut autant aimer faire souffrir ?

— Il ne sagit pas de ça.

– Quoi alors ?

— Obtenir ce quun amant ordinaire nobtiendrait jamais de toi, mon ange. Ton abandon total. La sincérité absolue de tes réactions, de tes mouvements, de tes émotions… Te voir comme aucun homme ne ta encore vue et comme beaucoup nosent en rêver. On peut y parvenir par les caresses, comme à la cave hier, mais aussi par le fouet. Le plus sur chemin est dalterner les deux.

La jeune femme médite ces mots en silence quelques instants.

— Quand on était en haut vous avez couché avec elle ? demande-t-elle, consciente de braver tous les interdits.

— Ce que jai pu faire ou pas avec Olivia ne te regarde pas, lui répond Thierry en suivant du doigt le creux de sa silhouette. Crois-tu que jai des comptes à te rendre ?

— Non

Le quinquagénaire se tourne de lautre côté pour dormir. Morgane garde les yeux grands ouverts, incapable darrêter la tempête sous son crâne.

— Nous avons discuté comme de vieux amis, rien dautre, lache finalement Thierry. Dors à présent.

La jeune fille se sent étrangement délivrée. Elle sendort sans efforts.

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