Il y a ce quon appelle le sexe pour le sexe. Et le sexe entre amoureux. Lequel préférez-vous ? Ou peut-être, vous êtes du genre à mélanger les choses : Après tout, qui na jamais été infidèle ou du moins, a voulu lêtre ? Pris entre deux envies : le grand dilemme. Jai toujours pensé que nous, pauvres êtres humains que nous sommes, étions de nature très vicieuse. Même les sainte-nitouches ont des secrets pervers cachés bien au chaud, dans un placard.
Mon corps se convulse, des flemmes irréelles le ravagent. La chaleur irradie de tout mon être. Je ne suis plus que plaisir plaisir plaisir. Au bord du gouffre, jai limpression de mourir. Je devrais céder et me laisser emporter au-delà de toutes mes limites. Ne vivre que pour lamour de lautre, de ce quil peut nous offrir. Jouvre les yeux, une lumière aveuglante méblouit. Je reviens peu à peu à moi. Je le vois se pencher sur moi, que compte-t-il me faire cette fois ? Un regard circulaire me prouve que je suis toujours au même endroit, horriblement familier. Je ne me trouve ni au paradis ni en enfer. Comment reconnaitrais-je ces endroits de toute manière ? Les briques rouges, au mur, le sol nu sous mes pieds. La froideur de la pièce me fait pourtant toujours le même effet, jai le sentiment dêtre dans un autre univers, complètement déconnectée de la réalité, du monde extérieur. Je cligne des yeux, défoncée, encore sous leffet de léblouissement sexuel. Mais je vous avoue que la lumière ny est pas pour rien. Je scrute son visage froid, il se penche sur moi. Le bout de sa langue, le serpent incarné, lèche ma bouche. Je serre les lèvres de dégoût. Comment est-ce possible, lui qui ma offert autant dextase ? Je détourne le visage, je veux men aller. Ne plus avoir affaire à lui, plus jamais. Jusquau prochain rendez-vous. Il mattrape le visage, ses ongles senfoncent dans ma chair. Il exige que je lui fasse face. Les membres entravés, je nai pas le choix, jobéis malgré moi. Je sens une immense tristesse se dégager de mon corps, je suis lasse.
Son haleine chaude séchappe de sa gorge et sévapore. Ses yeux, on pourrait les qualifier de deux grands puits noirs, interminables et sans fond. Rien ne lui échappe, il contrôle absolument tout, dans les moindres détails.
« Cest bientôt fini, repose toi ».
Je suis passive, je ne bouge pas. Des flashs massaillent, un mal de tête insupportable se fait sentir. Je revois les images des dernières heures défilées sous mes yeux.
Ses mains voraces sur ma peau, son regard luisant de perversité : Cest de cette manière que je le perçois. Moi, la bouche entrouverte, au bord de lexplosion, les joues rouges, le regard vague : Cest de cette manière quil me perçoit. Cest comme ça quil me décrit. Il aime me raconter dans les détails leffet quil me procure, lintensité de mes émotions qui sexpriment de par mon corps. Pas besoin de mots pour ça, je le ressens pleinement. Pourtant, cest sa drogue, je ne peux pas lempêcher de décrire crûment, ça lexcite.
Il séloigne et sapproche à nouveau de moi. Son corps brulant, à travers ses vêtements, je le sens. Ils ne les retirent jamais. Il se penche à nouveau sur moi, il irradie. Il me caresse les cheveux délicatement comme par peur de me casser, il aime faire ça. Ça lui procure énormément de plaisir. Je suis sa poupée, son bébé, son objet, son expérimentation. Ce qui lenflamme, cest ce quil voit, ce quil ressent par ce quil donne. Ça lélectrise. Parfois, je le vois dans un état second, à peine perceptible. Il essaye de se cacher, de rester impassible mais il ne peut pas tout contrôler. Certaines choses ne se contrôlent pas.
Mon corps, nu, obéit à ses caresses. Sa main sur mon crâne se glisse sur ma joue, ma gorge, se transforme en effleurement. Je réagis involontairement, mon corps tout entier se tend, en attente de ce qui arrivera. Ses attouchements saccentuent sur ma poitrine. Il appuie sur ma peau, sans douceur, pourtant sans douleur. Je tourne la tête pour le voir, je voudrais quil me rassure. Il me sourit, un sourire qui apaise et il retire aussitôt sa main ; on aurait dit quil sest brûlé.
Ils sen va encore une fois, quelques minutes passent, il revient dun pas vif.
Puis, je tombe, inconsciente. Mes paupières se referment, je ne peux plus lutter, je sombre.
Jémerge lentement, les membres endoloris, désorientée. Je suis dans mon lit, chez moi, à labri de tout danger. Je me redresse et me laisse finalement aller contre les coussins moelleux qui mapportent un réel réconfort. Je regarde lheure, plus dune journée sest écoulée depuis quil sest manifesté.
Je sais que je ne pourrais jamais me passer de sa présence singulière. Je suis convaincue quil est et restera toujours là, quelque part, à veiller sur moi.
La solitude ne me ronge plus.
Je ne suis pas la jeune femme réservée, étrange pour certains, qui passe ses journées, monotones, comme elles viennent.
Je vis.