Je me réveille en sursaut.
— Tu vas bien ?
Dans l’obscurité je vois la porte entrouverte. J’ai reconnu la voix de Conakry.
— Tu as crié ! Ça va bien ?
— J’ai fait un cauchemar. Ce n’est rien
La porte s’ouvre plus largement puis se referme et la silhouette de Conakry est maintenant près du lit. Elle passe sa main sur mon front.
— Tu as chaud ! Tu es sûre que tu n’es pas malade ?
— Non, je ne crois pas. J’ai eu du mal à m’endormir. Je repense à ma Mère.
— C’est normal. Tu es sûrement un peu angoissée, mais dis-toi que tu n’es pas seule.
Je réfléchis pendant quelques secondes, puis je m’aperçois qu’elle ne porte même plus son pagne.
— Tu es nue, Conakry ?
Un petit rire de sa part détend l’atmosphère lourde qui me pèse.
— Bien sûr, nous sommes toujours nue la nuit, sauf quelques jours par mois.
— Pendant les règles ?
— Oui, c’est la seule période où nous portons culotte ! Ajoute-t-elle avec un éclat de rire. Tu me fais une place ?
Sans attendre ma réponse, elle se glisse à côté de moi.
— Rassure-toi, je ne vais pas te violer, Muriel. Je veux juste t’aider à passer une nuit calme, avec quelqu’un près de toi. Je m’allonge et je ne bouge plus.
— Je n’ai pas peur, Conakry. C’est vrai qu’avoir quelqu’un près de moi me semble préférable.
— Allez, rendors-toi. Je veille sur toi.
Après quelques minutes, je tombe effectivement dans un sommeil profond et c’est la lumière du jour dans ma chambre qui me réveille. Conakry ouvre les volets.
— Allez debout ! Il est déjà dix heures !
Elle s’approche de moi et pose ou petit baiser sur mes lèvres. Lorsqu’elle se recule, je peux contempler son corps désormais en plein jour. Un corps de déesse noire, tout en harmonie. Elle me regarde en souriant.
— Tu n’as jamais vu une fille nue ma parole !
— Non, hier, c’était même la première fois que je me regardais nue dans un miroir, lui dis-je en désignant l’armoire à glace.
— Tu me montres ?
— Je n’ose pas.
— Bon je n’insiste pas. Je te laisse t’habiller. Descends vite pour le petit déjeuner.
Conakry quitte la chambre et je m’habille rapidement. La deuxième partie de la nuit a été bonne et je me sens à peu près en forme ce matin.
Je descends au rez-de chaussée. Lima et Tahiti m’accueillent au bas de l’escalier.
— Bonjour Muriel !
— Bonjour Muriel !
— Je vois que Conakry vous a passé la consigne.
— Oui, nous sommes vraiment tristes pour toi, me dit Lima, en passant ses bras autour de mon cou.
Ses lèvres se posent sur les miennes et j’entrouvre la bouche pour laisser venir sa langue. Puis Lima se retire afin de laisser la place à Tahiti qui me donne également un baiser passionné. Décidément, je suis en train de prendre goût aux délices de Lesbos car je sens une tendre moiteur s’installer entre mes cuisses.
