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DCT, l'agence qui met en scène vos fantasmes – Chapitre 2




"Dreams Come True" connaissait un léger creux d’activités depuis quelques temps. Clarisse avait eu quelques demandes mais le prix demandé pour la réalisation de ces films sur mesure avait dissuadé la plupart des acheteurs.

Seul l’un d’entre eux réfléchissait encore. Le prix lui convenait mais il trouvait que l’actrice pressentie ne ressemblait pas assez à Nathalie Sandor pour laquelle il avouait une passion sans retenue et des fantasmes sans limites.

On en était là. Clarisse avait beau faire le tour de son réseau, celui-ci se révélait incapable à trouver un sosie de l’actrice française. Elle tenta alors le tout pour le tout. Elle fit jouer son carnet d’adresse et contacta directement l’agent de la comédienne. Celui-ci joint par téléphone lui indiqua qu’il ne travaillait plus avec l’artiste depuis quelques années parce que celle-ci, âgée aujourd’hui de 69 ans, avait souhaité prendre du recul avec son métier.

Sur l’insistance de Clarisse il consentit à lui donner le numéro de téléphone de l’actrice, tout en lui recommandant de ne pas mentionner son nom auprès de la comédienne, si jamais elle demandait de qui Clarisse tenait son numéro.

Restait le plus dur à faire. Clarisse se versa un large verre de porto en réfléchissant à l’angle d’attaque. Elle se dit que si elle proposait l’affaire de but en blanc à la comédienne, celle-ci l’enverrait promener. Elle prit une grande inspiration et composa le numéro. L’actrice répondit au bout de quelques sonneries.

Clarisse déclina son identité de productrice et engagea la conversation. Elle savait que son interlocutrice avait pris de la distance avec le métier mais elle lui offrait la possibilité de tourner un court-métrage grassement rémunéré. Enfin elle lui proposa un rendez-vous au Fouquet’s pour discuter plus avant si elle y voyait un intérêt.

La comédienne l’écouta patiemment, lui confirma qu’elle ne tournait plus. C’était cuit. Clarisse allait raccrocher quand l’actrice lui demanda à brûle pourpoint à combien s’élevait le cachet et combien durait le tournage. Clarisse parla d’un nombre à plusieurs zéros et de deux jours maximum. L’ancienne artiste lui répondit qu’elle la recontacterait si elle souhaitait donner suite.

Les dés étaient lancés, restait à savoir de quel côté ils allaient retomber.

Le suspense dura trois jours, au terme desquels l’actrice passa un coup de fil à Clarisse pour lui annoncer son invitation à dîner. Rendez vous fut pris pour le vendredi suivant. On était mercredi, cela laissait deux jours à la productrice pour peaufiner son argumentation.

Entre temps, elle rappela son client et le mit au courant de la situation en lui demandant jusqu’où il était prêt à aller financièrement si la vraie Nathalie Sandor acceptait son offre. Le type grimpa à un million d’euros. C’était quatre fois plus que ce que Clarisse avait proposé à l’actrice, ça ouvrait une marge de manuvre appréciable si l’aspect financier avait une importance dans la négociation.

Et justement l’argent était au cur du sujet.

Les deux femmes se retrouvèrent devant la célèbre brasserie à l’heure dite. Clarisse qui se souvenait de vieux films de Nathalie la complimenta sur son physique, tout en trouvant dans son for intérieur qu’elle avait passablement changée. Elles s’installèrent confortablement et échangèrent des banalités jusqu’à ce que le repas soit servi.

Clarisse devait y aller pédale douce et choisit de questionner son interlocutrice sur sa motivation à tourner. L’actrice lui avoua sans ambages qu’elle traversait une période financière difficile due à de placements douteux. Comme elle avait fait le choix de ne plus tourner, les propositions s’étaient estompées avec le temps jusqu’à disparaître complètement. Elle demanda à la productrice de garder le silence sur cet aveu.

La proposition de Clarisse tombait donc à pic. Restait à la formuler. Son interlocutrice ayant été franche avec elle, l’explication qui suivit le fut aussi. Elle donna toutes les informations en guettant les réactions de l’actrice. Celle-ci, un peu interloquée au début semblait l’écouter avec curiosité. Clarisse finit sa plaidoirie pro domo par l’argument confidentialité et annonça la somme donnée par son client dans son intégralité.

Inutile de pinailler. Ça passait ou ça cassait.

Ni l’un, ni l’autre! La comédienne ne répondit pas. Elle lui posa par contre moult questions sur ses clients, leurs envies, Les réponses de Clarisse l’amusait beaucoup. Elles se séparèrent sans un mot de plus sur l’offre de Clarisse, qui lui laissa quand même sa carte de visite.

Dans le taxi qui la ramenait, cette dernière pensa à nouveau que l’affaire était pliée.

Deux jours après, en ouvrant ses mails sur son portable, Clarisse découvrit un message de Nathalie Sandor. Elle se disait prête à accepter la proposition à plusieurs conditions. La première était l’anonymat total auprès des acteurs comme des techniciens, la deuxième était le recours a une doublure pour les scènes hard. Enfin elle demandait de recevoir le script intégral, celui-ci ne devant par la suite subir aucune modification.

Clarisse examina la situation. Il lui fut facile d’éluder la première condition. L’équipe et les acteurs qu’elle employait connaissait son business. Il suffirait de présenter l’actrice comme son propre sosie pour qu’ils ne se posent pas de question. Par contre faire tourner une doublure était plus délicat car jamais le client ne voudrait payer aussi cher et Clarisse, honnête dans son travail ne voulait pas d’embrouilles. Enfin envoyer le script était logique.

C’est ce qu’elle signifia dans sa réponse. Quelques heures plus tard elle reçut un message. L’actrice était d’accord sur la réponse apportée par Clarisse concernant son anonymat mais elle souhaitait, pour donner le change, se teindre en blonde, de porter des lentilles bleues et ne parler que l’anglais le jour du tournage. Elle voulait aussi une copie du film

Pour le reste sa réponse fut: «Ok, pour deux millions, mais pas de sodomie!». Bigre, c’était à se demander qui tirait parti de l’autre. Clarisse envoya un message à son acheteur en rapportant l’ensemble des éléments. Le type se dit d’accord sur tout mais il voulait la preuve que l’actrice était réellement Nathalie Sandor.

Clarisse prit rendez-vous avec la comédienne dés le lendemain dans son bureau. De dix heures à midi les deux femmes épluchèrent chaque terme du contrat, puis l’actrice le signa. Avant son départ, la productrice fit une photo de l’artiste, sa carte d’identité à la main. Elle ouvrit le cliché et zooma sur le document. Elle lut très nettement:«Nathalie Sandor, née le 6 juillet 1948 à Mainneville (Eure)»

Elle rendit ses papiers à la comédienne en la remerciant, rajoutant qu’elle la tiendrait dés que possible informée du tournage. La comédienne lui demanda de confirmer le jour du tournage au moins une semaine à l’avance. Il fallut peu de temps pour tout caler. Clarisse recruta trois acteurs, dans les vingt, vingt cinq ans, avec qui elle avait l’habitude travailler. Pour le reste le décor ne faisait appel à aucun accessoire L’équipe technique était prête. On pouvait y aller.

Conformément à son souhait Clarisse appela Nathalie Sandor un lundi pour le lundi suivante, elle lui donna rendez-vous directement sur le lieu de tournage dans la banlieue de Créteil.

A 8 heures pétantes un taxi déposa l’actrice devant la tour HLM désaffectée qui constituait le point de rendez-vous. Conformément à son souhait, l’actrice avait fait teindre ses cheveux en blond et portait des verres de contact de couleur bleu ciel.

Elle s’adressa à Clarisse et à son assistant dans un anglais parfait, mâtiné d’un assez fort accent américain, reliquat des tournages qu’elle avait réalisés à Hollywood.

La maquilleuse se chargea rapidement de lui donner un coup de brosse, pas plus. Pas de costume, Nathalie portait un jean, un pull, des bottines et un blouson de cuir noir comme convenu. L’actrice avait apporté de quoi se changer par la suite dans un grand sac de cuir.

Les techniciens et les trois acteurs étaient déjà installés au sous sol de l’immeuble. La tour isolée devait être détruite bientôt et l’ensemble des issues avaient été condamnées. Il avait fallu glisser un bakchich extravagant au gardien pour qu’il accepte d’ouvrir une des allées de garage pour quelques heures.

Clarisse donna les clés de sa Clio à Nathalie et lui indiqua, toujours en anglais, l’entrée du parking où elle devait se rendre. C’était au premier sous sol que se déroulait l’action. Clarisse demanda à la comédienne d’attendre qu’elle lui donne le feu vert par l’entremise de son assistant puis elle descendit à pied dans le garage.

Tout était en place. Le parking désert était éclairé par quelques néons alimentés par un générateur. L’endroit où l’actrice devait se garer était matérialisé par deux bandes horizontales fluorescentes. Les acteurs se tenaient en retrait dans l’obscurité. Clarisse observa leur dégaine de faux loubards de banlieue. Impeccables. Les techniciens étaient prêts. Clarisse appela son assistant pour lancer la scène.

Les phares allumés de la petite Clio apparurent au fond du souterrain. L’assistant avait demandé à l’actrice d’allumer le plafonnier ce qui permettait de mieux voir son visage pendant la manuvre. La comédienne gara son véhicule comme convenu et coupa le moteur, laissant les phares allumés. Leur reflet contre le mur du garage apportait un surplus de lumière bienvenu.

Elle sortit du véhicule, inquiète de se retrouver seule dans un tel lieu. Rapidement elle ouvrit la porte de sa malle pour en extraire un sac. C’est à ce moment là que les trois types l’entourèrent. Elle essaya de se débattre, de s’échapper mais l’un des gars sortit un couteau et sa résistance s’arrêta à la vue de la lame.

Clarisse trouva l’actrice parfaite. La surprise, l’effroi, la panique, tout était joué juste.

Toujours sous la contrainte les brutes la déshabillèrent progressivement tout en l’insultant. Elle dut subir leurs assauts, allongée sur le ventre sur le capot de la voiture, le jean baissé aux chevilles. Puis il la dénudèrent totalement l’obligeant, à genoux, à les sucer à tour de rôle.

Clarisse était subjuguée par le jeu de l’artiste. Elle se demandait comment cette femme qui n’avait jamais tourné de scènes de ce type arrivait à tenir le rôle avec autant de facilité. Il n’y eut qu’une seule et longue prise, avec deux caméras, et quasiment pas de montage, le rêve de tout réalisateur.

Le film s’acheva lorsque les trois types jouirent ensemble sur le visage de leur victime. Nathalie s’offrit même le luxe de collecter avec son index un filet de sperme qui coulait sur son visage. Elle porta ensuite son doigt à ses lèvres et l’aspira sans retenue. Clap de fin. Il n’était même pas midi!

Clarisse proposa à la comédienne de rester manger avec l’équipe mais cette dernière refusa poliment. Un taxi vint la chercher quand elle eut fini de se laver et de se changer dans le van de la production. Elle salua tout le monde avec un «Bye, boys and girls » et disparut dans la limousine

Nathalie vint toucher son chèque quelques jours plus tard, le temps nécessaire au client pour visionner son film, qu’il trouva excellent, et pour régler le solde des deux millions.

L’actrice avait retrouvé ses cheveux auburn et ses yeux marrons. Elle avait également laissé son anglais au vestiaire. Elle remercia poliment Clarisse pour l’argent et la copie du film, celle-ci lui rendit sa politesse tout en la raccompagnant dans le hall d’entrée. L’actrice la quitta avec un large sourire. La productrice se dit qu’un adieu aurait été plus juste, persuadée qu’elle ne la reverrait plus.

C’était partiellement inexact.

Une semaine plus tard sur son téléphone arriva un mail de Nathalie. Clarisse ouvrit le message et découvrit une photo de l’actrice bras dessus, bras dessous avec… Mais avec qui, au fait? La fille à côté d’elle, mis à part ses cheveux blonds et ses yeux bleus, était son portrait vivant!

Le texte qui suivait mis fin à ses interrogations.

«Chère Clarisse, je vous présente Jackie avec qui je passe quelques jours, chez elle à Miami. C’est mon amie et ma complice depuis plus de trente ans. Pendant tout ce temps ce fut surtout ma fidèle doublure. Elle a tourné dans la plupart des films auxquels j’ai participé. Mon départ à la retraite a mis de fait un terme à sa carrière, ce qui me donnait mauvaise conscience. Votre proposition m’a permis de la dédommager largement de ce préjudice. Je vous remercie donc en son nom.

Ps : j’ai visionné la copie du film, je trouve Jackie parfaite. Franchement je n’aurais pas fait mieux. J’espère que votre client l’appréciera à sa juste valeur. Sans rancune. Nathalie.»

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