Septembre 1823 Sur le continent.
Louis est aujourd’hui en deuil. Son frère et sa sur aussi. Aujourd’hui, leur père est mort. Un mois après leur mère. Ils organisent tous les trois les funérailles de leur père sur le continent. Sur leur île, il n’y a pas d’église. Sur leur île il n’y a dailleurs quasiment rien. Juste leur maison et le phare de leur père. Ils sont donc retournés sur le continent aujourd’hui, ce qui est très rare pour Eric qui à dix-sept ans n’y est allé que trois fois. Comme sa sur Marie d’ailleurs qui à dix-neuf ans n’y est pas allée plus souvent. Leur frère c’est différent, il est marin et travaille dans le port du village où a lieu la cérémonie. Ils n’ont tous les trois pas de famille. Ou du moins pas à leur connaissance. La cérémonie est terminée, leur père est enterré avec leur mère maintenant. Ils rentrent maintenant en bateau sur leur île.
Une fois tous les trois rentrés dans leur maison, Jean, l’aîné, prend la parole.
— Sur le testament, Père m’a laissé l’île, le phare et la maison, ainsi que le bateau. Mais vous savez tous les deux que je ne veux pas rester ici m’occuper du phare. Je suis marin. Et vous deux vous connaissez bien mieux que moi l’île. Demain, si vous êtes d’accord, j’irai sur le continent pour tout vous léguer.
— C’est plus logique, répondit Eric, et si tu veux être marin, je m’occuperai de phare.
— Marie ?
— Oui ça me va très bien, répondit-elle. Ce sera dur à deux, mais on se débrouillera.
— Je n’en doute pas, dit Jean avec le sourire. Je resterai avec vous encore quelques semaines, puis je reprendrai mon poste au port.
Sur ce, tous les trois vaquèrent à leurs occupations.
Octobre 1823 Au large des côtes françaises.
C’est le jour du départ de Jean. Marie et Louis lui disent au revoir avant qu’il ne parte pour de longs mois. Il leur promet de revenir les voir le plus vite possible. Mais pour les deux jeunes gens, cela leur paraît une éternité. L’hiver approche, et avec lui les tempêtes et les longues semaines d’obscurité et de solitude. Ils regardent tous les deux Jean s’éloigner en bateau, puis, quand le bateau n’est presque plus visible, ils se retournent vers leur maison et leur phare.
— C’est vraiment à nous maintenant, dit Marie.
— Oui, je suis quand même heureux de m’occuper de ce phare. Même si ce sera dur, c’est une belle occupation, lui répondit Louis.
— Je serai là pour t’aider de toute façon.
Ils se regardent et sourient puis marchent vers leur maison. Celle-ci n’est pas bien grande. Elle est collée au pied du phare, et n’a qu’un étage. Elle comporte trois pièces, une cuisine qui fait aussi office de salle à manger, une pièce à vivre qui faisaient office de chambre pour les enfants, et une chambre à coucher. Après la mort de leurs parents, ils s’étaient débarrassés d’un lit, Jean avait pris la chambre des parents. Marie et Louis avaient continué à utiliser les mêmes lits, dans la pièce à vivre. Aujourd’hui, Louis doit s’occuper de transformer leurs deux lits d’enfant en un grand lit pour qu’il puisse dormir dedans. Marie, elle, hérite de la chambre à coucher, ainsi que du grand lit parental.
Janvier 1823 – Au large des côtes françaises.
Cela fait maintenant près de quatre mois que Marie et Louis sont seuls sur leur île. Aujourd’hui, Louis fête ses dix-huit ans. Marie est allée sur le continent dans la journée pour acheter de quoi faire un repas, et lui offrir un cadeau. Elle lui a trouvé de nouveaux vêtements et pris de quoi faire un gratin dauphinois. Sur le port, Marie s’est fait interpeller par des marins. Ils lui ont demandé si ce n’était pas trop dur de vivre sur son île. « A ton âge tu devrais avoir un mari ! », « Je pourrai te faire sentir moins seule, ma jolie », ou encore « A moins que ton frère ne s’occupe déjà de toi » furent quelques des multiples phrases qu’elle entendit ce jour-là. C’est vrai qu’à maintenant bientôt vingt ans, elle n’avait jamais pensé à trouver un mari étant trop occupé sur l’île. Ses parents morts un an après sa majorité ne lui avaient ni promis de mariage ni proposé de trouver un mari. Pourtant, Marie était une très belle femme maintenant. Elle était plus grande que la moyenne, avait une longue chevelure noire ondulée, des bras fins, des jambes élancées accrochées à un bassin large lui-même pourvu d’un postérieur charnu et bien galbé. Son visage était plutôt commun hormis des lèvres rouges et pulpeuses, ainsi que des yeux émeraude. Mais ce qui était son principal atout, c’était sa poitrine. Volumineuse et en forme de poire. Mais Marie avait un caractère qui ne la laissait pas impressionnée devant cinq marins ivres. Sur le retour vers l’île, Marie se remémora tout de même les remarques des marins. C’est vrai qu’elle commençait depuis pas mal de temps à vouloir connaître le plaisir de la chair. Mais elle n’était pas très au courant de la chose, hormis les quelques détails que sa mère lui avait transmis lors de sa puberté. Et cet hiver était long. Il était froid. Elle aurait voulu de la compagnie la nuit. Marie se souvint aussi des allusions à son frère. Le village pensait-il vraiment qu’ils s’adonnaient à ce tabou. La méconnaissance fait naître des fantasmes. Elle s’imagina dans les bras de son frère. Elle se sentit toute drôle. Malgré son absence d’expérience elle s’imaginait facilement les grandes lignes. Germa ainsi au fond de son esprit une idée qui à ses yeux était de la pure folie, mais qui pourrait en cette période difficile lui être d’un grand réconfort, ainsi que, comme elle l’imagine, à son frère. Seulement c’était justement de la pure folie.
Marie termine juste de préparer son gratin, et sort chercher Louis pour savoir à quelle heure voulait-il manger. Elle fit le tour de la maison, et aperçu son frère. Il était nu, en train de faire sa toilette. C’était la première fois depuis un moment qu’elle le voyait dans le plus simple appareil, car malgré la proximité qu’ils avaient eue durant leur vie, leur famille était très pudique. Ce qu’elle voyait rendait ses pensées du retour en bateau encore plus concrètes et torrides. C’est vrai que, comme elle, il avait été gâté par la nature, son visage était beau avec des très fins, mais ça elle le savait déjà. Elle découvrit surtout le résultat des journées de travail dans le phare et sur leur parcelle de terre. Un corps sculpté. Musclé et sec. Elle découvrit une autre chose. Les attributs de son frère. C’était la première fois qu’elle voyait un sexe d’homme. Et celui-ci était volumineux. Au repos et malgré le froid il était long, large et épais. Cette vision la rendait folle, et ainsi elle rejoignait l’idée qui avait germé dans son esprit. Elle fit demi-tour, pour pas que son frère sache qu’elle l’avait vu, puis lorsqu’elle ne fut plus dans son champ de vision, l’appela à vive voix. Il lui répondit qu’il se dépêchait d’arriver. Durant les instants qu’elle passa à l’attendre, les visions d’elle avec Louis dans le même lit se firent plus nombreuses, et aussi plus excitantes. Maintenant elle était excitée. Excitée sexuellement comme elle ne l’avait jamais été de sa jeune vie. Les deux événements qu’elle venait de vivre à quelques heures d’intervalle cumulées à toutes ces nuits froides et solitaires se mélangeaient pour donner un cocktail détonant d’érotisme et de pensées taboues.
Marie et Louis étaient tous les deux face à face, dégustant le gratin qu’elle leur avait concocté. Marie essayait de ne pas paraître troublée, mais ses pensées incestueuses ne la quittaient pas. Louis ne le remarquait pas. Elle offrit les vêtements à son frère, qui la remercia vivement en la prenant dans ses bras. Mais Marie avait un autre cadeau en tête et celui-ci était autant pour lui que pour elle.
— Louis, aujourd’hui j’ai pensé qu’on pourrait faire chambre commune. Cet hiver est long et la tempête se lève depuis quelques jours. J’ai pensé quaujourdhui était un jour particulier et que nous pourrions dormir ensemble. Je me sens seule, et cette tempête a l’air violente. Je serais plus rassurée si tu étais à mes côtés.
— Oui, ça me ferait plaisir aussi. Tu aurais dû m’en parler avant. Ça ne me dérange pas du tout de dormir ensemble. Je pensais justement que tu étais mieux seule.
Marie fut heureuse de la réponse, et fut étonnée de son audace. Le fait que son frère n’a pas eu le moindre de soupçon sur le fait que cette proposition n’était pas simplement pour dormir l’inquiéta cependant. Mais satisfaite de cette première victoire elle attendit avec impatience l’heure du coucher.