Une suite et un plan
Après ces premiers contacts avec Tiffany, je suis seul dans mon lit et je réfléchis. Je dois avouer que retrouver de l’envie et du désir me fait du bien. Mais ce qui est encore plus agréable, c’est que j’ai également suscité du désir et de l’envie chez une femme. J’ai du mal à dormir, et les « effets » physiques de nos attouchements se manifestent encore. C’est assez logique vu que je n’ai rien ressenti depuis au moins 10 jours. Bon, je ne m’enflamme pas non plus, je sais très bien que je ne vais pas passer du jour au lendemain de personnage de Houellebecq à Don Juan en un simple passage à l’hosto. Mais dans l’état actuel de mon esprit et de ma vie sentimentale, en pleine reconstruction, cette « rencontre » tombe à pic, enfin, si elle est bien gérée. Le contact avec sa peau et ses marques de scarification me hante encore et toujours. Je n’avais jamais fait cela avant, et moi-même, je trouve cela un peu bizarre, mais c’était tellement bon en même temps.
Que va-t-il se passer à présent entre elle et moi ?
Le lendemain, nous avons plus de mal à nous isoler et à nous toucher. J’arrive à me retrouver seul avec elle pendant un petit moment. Je veux en profiter pour lui parler, mais elle se jette sur moi immédiatement. Nous nous embrassons sauvagement. C’est très agréable évidemment, mais j’ai quand même besoin de lui parler moi. Alors, à regret, je la repousse gentiment pour lui faire comprendre que nous devons discuter. Je lui explique : « Ecoute Tif’, tu me plais beaucoup et j’ai envie de te sauter dessus moi aussi, mais il faut qu’on se parle un peu avant si tu veux bien ».
Oui, tu as raison, répond-elle en se reculant un peu. Vas-y, dis-moi.
Alors, déjà, je tiens à te dire que je ne regrette absolument pas ce que nous avons fait hier et je tiens aussi à ce que tu saches que je n’ai jamais fait ça avant. J’ai vrillé quand j’ai vu ton avant-bras avec tes cicatrices. J’ai l’habitude de voir ça sur moi, mais je ne sais pas pourquoi, sur toi, ça m’a tout de suite donné envie de te toucher, enfin pour commencer. Mais je n’ai rien calculé, tu sais. Sache aussi que je ne fais aucun projet…de couple, je veux dire. Je suis ici pour guérir et pour me recentrer sur moi-même. Je ne pensais pas tomber sur une femme en arrivant ici, et je ne pensais pas que je pourrais avoir envie d’une femme dans ces conditions. Mais tu es là, et il se trouve que tu m’attires. Cependant, il faut qu’on garde à l’esprit, toi et moi, que l’urgence c’est, avant tout, de se sortir de la dépression OK ? Nous, c’est un bonus extra, mais je ne crois pas qu’il faut qu’on pense comme un couple. On est d’accord ?
Pendant tout ce temps, Tiffany m’a écouté avec attention, elle souriait même de temps en temps. Elle se rapproche de moi et me murmure : « Oui, on est entièrement d’accord ! Sur tout ! Je peux revenir vers toi maintenant ? »
Je la prends par la main et je l’attire vers moi. Nous nous embrassons une nouvelle fois. Cette fois, c’est moi qui lui mords la lèvre inférieure tandis qu’elle, pour répondre à cette sensuelle « agression », se met à serrer ma main le plus fort possible en ayant pris soin de replier d’abord ses doigts. Je sens ses ongles qui s’enfonçaient dans la peau de ma main, elle me fait mal ! Mais je ne lâche pas sa lèvre pour autant, je serre et desserre les dents pour lui montrer que je contrôle et que je peux lui faire mal si j’en ai envie. Et puis, au bout de quelques secondes, je cesse la morsure et me remets à l’embrasser normalement, mais cette garce continue à me transpercer l’épiderme avec ses griffes acérées. Je saisis alors ses cheveux et les tire. Nos bouches se sont décollées, nos visages se sont écartés, nos regards se sont croisés, et nous nous sommes souri. Puis, decrescendo, nous avons relâché nos étreintes, elle, sur ma main; et moi, dans sa chevelure.
Depuis des mois, la douleur n’était liée qu’au mal-être, elle n’était qu’un exutoire, un moyen d’imprimer en réel une souffrance intérieure dont je ne parlais à personne. C’était une sorte de refuge, douloureux, mais un refuge quand même. Dans le sens où c’était le seul « endroit » où j’étais moi-même. Je ne me blessais plus depuis mon entrée au PHP et Tiffany non plus. Peut-être que cette douleur, ce besoin de se faire mal nous manquait d’une certaine façon. Cela peut paraître étrange pour ceux qui ne connaissent pas, mais quand on s’abandonne à la souffrance en se scarifiant, on ressent aussi une forme de plaisir. C’est un des rares moments de satisfaction.
Quand on travaille et qu’on feint la bonne humeur toute la journée, surtout quand on travaille dans un lieu très fréquenté et dans lequel on reçoit du public (ce qui est mon cas) et qu’on rentre le soir, voilà ce qu’on fait : on fait tomber le masque, on pleure (ou pas loin en tout cas), on évite les miroirs, et l’on se dépêche d’aller se faire quelques marques sur les bras ou les jambes…
C’est comme un besoin, une addiction : vous savez que c’est mal de fumer, mais vous le faites quand même.
Et bien, c’est le même principe, l’odeur en moins, la souffrance en plus.
Et soudain, après tout cela, la douleur prenait un aspect différent, elle était liée au plaisir. Je ne sais pas s’il s’agit de sadomasochisme, mais je ne peux nier qu’entre Tiffany et moi, la douleur faisait partie de l’excitation. De l’acte même. C’est d’ailleurs, en apercevant (puis en caressant, embrassant et léchant) ses stigmates, que tout a commencé. Toutefois, une fois que ce constat est établi, il faut savoir, ce qu’on en fait, comment on gère la chose. Ce qui est sûr, c’est que nous ne voulions pas de relation dominant/dominé. La douleur restait mesurée et elle devait faire partie de l’acte de manière partagée et toujours être rattachée au plaisir. Pas d’humiliation donc. L’idée consiste simplement à se faire un peu mal pendant qu’on se fait beaucoup de bien. De souffrir AVEC l’autre et non pas A CAUSE de lui.
Nous sommes dimanche après-midi, et j’ai pensé à un plan. Je dois, maintenant qu’on a clarifié le reste, l’exposer à Tif’. Je lui dis alors à voix basse au cas où quelqu’un passerait : « Ecoute, demain, c’est lundi. Et le lundi à 10h30, pour toute l’équipe de soignants, c’est la réunion hebdomadaire et nous ne pouvons déranger le groupe qu’en cas de problème important. En général, la réunion dure au moins jusqu’à 11h30, parfois plus. Donc, on peut profiter de ce moment-là pour s’enfermer dans ta chambre ou la mienne pour avoir un moment d’intimité plus tranquille. Qu’est-ce que tu en penses ? » Elle me gratifie alors d’un de ces trop rares, mais tellement adorables sourires. Puis elle ajoute : « Tu as tout prévu, dis donc ! Ton plan me paraît parfait ! Vivement demain matin ». Nous avons choisi de rester discrets le reste de la journée et de la soirée. Nous ne voulons pas nous faire remarquer avant notre petit moment privilégié du lendemain, pendant la réunion des professionnels.
L’heure des réunions
Il est 10h25, lundi matin, nous devons nous retrouver dans sa chambre. Je passe vérifier que tous les soignants sont dans le bureau pour la réunion hebdomadaire et c’est bien le cas. Alors je m’avance vers la chambre de Tif’. J’appréhende un peu, mais je suis également pressé d’y être. Je suis face à la porte. Je frappe discrètement. J’entends qu’elle me dit d’entrer. J’ouvre et je passe la porte, puis la ferme et tourne le verrou.
Tiffany est installée sur son lit, assise sur le rebord, elle porte un simple tee-shirt moulant qui met sa poitrine en valeur et je vois qu’elle a posé sa couverture sur les jambes. Elle me regarde d’un air malicieux puis d’un geste vif, dégage la couverture. Jolie surprise, elle ne porte que sa culotte en dessous, elle écarte les jambes et me dit : « Regarde; je t’avais dit que j’avais aussi des marques sur les jambes ! » Je m’approche comme hypnotisé. Des marques jalonnent le dessus et l’intérieur de ses cuisses ; le spectacle est sublime. Sa peau soyeuse et laiteuse est saturée de cicatrices plus ou moins récentes. Je m’agenouille entre ses jambes et je commence à passer mes mains sur ses cuisses en insistant sur les stigmates. Je ressens le même plaisir que la dernière fois, c’est même plus fort encore, vu la partie de son corps où se concentrent mes caresses. Je ne tarde pas à approcher mon visage et à commencer à laper ses plaies refermées.
Je lèche doucement chaque cicatrice impeccablement dessinée sur ses cuisses.
C’est un tel délice. Peu à peu, j’approche ma bouche de sa culotte, j’embrasse son sexe par-dessus le tissu, que je sens légèrement humide.
Je retire le sous-vêtement afin d’avoir accès à son sexe, je remarque qu’elle arbore une toison de poils soigneusement taillée. L’humidité que j’avais sentie précédemment se confirme. Et son petit gazon d’amour brille de perles de rosée intime. Tandis que les doigts de ma main gauche se promènent encore dans le champ crural, labouré des traces de son désespoir; les doigts de ma main droite viennent s’aventurer dans le doux et jardin mouillé, afin de découvrir la source précieuse qu’il abrite. Je ne tarde pas à découvrir d’où provient le liquide érotique, et je décide d’aller boire directement à la source. Cette eau pourrait bien être de Jouvence tant son goût me redonne entrain et vigueur. Mais je ne peux pas en rester là, et toujours avec les doigts de ma main droite, je viens m’occuper de la tête de robinet qui génère le débit de la source.
Vous aurez compris que je peux me révéler être assez bricoleur dans ces moments-là, à la fois jardinier et plombier. Je m’occupe donc du sexe de ma nouvelle amante à l’aide de mes doigts, de ma bouche et de ma langue. Mais il manque quelque chose, ne croyez-vous pas ? Si vous donnez votre langue au chat (tandis que je donne la mienne à sa chatte), je vais vous donner la réponse. Il manque la douleur. Emporté par mon enthousiasme, j’en ai oublié ce qui fait le sel de nos jeux; mais Tiffany, bien que ravie de ce que je suis en train de lui faire, va me le rappeler d’une manière assez brutale. Elle passe ses mains par le col de mon tee-shirt, puis plante ses griffes dans mon dos et remonte en me lacérant la peau jusqu’au cou. La souffrance m’arrache un gémissement douloureux et m’oblige à lui rendre la pareille. J’attrape alors violemment sa fesse que je pince jusqu’à lui faire mal à mon tour. J’ai compris la leçon alors je continue mon cunnilingus dans cette dualité : plaisir et douleur.
Ainsi, je pince ses fesses à différents endroits, je prends ses poils pubiens entre mes doigts et je les tire un peu, je mordille son clitoris.
Bref, j’ajoute un peu de douleur au plaisir. Je ne pense pas que je ferais toujours l’amour de cette façon par la suite (et a posteriori, quelques années après, je le sais). Mais à ce moment-là de mon existence, dans les circonstances particulières du moment et avec cette femme-là, c’est quelque chose qui ne peut qu’être positif. (Tant qu’on fait attention encore une fois.) Revenons-en à mon « jardinage ». Je me dévoue entièrement à mon ouvrage : je lèche, suce et mordille son clitoris ; je joue de mes doigts dans son intimité en habiles allées et venues ; de mon autre main, je continue ma douce maltraitance. Plus je sens son plaisir monter, moins je lui fais mal et plus je me concentre sur son plaisir. Elle, par contre, enfonce ses doigts dans mon cou. Elle ne tarde pas à jouir dans un orgasme long et intense. Elle fait ce qu’elle peut pour ne pas gémir trop fort et s’agrippe à mon cou avec force.
J’ai la bouche trempée de cyprine, Tiffany relâche la pression de ses mains sur ma peau et je me recule doucement.
Je me redresse et nous nous embrassons fougueusement.
Elle me regarde et me murmure : « Merci, mais moi aussi, j’ai envie de voir tes cicatrices sur les jambes ! » Je souris, content de comprendre ce qui m’attend. Je retire mon pantalon et je m’allonge sur le lit. Tiffany s’approche de moi. Je lui demande : « Tu peux retirer ton haut, s’il te plaît ? J’ai envie de voir tes seins. » Elle s’exécute, enlève son pull et m’offre le spectacle de sa superbe poitrine. A son tour, elle commence alors à caresser mes cicatrices puis à les embrasser et à les lécher. J’adore, et mon érection déforme nettement mon boxer. Après avoir gratifié mes stigmates de ces attentions buccales et digitales, Tiffany se décale un peu et approche ses seins de mon visage. Je m’en empare avec force et les porte à ma bouche. Les serrant dans mes mains, je les embrasse, puis décide de lécher ses jolies pointes. Ses seins ont un goût délicieux. Je tète et mordille ses tétons avec envie et gourmandise.
De son côté, la belle me tire les poils du torse, puis y plante ses ongles et descend lentement jusqu’au bas de mon ventre en me griffant.
Arrivée à la frontière que forme le tissu de mon boxer, elle arrête de jouer avec ses ongles sur ma peau. Puis elle prend mon sexe en main par-dessus le boxer, et elle le serre fortement. Je l’attrape par les cheveux et je l’attire vers moi pour que nous nous embrassions. Elle me mord la langue et je réponds en lui mordant la lèvre. Elle m’assène alors une petite gifle pas trop appuyée, puis elle me dit : « Je vais retourner voir tes marques de plus près et il me semble qu’il y a autre chose de sympa à voir également ! »
Tiffany se déplace une nouvelle fois, mais pour revenir dans sa position initiale. Elle enlève mon boxer et le jette au sol. Puis elle se penche, comme pour aller inspecter ce qui se trouvait bloqué à l’intérieur. Elle passe sa main sur mes cicatrices une fois encore tandis qu’elle commence à caresser doucement mon sexe tendu de l’autre. Elle le prend en main et approche son visage. Elle a libéré mon « bonhomme » de son col roulé de chair. Puis, très lentement, comme pour me rendre fou d’excitation, elle s’avance petit à petit. Je vois ses lèvres descendre doucement vers mon gland turgescent. Sa main droite remonte le long de mon ventre et de ses doigts, elle vient s’emparer de mon téton. Au moment où elle le pince véhémentement, elle prend mon gland qui entre dans sa bouche chaude et accueillante. C’est malin ! Je suis pris entre douleur et plaisir, entre souffrance et soulagement.
Nous n’avions pas trop discuté de sexualité, donc je ne savais pas à quel point elle pouvait aimer ou pas de donner du plaisir avec sa bouche.
Maintenant, je sais ! Elle est plutôt douée. Pendant tout le temps que dure la fellation, Tiffany joue à me pincer les tétons, à me serrer les bourses et à me mordre un peu le sexe de temps en temps. De mon côté, je lui tire les cheveux, je lui inflige de pincettes sur les seins et je lui donne quelques claques sur les fesses également. J’arrive à résister un certain temps, mais entre le cunni qui m’a rendu dingue et le fait que je n’ai pas eu l’occasion de jouir depuis un petit moment, je craque assez vite. Je la préviens que je vais exploser sous peu, au cas où elle voudrait se retirer, mais j’obtiens en guise de réponse une torsion douloureuse de mon téton. Alors, je la regarde faire tout en malaxant ses jolis seins. Finalement, je libère très vite ma semence dans sa bouche dans un orgasme aussi puissant que le sien (c’est en tout cas l’impression que j’ai). Tiffany avale tout, sans le moindre problème.
Puis, voyant que je me suis vidé (en énergie aussi je veux dire), et ressentant la pression exercée par mes doigts se faire plus légère, elle retire mon sexe de sa bouche.
Elle me sourit et vient se coucher près de moi. Il nous reste encore un peu de temps avant la fin de la réunion du personnel.
A ce moment-là, dans ma tête, un orchestre imaginaire joue le quatrième mouvement de la Symphonie numéro 9 de Beethoven («L’ode à la joie » dévoyée depuis par l’Union européenne). Le morceau semble être bien choisi. Par son incontestable puissance et par le titre qu’il porte. Mais également parce que c’est le morceau qui est joué dans la dernière scène (alerte spoiler) d’Orange mécanique quand Alex (personnage principal) se retrouve sur un lit d’hôpital et qu’après avoir tenté de se suicider, il redevient lui-même. Le bonheur de se retrouver, de redevenir l’homme qu’il était auparavant se lit alors sur son visage et dans des images oniriques de sexualité débridée qu’il imagine alors. J’étais à peu près dans le même état, mais en moins effrayant que lui tout de même. Mon visage est moins inquiétant (du moins j’espère) que le sien; et le retour de mon « ancien moi » est bien moins flippant que le sien. Mais l’impression d’enfin se retrouver et d’en être heureux est bien là.
Je lui emprunte donc cette petite phrase que je murmure pour moi-même à ce moment-là (et qui est la dernière réplique du film) « Oh oui, j’étais guéri pour de bon ! »
Ce qui n’est d’ailleurs pas tout à fait exact dans mon cas, j’avais encore du travail à faire sur moi et avec l’aide précieuse du personnel du PHP. Mais disons que je suis sur la bonne voie concernant ma guérison et que cette petite aventure avec Tiffany aide à mon rétablissement à sa façon. D’une part, parce qu’elle me prouve donc que je suis susceptible de plaire encore et d’autre part, parce qu’elle permet de faire une transition délicieuse entre le besoin de la douleur et l’envie de plaisir.
L’autre différence c’est que dans mon récit, cette petite scène et cette réplique ne sont pas les dernières. En effet, l’histoire avec Tiffany se prolonge encore un peu dans un prochain chapitre…