Je rejoins Laetitia à côté, pour lui dire que je partais.

Elle était assise sur son lit, les jambes en pagaille, le combiné à l’oreille, l’air soucieux.

« Non écoute, il n’est pas question qu’on parle de ça maintenant », disait-elle, « Tu fais chier. De toute façon je fais ce que je veux ! »

S’apercevant que j’étais dans la pièce, elle me fit signe de m’avancer vers elle, un air de conspiratrice sur le visage. Je me rapprochai, mais pas assez près à son goût. Elle agita l’index pour que je vienne tout près d’elle, et dès que je le fis, elle m’embrassa à nouveau.

Je fus prise de panique : elle n’avait pas raccroché le téléphone.

« Mais non enfin, je suis seule chez moi, qu’est-ce que tu vas t’imaginer ? » dit-elle à la voix dans le téléphone.

Ça ne pouvait être que son mec. En prononçant ces mots, elle rit silencieusement, faisant de moi le témoin de ce qu’elle estimait visiblement être une bonne blague.

Avant que je puisse émettre une objection, elle me roula à nouveau un patin, et face au délice de sa langue dans ma bouche, je me trouvai, comme auparavant, incapable de résister. Limite sous hypnose.

« Bien sûr que tu es le seul mec dans ma vie. Ecoute, tu deviens pénible avec tes soupçons. »

Désormais, les règles du jeu étaient lancées : dès que son copain lui parlait, elle prenait d’assaut ma bouche, et dès qu’il se taisait, elle poursuivait la conversation, sur un ton aussi détaché que possible. Ça devenait difficile : excitée par nos baisers, Laetitia avait le souffle court, et sa voix menaçait à chaque instant de basculer dans un soupir de plaisir.

« Non, je suis sur le vélo d’appartement. C’est pour ça que je suis essoufflée » dit-elle.

Elle pouffa hors du combiné, avant de me serrer fort contre elle, dans une explosion de joie, laissant ses mains câlines circuler partout sur mon dos, de mes épaules à mes fesses, pendant qu’elle me faisait cadeau d’un nouveau baiser, merveilleux.

Je me mordis la lèvre, mais ça ne suffit pas : je laissai échapper un gémissement. Laetitia ouvrit de grands yeux : ça devenait périlleux, il était temps de mettre fin à ce jeu entre elle, moi, et ce pauvre mec qui ne se doutait de rien. Elle le fit de manière radicale :

« Et puis tu m’ennuies à la fin. Si tu n’as rien de mieux à me dire, ce n’est peut-être pas la peine de me rappeler, OK ? Allez ciao. »

Elle raccrocha.

« C’était ton copain ? », lui demandai-je, faussement naïve.

« Oui » répondit-elle. « Mais ça n’a plus d’importance maintenant. C’est un con. » Elle souriait, et me dévorait des yeux. Il y avait du désir dans ce regard.

« Ecoute, je crois qu’il vaut mieux que je te laisse maintenant » lui dis-je.

« Non ! », s’écria-t-elle, comme effrayée, « Reste. »

Elle s’approcha à nouveau de moi, les yeux vissés dans mon regard, me poussant vers le salon. Je ne pouvais pas me détacher de son regard. En fait, je ne pouvais plus cesser de regarder son beau visage, son beau corps. Je ne comprenais pas ce qui était en train de m’arriver

« Reste » répéta-t-elle, alors que nous arrivâmes dans le living. « Reste avec moi. J’ai envie de toi. Je veux faire l’amour avec toi, là, tout de suite », dit-elle d’un souffle.

Ma respiration se bloqua dans ma gorge, et mon cur s’accéléra, jusqu’à ce que je puisse l’entendre dans mes tempes. Mes doigts tremblaient, un frisson parcourait mon échine, et j’avais la chair de poule.

C’est au moment où elle avouait qu’elle avait envie de moi que je compris que ce sentiment était partagé. Oui, c’était bien ça que je voulais : j’avais envie de faire l’amour avec elle.

Dans les bras l’une de l’autre, nous nous embrassâmes à nouveau, un court instant.

« Ma chérie » lui dis-je. « Je te veux, tu ne peux pas imaginer. »

Etait-ce vraiment moi qui venais de prononcer ces mots ? Je les regrettai immédiatement. Et puis je regrettai de les avoir regrettés. Je ne savais plus. Je léchai mes lèvres nerveusement, en anticipation de qui allait arriver. Mon ventre était tendu et mon sexe était en feu.

« Fais-moi l’amour » lui dis-je.

Mon amie quitta mes lèvres et entreprit de lécher le menton, le cou, les épaules. Je passai ma main sur sa tête, et laissai mes doigts se glisser dans ses longs cheveux noirs. Elle était incroyable. C’est comme si tout mon corps était couvert par ses mains douces et sa bouche amoureuse.

Je l’embrassai à nouveau sur les lèvres, tout doucement : je ne pouvais plus m’en passer. Puis je laissai ma bouche vagabonder le long de sa nuque, savourant le goût enivrant de sa sueur, écoutant sa respiration de plus en plus pesante.

Je pouvais sentir tous les muscles de son cou se tendre, alors que l’envie de moi la gagnait. Elle commençait à haleter et tout son corps tremblait de nervosité. Elle retint son souffle un instant et lâcha tout en une longue expiration.

Le contact de sa bouche contre la mienne était électrisant. Les lèvres de Laetitia étaient si incroyablement douces, son souffle si délicat, ses gestes si tendres. C’était si différent, si éloigné du baiser d’un garçon. 

« Tu peux encore t’arrêter » me dit-une petite voix dans ma tête que je fis taire.

J’en voulais plus. Je pressai ma bouche fermement contre la sienne, avide de baisers. Je sentis ses lèvres se fendre un peu. Suivant son exemple, j’entrouvris la bouche, laissant sa langue y pénétrer, la câlinant effrontément avec ma propre langue, tout en absorbant sa chaleur et sa moiteur.

Laetitia saisit mes seins à travers le tissu, les caressa à pleines mains, ses paumes venant frotter le tissu contre les pointes de mes seins. Elle s’ébroua. Putain, qu’est-ce qu’elle était belle.

Je fermai les yeux, et laissai ses mains envoyer des images érotiques à mon cerveau. La douceur des paumes de Laetitia, la fermeté de ses gestes contre ma poitrine, son index qui venait frôler le téton érigé de mon sein droit à travers le coton, tout cela était en train de me rendre complètement folle.

Puis, lentement, le bout de ses doigts vint tourner autour de mes mamelons, les caresser tout autour. Je ne pus pas réprimer un gémissement du fond de ma gorge. Je n’étais plus sur cette terre.

Mon amie me donnait tellement de plaisir. J’aimais ça. Il n’y avait plus aucun doute alors : il fallait que je fasse l’amour avec elle, là, maintenant. Ni ma honte, ni mes nombreux doutes ne criait assez fort pour m’en empêcher.

Et puis naissait en moi la conviction, volatile, que si j’additionnais à l’amitié prodigieuse qui m’unissait à ma Laetita, l’intense désir sexuel qui m’animait en ce moment, ces deux élans conjugués formaient quelque chose dont je n’osais pas encore dire le nom.

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