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Retard de paiement – Chapitre 11




Il était près de dix huit heures quand je me suis réveillée dans un lit tout sauf douillet. Une bonne âme m’avait douchée et pommadée. Je sentais bon et ma fente était enfin apaisée. Un détail capta immédiatement mon attention. Elles mavaient conduite dans une nouvelle chambre. Un miroir géant ornait le plafond. Jétais enfin débarrassée de cette affreuse sangle abdominale mais toujours porteuse de ces curieux bracelets magnétiques. Une bonne âme m’avait douchée et pommadée. Je sentais bon et ma fente était enfin apaisée. Amarrée aux quatre coins de la plaque dacier qui me servait de sommier, je me remémorai les vicissitudes qui maccablaient depuis mon arrivée en Allemagne tout en contemplant ce corps affriolant qui avait ensorcelé la moitié de la Libye. Si je n’étais privée de l’usage de mes mains, nul doute que je me serais fait plaisir. Mais j’avais faim et soif, horriblement soif. Une odeur affolante de melon flattait mes narines.

Un courant électrique de faible intensité me parcourut léchine. Comme si quelqu’un devinait mes pensées, mes bracelets se détachèrent de leur support comme par enchantement. Me laissant conduire par les effluves fruitées, je poussai une porte entr’ouverte.

Un solide repas et une corbeille de fruits garnissaient une table. Des vêtements pendaient sur un cintre devant un grand miroir sur pied. D’abord me sustenter car je me sentais en panne d’énergie.

Waouh, Manon! Tu portes magnifiquement le monokini quand tu es bronzée. Sexy en diable ce petit bout de tissu! La déception suivit de près. Ce que je prenais pour une robe n’était en fait qu’un mince peignoir dont la principale qualité était de ne rien cacher de mes cuisses de rêve. Tiens! Un petit mot griffonné à la hâte sur un coin de serviette: "Fais-toi belle! Tu es attendue à 18h30 au pied du grand escalier pour la visite du château". Signé: "Les Amazones".

Voilà une invitation étonnante pour meute affamée qui ne pensait qu’à me trucider quelques heures auparavant! N’était-ce pas la preuve qu’elles me bananaient avec cette histoire abracadabrante d’héritière à assassiner?

    *

    – Tu parais bien soucieuse, maman. Ne te tracasses plus pour cette histoire d’héritage! Tu n’y peux rien si le notaire a découvert cette arrière petite cousine qui te dépasse dans l’ordre de succession. Je t’avouerais que finalement, je trouve ce dénouement plutôt heureux. Je commençais, moi, à m’attacher à cette bombe sexuelle. Je me demande même si je ne vais pas tenter de la séduire, histoire de grappiller quelques miettes de son héritage.

    – Je ne t’en blâmerai pas, ma fille. Hélas! Je me demande comment je vais me débrouiller pour rétribuer les Libyennes. Et encore, s’il n’y avait que cette seule contrariété. Une mauvaise nouvelle ne vient jamais seule. Un juge belge a relancé l’enquête sur sa pseudo disparition au large des côtes australiennes. Son GSM n’a pas cessé d’émettre depuis sa disparition. Ses demi-frères ont été entendus par une juge d’instruction. Ils ont avoué la supercherie en la justifiant par une plaisanterie commise de commun accord avec Manon. La juge Margaux débarquera ce soir pour l’interroger. Je compte sur toi pour convaincre la petite de marcher dans la combine ou nous sommes foutues. Et ce n’est pas fini. Une heure plus tard, le notaire va pointer son nez de fouine pour lui annoncer la bonne nouvelle. Un véritable désastre! Dérision suprême. Quand nous croyions la tenir, elle devient la maîtresse du jeu.

    *

18H35! Je me pointe, toute essoufflée au lieu de rendez-vous. La totalité des habitantes du château m’attendait fébrilement. Jasmine, surtout, paraissait très contrariée.

    – Je vais finir par croire que tu fais exprès d’arriver en retard à tous tes rendez-vous?

    – Je t’assure que ce n’est pas de ma faute mais si tu veux me punir, tu peux quand même?

    – C’est de la mienne, peut-être? Que cherches-tu enfin? Ton armoire est pleine de fringues et tu te présentes devant nous dans une tenue indécente précisément quand tu aurais du t’habiller correctement.

    – Je pensais que tu aimerais…

    – Chut! Ne me pose pas de question! Nous n’avons pas le temps. La dame en tailleur qui monte l’escalier est une juge d’instruction. Les deux autres sont probablement des policiers. Si cela se passe mal, tes frérots finiront en tôle pour dix ans. Elle te posera des tas de questions pernicieuses. Tu te justifieras simplement en lui disant que tu as voulu te soustraire à cette société coercitive pour te ressourcer. Daccord ?

— Ben oui, c’est pas faux !

— Nous avons délibéré sur ton cas en assemblée générale. A la majorité simple, les filles ont choisi de commencer l’année scolaire dès demain matin. Elles ont décidé également de t’exclure du groupe car, tout bien réfléchi, tu ne serais que motif de distraction.

    – Comment? Tu veux dire qu’elles refusent de s’occuper encore de moi.

Manuelle m’aborda en me caressant tendrement la joue comme si, par ce simple geste, elle cherchait à effacer de ma mémoire les obscénités qu’elle avait commises.

    – Mon petit ange blond! Essaye de comprendre que nous sommes rongées de scrupules. Excuse-nous encore de nous être emballées! Surtout, fais-nous confiance et obéis à Jasmine ou nous serons toutes dans le pétrin! As-tu compris ce que nous attendons de toi?

    – Je vous ai parfaitement compris. Tout ce que j’en ai retenu, c’est que si mon minou me chatouille encore, je devrai apprendre à me soulager toute seule. Ce sera beaucoup moins gai, c’est certain.

    – Tu ménerves là. Ton côté multi jouisseuse devient franchement lassant, tout comme nous trouvons ton outrageante beauté dérangeante. Quand tu t’exhibes comme maintenant, tes galbes galvanisent nos pulsions sadiques et nous perdons la tête. Et les regrets suivent…

    – Est-ce que je vous ai reproché de m’avoir violentée? Non! Ne me regarde pas ainsi, Jasmine! Je suis furieuse. Vous m’aviez promis sept jours de délires divers et variés. Je sais ce qu’il me reste à faire. Madame, madame! Venez à mon secours, je suis séquestrée.

    – Elle est complètement tarée cette nana. Tiens! Prend ça ! Cela t’apprendra à faire la sale gamine. Es-tu calmée maintenant?

Ses cinq doigts s’imprimèrent deux fois dans chaque fesse.

    – Oui, ça va beaucoup mieux!

    *

Dans quelle société vivons-nous? Où est la relève? Une dame, qui aurait pu être multi centenaire, poussa la porte de chêne.

— Magnifique château que vous possédez là, Mademoiselle Adèle BlanDoux. Veuillez m’excuser si Je suis un peu à l’avance. Jai limpression de tomber en pleine réunion de crise.

— Absolument pas ! Les cours commencent demain. Nous peaufinons les dernières accommodations aux horaires.

— Je manque à tous mes devoirs. Je me présente : Michèle Duroc, juge dinstruction mandatée par le parquet de Namur. Je ne vous présente pas le notaire Marcoeuil. Ces deux messieurs qui maccompagnent font partie du service recherche de la police judiciaire de mon département. Nhésitez pas à forcer un peu la voix, je souffre un tantinet de presbyacousie ! Je suis un peu dure de la feuille, voyez-vous.

La juge sortit une photo de ma petite personne et se dirigea vers moi.

    – Manon, Manon Beauregard, je suppose. Nous aurions besoin de te parler en tête à tête. Drôle de tenue pour une étudiante !

— Elle allait précisément se changer à l’instant, nest-ce pas, Manon ?

— Certainement pas ! Vous mavez dit que nous allions visiter les salles de torture.

— Pardon !

— Elle veut dire les « salles de couture »pour procéder à un essayage

— Jentends bien. Inutile de crier si fort ! Tu te changeras plus tard, ma petite. Ne perdons pas de temps ! Pourriez-vous mettre un local à notre disposition pour que nous puissions procéder à linterrogatoire de Mademoiselle Manon Beauregard?

— Manon belles fesses plutôt.

— Vous dites, Mr le Notaire ?

— Je dis que le plus sera le mieux. Notre temps est compté.

La directrice nous offrit son bureau. Face à moi, le notaire et la juge et de part et dautres, deux policiers ahuris qui ne quittaient plus mes cuisses de yeux. Ils rivalisaient de qualificatifs élogieux à mon égard : mignonne, charmante, ravissante, exquise et jen passe. Masquées par la tablette du bureau, leurs mains baladeuses eurent tôt fait de délacer légèrement mon déshabillé pour dégager la vue sur mon buste apparemment captivant. La juge ouvrit sa mallette et sortit un superbe stylo qui traversa le bureau pour venir se coller, à sa stupeur, sur mon bracelet magnétique.

— Cest dingue ! Jamais vu ça de ma vie ! Quelle idée de porter des bracelets aimantés ! Jimagine le comportement des aiguilles dans la salle de couture quand tu y entreras. En plus, tu en portes aussi aux chevilles, je vois. A quoi peuvent-ils bien servir ?

— Lidée nest pas de moi. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’ils sont bien pratiques quand elles veulent mattacher sans perdre de temps.

Mes voisins et le notaire pouffèrent de rire.

— Tu ne confondrais par hasard ton univers fantasmatique avec la réalité.

La juge, elle, riait beaucoup moins.

    – Ne riez pas! Avant darriver, jai pris pas mal de renseignements sur cet établissement soi-disant scolaire qui n’est, en fait, qu’un repaire de gouines sadiques et névrosées. On ne compte plus les condamnations pour sévices sexuels de la directrice et de ses collaboratrices. Ne joue pas la vierge effarouchée Marion Beauregard! J’ai pris le temps d’interroger tes frères, longuement, très longuement. De notre entretien en est ressorti un portait exhaustif de ta personnalité narcissique qui se traduit par un exhibitionnisme morbide que chacun peut aisément vérifier.

    – Je vous arrête, Madame le juge. Il ne faut pas en vouloir à mes frères. Je les ai manipulés.

— Jai bien compris. Tes frères vont sen tirer probablement avec une solide amende pénale. Je ne comprends pas ce qui t’a pris dorganiser, si mal d’ailleurs, ta disparition. Quelle idée stupide d’utiliser son GSM après son décès!

— Je voulais mourir, fuir ce monde ingrat. Jen avais marre de la petite vie insipide que je menais. Maintenant, c’est passé. Jai été de suite séduite par le genre de développement personnel que cet établissement prodiguait. Je ne regrette rien. J’ai déjà vécu mille vies depuis ce matin et il nest pas encore vingt heures.

— Et tu es déjà en nuisetteLève-toi et retourne-toi ! Commandant ! Quelle est, daprès vous, lorigine des marques qui ornent son fessier ?

Posant une main sur ma fesse, il informa sa supérieure hiérarchique.

— Observez bien, madame le juge ! Il sagit indubitablement de quatre impacts de main appartenant à la même personne.

— Cest bon maintenant. Nen profitez pas pour me caresser !

— Si vous le permettez, madame la juge, jaimerais ôter son déshabillé pour que vous puissiez constater de visu dautres marques suspectes.

Le notaire navait plus que ses lunettes pour maintenir ses yeux dans leurs orbites.

— Regardez ses cuisses ! Cest bien ce que je pensais : torture électrique pratiquée avec des tresses.

— Cela change tout. Retire ton string, petite ! Jésus, Marie, Joseph ! Son sexe est écarlate.

— Elle a été violentée, Madame. Cest clair pour moi. Les années que jai passées à la brigade des murs me permettent dêtre formel. Les bracelets quelle porte aux chevilles et aux poignets ne sont pas anodins. Ils sont destinés à être utilisés dans des jeux sexuels exceptionnellement pervers. Pour tout vous dire, je les ai rarement vus portés par une fille en vie. Et encore moins par une fille consentante. CQFD !

— Je dois faire exception à la règle.

— Manon ! Sois un peu sérieuse ! Nous sommes là pour te protéger. Peux-tu me certifier que personne ne te retient ici contre ton gré ?

— A part vous, je ne crois pas, non. Depuis que je suis ici, vous êtes la seule personne qui mait obligée à me mettre entièrement nue.

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