Après une dure journée de travail sur un devoir maison que je narrivais pas à résoudre, je rentrais chez moi pour madonner à la perspective réjouissante dune séance de bondage en solo. Ayant découvert la discipline du selfbondage il y a quelques semaines, javais passé commande et enfin reçu le matériel nécessaire, soigneusement sélectionné sur Internet, et expédié par colis discret jusquà la maison que je partageais avec mes colocataires. Javais inscrit cet évènement en rouge dans mon agenda, ayant prévu de profiter de labsence de tous mes colocataires pendant quatre jours.
Le temps dexpérimenter encore et encore…
Je rentrai donc à la maison et me déshabillai dans le hall. Jabandonnai mes vêtements et montai à létage prendre une douche. Une fois douchée, séchée, enduite de crème parfumée et de soins en tout genre, je me préparais pour cette aventure érotique délicieuse.
Je disposai sur le lit mon équipement : deux paires de menottes, du Scotch de déménagement, un bâillon-boule, un uf vibrant puissant et un collier en cuir. Javais le matin même mis à congeler deux clefs de menottes dans des gros pavés de glace au congélateur ; une fois que je serais entravée, il me faudrait attendre quils aient fondu pour récupérer les clefs de ma délivrance. Pieds et poings liés, je ne pourrais pas me libérer de ma ceinture de chasteté cadenassée, dont la clef se trouvait sur ma commode ; je devrais donc subir les vibrations incessantes de luf.
Je pris plaisir à laisser toutes les portes ouvertes dans la maison exceptée la porte dentrée, bien entendu toute à ma joie dêtre seule ; et puis cela me prodiguait lexcitation dun éventuel imprévu…
Je commençai par attacher mon bâillon. Je me sentis aussitôt scandaleuse, vulgaire. « Salope », voulus-je dire à mon reflet dans le miroir, mais ma langue buta contre la boule du bâillon. Celle-ci était percée de trous pour permettre de respirer même en cas de problème, mais aussi pour faire abondamment saliver son porteur… Je mouillais déjà à lidée de la salive gouttant de mon menton. Ensuite jenfilai luf dans mon vagin. Je frissonnai au contact du métal froid. Je neus pas besoin de le lubrifier, étant déjà bien humide. Jenfilai ensuite ma ceinture de chasteté. Cétait une belle pièce de cuir rigide avec des boucles dacier rutilantes et une sorte de gode de petite taille. Il me fallut masseoir au moment de boucler le cadenas, tant la situation me faisait de leffet. Je vérifiai que la clef était bien posée sur le meuble et fermai définitivement le cadenas.
Ensuite jenfilai mes hauts talons, ceux avec des lanières aux chevilles ; ce nétaient pas à proprement parler des accessoires de bondage ni de BDSM, mais tout ce qui sapparentait à des liens sur mes membres me ravissait. Perchée sur mes talons, seulement vêtue de la ceinture de chasteté et bâillonnée, je descendis les escaliers vers la cuisine pour aller chercher les blocs de glace. La tâche ne fut pas aisée tandis que les blocs me glissaient des mains et que je vacillais sur mes talons, mais quest-ce que je mouillais !
Je posai les blocs de glace dans deux bassines de part et dautre de ma chambre, puis massis sur mon lit. Je liai mes genoux avec de solides morceaux de Scotch, puis réalisai que javais oublié de mettre mon collier en cuir ! Je men saisis et lenfilai tant que javais les mains encore libres. Je jetai un coup dil à mon réveil : plus que cinq minutes avant que luf ne commence ses vibrations, suivant le réglage programmé sur lapplication de mon téléphone, que javais laissé exprès sur le meuble de lentrée pour le rendre difficile daccès.
Enfin, ayant vérifié que tout était prêt, je serrai le deuxième bracelet de menotte sur mon poignet, et aussitôt je ressentis un vertige délicieux dans le creux de mon ventre. La partie rationnelle de mon cerveau massurait que je venais de commettre une grave erreur, que je me mettais inutilement en danger, tandis que mon sexe qui mouillait abondamment criait victoire. Je me délectais de ma position, tirai sur mes liens pour en éprouver la résistance. Je me regardai dans le miroir fixé sur mon armoire et éprouvai de la honte à me voir ainsi harnachée. Une honte délicieuse !
Jattendais avec impatience et inquiétude que luf démarre ses vibrations. Je ne pouvais mempêcher de me balancer davant en arrière, cherchant à effectuer un frottement du cuir de ma ceinture contre mon sexe. En vain.
Soudain, luf se lança et ce furent plusieurs vagues de plaisir successives qui me conduisirent presque jusquà lextase. Je me régalais de cet insupportable plaisir ininterrompu. Je mouillais abondamment et poussais des gémissements sans aucune retenue. Les yeux fermés, tout abandonnée à cette torture érotique, je planais. Il me sembla perdre la notion du temps.
Lorsque je rouvris les yeux, le bloc de glace dans la bassine nétait quà moitié fondu. Trois quarts dheure étaient déjà passés, et javais limpression de ne plus pouvoir endurer plus. Le plaisir me submergea à cette idée, et jarc-boutai mon corps, proche de lorgasme. Au milieu de ma jouissance, je ressentis soudain la désagréable sensation dêtre observée. Ma fenêtre ne donnait que sur la forêt. Je tournai la tête vers ma porte et mon cur fit un bon lorsque je vis, narquoisement appuyé dans lembrasure mon colocataire Bruce. La honte dêtre surprise harnachée dans un tel attirail, et toujours aussi stimulée par luf vibrant, cela me fit leffet dune bombe. Jétais tétanisée, mais jen ressentis un vif plaisir.
Eh bien dis-moi, te voir ainsi était la dernière chose à laquelle je mattendais, Carole. Tu as lair de tamuser.
Je voulus lui dire de sen aller, de me laisser tranquille, mais jétais entravée par le bâillon que je métais moi-même attaché.
Dis-moi, puissance trois sur cinq, ce nest pas très intense mais pourtant tu as déjà lair de bien jouir.
Il sortit mon smartphone de sa poche de jean. Je poussai un cri, mi-suppliant et mi-terrorisé.
Quest-ce qui se passerait si je montais à la puissance quatre ?
Il appuya sur lécran. Les vibrations du sextoy devinrent proprement infernales. Je ne gémissais plus ; je criais, je pleurais. Je mouillais abondamment. Jeus rapidement limpression dêtre entièrement trempée, recouverte de transpiration et de cyprine. Je me tortillais dans tous les sens, comme pour essayer déchapper aux vibrations incessantes.
Ça, cest de la puissance Allez, niveau cinq !
Je lui lançai un regard désespéré. Je navais jamais essayé ce niveau de puissance, climaxant toujours bien avant de latteindre. Mon cur battait à tout rompre, je me tordais comme une suppliciée. Être observée et moquée me provoquait des ondes de choc au cerveau, mais aussi alimentait mon fantasme. Je passai un long moment à me démener contre cette vibration intérieure intenable. Bruce coupa soudainement les vibrations. Cette brusque interruption provoqua un ultime orgasme proprement céleste. Il me fallut bien dix minutes pour reprendre mes esprits.
Bruce avait très bien compris lobjectif de ma mise en scène, et dès quelles furent libérées de la glace il empocha les deux clefs plus celle de la ceinture sur la commode. Jétais dans un sacré pétrin.
Je ne timaginais pas comme ça, Carole. Quelle perverse !
Je grognai à travers mon bâillon.
Mais tu sais quoi ? Ça me plaît. Toi et moi, on va passer un week-end de folie.
Je protestai bruyamment ; glissant un doigt sous la sangle de cuir humide du bâillon, il me rendit la parole.
Quest-ce que tu dis ?
Même pas en rêve ! Donne-moi les clefs et casse-toi, je ne tai rien demandé.
Allez, fais-moi confiance. Tu ne penses pas quun vrai trip de soumission te ferait bien plus deffet quun petit délire dadolescente avec tes joujoux ? Moi, je vais te faire goûter la vraie domination. On a bien vu tous les deux que le fait que je te surprenne ta mise dans tous tes états.
Libère-moi, insistai-je.
Ça restera entre nous. Et tu pourras me soumettre en retour à la fin, si tu veux.
Je commençai à peser le pour et le contre. Cétait incroyablement tentant… le selfbondage était une alternative à une vie sexuelle de soumission que je ne pouvais pas encore me permettre. Bruce me faisait une proposition très alléchante. Quavais-je à perdre ? Je le connaissais depuis trois ans et je le savais digne de confiance, même si cétait un sacré blagueur.
Daccord, dis-je finalement avec réticence. Mais tu nen parles à personne, et à la fin je te renvoie lascenseur, OK ?
Très bien. Alors voilà mes conditions. Tu obéis à toutes mes consignes, même les plus gênantes. Pendant trois jours le quatrième, on avisera tu es entièrement à ma merci. Tu vas me donner tes papiers, ta carte bancaire, tes clefs et tout ton matos informatique.
Je fis mine de réfléchir alors quintérieurement jétais follement enthousiasmée par ces contraintes.
OK, acceptai-je.
Tu devras mappeler « Maître » tout le temps.
Je rigolai.
Je ne plaisante pas. Tu seras punie si tu ne le fais pas.
Je ne veux pas de coups ni blessures qui marquent.
Je prends note. Ça commence maintenant. Une dernière chose : tu as le droit de minterrompre à tout moment avec un mot de code. Disons… « code rouge ». Si tu es bâillonnée, tu gémiras quatre fois daffilée.
Mais…
Il ne me laissa pas le temps de finir, replaçant mon bâillon dans ma bouche.
Bon, je vais rassembler tes affaires et les mettre sous clef dans le meuble de lentrée. À partir de maintenant, tu es ma chose. Tu nas plus de droits ni de volonté ; tu es comme un animal de compagnie.
Il posa une main sur ma fesse droite. Je frissonnai.
En plus sexy, bien entendu, ajouta-t-il.
Il prit dans mon sac à main mes papiers et mes clefs, prit sur mon bureau mon ordinateur et quitta la pièce, me laissant entravée sur mon lit. Le temps me sembla bien long. Je me doutais quil prenait son temps. Pendant ce temps-là, je tergiversais. Je commençais à penser que javais commis une grosse erreur : je vivais avec ce type, mais je nétais manifestement pas très avertie de ce dont il était capable… qui sait ce quil allait me faire ? Je sentis lexcitation revenir durant ces considérations. Lidée du danger et la gêne me faisaient véritablement un certain effet.
