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Le stage – Chapitre 4




Laction engagée, le divorce obtenu, je me suis rendu compte de ses conséquences. Certes javais rompu avec la femme adultère. Javais brisé simultanément toute la complicité acquise en tant dannées: plus de discussions sur nos lectures, plus de sorties dans la nature, plus de films partagés, de théâtre ou dopérettes, de repas au restaurant. Finies les tâches ménagères partagées, fini le jardinage, envolés les plaisirs simples vécus à deux. Et retour à zéro sexe! Les joies du célibat ont des limites.

Judith appliquait à la lettre les consignes de lavocat, se faisait de plus en plus rare. Elle était venue faire une révision de sa voiture sans passer par mon bureau. Le jour du jugement de divorce, Georges mannonça quil avait demandé et obtenu la main de Judith. La foudre me tombait sur la tête. Le baveux avait une façon particulière de me tenir le bras, de me regarder, de se tenir à ma disposition en scrutant mes yeux. Il métait arrivé de me demander sil ne me faisait pas des avances. Il se montrait en compagnie de jeunes hommes que je trouvais efféminés, jamais en compagnie de jeunes femmes en dehors de ses clientes. Jaurais donné ma main à couper: il était gay. A chacun ses préférences: je ne lui laissais aucun espoir. Il sentourait dobjets dart, achetait des tableaux place du Tertre, fréquentait les artistes et aimait montrer ses collections: il avait bon goût. Pourquoi avait-il jeté son dévolu sur Judith? Comment Judith avait-elle pu sattacher à lui? Non, je métais fait des illusions et au moment où nous pouvions enfin nous rejoindre, à son tour elle me laissait tomber. Georges aurait aimé me prendre comme témoin de son mariage. La rage au ventre, je voulais décliner poliment linvitation. Pourtant jassistai impassible à la cérémonie, à la surprise dune mariée bien gênée.

Un samedi, je reçus une visite inattendue. Sabine, mon ex femme, que je rencontrais au tribunal, notre sort étant réglé, se présenta le soir. Elle était souriante, détendue et venait me demander conseil. On se défait difficilement de certaines habitudes. Un de ses collègues, gentil garçon, qui lavait aidé à traverser lépreuve du divorce, devinez comment, venait de lui proposer de lépouser. Elle avait conservé la location de la maison, Sébastien sétait établi chez elle en toute discrétion. Tout naturellement ils forniquaient: selon Sabine, elle avait tiré un numéro acceptable, de bonnes dimensions et de bonne volonté, mais un peu rapide à la détente. Elle sappliquait donc à lui enseigner les moyens déviter léjaculation précoce, véritable fléau pour une amoureuse normale et surtout pour elle. Mais il nest pas toujours drôle de devoir couper son élan au beau milieu des ébats pour freiner lexcès de précipitation de son partenaire. Est-ce que japprouvais son engagement? Elle hésitait. Javais du mal à comprendre son hésitation: elle était libre, mais ne se permettrait quun engagement sérieux. Je devais connaître la haute idée quelle se faisait du mariage! Pardi.

-Tu sais que je ne cesserai jamais de taimer. Tu me manques, aucun autre homme ne te remplacera jamais dans mon cur. Tu nas quun mot à dire et je te reviens.

Des mois dabstinence, la déception récente de lannonce du mariage de Judith, cette déclaration damour et tout le manque ressenti depuis des mois de tous les bons côtés de la vie de couple mont fait hésiter une minute, moi aussi. Cétait plus quil nen fallait à Sabine. Elle se jeta dans mes bras, membrassa à pleine bouche. Je lus dans son regard ce que jaurais voulu y voir toujours, je rendis le baiser. En un rien de temps, nous étions nus, enfiévrés, couchés dans le lit conjugal, oublieux du passé pénible, livrés à la passion renaissante. Elle brûlait dimpatience, mattira sur ce corps dont javais été fou, mencercla de ses bras, me coinça entre ses cuisses adorables. Je navais dit ni oui ni non, ma verge avait retrouvé le chemin, le vagin lavait reconnue et nous étions unis, nos bouches se dévoraient, nos bras serraient. Deux fous damour, deux assoiffés, deux moitiés recollées pour ne former plus quun, nous avions reconstitué le couple et elle me criait

— Aime-moi, je taime, je taimerai toujours.

Nous étions heureux, nous pleurions, souffles coupés par leffort de lunion. Jallais et venais, je me souciais de donner le maximum de plaisir, comme au jour lointain du mariage. Sabine exultait, chantait son amour et son plaisir. La cyprine débordait. Tous les freins avaient cédé et nous déboulions ensemble dans nos habitudes rétablies avec un bonheur tout neuf, sans nuages. Elle maimait, je laimais, nous faisions lamour: cétait magnifique. Son ventre roulait, se soulevait, maspirait. Je bourrais, poussais de lavant, plongeais dans ses profondeurs trempées. Comme deux forcenés nous courions à la recherche du grand frisson, celui qui vous tétanise. Quand vint lannonce de léjaculation, que ma verge se raidit, je me retrouvai prisonnier de deux jambes et de deux bras noués avec force autour de moi et jobéis à lordre clair:

-Reste en moi, ne sors pas, remplis moi de ton amour.

En longues secousses, en spasmes déchirants je vidai les réserves accumulées. Elle riait, son rire me soulevait. Elle recueillait dans la joie le jaillissement de semence. Le bonheur cest ça, tout simplement. Quand enfin on la saisi, on ne veut plus le lâcher. Mais après la tumescence vient la détumescence, le retrait involontaire commandé par la nature. Sabine ne lentendait pas ainsi. Un temps de récupération peuplé du rappel de tous nos bonheurs passés, suivi de ces activités manuelles où elle excellait, renforcées de la chaleur de sa bouche, du mouvement de ses lèvres et de sa langue et nous voilà repartis pour une nouvelle consommation de lunion. Puisque nous en étions daccord, nous nous laissions emporter par lorage de nos sens. Une véritable tornade, dont nous nétions plus maîtres. Mes réserves bouillonnaient, je chargeais, variais les angles dattaque, me collais à la vulve béante, immobile pour écouter les battements du sang qui affluait dans mon pieu . Dun coup de rein impérieux elle relançait le mouvement, réclamait une nouvelle charge. Gonflé à bloc par les mois dabstinence, je rendais coup pour coup. Le vagin ne pouvait conserver tout le sperme. Mon drap en garderait des traces. Tout a malheureusement une fin. Nous ne savions pas conclure, nous étions épuisés..

-Alors, jépouse Sébastien ou non?

Nous étions revenus à la question. Pauvre Sébastien, à son tour cocu. Pas encore marié et pourtant trompé. Je navais pas de réponse. Le rôle damant me convenait soudain. Cétait laffection, le plaisir assuré sans les inconvénients du mariage, sans les complications dun divorce. Cétait le carpe diem sans souci du lendemain. Le toujours possible sans obligation.

— Ma chérie, tu mas rendu la joie de vivre, tu mas rempli de bonheur. Tu peux aussi faire le bonheur de Sébastien. La solution la plus sage est que tu tappuies sur lhomme qui ta courageusement soutenue. Tu garderas une grande place dans mon cur. Tu as constaté que tout mon être garde lempreinte de notre union passée. Mais je ne suis pas sûr de pouvoir reconstituer le couple que nous formions. Il me manquera toujours la confiance absolue que javais en toi.

-Je te jure que plus jamais je ne te tromperai.

-Hélas, je sais que tu es sincère. Tu las toujours été, tu maimais et pourtant tu en aimais dautres. Alors aime Sébastien et si ton cur déborde damour, je recueillerai le trop plein si tu le veux. Il suffira dun signe de toi.

    Elle était déçue, mais soulagée aussi. Après un dernier baiser damants elle rejoignit son futur époux.

Jaurais voulu repartir du bon pied avec elle. Nous venions de vivre une soirée inoubliable, exceptionnelle, mais ce nétait pas une garantie pour une succession de jours ordinaires, normaux, soumis aux tentations. Deux mois plus tard, Sabine mannonça triomphalement, en présence dun Sébastien radieux, quelle attendait un joyeux événement. Dans un coin de mon cur, je cache un secret espoir.

A plusieurs reprises jai aperçu Judith. Elle a épousé son « maître du barreau ». On ne peut pas dire quelle rayonne de bonheur. Elle doit être embarrassée davoir déçu mes espoirs. De banalités en banalités, elle a fini par me confier quelle regrettait certaines décisions. Un week-end, son mari parti en quête d’un Daum (vase de couleur de lécole de Nancy), elle ma invité dans ce restaurant où nous aimions nous retrouver parfois. Son mariage nétait pas heureux, son mari la négligeait, et, pire, la traitait comme un garçon quand il daignait coucher avec elle. Je ne fus pas étonné de lapprendre. Chacun avait sa chambre. Dès le lendemain du mariage, elle sen était rendu compte: elle avait à peu près autant dimportance quun vase ou un tableau de maître. Elle faisait partie de la décoration, elle était la femme indispensable à la bonne réputation, la maîtresse de maison décorative, utile pour diriger les réceptions. Et ce grand seigneur avait commencé à lui réclamer une participation aux achats de biens précieux. Elle se rendait compte que son mari avait un train de vie coûteux, que pour briller aux yeux des autres, ses dépenses étaient supérieures à ses revenus pourtant considérables.

Lavocat avait manipulé sa cliente. Il ne laimait pas, il sen servait. Elle supposait que son mariage camouflait la réalité de ses habitudes. Si les plus vaillants des gays font leur coming out, Georges craignait vraisemblablement que la révélation de sa vie intime, en province, risquât de lui faire perdre des clients. Judith était désespérée. Cétait la seule explication à ces confidences. Ainsi donc cette sublime créature était-elle réduite au rôle de faire valoir et payait-elle cher de sêtre laissée tenter par la situation sociale et le bagout de ce beau parleur. A chacun son enfer. Jessayai de la consoler, lencourageai à reprendre sa liberté.

-Comment échapper à ce maudit mariage? Je ne veux plus perdre un an de ma vie à divorcer et à être obligé de tattendre.

-Quitte le aujourdhui, ce nest pas plus difficile. Quest-ce qui pourrait tobliger à le subir plus longtemps? Et trouve toi un bon mari.

-Mais, cest vrai. Instruite par mon premier mariage, jai établi un contrat de communauté réduite aux acquêts. Si je le quitte je conserve mes biens. Donc, si tu veux de moi, je suis à toi sans attendre.

Elle avait un esprit pratique développé par sa profession. Mais elle navait pas saisi le sens précis du:« trouve toi un bon mari ».

-Excuse moi, tu mas relégué au second rang une fois. Jaurais aimé tépouser quand jai obtenu mon divorce. Je veux bien taider, rester ton ami,

-Je comprends, jai été odieuse. Pardonne. Faute dêtre mon mari, accepterais-tu dêtre mon amant? Jai besoin quon maime, même un peu, un tout petit peu.

Des larmes dune femme aussi belle, cest insupportable. Je ne pus refuser.

-Advienne que pourra. Je veux bien essayer, sèche tes larmes.

Son visage sillumina, ses mains délicates, si bien manucurées semparèrent des miennes et sa bouche maccorda ce baiser ardent que javais si longtemps attendu.

Je laidai à faire ses valises, elle quitta sur le champ la demeure de maître richement décorée et vint se serrer dans mon deux pièces de célibataire. Cétait provisoire, elle allait sinstaller dans sa maison.

Nous étions enfin réunis. Amoureux depuis plus dun an, jamais nous navions franchi les limites de chastes baisers. La parenthèse de son récent mariage était fermée. Coincés entre les valises nous avons échoué sur mon lit. Javais à mon côté cette femme si longtemps désirée, maltraitée par la vie, trompée par un premier mari, négligée par le second quand il ne la sodomisait pas. Nous étions pressés de nous aimer. Je savais que trop de précipitation pouvait conduire à un nouveau désastre. Je refusais de savoir. Le plus dur était fait, puisquelle était là, puisquelle déclarait navoir pas cessé de maimer. Il est parfois nécessaire de faire un acte de foi! Elle vivait avec lespoir davoir enfin découvert lhomme de sa vie. Mais chat échaudé craint leau froide. Je me répétais « amant, pas mari ».

Ce matin encore je minterrogeais sur le sens de mon existence. Ce soir, nu près de lamante, jadmirais ce corps enfin révélé, mes mains le caressaient, le parcouraient, prenaient possession de ces territoires. Les doigts légers ici, plus fermes là, apprenaient la délicatesse de la peau, la fermeté des muscles, semaient des frissons, saventuraient dans les plis, épousaient les courbes. Tout était nouveau, y compris labandon confiant qui répondait à mes audaces. Elle souriait, apaisée, toute crainte écartée, offrait en toute simplicité son corps, ce ventre plat, ces jolis seins discrets aux mamelons érectiles, le fuseau modelé des cuisses, cette peau si douce à labord du sexe convoité, si lisse, comme une invitation à continuer vers un endroit meilleur. Elle était heureuse de redécouvrir le plaisir dêtre regardée avec respect et désir. Elle était ravie du plaisir que je prenais à lexplorer avec calme, les yeux brouillés de larmes de bonheur. La progression était longue, entrecoupée de baisers chargés damour. Elle me rendait avec la même sérénité des caresses. Sa bouche suivait ses mains, son souffle émouvait les parcelles de peau touchées, pressées. Quil était bon de prendre son temps, de se regarder, de se dire des mots doux, de se tenir assis en tailleur, face à face, mains dans les mains, en silence. Nous étions hors du temps, parce que nous savions que nous approchions de la communion des corps et des âmes.

Lhistoire était écrite, il sagissait de la vivre pleinement, den charger notre mémoire. Corps enlacés, nous dégustions le plaisir dêtre ensemble, librement, dépendants lun de lautre, volontairement côte à côte, réunis dans lespoir daccomplir aujourdhui le rêve de notre vie. Parce que ma résistance faiblissait, je savais où nous finirions. Ce que femme veutJudith mavait attendri, menvahissait, me donnait son amour, se battait pour me reconquérir. Mon premier mouvement dorgueil fondait à la chaleur de son étreinte, au bonheur lu dans son regard. Amant maintenant, peut-être mari un jour. Mes défenses faiblissaient. Pourquoi rejeter un possible bonheur?

Et nous parlions, nous faisions des projets de vie commune, durable, longue, heureuse. Mes jambes se nouaient aux siennes, nos bouches confondaient leur haleine. Ses mains sétaient arrêtées sur mon pénis, ses yeux mavaient interrogé. Je consentais. Elle tenait la preuve de mon excitation charnelle, je mépanouissais sous la caresse précise. Elle avait desserré les cuisses, accordé à ma main laccès à la plage bouclée du pubis. Dans la paume de ma main palpitait la douce colombe, mon majeur couvrait la fente, allongé et pesant, il affirmait ma présence, ouvrait la voie, atteignait la source humide. Judith approuvait dun ooooh , ouvrait davantage langle et me fixait. Elle appréciait cette approche délicate, se sentait estimée, désirée. Elle avait été un bout de viande livré en pâture à un avocat sauvage, elle était femme consentante qui souvrait à son plaisir et qui voulait partager la volupté de lacte damour.

-Après la déchéance, tu me rends ma dignité.

Ce don complet me bouleversait. Javais reçu sa proposition comme une bonne action, un service à rendre. Le scout devenait un héros à ses yeux. Je pensais que jétais un type bien et remontais dans lestime de moi. Et jen arrivais à penser:

-Jai une chance formidable

Javais pensé à haute voix, pour le plus grand bonheur de Judith.

-Et moi donc. Je tadore, mon amour

Les mots damour rattrapaient les actes.

Jétais prêt à la pénétrer, me mettais en position. Elle marrêta de la main

-As-tu des préservatifs?

Pas possible, ça recommençait. Cette femme refusait la maternité.

-Non, mon amour, ce nest pas ce que tu crois. Je taime, tu es mon tout, je veux un enfant de toi. Je veux un enfant et un mari en bonne santé. Avant dêtre sure dêtre moi-même en bonne santé, je ne veux courir aucun risque. Nous avons obéi à notre envie de vivre ensemble. Je veux prendre le temps de me faire examiner. Tu sais doù je viens, des précautions sont nécessaires. Me comprends-tu?

Nous nous sommes beaucoup amusés à mettre en place la protection. Il fallut quatre mains pour envelopper mon sexe gonflé dimpatience. Ce mélange de fous rires et de tendresse, denvie et de délicatesse nous rapprocha. Menue mais décidée, Judith me plaqua sur le dos, me gratifia de nouvelles caresses. Elle décida du moment de notre première union complète, enfourcha mes cuisses allongées.

Elle fit glisser son bassin vers mon oiseau encapuchonné; elle lui appliquait de petites gifles, le taquinait de la pointe de la langue. Genoux mus par lattirance jusquà la rencontre désirée, elle me prit en main, fit les présentations avec fantaisie, frotta mon gland sur les lèvres chaudes de sa vulve, me fixa dans les yeux, menveloppa de sa chaleur et vint coller lun à lautre nos pubis. Ses yeux ne quittaient pas les miens, me disaient tout le bonheur quelle éprouvait de pouvoir enfin réaliser mes souhaits et les siens. Bassins immobiles, elle se pencha et conclut lunion par un baiser merveilleux.

Javais posé mes mains dans le creux de ses reins. Quand elle se mit en mouvement, papillon planté sur fleur, que ses fesses entamèrent la danse verticale en allers-retours dans le bruit mat du choc contre mes cuisses, je maintins son ventre et sa poitrine collés aux miens et mes mains mesurèrent leffort exigé de ce dos lancé au trot puis dans un galop échevelé que soulignaient encore le souffle violent de sa bouche dans mon cou et les plaintes dun orgasme en formation. Je lâchai prise, libérai son élan. A bout de bras elle balança son élégante poitrine au-dessus de moi et je vis son visage haletant passer au rouge jusquà la base du cou. Ce petit démon tenait absolument à me montrer son amour et sa capacité à nous faire grimper au plus haut de la volupté. Et le but fut atteint dans la joie.

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