Bastien était un jeune homme de vingt ans. Sa vie avait été on ne peut plus belle, même si le décès soudain de son père alors quil avait quatre ans avait laissé un vide profond chez lui. Son enfance et son adolescence avaient été embellies par les arts martiaux, dans lesquels il sétait découvert un certain talent. Il en avait pratiqué quatre en tout, et avait brillamment décroché la ceinture noire dans celui quil avait préféré, le karaté. A côté de cela, il avait pratiqué la musculation, grâce à un manuel quil avait trouvé par hasard et acheté. Avec tout ça, il sétait bâti un corps résistant et fort, qui aspirait littéralement les femelles. Il avait dû grandir sans réelle figure paternelle, et pour cela il sétait « élevé » strictement, pour devenir un homme par ses propres moyens. Par exemple, il forçait sa mère de le laisser soccuper de toutes les tâches ménagères et de faire à manger lui-même depuis ses dix ans. De plus, sa scolarité était la plus grande fierté de sa famille. Après avoir eu son brevet avec une mention très bien, il avait obtenu la meilleure note de son lycée au baccalauréat. Et contrairement à ce que lon pourrait croire, il fréquentait beaucoup de gens, et était très populaire auprès des jeunes de son âge.

Mais dans sa vie parfaite ou presque, il y avait un problème. Il en était conscient, mais narrivait pas à sen défaire. Jamais il nexprimait ses sentiments. Cétait dailleurs pour cette raison quil avait largué toutes les filles avec qui il était sorti, elles lui paraissaient trop demandeuses en paroles. Il avait en fait pris lhabitude de tout intérioriser et de toujours paraître heureux à cause dune phrase qui lavait marquée : « Un homme, ça ne se plaint pas. ». Son paternel avait prononcé ses mots peu avant de décéder percuté par un chauffard.

Parfois, Bastien craquait, et pleurait à chaudes larmes, sans raison. Il se sentait mieux ensuite, mais ça ne durait pas.

Et ce manège continuait depuis des années.

Ce jour-là, il devait accompagner sa mère chez une amie pour y passer la journée. Elle sappelait Séréna. Le mois dAoût était baigné dune météo très agréable et cette amie avait préparé un repas froid que les vieilles connaissances avaient mangé sur des canapés, devant la télé. Ils étaient en angles droits, et assez large. Séréna avait quarante-quatre ans, de longs cheveux blonds coiffés en hauteur, et avait un bon ventre, un postérieur large, avec de belles poignées damour. Elle et la mère de Bastien se connaissaient depuis une dizaine dannées. Ca faisait donc dix ans que lartiste martial simaginait entre les mamelles de cette séduisante créature. Seul dans sa chambre, impossible de compter combien de fois il avait exprimé son désir de se retrouver en elle, de faire disparaître cet air fier quelle arborait de temps à autres. La devise de son fantasme, cétait « Jemmerde les gens ». Elle faisait ce qui lui plaisait, sans prendre en compte les remarques négatives des autres. Limaginer en train de le supplier de la prendre donna au jeune homme une érection douloureuse, quil sefforça de réprimer lorsque le trio eut fini le repas.

La grosse poitrine de Séréna et son visage de femme mature bronzé par les ultra-violets lavaient toujours fait fantasmer. Elle portait un haut de maillot de bain et une jupe, ce jour-là, mourant de chaud. Le seul mâle du repas céda à ses pulsions primaires et jetai des coups dil discrets aux mamelles débordantes de sa voisine.

Il pouvait limaginer poitrine nue.

Son imagination fut interrompue par une proposition qui le fit enrager :

« – Tu veux bien rejoindre Louis ?

— Ah oui, jy vais, ça fait longtemps quon ne sest pas vus ! » répondit Bastien en bondissant de sa chaise avec un sourire.

Intérieurement, cétait plutôt « Je comprends maintenant lascenseur émotionnel de Gad Elmaleh. Très heureux puis très déçu en une seconde. »

Louis nétait quun idiot, pour létudiant. Il avait quatre ans de moins que Bastien, qui navait jamais pu le supporter. Déjà, il ne savait que crier, pour sexprimer. Sa culture se limitait à tous les Call of Duty et à des noms dactrices pornos. Quand il avait une copine, il allait voir ailleurs. Le tout rendait à Bastien limage dun sale gosse capricieux quil méprisait. Et même ça, il lintériorisait.

Après avoir grimpé les escaliers, il dut subir des parties de jeux qui ne se terminèrent que lorsque linvité prétexta un mal de tête et partit poliment. Il chercha les toilettes, une fois au rez-de-chaussée, pris dune envie pressante, et trouva la porte quil cherchait, entrouverte. La main sur la poignée, il sinterrompit devant le spectacle qui se déroulait. Séréna était couverte de sueur et avait enlevé son sous-vêtement haut pour sessuyer un peu avec une serviette. Il sortit son téléphone comme Lucky Luke sortirait son arme et filma la courte scène avant que la femme ne se rhabille dun autre soutien-gorge. Bastien sen alla, limage des deux seins en poire qui pendaient vers le bas en tête. Quel bonheur. Une bosse se forma dans son pantalon et sa respiration saccéléra. Bastien navait quune envie, malaxer ces merveilles. Une envie quil calma en se rendant dans les bonnes toilettes, sans éjaculer, devant la vidéo.

Une idée titilla son esprit lorsquil rejoignit sa mère. Une idée digne de la pire des vermines. Une courte réflexion simposa pour le jeune homme. Toute son existence, il avait été irréprochable. Cétait épuisant de ne jamais décevoir.

Il décida alors de ne plus jamais cette petite voix dans sa tête qui excessivement lui rappelait depuis des lustres comment se comporter.

En fin daprès-midi, sa mère rentra à la maison, maison située à quelques rues à peine. Lui resta, prétextant vouloir jouer encore un peu avec Louis. Quand elle referma la porte, Bastien alla trouver Séréna, qui se reposait sur le canapé, allongée de tout son long.

« – Tu ne montes pas ? » fit-elle, étonnée.

Sans répondre, létudiant sortit son téléphone, en sapprochant delle, et lui montrai son contenu nouveau.

« – Pervers ! Efface ça tout de suite !

— Non, rétorqua le voyeur.

— Efface ou jappelle ta mère. Et la police.

— Je ne pense pas que tu feras ça.

— Pourquoi ?

— Vu les photos plutôt étonnantes que jai ailleurs, et que je pourrais envoyer, tu es en mauvaise position pour me menacer. A moins bien sûr que tu ne souhaites occuper les téléphones de tous mes contacts. Et puis, tu sais, aujourdhui, tout va vite et peut dégénérer en un éclair », ajouta-t-il avec un sourire faux.

Bien sûr, il bluffait. Mais son habitude de mentir et son assurance convinrent Séréna sur le champ.

« – Je veux de largent. Quatre-vingt euros, demain, en liquide. Tu passeras demain chez moi, à seize heures, je serai seul. Si tu ne viens pas ou que tu en parles à quelquun, je le saurai, donc fais attention. »

Et il laissa la femme seule, satisfait.

***

Le lendemain, le jeune homme était parfaitement calme. Il était sûr de son plan. A quatorze heures et cinq minutes, la sonnerie retentit. En ouvrant, il découvrit celle quil attendait, dans une tenue très attirante. Elle shabillait de cette manière tous les jours, et ça ne létonna nullement de la voir ainsi, dans des vêtements moulants. Son sexe se redressa très rapidement, par contre.

« – Tiens ! fit-elle sèchement, en tendant une enveloppe.

— Bonjour quand même. Rentre, je nai pas envie quon nous voie. »

Séréna détestait quon la commande, et cest avec une colère froide quelle rentra.

« – Assis-toi. »

Dans la salle à manger, face à face, elle ne prononça pas un mot lorsquelle lui remit les billets. Bastien non plus, quand il compta la somme.

« – Maintenant, donne-moi ton téléphone.

— Ici, cest moi qui donne les ordres. Donc tu la fermes.

— Je ne te permets pas, sale obsédé ! »

Le jeune homme se leva, et ahurie, Séréna se vit remettre le portable. Aussitôt, elle supprima la vidéo, et poussa un soupir de soulagement. Elle était enfin libre. Elle sétait attendue à bien pire que payer. Oh non ! Elle avait failli oublier. La mère de famille sexclama :

« – Et les photos ?! »

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