CHAPITRE 12 – PRISE DE FONCTION
Brrr ! Quel accueil réfrigérant ! J’ai connu plus chaleureux comme ambiance de travail ! Ce que je ne saisis pas c’est l’hostilité affichée des rares femmes à qui Julien m’a présenté. Les hommes, je comprends, je marche sur leur plate bandes, une nana responsable de service, du jamais vu dans cette boutique ! Mais les femmes ? Elles devraient être fières de voir l’une des leurs estimée enfin à sa juste valeur. Jalousie ? Peut-être. Même la secrétaire qui m’a été attribuée me bat froid.
Je ne suis pas directrice comme Julien me l’avait promis, mais simplement responsable de l’exportation rattachée à la direction commerciale. Mon beau-père s’est emberlificoté dans ses explications, mais j’ai compris qu’il avait cédé devant la fronde menée par Joseph. Il m’a annoncé comme une victoire d’avoir obtenu pour moi un bureau à partager avec une secrétaire au lieu de m’installer dans la salle des commerciaux. Bon, ce n’est pas grave, pourvu que mon supérieur direct, Marc Lambert me laisse travailler. Ce qui m’inquiète c’est que c’est un excellent pote de mon beau-frère. Je les ai surpris entrain de me dévisager sournoisement en compagnie du DRH et du directeur de la production. Peut-être leur raconte-t-il ses exploits quand j’étais prisonnière dans sa maison ? A eux quatre ils m’ont l’air de constituer une sacrée brochette de pervers. Faudra m’en méfier.
Nadine ma secrétaire, élude toute conversation un peu personnelle. Qu’est-ce qu’elle a contre moi ? Est-ce l’influence de Joseph ? Elle semble compétente. Je lui fais quelques remarques élogieuses sur son travail, elle rougit et balbutie un remerciement. Tout n’est pas perdu avec elle.
A midi je descends à la cantine. Jacques n’est pas là. Je reste un peu bête au milieu de la salle mon plateau en main. Où m’installer ? Mon chef m’ignore superbement ainsi que les autres membres de la direction. Je me dirige vers une table occupée par ma secrétaire et ses amies. Elles n’osent pas me renvoyer, mais je sens leur réprobation. A ma demande, Nadine me présente ses collègues. Il y a Josette qui s’affuble du titre d’adjointe au PdG, Annie, la secrétaire de mon chef, Carole, celle du directeur du personnel et Amélie celle de Joseph. Ces dames qui sont toutes mariées, m’acceptent à contre cour. Mes tentatives d’approche échouent lamentablement jusqu’à ce qu’excédée, j’éclate :
— Je ne suis pas votre ennemie à la fin ! Qu’avez-vous donc contre moi ? J’ai jamais connu une entreprise où les femmes sont dévaluées de la sorte. Si on ne se soutient pas dans cette société misogyne, les hommes nous mépriseront encore plus.
— Vous pouvez crâner, on voit bien que c’est le Président lui-même qui vous a fait passer l’examen d’embauche, remarque Annie en ricanant. Une concurrente pour toi, n’est-ce pas Josette ?
Celle-ci pique du nez dans son assiette.
— Examen d’embauche ? Qu’est-ce que vous entendez par-là ?
— Comme si vous ne le saviez pas !
— Promotion canapé, vous voulez dire ?
— Si encore c’était une promotion, soupire Carole. Avouez que vous y êtes passée comme nous toutes.
— Pas dans un cadre professionnel. J’y suis passée comme vous dites dans la demeure familiale, la Châtaigneraie, où j’ai vécu quelques temps. Et il n’y a pas que monsieur le Président qui se soit chargé de mon éducation comme ils disaient, son fils Joseph, votre patron Amélie, s’est empressé de le seconder.
— Pas Jacques, le petit dernier ?
— Aussi, mais lui avait une excuse, c’est mon mari.
Elles se regardent avec stupeur.
— Votre mari ? Insiste Carole.
— Oui, nous nous sommes mariés pendant notre séjour aux Etats-Unis.
— Oh ! C’est vous la Sylvie qui avait fichu le camp avec la femme de Joseph ? s’exclame Annie. Pardonnez-nous, on n’avait pas compris.
— Il en faisait une de ces têtes ! Vous ne pouvez pas savoir comme ça nous a fait plaisir, s’excuse Carole. Enchanté de faire votre connaissance.
— Qu’est-ce que vous leur avez fait pour qu’ils vous embauchent quand même ? demande Amélie.
— Je ne suis pas sans influence. Vous voyez, je ne suis pas votre ennemie, au contraire.
Ces dames se récrient, elles ont bien compris que je suis comme elles. A ce moment Marc, mon directeur s’approche de la table. Les conversations cessent comme par magie.
— Madame Gouraud, je vous prie de regagner votre poste de travail, on ne vous paye pas à bavarder, et vous, continue-t-il en s’adressant à Annie, suivez-moi, nous avons à parler.
— Entretien d’évaluation, murmure Amélie quand le bonhomme est hors de portée de voix.
— Pauvre Annie, elle va payer cher notre bavardage, renchérit Carole.
— Vous voulez dire que…
— Qu’elle va passer à la casserole ? Oui. Ils appellent ça contrôle périodique des compétences !
— Chaque directeur s’est aménagé un coin discret dans son bureau, renchérit Amélie.
— Vous savez, ils s’entraident. Souvent ils sont deux à nous tester, avoue Nadine quand nous avons refermé la porte de notre bureau.
— Et vous ne dites rien ? Vous ne portez pas plainte ?
— Vous êtes folle ? Et nos maris ? Et notre situation ? Oh ! Ils nous tiennent bien !
— Qui ils ? Le président ?
— Non, la bande des quatre comme on l’appelle. Il y a d’abord Joseph, le fils du Président. C’est un pervers.
— Je sais, je l’ai expérimenté !
— Ensuite Marc notre patron, puis Paul Meyer le DRH. C’est lui qui nous convoque le plus souvent. Il a le culot de déclarer que c’est dans ses attributions. Enfin Luc Gallo, le directeur de la production. Celui-là ce ne serait pas un mauvais bougre s’il ne subissait pas l’influence néfaste de ses collègues. Méfiez-vous d’eux comme la peste. D’ailleurs vous allez bientôt juger par vous-même. C’est pas votre position de chouchou du président qui vous met à l’abri.
— Qu’ils essayent ! Ils verront !
Nadine hausse les épaules. Elle ne me croit pas capable de changer la situation.
Julien me convoque au beau milieu de l’après-midi. Nadine m’adresse un sourire entendu. Josette m’introduit dans le bureau présidentiel d’un air maussade. Serait-elle jalouse ?
— Alors Sylvie, comment cela se passe-t-il ?
— Euh… j’ai des problèmes relationnels avec mes collègues masculins.
— Il faut les comprendre, tu es la première femme à occuper un tel poste. Ils n’ont pas l’habitude. Montre-leur qui tu es par tes résultats. Tu verras, dans peu de temps, ils reconnaîtront tes capacités et t’accepteront. Assieds-toi.
Nous nous installons dans un coin de son vaste bureau, moi sur un canapé deux places, lui sur un fauteuil.
— Comment cela se passe-t-il avec Jacques ? Vous vous en sortez dans votre nouvelle maison ? Pas trop de ménage ?
— Oh si ! Mais Jacques m’aide bien. C’est lui qui passe l’aspirateur.
Cela le fait rire.
— Oh ! Tu me l’as bien changé mon fils. Si tu veux, je peux demander à Simon ou Jules de venir deux ou trois fois par semaine.
— Euh… plutôt Simon.
— Tu as raison, je crois que Suzanne ne voudra pas pour Jules. Elle s’est entichée de lui, je ne vois pas pourquoi… Ne veux-tu pas boire ?
— Euh… Si, un café s’il vous plaît.
— Ne veux-tu pas une boisson plus… euh… revigorante ? sourit-il en ouvrant un petit placard contenant des bouteilles. Whisky ? Cognac ? Porto ?
Il ne tient pas à ce que sa secrétaire interfère dans notre conversation.
— Porto s’il vous plait.
Il me tend un verre et se sert un doigt de whisky.
— La maison est bien vide depuis votre départ.
— A qui la faute ?
— Je vous aimais bien tu sais, continue-t-il ignorant mon interruption.
— Drôle de façon de le prouver : nous condamner à recevoir des coups de cravache avant de nous baiser.
— Euh… j’avais peur… euh… je… vous n’aurais pas accepté…
— Tandis qu’en punissant vous nous obligiez à vous subir, belle démonstration d’abus de pouvoir !
— Euh…
— Pourquoi pas l’avoir demandé gentiment ?
— Tu aurais accepté ? Devant ton mari ? Et puis Suzanne…
— Elle vous aurait fait une scène de jalousie, tandis que les coups de cravache la vengeaient préventivement, n’est-ce pas ?
— Tu m’en veux tant que ça ? J’avais cru comprendre… euh… il m’avait semblé la dernière fois que je… euh…
— La dernière fois que vous m’avez baisée de force ? Oui, je reconnais que j’y ai pris un certain plaisir.
Je le fixe avec attention. Il rougit et baisse les yeux. Aurait-il envie de me faire l’amour là, dans son bureau ? Les confidences des secrétaires remontent à ma mémoire. Un nouvel entretien d’embauche ?
— Tu sais, continue-t-il sans me regarder, avec Suzanne ça ne va pas fort depuis ton départ. Elle… euh… ne veut plus que… euh… Il lui arrive de ne pas me rejoindre dans ma chambre…
C’est ça ! Il veut décongestionner ses bourses mais n’ose le formuler de peur d’un refus. Ce n’est pas une exigence de patron libidineux, mais les hésitations d’un pauvre homme en mal d’affection. Il me fait pitié.
— Venez vous asseoir là, dis-je en désignant la place à mes cotés.
Il me rejoint sur le canapé. Il n’ose s’approcher. Son verre tremble dans sa paume.
— Personne ne vous témoigne un peu de tendresse ?
— Euh…
Son regard vers la porte est éloquent. Josette sa secrétaire ne se contente pas de prendre des notes.
— Tu me manques, poursuit-il en posant une main timide sur mon épaule.
Je remarque la bosse qui gonfle dans son pantalon. Son désir est contagieux. L’envie irrésistible de sentir sa petite queue s’enfoncer s’impose à mon esprit. Je saisis le verre de ses doigts tremblants et pose les lèvres sur sa bouche. La sonnerie du téléphone nous fait sursauter. Lucien se lève maussade.
— Oui ? Qui a-t-il ? J’avais demandé à ne pas être dérangé… Oui… bon… oui… Je les reçois dans cinq minutes… Je suis obligé de couper court à cet entretien, me dit-il après avoir raccroché, nous le reprendrons plus tard.
— Pourquoi ne pas venir à la maison ?
— Euh… Il y a Jacques.
Sacré beau-père ! Tu as donc tant que ça envie de me sauter ? Josette m’inspecte à la sortie. Non, ni mon chemisier ni ma jupe ne sont chiffonnés et mes cheveux sont en ordre ! Elle consent à me sourire. Dans le couloir, je rencontre Joseph. Il tente de me coincer contre une cloison. Une main fouille mon corsage, l’autre remonte contre ma cuisse. Je frémis de dégoût et parviens à me dégager.
— Tu peux toujours essayer de fuir, ricane-t-il, tu m’échapperas pas !
J’ai la chance deux jours après de signer un important contrat avec un client étranger. La nouvelle fait le tour de la société. Plusieurs personnes viennent me féliciter. Marc, mon chef, ne décolère pas.
— Ouais, elle récolte les lauriers qui auraient du nous revenir, car les discussions étaient engagées avant sa venue !
Il oublie de dire que sa morgue et sa suffisance ont failli tout faire capoter et que grâce à ma connaissance de l’argot américain, ce qui a flatté le client, j’ai pu rattraper ses bévues.
Julien prend prétexte ce succès pour me convoquer à nouveau, pour me féliciter, déclare-t-il devant sa secrétaire. Il m’enlace dès la porte refermée.
— Que… que faites-vous ?
— Euh… N’est-ce pas toi qui m’as offert tes lèvres la dernière fois ? J’espérais… Nous ne serons pas dérangés, j’ai pris mes précautions.
Que dire devant tant de désir ? Je le laisse m’embrasser. Il s’enhardit, remonte ma jupe, glisse la main entre mes collants, ma culotte et ma chair et tire sur le tissu. Aïe ! Il me pince. Je me dégage brusquement.
— Vous me faites mal !
— Je… je ne l’ai pas fait exprès.
— Si vous êtes toujours aussi brutal avec les femmes, je comprends qu’elles vous fuient… laissez-moi faire.
Je dénoue sa cravate, déboutonne sa chemise. Je joue avec les poils de son torse. Il a compris. Il enlève mon chemisier, embrasse ma poitrine au-dessus de la dentelle du soutien-gorge. Il s’agenouille, roule le collant sur mes cuisses, puis mon tanga. Je soulève les pieds pour me désentraver. Il donne un baiser sur la chatte imberbe.
— Je vois avec plaisir que tu continues à te raser.
Je le soulève. A mon tour je m’agenouille, baisse le pantalon et le slip. Sa verge quoique assez courte darde devant mes yeux. Je dépose un baiser sur le gland et me redresse pour l’embrasser. Je n’ose pas le sucer, sait-il que cela se fait ? Il me pousse contre le canapé, s’installe entre mes jambes. Je suis obligée de me tortiller pour que le bout de sa queue se présente au bon emplacement.
— Aaah !
J’ai suffisamment mouillé pendant ces préparatifs. La verge s’enfonce sans effort. Il me baise avec la régularité d’un métronome. Il ne sait pas varier la profondeur de ses coups de rein ni le rythme.
— Aah !… Aah !… Aah !… Aah !… Aah !
Quelle différence avec Denis ! Et avec Raymond ! Et Jacques et… De penser à mes différents amants pendant que Julien s’escrime sur mon corps déclenche la montée du plaisir. Je ne fais rien pour la contrarier. Il était temps ! Le frisson de la jouissance m’enveloppe au moment où Julien lâche son sperme.
— Aaaah !
Je me dégage des ses bras. Il peine à retrouver une respiration normale. Je ramasse mes affaires et m’isole dans le cabinet de toilette dont il m’indique la porte. J’en sors fraîche et dispose. Lui par contre a les traits tirés. Il lui faut passer un peu d’eau sur la figure, sinon sa secrétaire va lui faire une crise de jalousie !
— Ah Sylvie ! Que tu m’as fait plaisir ! J’ose espérer qu’il en a été de même pour toi.
J’arrive à rougir en baissant les yeux. Il est touchant mon beau-père ! Tout à coup je repense au compte en banque qu’il avait ouvert en mon nom.
— Euh… Je voulais vous poser une question.
— Je t’écoute.
— Je suis surprise que vous ne m’ayez pas demandé ainsi qu’à Laure de rembourser les sommes versées sur nos comptes.
— Pourquoi ? Cet argent est à vous… Oui, insiste-t-il devant ma stupéfaction, je t’avais fait virer quelques fonds à titre de bienvenue. Pour Laure ce sont les dividendes de ses parts de la société que je fais transférer sur un compte rémunéré. Cela vous appartient, vous pouvez en disposer à votre guise.
— Merci, j’en avertirai Laure… Bon… Est-ce que je ne dois pas rejoindre mon bureau à présent ?
— Si, admet-il avec un sourire en se dirigeant vers la porte… Continuez à travailler comme ça madame, dit-il pour la galerie en me raccompagnant, la société vous en sera reconnaissante.
Le soir Jacques me fait la tronche. Quand je lui demande des explications, il me dit qu’il est au courant de la convocation de Père.
— C’est pas normal qu’il me félicite ?
— On sait en quoi consistent les félicitations.
— Oh ! T’as pas honte de ces mauvaises pensées ?
— Ne nie pas ! Josette m’a tout raconté.
La garce ! Elle a écouté aux portes ! Je fais front.
— Et alors ? Tu sais bien que pour ton père, félicitations et punitions sont deux choses presque identiques.
— Oh ! T’avoues que vous avez fait l’amour.
— Qu’il m’a baisée, nuance ! J’ai pas pu l’en empêcher.
— Mon père, le tien, ton frère, avec qui je dois encore te partager ? Ah ! Nous formons un drôle de couple !
Je m’approche de lui et me fais câline.
— Tu sais… ton père… Eh bien, il n’a pas su me satisfaire complètement…
J’arrive à le faire sourire. Il m’emporte dans la chambre sur le lit où nous scellons notre réconciliation.
Simon se présente un soir à l’heure du repas.
— Que venez-vous faire ici ? S’étonne Jacques.
— Oh ! J’ai oublié de t’avertir, c’est Père qui l’envoie nous aider pour le ménage. Deux jours par semaine, n’est-ce pas Simon ?
— Euh… on m’a dit trois.
— Va pour trois. Tu es d’accord mon chéri ?
— Oh oui ! sourit-il ravi d’échapper à la corvée d’aspirateur.
— Je propose de venir les mardis, mercredi et vendredi. En plus du ménage je peux me charger des courses et de préparer les repas du soir. Ça vous convient ?
— Qu’en dis-tu ma chérie ?
— Cela me semble parfait. Nous sommes jeudi, pouvez-vous venir dès demain ?
— Oui madame.
— Très bien, je vous montre la cuisine et les débarras.
— Oh ! Du carrelage ! s’exclame-t-il en entrant.
Je pouffe de rire. En deux mois de vacances à Nice j’ai pu guérir mon aversion passagère pour la sodomie. Nous nous regardons complices.
— Oui, il faudra que je prenne une demi-journée de congé pour bien le nettoyer.
— En effet nous ne serons pas trop de deux pour le rendre propre, renchérit-il en caressant mes fesses.
— Nous avons aussi du parquet.
— Je sens que je vais me plaire ici…