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Radegonde et Cunégonde – Chapitre 1




En ce temps là, il y a quatorze siècles, le seigneur Agobard, régnait en son château. Le seigneur Agobard était triste, de ne pas avoir de fils qui pourrait hériter de son titre. Le seigneur Agobard était triste, d’avoir perdu sa femme qui venait de rendre l’âme quelques jours auparavant.

La douce Désidériade portait fort joliment son prénom : elle savait éveiller le désir ; elle était le désir. Mais tout cela n’était plus ! Son corps merveilleux était désormais en son tombeau. Et le seigneur Agobard était décidément fort triste.

Seuls rayons de soleil dans cette vie désormais si grise, ses deux filles jumelles, Cunégonde et Radegonde que la belle Désidériade avait enfantées dix-huit ans auparavant. Deux rayons de soleil qui égayaient la vie du château de leurs yeux bleus, de leurs cheveux blonds et de leurs formes séduisantes. De petits anges !

Anges ? Est-ce bien le mot ? Intéressons-nous à ces jeunes demoiselles d’un peu plus près. Que font elles actuellement dans leur chambre ? car elles font chambre commune depuis leur naissance.

Le soir est tombé et après le souper, elles sont remontées à toute vitesse dans leur chambre. Ayant soigneusement verrouillé leur porte, elle se dénudent et se regardent. Quel plaisir d’êtres jumelles ! Point n’est besoin d’un miroir pour admirer son corps. L’image de l’autre est à ce point fidèle que l’on à peine à se distinguer de l’autre.

Le grand jeu avant de s’endormir est de faire semblant d’être devant un vrai miroir. Chacune tente de suivre les mouvements de l’autre dans une sorte de communion comportementale. Cunégonde lève le bras droit, Radegonde la suit avec le bras gauche.

C’est au tour de Radegonde de faire un mouvement, reprit en reflet par sa sur. Avec l’expérience, le jeu est devenu si fluide, si naturel, qu’un observateur extérieur s’y tromperait aisément.

Le jeu se termine généralement à la première erreur : le prix de cette erreur est un baiser donné à l’autre sur la partie du corps choisie par la gagnante.

Aujourd’hui toutefois, le jeu se prolonge anormalement, chacune est attentive aux moindres gestes de l’autre et s’empresse de l’imiter. Depuis près d’une chandelle, les deux surs gesticulent en miroir l’une de l’autre.

C’est au tour de Radegonde de jouer. Voulant mettre sa sur dans l’embarras, elle vient pincer son téton droit avec sa main gauche. Cunégonde suit fidèlement le mouvement de sa sur. Elle répond alors en tirant le téton de son sein au maximum.

Radegonde imite sa sur et décide d’aller plus loin, sa main droite descend sur son bas-ventre. Un petit sourire est venu habiller son visage, sourire qu’elle retrouve sur son reflet vivant qui a porté la main gauche à son bas ventre et qui maintenant continue le jeu en frottant de ses doigts les chairs délicates de son sexe.

Radegonde fais de même quand la chandelle s’éteint brusquement.

La chambre n’est désormais plus éclairée que par un rayon de lune qui permet aux deux silhouettes de se distinguer encore.

Par quelle magie, les deux corps restent-ils alors en communion ? Chacune ne peut plus voir ce que fait l’autre mais chacune fait exactement ce que fait l’autre !

Les mains s’agitent sur les seins et sur les vulves. Les respirations deviennent plus rapides. Les curs accélèrent. Le plaisir paraît doucement au fond de leurs ventres puis monte crescendo.

Ce ne sont plus des respirations, ce sont des halètements. Ce ne sont sont plus des corps se tenant droit mais des corps qui commencent à subir les convulsions du plaisir.

Le jeu de pantomime est maintenant ponctué par une série de gémissements qui, encore par magie, semblent sortir en même temps des gorges des deux surs.

L’éclair de l’orgasme les touche toutes deux d’un seul coup. Le rayon de lune s’éteint, sans doute caché par un nuage et le tonnerre éclate soudain au loin.

Effrayées, Cunégonde et Radegonde, se précipitent dans les bras l’une de l’autre pour se réconforter. Le contact mutuel de leurs corps leur redonnent confiance et enlacées elles se dirigent vers leur lit commun.

Cependant l’orage est là. Est-ce la colère de Dieu devant leurs jeux devenus de moins en moins innocents ? Les jeunes filles se blottissent l’une contre l’autre. Un grand éclair suivi d’un coup de tonnerre : l’orage est désormais au dessus d’elles.

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