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La louve et le Renard – Chapitre 1




Ceci est un extrait du journal personnel de mademoiselle ***, nous lavons retrouvé sous son matelas, près de la découverte effroyable de son corps ensanglanté, inconsciente. Je tiens à préciser quaucune modification na été apportée à ces écrits. Lauteure ma explicitement demandé de les faire passer sous le manteau si quoi que ce soit de tragique venait à se passer, je ne fais quobéir à ses volontés. Je vous prie de bien vouloir vous contenter de ce que vous lirez sans entreprendre quelques recherches plus approfondies afin davoir des réponses à déventuelles questions. Vous ne découvrirez rien et vous mettriez votre vie en danger inutilement.

11 novembre 2032

Nous avions un accord tacite : Il ne me touchait pas, moi non plus. Notre visage était inconnu lun à lautre. Nous portions des masques ; un masque de renard finement ciselé lui ornait le visage, moi, celui dune louve, vénitien. Ça sest fait naturellement, il ny avait que notre corps qui était découvert lun à lautre. Notre truc à nous, cest prendre du plaisir en admirant le corps de lautre se tordre de désir sous leffet de ce quil voyait. Nous savions pertinemment quil suffisait de découvrir lidentité de lautre ou de nous toucher pour rompre le charme. Dun point de vue simpliste et plutôt vulgaire, on pouvait dire quon était face à un porno, le truc, cest que ce nétait pas à travers un écran, à labri du regard des autres et du dégoût quon pourrait inspirer à certains esprits bien-pensants, pourrait-on dire.

Je vais vous raconter notre histoire peu conventionnelle car jen ai le réel besoin, jai besoin de mépancher, de raconter ce que je ressens. Peut-être que personne ne lira jamais mes notes mais écrire me soulage, mapaise et maide à fermer les yeux.

Bien avant que notre relation ne commence, jétais considérée comme une femme à problèmes. Cette catégorie de personnes est bien définie à notre époque ; il suffisait de voir votre nom revenir plusieurs fois sur la Liste mensuelle pour remarquer que plus personne ne vous regardez de la même manière. Vous étiez une rebue, une rebue notoire et vous ny échappez pas, ça vous colle à la peau jusquà votre mort, et encore

Mon nom à moi revenait entre 6 à 10 fois chaque année. Vous imaginez bien quon commençait à bien me connaitre. Jessayais vraiment déchapper à cet opprobre public mais on ne pouvait pas se soustraire à la suprême autorité, au sommet de la pyramide, vous mvoyezIl fallait faire avec.

Y a un truc que vous devez savoir, il y a énormément de choses qui découlent du fait dêtre affiché de la sorte. Tout dabord, vous naviez plus de quoi vivre. Cest simple, qui voudrait faire travailler une soi-disant criminelle ? Pas moi en tout cas, je comprenais. Nous devions crever dans notre coin. Je vais vous expliquer une chose simple : Le royaume nous distribuait à tous une petite rente qui nous permettaient de vivre assez confortablement (elle ma été retirée), et cela dans le but de nous aider à faire évoluer notre talent naturel. Nous en avions tous un sans exception, ce qui déboucha sur une classification des genres, les Artistes étant les plus nombreux. En fait, malgré nous, nous travaillons pour le royaume. Ce dernier nous financer pour que nous puissions avoir la possibilité de produire et donc denrichir le trésor du roi car une partie de la somme que nous récoltions en exportant nos productions revenait dans les caisses du grand souverain. Astucieux, nest-ce pas ? Quelle grande illusion. Ainsi, léconomie qui avait fait tant de ravage au fil des siècles prospérait enfin. Dune certaine manière. Il ny a quun pas entre la progression et la régression.

Je sais que vous connaissez déjà tout ça mais je men fiche, jai envie de lécrire alors je le fais. Vous pouvez bien passer quelques lignes ou quelques paragraphes mais il faut que vous voyez le monde tel que je le vois, cest primordial pour que vous puissiez me suivre.

Et encore une ch

12 novembre 2034

La fin de notre monde est enfin proche mes amis. Non, je plaisante, enfin pas vraiment. Jétais en train décrire hier lorsque la porte de mon miteux deux pièces à exploser, gisant à même le sol. Je mempressais de cacher mon carnet dans ma botte au moment même où le sergent Ryan entra en trombe dans la pièce. Il devait avoir une image assez pitoyable de ma personne : En apnée, je retenais tant bien que mal les larmes qui menaçaient de couler sur mes joues, une peur incroyable me saisit aux tripes. Je sentais presque le carnet me brûler la jambe, sil le découvraitJétais tout simplement foutue.

— Désolé pour la porte, tu nauras quà la fixer avec du ruban adhésif.

Ses moutons, ou plutôt devrais-je dire ses gorilles, laissèrent échapper un rire bien gras depuis lentrée en vrac.

— Jai entendu dire que tu tétais convertie aux trottoirs, tu fais la pute maintenant ?

Il me dévisagea non sans une lueur carnassière dans les yeux. Je ne faisais rien pour contredire son opinion sur ma personne. Je portais un débardeur très échancrée dévoilant mon nombril, une micro jupe qui moulait mon cul autant quelle le pouvait et des cuissardes. Mon teint pâle contrastait étrangement avec ma tenue sombre. Les faux puritains pourraient me qualifier de prostituée zombie, sans compter mon rouge à lèvre rouge vif et de mes yeux cerclés de noir. Mes cheveux sales cachaient une partie de mon visage.

— Bon. Tu nes pas sans savoir que tu as une dette envers sa majesté, tu nas pas payé ce mois-ci malgré les nombreux rappels à lordre. On ne te fera pas ce cadeau eternellement. Tu es donc attendue ce soir au « Chaudron rouge » sorcière, tu as intérêt à être là. Et prends une douche, tu fais peur à voir.

Encore un rire abominable, il devait être fier de son jeu de mots. Je ne réagis pas, nattendant quune chose : Son départ. Ce quil fit aussitôt nan sans avoir lancé un dernier regard à mes seins.

Je comptais jusque 100 pour mécrouler par terre, me balançant au rythme de mes prières silencieuses. Je noublierais jamais, jamais ce qui a entrainé ce traumatisme en le voyant, cette peur viscérale que je ressens au fond de mon être en repensant à tout ce que ce porc sest permis de me faire sans jamais avoir été punis. Il est du côté des puissants, il est immunisé. Limmunité absolue quon disait, maintenant, je ne sais plus comment qualifier ça. Un être aussi mauvais, au-dessus des lois, y a rien de plus dangereux.

Bref, tout ça pour vous dire que si je ne vous ai pas écrit, cest parce que jétais trop occupée à me remettre de cette visite, de trouver une solution pour cette foutue porte et de passer une soirée à utiliser mon corps pour satisfaire ces porcs. Désolée, je nai toujours pas trouvé mieux pour les qualifier aussi justement.

Arrivée au Chaudron rouge (oui, oui, très original), on ma ordonné de me changer en danseuse du Moyen-Orient. Je crois, jen suis même sûre, que cétait en partie pour cacher mon identité. Qui pourrait bander en regardant une criminelle se pavaner lascivement surtout si cette même criminelle vous fait leffet dune folle plutôt flippante. On me mit donc une sorte de voilette qui me mangeait la moitié du visage. Seul mon regard noir et mes cheveux devenus soyeux par un bon lavage dans la loge commune étaient visibles. La tenue rejoignait lidée que je renvoyais ce soir-là : La jupe fendue à la limite de lindécence et le tissu qui me couvrait à peine la poitrine.

Je suis tellement fatiguée, je pourrais bien avoir 100 ans.

Je devrais aller dormir.

13 Novembre

Il y a une règle immuable que tout lentourage proche du roi connaît par cur : La trahison de celui-ci, pouvant aller dune tentative de régicide au vol (même le plus insignifiant) de ses biens personnels, entrainent une mort immédiate et indiscutable. Et croyez-moi, la preuve de cette punition nous a été donnée de multiple fois, sa majesté a fait en sorte que tout le monde apprenne sa cruauté.

14 novembre

Aujourdhui, Lenny ma rendue visite. Honnêtement, je ne sais pas ce que je deviendrais sans lui. Lorsque jétais littéralement sans le sou, désorientée et en train de crever de faim, cest le seul qui ma tendu la main sans rien attendre en retour quand tout le monde me tournait le dos. Forcément, ça créait des liens. Je suis tombée amoureuse de lui, enfin cest ce que je croyais. Je le vois comme mon sauveur et malgré tout, je lui serai toujours redevable parce que cest comme ça que ça marche quand quelquun vous rattrape lorsque vous êtes sur le point de sauté dans le grand gouffre de la mort.

Il ne me prévient jamais lorsquil vient. Il débarque, si je suis là, tant mieux, autrement, il répare sans autre forme de procès. Il est totalement imprévisible, comme déconnecté de toute réalité, et cest ce que japprécie chez lui aussi. Je le vois comme un bonus aléatoire, non comme une entrave qui gêne, à laquelle on ne peut se détacher sans se sentir affreusement coupable. Il mapporte quelques provisions, prends de mes nouvelles et repart. Il ne reste jamais plus dune heure, ça pourrait le compromettre sil venait à se faire remarquer.

Malgré tout, je ne peux pas nier lévidence : Il mest indispensable.

16 Novembre

Nous sommes samedi soir. Je vais le voir ce soir, lhomme au visage de renard. Je sens lexcitation envahir mon corps rien quen pensant à lui. A ses mains, elles me font un effet irrépressible. Ça me prend aux tripes. Ses doigts fins et longilignes. On dirait des mains de filles, peut-être quil pratique assidument le piano. Encore un Artiste ? Il y en a partout. Les Scientifiques se font plus rares. Selon lopinion publique, ils nont plus leur place en ce monde, ils apportent plus de mal que de bien.

Je dois être méconnaissable pour garder mon identité la plus secrète possible. Je suis assez mise en avant comme ça. Je décide de faire un peu de shopping, ce mot me fait plus rire quautre chose. Je reviens environ une heure plus tard, une tunique que je viens de moffrir gratuitement à la main. Me voilà fin prête.

17 Novembre

Il est arrivé plus tôt que moi hier soir. Assis là où nous avions lhabitude de nous retrouver. Au beau milieu de nulle part, dans un abri à lapparence abandonné. Des lierres sinsinuaient entre les murs de pierres mais à lintérieur, cétait une toute autre histoire. De toute manière, la première personne qui oserait sy aventurer se retrouverait face à une porte solidement verrouillée. Rien à craindre, je crois.

Jenfile le masque avant de tourner la clef dans la serrure et entrait dans ce lieu de débaucheje souris malgré moi en sachant exactement ce qui arrivera durant les minutes, peut être les heures qui suivront. Comme dhabitude, je me retrouve face à des murs en velours capitonnés. La couleur pourpre me donne toujours un sentiment de luxe et de luxure. Le lieu est meublé de deux chaises de style victorien, lune face à lautre. Cest tout.

Il est assis à celle qui offre une vue directe sur la porte. Il lève la tête lorsque jentre et se redresse. Je minstalle face à lui après avoir refermé la porte, la clef dans la serrure. Il porte exactement la même tenue que les fois précédentes : une chemise noire, un pantalon moulant en cuir et des boots. Une tenue qui métonne à chaque fois mais qui me convient très bien. Nous ressemblons à deux corbeaux, mi renard pour lun, mi louve pour lautre. Cette situation incongrue me semble pourtant tout à fait naturelle. En masseyant, le tissu de la tunique noire que jai volée plus tôt se coince sous mes fesses et resserre le tissu sur mes formes. Elle reste ample. Cest tout ce que je porte avec mes cuissardes et mon masque, les cheveux libérés se déploient sur mes épaules.

Il me fait un signe de la main pour mencourager à me détendre. Il attend toujours que je commence. Je vois son regard fixait le mien, il glisse sur ma poitrine, mes bras nus, jusquà mes mains en haut de mes cuisses, à la limite du tissu. Son regard mirradie de lintérieur, il provoque des étincelles entre mes jambes. Je les écarte lentement, jusquà ce que ma robe remonte sur mes hanches. Une faible lumière éclaire la pièce. Il se met à laise tandis que jinsinue mes doigts à lentrée de mon sexe bouillant de désir. Je remonte encore ma robe pour saisir lun de mes seins que je malaxe, agace, caresse. Je laisse échapper un soupir, il déboutonne sa braguette, je vois son sexe sallonger sur son ventre. Je lai vu plus dune fois mais je ressens toujours la même chose : la pointe de mes seins qui se rebellent, lintérieur de mes cuisses en feu.. Il le caresse à travers son caleçon, je sais quil aime ce quil voit : je vois sa bouche entrouverte, il attend la suite.

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