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Bérénice – Chapitre 11




21.

Bérénice mit fin à son supplice et rentrèrent à lappartement.

— essaye la mini-robe avec les talons aiguille, demanda-t-elle. Juste pour voir.

Damien sexécuta. Les escarpins aux pieds, il dut demander laide de sa maîtresse pour aller jusquau miroir.

— tu vois, il manque juste un peu de maquillage et une perruque et on y verra que du feu. Tu es très belle et très sexy. Je crois que si jétais un homme je banderais en te voyant.

— tu es sincère ?

— plus que jamais. Je crois en toi, je crois en ta féminité. Tu aimes te voir en femme ?

— cest mieux quand cest toi qui es habillée comme ça.

— ce nest que le début. Après tu ne pourras plus ten passer.

— ça, ça métonnerais.

Bérénice sétait collée dans son dos. Seul son visage se voyait dans le miroir. Elle faisait courir ses mains sur son corps et surtout ses cuisses voilées de nylon. Les caresses et le crissement léger sur son collant provoqua un début dérection qui déforma la robe moulante.

— tu vois que ça texcite dêtre en femme.

— cest toi qui mexcite.

— non, je suis sure que cest dêtre perchée sur des talons aiguille.

— non, cest toi.

— en tout cas, toi tu mexcites beaucoup dans cette tenue. Vivement que tu saches marcher avec des talons hauts. Dommage que je sois indisposée, sinon je taurais sautée dessus.

Elle fit le tour, saccroupit, releva la robe et dégagea son sexe quelle mit en bouche. Il ne fallut pas longtemps pour que Damien jouisse dans sa bouche.

— je dois y aller, dit-elle en lembrassant. Tu es très belle. Je taime Damien. Ou plutôt Alice.

— Alice ?

— oui, cest ton prénom de fille maintenant. Dailleurs, il serait bon à lavenir que tu sois habillée en fille quand jarrive.

Damien fit la moue. Ce qui lui semblait nêtre quun jeu au départ, commençait à prendre des proportions quil ne maîtrisait plus du tout.

— dailleurs, ta prochaine mission est dapprendre à te maquiller. Alors, tu fais comme tu veux, internet ou chez lesthéticienne, ou par toi-même bon, jy vais sinon, mon mari va se demander ce que je fais.

Un dernier baiser sur ses lèvres et Bérénice quitta lappartement.

Damien commença à interroger Internet sur la mission de Bérénice. Il se voyait mal aller acheter tous les produits nécessaires. Surtout juste pour une fois. Et puis pourquoi tout ce cinéma ? Ils navaient pas besoin de ça pour faire lamour.

Il surfa encore un moment sur le net puis décida de passer outre. Daccord pour mettre une robe et des talons hauts, mais pas question daller plus loin.

Le lundi suivant, Damien attendit sa dulcinée en robe. Lheure habituelle de leur rendez-vous était largement dépassée et il conclut quelle ne viendrait pas. Un SMS arriva, confirmant sa théorie :

« Désolée ma chérie, mais je suis toujours chez ma comptable. A lundi prochain. Je taime. Bisous. »

Ces quelques mots, surtout les derniers le réconfortèrent. Vivement lundi prochain.

Bérénice sonna enfin. Damien se précipita pour lui ouvrir. Cette fois, la fronde était claire : il lattendait habillé en garçon, laissant volontairement robe et jupe au placard.

Bérénice entra dans lappartement, vit son amant, ouvrit la bouche, fit demi-tour et claqua la porte.

Elle navait pas décroché un seul mot mais Damien comprit quil avait fait une grave erreur en refusant le jeu de Bérénice. Le SMS qui arriva sur son smartphone confirma une nouvelle fois sa théorie :

« Si tu nes pas en jupe et maquillée lundi prochain, tu ne me reverras plus. »

Mais cette fois, pas de « je taime », pas de « bisous ».

En désespoir de cause, jugeant la tache trop ardue dans le laps de temps imparti, il appela Joëlle.

— ok, je vois, dit-elle. Demain soir dix-sept heures.

La séance commença par son épilation puis elle prit une bonne heure pour lui montrer les gestes quil tenta de reproduire. Lorsquil partit, ce nétait pas encore ça mais il avait les bases. Et surtout, Joëlle lui avait donné quelques tubes entamés. « Ça suffira pour une soirée déguisée, dit-elle ».

Car Damien ne sétait pas étalé sur les vraies motivations dun tel cours privé. La soirée déguisée était suffisamment passe-partout pour avoir à dire toute la vérité, rien que la vérité.

Il passa le reste de la semaine, et le week-end à essayer de parfaite sa technique. Les progrès étaient réels. Mais cela suffirait-il à Bérénice.

22.

Le jour J, il passa la tailleur-jupe et chaussa les salomées, plus facile à gérer que les talons aiguille vraiment trop hauts pour lui. Il se maquilla, tentant de ne pas ressembler à un pot de peinture.

Lorsque Bérénice entra dans lappartement, un grand sourire illumina son visage lorsquelle vit Damien.

— Alice, ma chérie. Tu es magnifique ! Tu vois, ce nétait pas difficile.

Damien eut du mal à se reconnaître dans le prénom féminin que Bérénice lui avait attribué. Elle sapprocha mais Bérénice lui fit la bise sur les joues.

— on va abîmer notre rouge à lèvres, dit-elle. Jai un cadeau pour toi.

Elle ouvrit un sac et tendit deux ensemble soutien-gorge string et une boite.

— il te manquait un peu de volume en haut, dit Bérénice, un sourire coquin.

La boite contenait une paire de faux seins en forme de poire.

— quatre-vingt quinze C. cest parfait pour toi. Enlève ta veste et ton chemisier. Normalement, ils sont auto-adhésifs.

Les postiches collaient tout seuls en effet et était plutôt lourds. Damien réalisait lenfer que devait subir les femmes à fortes poitrines. Le fantasme masculin des grosses mamelles nétait pas une sinécure pour celles qui avaient à les porter au quotidien.

Bérénice agrafa le soutien-gorge, boutonna le chemisier et amena Damien, ou plutôt Alice devant le miroir.

— et voila, la touche finale. Avoue que tu es sexy non ?

— si tu le dis

— allons, allons, ne fais pas cette tête. Souris ! pense à tout à lheure

— pourquoi tout à lheure ? Pourquoi pas maintenant ?

— parce que je veux te voir en femme avant. Montre moi comment tu marches, comment tu tassois, etc.

Alice sexécuta, fit des allers et retours entre le salon et la chambre, sinstalla sur le canapé ou une chaise, etc. Tout ça, sous le regard inquisiteur de Bérénice.

— eh bé, y a du boulot. Regarde comment je fais

Et Bérénice lui montra comment marcher, comment sasseoir, comment se lever.

— à quoi ça va servir ? demanda benoîtement Alice.

— tu nimagines tout de même pas que tu être Alice seulement entre les quatre murs de ton appartement ?

— parce que tu veux que je sorte comme ça ?

— mais bien sûr ma chérie. Ça ne te dirait pas daller faire du shopping entre filles ? Daller prendre un verre en terrasse sur le port ? Daller à la plage ?

— tu es complètement folle ! Je crois que je vais arrêter de te voir.

— comme tu voudras. Mais si je pars maintenant, je parie que tu me rappelles avant Pâques. En acceptant toutes mes conditions.

Damien éclata de rire.

— je crois que cest clair, dit-il en commençant à se déshabiller.

Bérénice prit ses affaires et quitta lappartement.

— ah oui, dit-elle en passant la tête par la porte, je pars à Nantes dans quinze jours pour refaire mon stock de lingerie.

Cétait un coup bas. En disant cela, elle savait quil ne pourrait résister à lenvie, le désir, de passer une nuit avec elle. Dailleurs lors de leur première nuit, quelques semaines plus tôt, leurs ébats avaient été torrides. Et malgré un sexe de dimensions modestes, Damien était un très bon amant.

Damien resta planté au milieu du salon. Il se rendit compte quen quelques mots, il venait de tout perdre, ou presque.

Bérénice voulait faire de lui une femme, pour soi-disant mettre du piment dans leur relation. Et il en perdrait sa dignité. En refusant le jeu de Bérénice, il la perdait elle. Et quitte à perdre quelque chose, quest-ce qui serait le plus acceptable.

La solution fut une évidence. Etre une femme de temps en temps nétait pas la mer à boire, surtout si cela lui permettait de tenir Bérénice dans ses bras et de la coucher dans son lit.

La féminisation nétait quun jeu. Elle ne lui avait pas laissé entendre quelle voulait aller plus loin, jusquà la chirurgie par exemple.

Mais ne plus voir Bérénice. Non, cétait au dessus de ses forces.

Il se précipita vers le téléphone et lappela.

— cest daccord. Je ferai comme tu voudras, tout ce que tu voudras. Enfin, presque

— ça me va, répondit-elle.

La sonnette de lappartement retentit soudain. La panique monta chez Damien. Il était encore habillé en femme et quelquun sonnait chez lui. Il jeta un il par le judas qui ne lui renvoya quune tache noire. La sonnerie se fit de plus en plus pressante, impatiente, insistante.

Il prit son courage à deux mains et ouvrit. Surement un voisin. Quallait-il penser en le voyant ainsi accoutré.

— même pas un jour ! dit Bérénice en riant.

Elle passa la porte, laissant Damien totalement abasourdi.

— tu attendais derrière la porte ?

— oui. Jétais quasiment sûre que tu allais craquer.

— salope !

Damien mit sa main devant la bouche, conscient de linjure quil venait de prononcer

— oui, tu nas pas tort. Allez viens

Elle le prit par la main et lentraîna de force vers la chambre.

Bérénice se déshabilla prestement et en fit autant pour Damien qui se laissa faire. Un début dérection commençait à transformer le collant en chapiteau.

— oh la coquine, minauda Bérénice

Avec ses ongles longs, elle fit un trou dans le collant et dégagea le sexe quelle avala en entier.

— humm, tu sens bon la lingerie. Jadore !

Elle continua un moment, amenant Damien au bord de lexplosion.

Elle arrêta, sallongea sur le lit et écarta largement les cuisses, offrant sa vulve parfaitement épilée. De ses doigts aux ongles vernis, elle écarta les lèvres.

— viens boire à ma fontaine.

Damien ne se fit pas prier er se glissa entre le compas de ses jambes. Ses faux seins se rappelèrent à lui et modifièrent la position quil avait habituellement. Il se débâtit un moment avant de trouver la solution en relevant les fesses.

Bérénice le regarda faire via le reflet du miroir posé sur la porte du placard. Elle en bas noir, son amant en collant couleur chair. Le tableau était très érotique. Mais pour autant, lidée de faire la même chose avec une femme ne lintéressait pas du tout.

Mais paradoxalement, cette position lui donna une nouvelle idée, idée à laquelle devait réfléchir sérieusement. Il lui restait deux semaines avant son voyage à Nantes pour la mettre en uvre.

Ils firent lamour. Le nylon de leurs bas apportait de nouvelles sensations à leurs ébats. Lorgasme de Bérénice, plus psychologique que physique, fut plus fort que les précédents.

Laprès-midi était bien avancée. Bérénice shabilla en hâte.

— à lundi a chérie. Et je veux voir Alice.

— promis mon amour.

Un dernier baiser et Bérénice retourna au foyer conjugal.

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