DragonChild gisait sur le sol, sur le dos, son visage figé comme s’il se fut agit d’une statue de cire. C’était pourtant bien réel. Le corps à mes pieds était on ne pouvait plus réel. En le regardant, sa main serrant son torse au niveau de son cur, je me mis à le détester plus encore. Je le détestais pour m’avoir forcé à en arriver là. S’il s’était contenté de m’ignorer, rien de tout cela ne serait arrivé. Il serait encore en vie, et Ayaka ne serait pas inconsciente. Inquiet pour ma petite amie, je rejoignis les bêta-testeurs, regroupés sur les quais de Carmin-sur-mer. MissMalice et Detsuky se ruèrent alors sur moi afin de s’assurer que je n’avais rien. Detsuky portait Ayaka dans les bras. Je tendis les miens afin de la récupérer. Je m’apprêtais à faire demi-tour afin d’atteindre le centre Pokémon le plus proche : elle sera plus confortablement installée sur l’un des bancs de l’hôpital pour Pokémon que sur un sol de béton.
-RedCliff ! m’appela quelqu’un.
Je me retournai. C’était un homme d’une vingtaine d’années qui m’avait interpellé. Sa main droite était plaquée contre son front, faisant ressortir la couleur rousse de ses cheveux courts. Ses yeux bleus me dévisageaient avec une expression que je reconnus comme étant de l’inquiétude.
-Je peux te promettre que personne ne voulait que ça se termine comme ça. Nous pensions juste que DragonChild voulait te faire peur, pour te faire comprendre de ne plus t’approcher de nous.
Il serra les poings et ferma les yeux. Je ne pouvais dire pourquoi, mais je sentais que ce joueur, dont le pseudonyme devait être Loser (difficile d’oublier un nom pareil : cela signifie perdant en anglais), était sincère.
-Seulement, poursuivit-il, depuis le combat contre Ondine, nous ne te faisons pas confiance.
-S’il te plaît, le coupai-je, abrège. Tuer DragonChild a été plus que pénible, alors j’ai besoin de faire le vide dans ma tête.
Loser opina du chef.
-Là où je veux en venir, c’est que je suis prêt à faire un marché. Tu ne t’approches pas de nous, et nous ne nous approchons pas de toi.
-Tant que ça ne se termine pas en duel mortel, ça me va, dis-je en m’éloignant.
Detsuky et MissMalice me rattrapèrent rapidement tandis que j’emmenai Ayaka au centre Pokémon. D’après sa respiration et son pouls, elle semblait hors de danger, mais avec Secoya aux commandes, mieux valait être prudent.
Ayaka se reposait sur le banc du centre Pokémon. Detsuky et MissMalice se trouvaient à mes côtés, attendant impatiemment que notre amie commune se réveillât. Je ne pouvais lâcher ma petite-amie des yeux. Lorsque je voyais son visage dont la peau avait commencé à fondre par endroit, je fermai les poings en imaginant ce qu’elle avait pu endurer. Je l’imaginais dans une prison enflammée, une douloureuse chaleur la grignotant de toute part. Je me rappelais ses cris, ceux qu’elles poussaient tant la douleur était insoutenable. Sans oublier que cette épreuve avait dû être vécue par ma faute. C’était entièrement ma faute si Ayaka avait dû se jeter dans les bras ardents des flammes. Je me mis à maudire mon impuissance. Je n’avais fait que regarder, alors que j’aurais dû réagir automatiquement et protéger la femme que j’aimais. Je n’avais de cesse de me représenter la scène des flammes, puis une main amicale vint se poser sur mon épaule.
-Je sais ce à quoi tu penses, RedCliff. Tu n’as rien à te reprocher, Dragonchild est le seul responsable.
Je reconnus la voix de Detsuky. Je ne le regardai pas : je refusais catégoriquement de quitter ma petite-amie des yeux.
-J’aurais dû intervenir plus tôt, répondis-je, les nerfs à vif. J’ai perdu au moins cinq secondes à la regarder se faire torturer par les flammes.
-Tu sais, me consola MissMalice, tout ne se passe pas toujours comme on le voudrait. Dans ta tête, il est facile de t’imaginer la secourir tout de suite. Seulement, en réalité, rien n’est pareil. On ne ressent pas cette peur de perdre quelqu’un qu’on aime. C’est cette peur qui nous paralyse, et c’est humain d’y succomber.
Je me forçai à l’écouter, mais ses paroles ne me calmèrent pas pour autant. Ayaka, elle, n’avait pas hésité une seule seconde lorsqu’il avait fallu me sauver des flammes. Et pourtant, je savais qu’elle avait eu peur. Quant à moi, j’avais été beaucoup plus lent à la détente. Que devais-je penser de cela ?
-Si seulement j’étais mort, lâchai-je. Elle n’aurait pas eu à subir ça.
MissMalice, autrefois dans mon dos, me contourna pour me faire face. J’eus à peine le temps de comprendre ce qu’elle voulait que je reçus une gifle monumentale sur la joue droite. Une douleur s’y fit sentir, puis je sentis mon visage rougir à l’endroit où je venais d’être frappé.
-Je ne veux plus jamais t’entendre dire ça, articula péniblement mon amie, entre la colère et la tristesse. Ne souhaite plus jamais mourir ! Ayaka t’aime assez pour avoir été prête à se sacrifier pour te protéger ! Elle aurait préféré mourir plutôt que de te perdre, n’oublie jamais ça !
Au fond de moi, je savais que MissMalice était dans le vrai. Ce qu’elle avait dit était d’ailleurs tellement évident que je me demandais comment j’avais pu l’oublier. L’amour soude les curs de deux personnes pour les rendre plus forts et leur permettre de résister aux pires épreuves. Et moi, j’étais prêt à abandonner dès le premier coup dur. J’en vins à me demander si, au final, je méritais vraiment d’être amoureux. Probablement pas. Dans ce cas, je n’avais plus qu’à le mériter. Je n’avais plus qu’à mériter de rester auprès d’Ayaka. Je n’avais plus qu’à terminer ce jeu mortel pour vivre sereinement à ses côtés. Cette pensée me redonna espoir tandis que je serrai les poings.
-Tu as raison, admis-je. J’ai été idiot.
MissMalice resta immobile. Mes yeux constamment fixés sur le corps allongé d’Ayaka, je ne pus voir comment elle avait réagi. J’allais tourner mon visage vers la jeune femme blonde lorsqu’Ayaka remua. Je l’entendis souffler légèrement tandis que ses yeux s’ouvrirent difficilement. En la voyant reprendre vie, je ne pus contenir un soulagement. Dans mon dos, j’entendais mes deux amis se réjouir de voir notre amie commune se relever de ses blessures. Ayaka tenta de se relever, mais, dès lors qu’elle posa un pied sur le sol, elle perdit l’équilibre et menaça de tomber au sol. Instinctivement, je me jetai sur elle afin de la rattraper.
-Doucement, lui soufflai-je, ne force pas trop.
Ayaka hocha à la tête et se laissa faire lorsque je le forçai à se rallonger sur le banc du centre Pokémon. Je posai ma main droite sur la joue à moitié brûlée de ma petite-amie afin qu’elle sentît ma présence à ses côtés.
-Désolé de vous demandez ça, dis-je à l’attention de Detsuky et MissMalice, mais est-ce que vous pourriez nous laisser seuls un petit moment ?
Ils acquiescèrent et, ensemble, quittèrent le centre Pokémon, nous laissant, Ayaka et moi, entourés de quelques PNJ qui nous ignoraient totalement, comme l’exigeait leur fonction de PNJ. Me demandant ce que je devais dire à ma petite-amie, je la regardais intensément dans les yeux. Ils brillaient. Je soupçonnais la fatigue d’être à l’origine des semblants de larmes se créant sous ses yeux. Ayaka me rendait mon regard. Je fus incapable de résister : je posai mes lèvres sur les siennes et l’embrassai.
-Merci de m’avoir sauvée, lui dis-je en séparant nos deux visages.
Ayaka détourna la tête. Elle semblait, pour une raison que j’ignorais totalement, fuir mon regard.
-Au final, c’est toi qui as dû me sauver, répondit-elle en passant sa main sur son visage.
Je la vis blêmir lorsque ses doigts entrèrent en contact avec sa peau partiellement brûlée. Je me demandai alors si cela la faisait souffrir. J’espérais que non.
-Disons que nous nous sommes sauvés mutuellement, si ça te fait plaisir, me forçai-je à sourire en lui donnant un baiser sur la joue.
Je sentis, en posant mes lèvres sur son visage, que quelque chose n’allait pas. C’était comme si elle essayait de me repousser, comme si elle ne voulait plus de moi. Je balayai cette idée de mon esprit : je ne voulais même pas prétendre que cela fût possible.
-Ayaka ? m’inquiétai-je. Qu’est-ce qui t’arrive ?
Elle ferma les poings. Je me demandais si elle m’en voulait pour le Lance-Flamme de Reptincel. Après tout, si j’avais réagi plus vite, elle n’aurait pas eu à se sacrifier pour me sauver. Je vis ses yeux se fermer, puis des larmes couler le long de ses joues.
-Tu dois me détester, pleura-t-elle à moitié.
Sur le coup, je ne compris pas où elle voulait en venir. Moi, lui en vouloir ? Pourquoi ?
-Pourquoi est-ce que je devrais te détester ? m’inquiétai-je davantage.
-Par ma faute, tu as dû tuer DragonChild ! Juste parce que je n’ai pas su me défendre, tu as dû tuer quelqu’un !
J’en vins à me demander si elle n’avait pas oublier ce qui s’était passé, devant l’arène. J’aurais tué DragonChild à cause d’Ayaka ? Pourquoi se faisait-elle des idées pareilles ? J’avais dû tuer DragonChild à cause de DragonChild lui-même, et de personne d’autre. Surtout pas d’Ayaka.
-J’ai dû le tuer à cause de toi, tu dis ? Tu es certaine que nous avons vécu la même scène, toi et moi ?
Ayaka me regarda à nouveau dans les yeux tandis que ses larmes continuaient de couler le long de ses joues.
-Je te rappelle que c’est moi, qui suis resté immobile pendant qu’un Pokémon m’attaquait. Sans toi, je serais mort. Alors plutôt que de t’en vouloir, tu ne penses pas que j’ai plutôt envie de te remercier ?
-Ça ne change rien au fait que, parce que je n’ai pas pu et te protéger et me protéger, tu as été obligé de tuer quelqu’un.
Incapable de l’entendre se morfondre davantage, je la pris par les épaules pour la serrer dans mes bras.
-La seule personne qui m’a poussé à le tuer, lui dis-je à l’oreille, c’est DragonChild. Ne te rends pas responsable de sa connerie.
Je la relâchai pour l’embrasser, sur la bouche cette fois-ci. Toutefois, elle eut un mouvement de recul ; je n’embrassai que du vide.
-Ne te force pas, me dis-je en se levant à moitié du banc. Tu dois me trouver hideuse.
« Hideuse ». Ce mot résonnait dans ma tête. « Hideuse », c’était bien le mot qu’elle avait employé. Elle s’apprêtait à se lever complètement lorsque je le retins par le bras. Elle tenta de ma faire lâcher prise, mais je la tirai vers moi et l’enlaçai. Son visage se retrouva alors sur mon épaule tandis que ma main droite caressait ses cheveux bruns.
-Hideuse ? répétai-je à haute voix. Tu penses que je te trouve hideuse ?
Elle se libéra partiellement de mon étreinte. Mon regard était plongé dans le sien, toujours aussi débordant de larmes.
-Ne me regarde pas ! finit-elle par pleurer sincèrement.
Comme je sentais qu’elle n’avait pas encore totalement récupéré de la précédente situation, je la fis s’allonger sur le banc du centre Pokémon. Ses yeux peinaient à rester ouverts.
-Tu veux que je te dise comment je te trouve ? lui dis-je d’un ton doux.
Elle m’écoutait attentivement, comme si ce que j’allais dire pouvait tout changer.
-Quand je vois les marques sur ton visage, je ne vois aucune laideur, poursuivis-je calmement. Les marques que je vois sont la preuve que tu tiens assez à moi pour avoir été prête à risquer ta vie pour me sauver. Quand je vois ces marques, je n’ai de cesse de revoir ce moment où tu t’es jeté dans les flammes à ma place. Quand je vois ces marques, je n’ai de cesse de me rappeler du courage dont tu as fait preuve. Quand je vois ces marques, je me dis que j’ai de la chance d’avoir pu gagner ton amour. Quand je vois ces marques, je te trouve encore plus belle que tu ne l’étais avant. Alors, s’il te plaît, laisse-moi te regarder, laisse-moi retomber amoureux de toi.
Les yeux d’Ayaka s’ouvrirent en grand tandis que je repris ma respiration. Elle pleurait toujours autant, mais je doutais que ce fut de tristesse. Je la pris alors dans mes bras et l’embrassai. Cette fois, elle fit plus que simplement se laisser faire : elle me rendit mon baiser. Un baiser torride durant lequel nos émotions, toutes brûlantes, se mélangeaient dans une tornade dont l’intensité était suffisante pour faire se retourner nos curs dans tous les sens.
-Maintenant, laisse-moi te montrer encore une fois à quel point je tiens à toi, ajoutai-je en arrêtant notre baiser.
Je fis alors descendre mes lèvres le long de son visage, puis l’embrassai de partout en n’ayant de cesse de poursuivre cette descente langoureuse. Je lui embrassai le cou ; elle pencha légèrement la tête en arrière afin de mieux apprécier mes caresses linguales. Je descendis jusque sur ses seins ; elle posa sa main à l’arrière de mon crâne afin de m’inciter à poursuivre, même à travers le tissu de son tee-shirt à moitié brûlé. Je décidai alors d’ôter ce bout de tissu carbonisé que je jetai sur le sol. Seul son soutien-gorge blanc recouvrait encore sa poitrine, mais Ayaka ne perdit par de temps pour le retirer et le lança sur les restes de son tee-shirt. Désormais torse nue, elle posa sur moi un regard qui me fit littéralement fondre de désir. Incapable de retenir mes pulsions, je me replongeai sur ses seins et en massai les tétons à l’aide de ma langue. Une fois encore, Ayaka se cambra tandis que je jouais avec son épiderme érogène. Ma main droite profita de l’ardeur de nos émotions pour descendre le long de sa hanche. Bientôt, elle atteignit un jean dont elle fit le tour de la ceinture jusqu’à trouver la braguette qui le maintenait à sa propriétaire. Ayaka couinait sous mon massage tandis que je dézippai sa fermeture éclair. Je baissai alors son vêtement, et sa culotte suivit le mouvement.