La chambre est sombre, mais la lumière est travaillée. En fait quand on entre dans la pièce, seul le lit semble éclairé, seul le lit semble exister. Une lampe haut perchée braque son halo sur les draps blancs et un mince panneau blanc perché de l’autre côté du lit pour diffuser la lumière filtrée pas une gélatine rouge. Ambiance de maison close…

Pourtant une fois dans la pièce et au bout de quelques instants, on distingue la lumière de la rue au travers des rideaux tirés et deux petites lampes dans les coins de la pièce, sur un petit bureau près de la fenêtre et sur une table de nuit trônant près du lit comme à l’accoutumée. La chambre n’est pas grande et la chaleur produite par la lumière est assez forte. Laurent se trouve assis sur une chaise à quelques pas du lit, près de la porte d’entrée de la pièce. Il est vêtu d’un costume gris, d’un gilet et d’une cravate foncée, probablement bleu marine mais on pourrait dire qu’elle est noire dans cette lumière obscure. Il l’observe elle…

Elle est assise sur le rebord du lit. Ses pieds nus prennent le frais du plancher ancien, ses chevilles sont serrées dans un leggin noir, fin. Ses genoux et ses cuisses fines posées sur le lit ne se déforment pas, c’est le matelas qui se déforme. Assise ainsi, Laurent trouve que l’on ne distingue pas assez son postérieur dont il ne connait que trop bien la beauté. Son ventre plat est néanmoins plissé par la posture peu assurée d’Elise. C’est son nom. Ses seins raffermis par un haut de jogging noir, Laurent sait très bien que même si tout laisse à penser le contraire, lorsqu’elle ne portera plus rien, ses seins ne changeront pas de forme : deux jolies pommes rondes et fermes. Son dos courbé et ses épaules menues qui reçoivent une chevelure rousse, lisse et longue. Seules les mèches de devant sont attachées derrière la tête par une pince et sur le front, une frange découpée soigneusement au-dessus des sourcils clairs. Les yeux marron, tirant sur le vert et les joues roses tachetées de rousseurs qui nous disent que tout est vrai chez elle. On dira naturel. Des lèvres pulpeuses et une large bouche sont les promesses d’un sourire qu’elle dissimule.

Laurent aime ce visage, celui de sa compagne de huit années de bonheur. Elle a vingt-cinq ans et Laurent en a vingt-neuf. C’est dire si elle était jeune lors de leur rencontre. Mais Elise est anxieuse pour l’instant, elle se mordille les lèvres ce qui la rend plus désirable encore. Elle est habillée ainsi parce qu’elle pense que tout ce qui est sexy comprime les corps. Laurent se dit qu’il y a sans doute du fétichisme caché là dessous, enfouit dans cette timidité, dans cette innocence. Il en sourit.

Lui attend penché, les coudes sur ses genoux et ses mains jointes. On ne voit rien de son corps à lui mais le costume le rend tout aussi désirable que les lèvres d’Elise. Il se dit qu’aux yeux d’une femme, contrairement aux hommes, ne pas montrer fait gagner en séduction. Puis il se dit alors que c’est pareil pour les femmes et que c’est la société actuelle qui nous renvoie à cette image que le corps de la femme doit être dénudé pour séduire. Ses pensées l’emmènent loin, c’est parce qu’il est lui aussi, un peu anxieux. Toujours est-il qu’il préfère être dans ce costume, caché, usant de son charme naturel, de ses cheveux courts et châtains, dévoilant un visage fin et bien rasé, une mâchoire saillante mais sans les joues creuses, des yeux bleus et un regard doux. C’est ce qui lui plait à elle, cette douceur dans ce corps virile. Laurent est grand et pas forcément à l’aise avec ce grand corps mais il jouit d’un charisme sans égal et d’une grande gentillesse. Elise adore qu’il n’ait jamais tiré avantage de ce trait si séduisant pour conquérir le cur des femmes. Laurent est fidèle. Du moins l’a-t-il longtemps été.

Laurent aime Elise, pour sa douceur également, mais c’est un tout. Et le désire entre eux oscille entre tendresse et animalité. Ils savent se lâcher et ce depuis leur première fois. Sa première fois à elle mais pas la sienne. Elle avait 18 ans et lui 21. De longues conversations, de longues caresses et embrassades tendres et quand le jour naissant, vers six heures du matin, ils se décidèrent à passer à l’acte, la fougue et la passion se sont déchaînées. Elise se sentait tellement en confiance avec lui qu’elle lui a donné son corps sans réfléchir, sans crainte. Sans trop savoir ce qu’elle faisait, elle a écarté ses jambes face à lui, le laissant guider, il la pénétra avec tant de passion et de conscience de son corps qu’encore aujourd’hui, c’est la position qu’elle affectionne le plus : allongée sur le dos, jambes écartées et pieds relevés, les yeux grands ouverts découvrant l’animalité de son homme sous ses yeux embués par ses sentiments naissants, et décuplant à chaque fois que l’étreinte se resserrait en elle. Bien sûr il y a eu les premières douleurs et l’orgasme n’est pas venu cette fois-là, mais la vision de cet homme qui la prenait pour la première fois, et les sensations qui l’accompagnaient, l’ont mené vers un sentiment de plénitude totale et intérieure, un sentiment de bonheur pur, largement équivalent à un orgasme éphémère. Puis sans trop savoir, elle s’est retournée, pensant satisfaire Laurent, le gratifiant de la vision de son corps jeune et sculpté, et lui laissant l’incontestable possession de son être, de son enveloppe.

Laurent n’oubliera jamais comme il a joui en elle sans quitter ni son regard ni ses mains de ses deux formes rondes et charnues. Ni les odeurs, ni les gémissements, ni les grincements du lit, et pour Laurent, ça restera sa position privilégiée… La levrette. Aujourd’hui encore il a du mal à ne pas jouir dans la minute lorsqu’il fait l’amour dans cette position, si bien que pour que ça dure, il attend toujours le dernier moment même si sa partenaire est en demande.

Tous deux sont bien conscients que cette première fois extraordinaire les a façonnées, de la chance qu’ils ont de s’être trouvé si tôt. Mais aujourd’hui ils sont anxieux. Peut-être est-ce dû à ce reflex trônant sur son pied face au lit, face à Elise. Cet appareil photo prêt à les filmer. Peut-être est-ce dû à cette présence. Cette troisième personne qui entre dans la pièce. De lourds bruits de talon claquant le bois et résonnant sur les murs se font entendre lorsque la porte d’entrée de la pièce s’ouvre enfin, mettant fin à une attente interminable. Laurent voit passer la silhouette près de lui, et c’est comme si elle lui confisquait son regard. Il ne décrochera ses yeux de ses hanches parfaites que quand elle sera assise, près de l’appareil, face à Elise. Cette femme est belle à mourir se dit Laurent : "Je n’ai pourtant pas toujours eu ce sentiment…". C’est bien ce qu’il pense et ce qui anime Hélène. Lorsqu’elle marche, elle fait chavirer les hommes, comme des ondes de choc, chaque pas est une revanche sur cette pensée qu’à Laurent : "Je n’ai pourtant pas toujours eu ce sentiment…".

Hélène a toujours voulu plaire et ses premiers pas en tant que femmes furent laborieux. Peu d’hommes s’intéressaient à elle. Désormais c’est bien au-delà de ça, elle est le fantasme des hommes, désirée au-delà de toute raison. Laurent pense que c’est son assurance, mais Hélène penche sur l’entretien absolument impeccable et sans défaillance de son corps, et c’est sans doute un mélange des deux, peut-être même que l’un est la conséquence de l’autre. Hélène n’est pas si grande, elle est blonde et ses yeux marron tirent sur le noir. Un visage lisse et une peau blanche, une bouche pulpeuse et des sourcils noirs. Aujourd’hui elle porte un haut ample dévoilant un peu ses épaules mais pas le reste. Ses formes sont noyées sous les multiples plissures de ce petit pull léger. Mais ses jambes et ses fesses sont moulées dans un jean gris, des petits plis sur le devant, qui tracent des pentes vers son entre-jambes, que Laurent na de cesse de regarder.

Hélène est très sympathique et socialement très à l’aise. Elle a su tirer de ce caractère pour séduire, sans aucun doute. Mais ça s’est fait dans la douleur. Contrairement à Laurent et Elise, elle n’a pas eu la chance de se trouver ou de trouver la bonne personne dans sa jeunesse. Hélène a vingt-trois ans et aujourd’hui elle est dans l’ombre… Et Elise dans la lumière.

Hélène jette sur le lit des masques vénitiens, tous pensent au film de Stanley Kubrick.

— J’ai trouvé ça, ça fera l’affaire, si ça vous convient bien sûr. Demande Hélène mais sans vraiment leur laisser le choix.

Hélène regarde Elise, lui sourit, Elise hésite et reçoit le regard comme étant rempli de jugement.

— Laurent m’a prévenu que je devais te mettre à l’aise. Les conditions ne sont pas réunies n’est-ce pas ? demande Hélène à Elise.

— Pas vraiment… répond-elle… et cette fois le sourire d’Hélène est pris avec bienveillance…

— Je comprends… J’ai deux choses à te dire Elise, d’abord il est toujours temps et il sera toujours temps de faire marche arrière. Je ne vous prendrais pas en otage. A tout moment, tu n’auras qu’un mot à dire et ce sera fini.

Elise hoche la tête, peu convaincue…

— Et la deuxième ? demande-t-elle.

— Tu peux tout me demander, sens-toi à l’aise de me faire toutes les remarques que tu veux… y compris m’insulter si tu t’en sens le besoin… je ne te confronterai pas. Je suis à votre écoute, Hélène regarde Laurent… à tous les deux.

Laurent l’admire et il a du mal à le cacher. Et Elise le regarde. Son regard change. Elle devient défiante. Elise regarde alors Hélène…

— Je veux que tu me racontes tout.

Hélène penche sa tête en arrière et cesse de sourire. Son regard est un peu triste, elle aimerait que cette relation s’apaise…

— Elise, tu es ici parce que tu le veux, alors dis-moi pourquoi tu es là si ça te pose tant de problème ?

— Je te le dirais si tu me raconte comment vous… comment toi et Laurent… Elise n’arrive pas à le dire.

— Comment Laurent m’a baisé c’est ça ?

Un larme jaillit du coin de l’il de la rouquine.

Hélène sait qu’elle y est allée un peu fort. Elle se penche pour prendre la main d’Elise.

— Ton homme a été tendre avec moi, et animal en même temps, il a été le même qu’avec toi et ça m’a fait du bien. Mais c’est toi qu’il aime et ça fait la différence… Et tu le sais… aussi bien que moi, aussi bien que lui…

Elise s’apaise un peu, regarde Hélène puis Laurent, et sa tendresse est revenue…

— Tu as joui ? demande Elise à Hélène.

— Bien sûr que j’ai joui… deux fois… répond-elle comme si c’était une évidence.

— Et lui ?

— Sur mes seins et sur mes fesses… deux fois… Hélène sourit et regarde Laurent… puis de nouveau Elise… Mais ça tu le sais parce qu’il t’a tout raconté.

Elise sourit et hausse les sourcils… Elle n’a jamais vu son homme jouir hors de son corps, ni même dans sa bouche. Cette pensée la trouble, l’excite, l’agace, la rend triste, nerveuse, mais lui donne des forces.

— Je suis là parce que… enfin… je sais pas trop… Hasarde Elise…

— Tu es là parce que tu veux me montrer que tu sais comment donner du plaisir à ton homme, tu es là parce que tu veux que je vous voie, et comme c’est moi qui te le propose, tu hésites.

Elise hoche la tête.

— Mais tu es aussi là parce que ça t’excite… et moi aussi… Ecoute, Laurent je l’ai désiré et j’ai eu mon moment avec lui, mais toi tu l’as pour la vie, et je sais que ce que je m’apprête à filmer sera largement au-delà de ce que j’ai vécu avec lui, en termes de passion, de connivence.

Hélène se lève s’avance et se penche vers elle… dépose un baiser sur les lèvres d’Elise, et dépose une main sur sa joue…

— Et surtout garde cet esprit de revanche, c’est bon pour l’image…

Hélène sourit, Elise lui sourit en retour. Laurent se dit qu’un miracle vient de se produire…

— Par contre je vais te prêter des vêtements, avec le corps que tu as, on peut faire bien mieux.

Cette remarque d’Hélène à Elise aurait pu être mal perçue mais Elise acquiesce sans sourciller.

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