En sortant les vêtements du sac, un trousseau avec trois clefs est tombé. Je le ramasse : "Fais comme chez toi" inscrit sur le porte-clef. Ce sont les clefs qui permettent d’accéder à l’appartement de Ludwig… Ce sont… A quoi suis-je en train de penser?!? Je n’y retournerais pas.
Le lendemain, un samedi. Je suis -encore- devant l’immeuble où habite Ludwig.
« Bah oui ! Tu y es retournée, idiote… »
Je regarde les clefs : l’une d’elle ouvre la porte de l’immeuble. Je prends l’ascenseur, et au 18ème étage, je suis devant sa porte que j’ai réussi à ouvrir avec une deuxième clef. L’appartement est vide mais chaud ; une odeur sucrée y règne. Je m’allonge sur le tapis du salon.
« J’ai menti à ma mère pour venir ici… Si elle savait…
Quel intérêt je porte à cet endroit? Quelque chose me retient ici… »
Je me redresse soudainement.
« Ah !!! J’ai fait intrusion chez quelqu’un !!! Si ça se savais, je… »
D’abord paniquée, je me renverse lourdement sur le tapis. Puis, ma respiration s’apaise alors que je saisis le porte-clef pour l’analyser.
« Après tout, il a dit "Fais comme chez toi" … C’est comme ça que je ferais, chez moi… »
Puis, se soulève une interrogation : Qu’ouvre la troisième et dernière clef?
Je me lève précipitamment pour aller dans sa chambre ; ce fut une erreur car je me suis retrouvée confrontée aux souvenir qui ont eu lieu ici…
Heureusement, ma curiosité maladive dirige ma concentration vers les recoins cachés de la chambre… Je fouille un peu partout afin de trouver un élément qui s’ouvre avec une clef : sous le lit, dans les placards étrangement vides et rangés, dans la panière à linge…
Sans réel succès. J’arpente toutes les pièces de la maison à la recherche de ce secret lugubre. Et si je tombais, comme dans le célèbre conte, sur une pièce où il rassemblait les corps de ses anciennes «poupées» ? Ayant cherché à peu près partout, je m’assois en soufflant sur le canapé.
« Ça ne se fait pas ce que je fais… Qu’est-ce qui me prends, tout à coup? Cet endroit me fait tourner mal… »
En face de moi, une graaande télévision. Sur un meuble. Avec des vitres, et… une serrure! Je me lève satisfaite de pouvoir rassasier ma curiosité malsaine, mais la clef ne rentre pas. Par contre, les petites portes vitrées sont ouvertes! Je m’empare des cassettes à l’intérieur : porno, porno, blockbuster débile, porno, hentai, jeux vidéos… Un cassette de la Belle et la Bête, qui fait un peu tâche. J’ouvre le boîtier : il ne s’agit pas de la Belle et la Bête, mais de «Rituel Leonn 2007»
17:56, Il est tard. Un dilemme s’offre alors à moi : Je regarde la cassette vidéo, ainsi je saurais ce qu’est «Rituel Leonn 2007» et je pourrais dormir la nuit ; ou bien je rentre chez moi, et c’est tout. Fin de l’histoire, on en parle plus.
Que faire? Si je reste, je tarde et je prends le risque de laisser filer le dernier bus, mais si je pars, je n’aurais peut-être plus l’occasion de savoir ce que ce titre intrigant révèle…?
Je décide de rester. Je me sers un jus d’orange et j’allume la télé (j’ai dû mettre un bon moment avant de trouver comment) ainsi que le lecteur, y insère la cassette et m’installe. Le soleil, en ce mois d’octobre, commence déjà à flancher, et la pièce s’assombrit un peu. Je met en lecture…
La vidéo commence… On voit bien que c’est filmé en amateur et que quelqu’un se déplace caméra à la main. Le cameraman entre dans une salle ou se tient un groupe de personnes agenouillées autour d’une plate-forme en pierre où quatres colonnes sont placées en parallèle. Le lieu étroit n’est éclairé que par une multitude de cierges… Un homme en manteau rouge, accompagné de deux jeunes garçons en robes blanches qui avancent têtes baissées, pénètre la salle. Son visage est camouflé… Il prononce des choses incompréhensibles pendant un long moment ; quand il a fini, il saisit le bras du garçon à sa droite, qui a juste l’air d’un zombie, lui ouvre les veines et remplit une coupelle avec son sang. Ma tête commence à tourner…
Il verse une partie du contenu de la coupelle sur la tête de l’autre garçon, et en boit l’autre partie. Ces enfants sont-ils drogués ? L’homme allonge l’enfant scarifié sur la plate-forme sphérique, hurle des mots inconnus et abat sur le ventre de l’enfant un poignard, plusieurs fois de suite, en répétant à chaque fois ces mêmes mots inconnus… Je reste figée sur place, partagée entre l’envie de hurler et l’envie de vomir. A l’écran, on entend que la voix de l’homme rouge qui hurle et s’acharne sur le cadavre.
Je bondis du canapé et fonce dans les toilettes pour vomir. Je reprends doucement mes esprits… C’était donc ça, «Rituel Leonn 2007» ? Un sacrifice humain ? Je transpire, mais mon corps est glacé, j’ai la tête qui chavire un peu et une boule me serre la gorge et l’estomac. Pourquoi Ludwig possède-t-il ce genre de vidéos ?
Je décide de partir. C’en est assez de ces manières. Qu’est-ce que je deviens ? Voila ce qui arrive quand on fait intrusion dans la vie des gents.
Je retourne au salon pour rassembler mes affaires, mais en arrivant, je suis interpellée par ce que je vois à l’écran : ce n’est plus l’endroit filmé tout à l’heure, c’est autre chose… On voit un jeune homme muni d’un collier de chien avec les mains attachées dans le dos, implorant un persécuteur non-identifié qui le viole. « C’est marrant, tu as peur, tu pleures, tu trembles, on dirait un petit animal prit au piège ! » Cette phrase lancée par le violeur, c’est mot pour mot ce que m’avait dit Ludwig. Je pars, vite ! J’abandonne le trousseau de clefs, je referme la porte qui claque derrière moi et je fait face aux couloirs sombres de cet immeuble. Il faut fuir, vite ! La nuit s’est installée. Pas de retour en arrière possible. Je longe les murs pour trouver un interrupteur, sans y arriver ; frustrée, je cherche alors le bouton de l’ascenseur, mais sans le trouver non plus. Armée de mon téléphone portable, j’essaie d’éclairer le vaste étage. Soudain, quelque chose me touche l’épaule, je hurle et la lumière s’allume.
« Encore toi…
_ Ludwig…
_ Bordel, qu’est-ce que tu fous ici ?! Il est hyper tard… ! »
Secouée par trop d’émotions, je m’écroule en larme sur le sol, et Ludwig s’agenouille pour entourer mon dos de ses mains, me prendre tendrement dans ses bras, et accueille mes jambes autour de sa taille. Soulagée de sa présence, je me laisse aller et pleure contre son cou sûr et chaud. Il se relève en me portant comme il porterait une chose fragile, avec délicatesse.
« Tu fais chier, vraiment… Tu mériterais une punition ! » me lance-t-il en provocation.
Ludwig, quels sont tes secrets ?