Il était là, si près de lui et pourtant, bien trop éloigné pour être vu. Son regard de braise le dardait, sa bouche s’étirait en un sourire aucunement bon. C’était un de ces sourires sadiques, mauvais. Ses doigts, se terminant par des ongles aussi longs que pointus, ne cessaient de gesticuler, comme s’ils mimaient le mouvement gracieux d’une vague. Ses petites oreilles écoutaient avec une grande attention chacun de ses mots. Son vil cur battait à tout rompre. Il était temps. Car le moment de la récolte était venu.
Face à lui se tenait un jeune garçon. Ne l’imaginez pas debout, souriant, bien habillé. Il était, au contraire, dans une posture quelque peu gênante. Allongé sur le dos, légèrement enfoncé dans son lit, il ne cessait d’envoyer ses jambes en l’air, tentant de poser les genoux aussi loin qu’il le pouvait de son crâne.
Il étouffait, n’en pouvait plus. De sa bouche sortaient des obscénités qui ne lui ressemblaient en aucun cas. Lui qui portait l’habit du gentil garçonnet, poli et élégant, crachait des mots comme :
" Putain, j’y suis presque… Encore un peu… Allez quoi ! Je veux tellement la goûter… Là ! Là ! Ça y est ! Hummm… Si douce, si lisse… Je pensais pas qu’elle aurait un goût pareil… "
Sa langue léchait le bout de son gland. Il devait forcer son corps à se soumettre, si bien que sa gorge lui devenait douloureuse. Tout en léchouillant son sexe dure, il le masturbait avec délicatesse, le décalottant lentement afin d’avoir accès au précieux champignon rose, maintenant rougi par l’effort. Il suait à grosse goutte, ses jambes, comme ses abdos naissants, tremblaient. Au sommet de l’excitation, il libéra sa main droite, qui poussait ses petites fesses rondes vers le bas, pour titiller l’entrée de son anus. Il trempa l’index dans sa bouche, fit le tour de l’anneau de chair, récoltant au passage le doux nectar lubrifiant qu’il lécha aussitôt. Son érection fut plus belle. Sa tête était en feu. Sa main gauche accélérait les va-et-vient. Le silence de la chambre mourut dans une cacophonie, le bruit de ses bourses claquant contre ses phalanges, sa respiration rapide et brève, ses petits bruits échappés dans le plaisir, le son de son index caressant son anus avec férocité.
Oui, le jeune Benjamin n’avait aucunement envie de se faire plaisir. Il ne voulait plus, à cet instant, que jouir. Jouir dans sa bouche, avec un peu de chance et de précision, ou simplement sentir le chaud sirop s’écraser sur son visage. Il put, plus par chance ce jour-là, avaler tout son jus car, contre toute attente, il parvint à enfoncer son gland dans sa bouche. L’éjaculation fut bien plus merveilleuse encore. Il avait l’impression de sucer un biberon avec gourmandise jusqu’à ce que glissa lentement dans sa gorge le lait chaud et salé. Il expirait avec bruit, avalant en paix son nectar délicieux. Enfin, il pouvait le boire autrement qu’en se léchant la main.
Lui observait toute la scène. Il n’en ratait pas une miette. D’ailleurs, il se félicitait d’être au premier rang d’un tel événement. Enfin, il venait de le trouver. Sa voix rocailleuse et grave lâcha :
" Si innocent, si pure, et pourtant habité par un terrible désir de tremper sa blanche plume dans la plus noire des encres. Alors, comme dirait Là-haut… "
Il marqua une pause, les yeux pétillants de perversité.
" Ainsi soit-il ! "
A cela, il hurla d’un rire glacial, inhumain et disparut.
Benjamin était allongé de tout son long. Son cou lui faisait mal, de même que son dos, mais, savourant son propre sperme encore chaud dans sa bouche, se convainquit que le jeu en valait la chandelle.
Le garçon se leva péniblement, se rhabilla et descendit prendre sa douche.
Dehors, la nuit tirait son voile et les ombres envahissaient les murs.
Un râle se répercutait en écho contre les maisons et quiconque tendait l’oreille pouvait entendre qu’il s’agissait là d’un épouvantable rire. Quoi qu’il puisse être, il était heureux, fier de lui et de sa terrible machination qui, par la grâce d’un garçon innocent, se mettait en marche…
