Tu las cherché 5

Le spectacle de ma mère soumise, culbutée, prise dans toutes sortes de positions par un gros bonhomme de cinquante et des années dans les bosquets situés au bord de lautoroute ma excitée aussi longtemps que jignorais sa participation à cette partie « de cul » comme disait Bob. A partir de linstant où jai reconnu sa voix au cours dune pose et vu son visage grimaçant pendant une mise en place sur le mandrin de Gérard, dès que jai par ailleurs compris que le prétexte de sauver lemploi de mon père cédait le pas à une véritable fringale de sensations sexuelles et à un incompréhensible besoin de soumission ou davilissement, lacte damour a pris à mes yeux un aspect dégoûtant et rebutant.

Mon voyeurisme est devenu honteux et odieux. Je me suis mise à détester ma mère, .épouse infidèle devenue femme indigne, femelle victime de ses penchants pervers, à me détester moi-même, fille indélicate engagée dans une sorte de sacrilège, à détester Bob, le joyeux luron qui mavait engagée dans cette démarche traumatisante. Oui, traumatisme est le mot qui convient pour désigner mon état . Je métais vengée de mon immense déception. Gérard et sa femme étaient brouillés. Javais fait trembler dangoisse la fautive en laissant apparaître par étapes ses vêtements dérobés pendant quelle se livrait en levrette à son amant. Mais la trouver en train de recevoir, dans son lit, Bob et de livrer son sexe aux doigts, à la langue et à la bouche de Bob, avant, qui ne le supposerait pas, de se faire bourrer par ce gaillard qui navait pas la moitié de son âge, cela a constitué le sommet de mes surprises, le couronnement de mon dégoût.

Lamour, cétait ça ? Merde ! Nudité, gesticulations, léchage, pénétrations de doigts, de sexe, sperme et pisse, bousculade, écrasements, plaintes et tremblements, cris de douleur ou de jouissance aux accents voisins, accouplements de corps plus ou moins beaux à voir. Bob était quand même plus agréable à regarder que le patron qui cocufiait papa. Ma mère manquait de discernement dans le choix de ses amants. Ma mère dévalorisait mon père ! Elle lui faisait deux fois de suite des cornes. Et ce Bob, quel salaud ! Faute de sauter la fille, il abusait la mère en lui rapportant sa culotte et en menaçant détaler sur la place publique la liaison de Gérard et de Marie. Marie terrorisée par cette menace se déshabillait, se couchait nue sur le dos, écartait les brancards, et ,sur son lit, laissait linitiative au jeune saligaud pour pouvoir se pâmer de bonheur avant lestocade espérée sans doute. Dégueulasse, lamour !

Le pire cétait la copulation renouvelée avec mon père. Ainsi, une femme peut sortir des bras de son amant, prendre une douche et copuler, le cur léger et le corps complice, avec le mari cocu. Linimaginable prenait corps. Peut-on faire ainsi abstraction des sentiments, des promesses et engagements publics et solennels. Dans mon cur de jeune fille sentimentale et pleine dillusions grondait lorage, la révolution contre toutes les notions nobles quon mavait inculquées. Comment aimer encore cette mère si lâche, si si hypocrite, ? Mes rêves damour sétaient brisés dans les bosquets et venaient de voler en éclats quand je lavais découverte tressautant sous les lèvres de Bob.

A partir de ce jour, je me suis renfermée sur moi. Encore, si javais pu rencontrer André, lami fidèle qui partageait ma conception de lamour vrai, pur, angélique. Mais André ne se montrait pas ! Pourquoi ? Avait-il rencontré une autre fille, était-il, comme Bob, comme ma mère et dautres, tenté par ce qui ne lui appartenait pas ? Est-il inscrit dans la nature humaine quon ne peut être attiré que par ce qui semble impossible à atteindre ? Combien de fois avais-je demandé à papa, quand jétais petite, de mattraper la lune ?

La lune ! Jétais obsédée par la lune, la pleine lune de ma mère et ses cratères, exposée sur une couverture, offerte à la vue de son amant qui étudiait les meilleures façons de laborder et den prendre possession, mais exposée aussi à la vue de sa fille et à celle de mon accompagnateur. Bob en avait conçu un irrésistible désir et avait su concrétiser,avait redécouvert de près les contrées lunaires et avait failli y creuser son trou.

Limage de cette lune dansait continuellement devant mes yeux, dans des positions très variées, au gré des exigences de Gérard. La lune et lastronaute qui la taquinait du bout de son membre ou qui y plongeait son gourdin au mouvement mécanique daller retour. La lune ronde, fendue dun diamètre percé, aux contours arrondis et couverts de mousse, autour dune ligne incertaine qui bâillait au contact dun doigt ou dune queue. Je voyais, revoyais cette lune, le cul et le con de ma mère Le  « con » mavait confié quelque un, « cest le truc qui se laisse faire. » Que la définition s appliquait bien au sexe de ma mère tel que vu ouvert à Gérard puis à Bob. Ça me dégoûtait mais il métait impossible déchapper à lobsession visuelle Je fermais les yeux et le coït simposait à mon esprit avec plus de force et de détails encore.

Je m’isolais pendant ces vacances. Je me réfugiais dans la lecture. J’explorais internet. Je cherchais des réponses aux questions angoissantes soulevées par la conduite des adultes de mon entourage ou par laudacieux et peu respectueux Bob. Je tapais des mots : sexe, porno, cul et je passais de textes écrits sur des sites spécialisés interdits aux moins de dix-huit ans ( quelle rigolade, puisquil nexistait aucune possibilité de contrôle de lâge )à des extraits de films pornographiques. Je m’en gavais jusqu’à plus soif, j’en venais à penser que c’est le cul ou le con qui mène le monde. Mon dégoût ne passait pas mais se mit à croître le jour où je décidai d’imiter des filles seules filmées en pleine masturbation, se donnant du plaisir avec leurs doigts ou avec des objets variés, longs, ronds à limage du sexe masculin.

Mes doigts apprirent l’art du plaisir solitaire et je passais des soirées féeriques mais épuisantes, porte bouclée pour ne pas être surprise. Hélas quand éclatait la vague de sensations enivrantes, quand tordue par lorgasme je retombais dans mon monde réel, jétais prise dun surcroît de déception ou de dégoût. Cétait moins sale que les écoulements de sperme masculin, cependant mes doigts finissaient gluants,et je néprouvais pas de joie particulière à les nettoyer sur ma langue ou entre mes dents.

Par bonheur septembre arriva et il fallut retourner au lycée. Je me jetai comme une affamée dans mes cours. André qui me fuyait, coincé dans un couloir dut sexpliquer

— Ma pauvre, je te plains. Jai rencontré un dénommé Bob pendant les vacances alors que je voulais te rendre visite. Il ma parlé de toi et jai rebroussé chemin, totalement effondré à la suite de ses révélations. Il vaut mieux ne plus nous fréquenter.

— Ah! Si je suis condamnée sur les dires de ce garçon, je ne demanderai pas de procès en révision. A quoi bon, tu nas pas essayé de trouver la vérité, tu ne mas laissé aucune chance de me défendre. Daccord, cessons de nous voir. Tu es comme tous les autres.

Le bac en poche, inscrite en fac, joccupai une chambre au Crous. Je ne pourrais plus surveiller ma mère ni lui interdire des écarts. Le 23 décembre, Gérard organisait un arbre de Noël pour son personnel et les familles. Cétait un signe de retour à la prospérité pour lentreprise. Le patron collait à mon père pour le complimenter sur la beauté et lélégance de sa femme. Mère était émue et rougissait sous ces louanges. On me présenta à Gérard il sexclama:

-Comment est-ce possible, ta fille est encore plus belle que ta femme, elles se ressemblent beaucoup. Heureux homme ! Jespère quelle est célibataire et libre. .

Que cherchait-il ? A reconquérir Marie ou à séduire Lucie à la barbe de mon père? Il appela un jeune homme, nous le présenta :

— Voici mon fils Alain. Les jeunes faites donc connaissance. Je vais faire danser ta femme, veux-tu avoir lamabilité dinviter la mienne.

On se mit à danser dans la salle de réunion transformée en salle des fêtes Alain se comportait comme un gentleman. Gérard ne se séparait pas dune Marie qui guettait mes réactions et craignait que je fasse un scandale. Père ne réussissait pas à dérider la mère dAlain. Gérard se frottait la couenne contre le ventre de ma mère de façon scandaleuse mais personne ne voulait le remarquer. Intervint une pause. Une main sabattit sur mon épaule et jentendis la voix de Gérard :

-Alors les jeunes, on samuse. Toi petite jadorerais tavoir pour bru. Et toi, fils, comment trouves-tu cette demoiselle ? Nest-elle pas adorable ?

Alain rappela à son père quil se chargerait lui-même du choix de sa belle-fille. Le père parti, il se mit à rire :

— A chacun son rôle. Mais si je revendique ma liberté de choix, cela ne signifie pas que tu ne me plaises pas, bien au contraire !

Par la suite je revis Alain en ville où il était étudiant dans une école supérieure de commerce. Il me fit une cour assidue. Quand il me proposa le mariage je me dis quil faudrait bien y passer un jour. Il était bel homme, il serait héritier dune fortune, me témoignait de lintérêt et notre mariage protègerait plus honnêtement lemploi de mon père que les galipettes passées de ma mère. Je dis « passées » car en dehors de la fête de noël je navais pas remarqué de signes de rapprochement entre les ex amants.

Je devins donc la belle-fille de labominable Gérard, lépouse dAlain et les félicitations de mon père furent très chaleureuses. Maman se montra plus réservée.

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