Plus tard dans la soirée, Callianax se remémora les événements de la journée. Allongé sur le même lit où il connut son premier véritable orgasme, il commençait à se demander si cela n’était pas un rêve qu’il avait fait. Ses souvenirs étaient confus et son corps comme engourdi, comme au réveil d’un songe dont le voile irréel s’envolait sitôt les brumes oniriques dissipées. Résolu à connaître la vérité, il prépara un plan pour le lendemain et cela tombait bien, c’était son jour de loisir durant lequel son père ne le faisait pas travailler à l’atelier.
Le soleil était à peine levé que Callianax fit de même. Il consacra les premières heures de la matinée à quelques exercices au gymnase afin d’entretenir son corps. Après l’effort il passa un moment au bain où il se nettoya consciencieusement avec l’aide de Philémon, un acteur avec qui il avait sympathisé. Celui-ci profita de ce moment pour engager la conversation.
"Au fait, veux-tu m’accompagner à la taverne avant le spectacle ? Je dois y rencontrer un dramaturge et je pense pouvoir le convaincre de me choisir pour sa nouvelle pièce, « La folie d’Héraclès ».
— La folie d’Héraclès ? Et c’est donc pour cela que tu t’entraînes avec autant de zèle ?
— Pour obtenir le rôle principal, lui ressembler ne peut que m’aider.
— A moins de t’adresser aux dieux, je ne pense pas que tu puisses ressembler un jour à Héraclès, aussi sincères soient tes efforts, ironisa Callianax.
— Ta confiance m’est toujours agréable "
Les deux amis rirent de bon cur. Tandis que Philémon commençait à nettoyer le dos de Callianax à l’aide de son grattoir, il réitéra sa proposition :
"Alors, te joindras-tu à moi ?
— Navré mais j’ai d’autres projets pour aujourd’hui.
— Tant pis, nous nous reverrons au théâtre alors.
— Pour tout te dire, je n’y viendrai pas non plus.
— Toi, manquer le théâtre ?! S’exclama le comédien. N’y aurait-il pas une femme derrière tout cela ?
— Cela se pourrait. Répondit le potier songeur.
— Si une femme peut te détourner de l’art dramatique, te voilà perdu. Comment est-elle ?
— Je ne saurai te la décrire et pour être franc, j’ai toujours l’impression que ma vue se trouble en sa présence.
— Cela ressemble plus à un abus de vin qu’autre chose.
— Contrairement à toi, je n’en abuse que très peu et je ne le bois jamais pur.
— Et c’est un tort, pourquoi souiller un breuvage divin avec de l’eau ? Ce liquide n’est bon qu’à s’y laver."
Ils rirent de nouveau puis changèrent de place.
"- Tu es sûr de ne pas changer d’avis ? Tu sais, tu vas manquer la meilleure pièce qui n’ai jamais été écrite et jouée.
— C’est ce qu’on dit mais oui, j’en suis certain. Et si elle est aussi extraordinaire que l’on veut bien le dire, j’aurai d’autres occasions de la voir.
— Et qui sait, peut-être même que c’est moi qui en serai le protagoniste "
Après cette séance de sport, Callianax rentra chez lui en espérant trouver la maison vide. Son père travaillait dans son atelier tandis que sa mère devait aller voir son frère pour prendre de ses nouvelles. L’occasion était idéale pour un tête-à-tête avec Nemis, qui était occupée à entretenir la maison. C’est dans la cuisine que le jeune homme la trouva, affairée à préparer du pain. Elle portait un chiton, une tunique qui recouvrait presque tout son corps à l’exception du côté droit, retenue par une ceinture simple au niveau de la taille. Ne voulant pas la déranger dans un premier temps, Callianax se faufila dans un coin de la pièce pour admirer le corps qu’il avait devant lui. La peau hâlée de Nemis luisait avec la chaleur du four, sa chevelure ondulait et ses mains graciles pétrissaient une pâte avec la même dextérité dont il avait été témoin la veille, du moins si ses souvenirs étaient fiables. Perdu dans sa contemplation, il sursauta en entendant son prénom briser le silence ambiant.
"Sais-tu Callianax qu’il est impoli d’épier les gens de cette manière ?
— Pardonne-moi, je ne voulais pas t’espionner je ne voulais pas t’importuner.
— M’importuner ? Quelle idée ! Je pensais avoir dit que je serai toujours disponible pour toi.
— V-Vraiment ?"
Les mots de la servante lui revinrent tout-à-coup à l’esprit. Si elle s’en souvenait, alors cela voulait dire qu’il n’avait pas rêvé. Cette idée le remplit de joie et d’excitation. Son interlocutrice se retourna vers lui, scrutant la moindre de ses réactions de ses yeux noirs.
"Aurais-tu déjà oublié notre petite discussion d’hier ? reprit-elle.
— Et bien, pour être honnête je je pensais que je l’avais
— Imaginée ?
— Oui.
— Je t’ai fait autant d’effet ? Elle ponctua ces mots d’un rire presque innocent. Comme c’est charmant. Mais j’imagine que si tu es ici, c’est parce que tu voudrais reprendre nos leçons, n’est-ce pas ?
— Oui, si si cela ne te dérange pas.
— Voyons, je te l’ai déjà dit. Je ne me manquerai jamais une occasion de t’instruire ou de te satisfaire. Viens, allons dans un endroit plus discret. "
Nemis tendis sa main que Callianax pris sans même y réfléchir. Son cur battait à tout rompre et son esprit se vidait peu à peu de toute autre pensée qui n’ait un rapport avec ce qui l’attendait. Ils arrivèrent ensuite dans une pièce étroite, fraîche et légèrement en dessous du sol. C’étaient les réserves dans lesquelles les aliments et autres denrées étaient entreposées. Il y faisait plus sombre mais sans pour autant être dans l’obscurité totale. La préceptrice défit sa ceinture et se colla contre un mur.
"Viens, dit-elle, hier tu as eu un aperçu de la volupté que l’on peut ressentir en étant caressé par une langue. Aujourd’hui, c’est à ton tour d’en donner."
Sur ces mots, elle posa ses mains sur les épaules de son élève et poussa doucement pour qu’il s’agenouille, ce qu’il fit sans résister. Elle écarta les cuisses en troussant son chiton et dévoila un sexe bien entretenu, aux formes délicates et au pubis clairsemé de quelques poils bien taillés. Impatient, Callianax se jeta sur ses lèvres pour les embrasser à pleine bouche.
"Holà, pas si vite, fit Nemis calmement. Ta passion est honorable mais il ne faut pas être trop précipité pour autant. Commence par déposer des baisers doux sur mes lèvres, caresse-les avec ton souffle, goûte ma chair du bout de ta langue."
Son amant s’exécuta en titillant la fente pulpeuse du fruit qu’on lui avait offert et suivit toutes les instructions qu’on lui donnait, léchant et suçotant le bouton de sa maîtresse avant de glisser sa langue en elle pour son plus grand bonheur. Nemis gémissait, une main caressant sa poitrine sous son vêtement et l’autre les cheveux de Callianax qui redoublait d’effort pour lui donner le plus de plaisir possible. Néanmoins sa langue faiblissait et il avait du mal à suivre le désir de sa tutrice qui lui réclamait toujours plus. Soudainement, elle le stoppa dans son élan et lui fit signe de se redresser.
"Ce n’est pas encore au point, commença-t-elle, mais ne t’inquiètes pas. Nous avons tout le temps pour progresser et d’ici peu tu y arriveras sans aucune difficulté."
Sur ces paroles, elle se saisit d’une figue qui se trouvait dans un panier proche et en croqua un bon morceau, de sorte que le jus du fruit coule abondamment sur sa bouche et son menton. Elle approcha ensuite son visage de celui de Callianax pour partager un baiser suave, sucré et salé à la fois. Après qu’elle s’eut léché les lèvres, Nemis troussa sa tunique plus haut et dit : "Je pense que tu es prêt maintenant, viens en moi et découvre le plaisir que peux t’offrir une femme."
Instinctivement, le jeune homme se saisit d’une des cuisses de son amante afin de dégager la voie pour son membre aussi raide qu’impatient. Lorsqu’il atteint enfin sa destination, son visage s’éclaira d’un air de béatitude mêlé de surprise, ce qui provoqua un sourire satisfait sur celui de Nemis, qui profita de cet instant pour lui glisser à l’oreille "Soulève-moi". Callianax ne se fit pas prier et pris son autre cuisse pour la porter à son niveau. Leurs regards se réfléchissant l’un l’autre, ils commencèrent leur danse lascive. Les assauts étaient d’abord maladroits et l’élève avait du mal à contenir ses élans mais tempéré par les paroles douces de sa préceptrice, il commença à trouver son rythme lentement mais sûrement, commençant par une pénétration calme mais profonde. Elle, de son côté, se lovait de plus en plus contre lui en le ceinturant de ses jambes et de ses bras, son visage enfoui dans sa nuque. De temps à autre elle lui indiquait la marche à suivre et l’encourageait à accélérer ses mouvements.
"Prends-moi plus fort, soupira-t-elle. Libère ton désir, laisse éclater ta passion. Tout ton être doit se livrer au plaisir. Ressens non seulement celui que tu reçois mais aussi celui que tu offres. Le plaisir d’une seule personne n’est qu’un demi-plaisir, le vrai est celui qui unit les deux amants. Ne l’oublie jamais."
Exalté et enivré par la voix onctueuse qui résonnait au plus profond de son âme, Callianax se laissa emporté par son appétence et s’enfonça de plus en plus vite entre les reins de Nemis. Leurs gémissements faisaient vibrer les parois en pierre de la pièce exiguë et dans la légère pénombre on aurait dit que leurs corps n’étaient qu’un. Puis, ayant tous deux atteint les limites de leurs capacités physiques, ils jouirent ensemble dans un soupir voluptueux. Le sexe de Callianax ne cessait de libérer sa semence en longs jets puissants, ravissant celui de la maîtresse, heureuse et fière de son apprenti. Ils restèrent un instant soudés l’un à l’autre, savourant un moment de pureté charnelle rassasiant tous leurs sens. Enfin, le moment vint de se séparer et c’est à contrecur que leurs corps se désunirent. Ils rajustèrent leurs vêtements et retournèrent en cuisine où Nemis reprit ses tâches domestiques. Avant de se quitter, elle demanda :
"Dis-moi, n’était-ce pas aujourd’hui que tu devais aller au théâtre ?
— Oui, mais il m’a paru plus important de venir te voir.
— Vraiment ? Tu m’en vois flattée. Quelle pièce jouait-on ?
– « dipe roi » de Sophocle.
— Je vois La pièce est excellente à ce qu’on dit. Je serais bien allée la voir également si le thème eut été plus intéressant. Toutes ces histoires d’inceste ne sont pas très passionnantes. "
Néanmoins, cela lui avait donné une idée