Tigre
Je dors mal, je me retourne sans cesse dans ce grand lit vide, trop grand pour moi quand mon homme m’abandonne pour ces longs voyages d’affaire. J’ai chaud, je transpire. Quelque chose d’inhabituel se passe, j’ai un sentiment bizarre. Je repense à ma vie d’avant, ma vie de journaliste de terrain, engagée, jeune et rebelle. C’était avant, avant que je ne le rencontre, que je n’enquête sur lui et avant que je ne tombe dans ses griffes, entre ces mains. Avant que je quitte ma vie de citadine parisienne pour s’établir ici, en Suisse, à l’abri des journalistes et à l’abri du fisc. Je m’ennuie, je ne travaille plus ou sinon à écrire un livre qui n’avance pas. J’ai une belle vie, pleine de luxe, de bijoux, de beaux voyages, un magnifique bateau sur le lac, une somptueuse maison de maître avec vue, vide, sans bruit, triste. A mon image.
Je me lève, je me traîne à la cuisine, j’aime profiter de me balader dans cette maison gigantesque, un château. La solitude ne me fait pas peur, au contraire. C’est la pleine lune je crois, ou presque. Le reflet du satellite dans le lac est magnifique et donne à cette demeure un charme auquel on ne peut pas être insensible. La chaleur de cette nuit d’août est intense, il fait lourd. Je déambule, seule, nue, dans cette maison jusqu’à la cuisine et vais boire un grand verre d’eau fraîche. Ça fait du bien mais ça ne me rafraîchit pas. Je suis ruisselante.
Je vais me recoucher. C’est une nuit étrange, suspendue et silencieuse. Je n’arrive pas à me rendormir. Je sens une présence. Je suis débile et je deviens folle. On essaie le tout pour le tout, la salle de bains et un petit pipi et hop dodo, allez je vais y arriver, je deviens folle, y’a pas un bruit. Je ne risque rien.
C’est en sortant de ma salle de bain que je l’ai vu. Après, tout est devenu noir.
Je sens une douleur dans les bras, ça me tire. J’essaie de me réveiller. J’ai la tête qui tourne. Je vais vomir je crois. Je retombe dans les pommes.
Je crois que je rêve, je suis dans un film, mon mari est là assis dans son fauteuil, il me regarde, l’air grave. Je suis à genoux, un bandeau sur les yeux. Je suce un autre homme en tenue de commando. Il va jouir dans ma bouche, non !
Je reprends esprit d’un coup. Mes bras me font mal, c’est normal, je suis attachée les mains liées au-dessus de ma tête suspendue à la grosse poutre apparente du bureau de mon mari. Je suis toujours à poil, en sueur. J’ai peur. Je reprends appuis sur mes jambes, ça va mieux, j’ai moins mal. Et je le vois à nouveau. Je crie de stupeur, mais je me calme, je savais que quelque chose de bizarre se passait. Je suis pétrifiée, j’oublie ma nudité, ma posture. Il s’avance et me regarde.
Il fait signe avec son doigt devant sa bouche, signe de me taire. Il est en combinaison noire, équipé comme un agent secret, gilet pare-éclat, cagoulé, un dispositif de vision nocturne relevé sur son front. La lampe de bureau de mon mari éclaire cet intrus, et ces yeux gris qui me fixent en m’intimant de faire silence.
« – Taisez-vous, n’ayez pas peur, tout se passera bien. Je ne suis pas là pour vous. »
Il se retourne, dans son dos, un fusil-mitrailleur, et à sa ceinture un automatique. Je suis liée, suspendue. Il peut me tuer quand il veut. Je me mets à pleurer. Il avance vers le bureau, s’assied sur la chaise de bureau, cherche quelque chose dessous à tâtons. Il trouve, j’entends un clic. La bibliothèque de mon mari s’ouvre en deux dans un ronronnement de machinerie électrique. Mon étonnement me permet de reprendre le dessus. Moi, la journaliste d’investigation, qui a travaillé dans les banlieues pourries, enquêté sur le terrorisme et l’évasion fiscale, est intriguée.
Il se lève et se dirige vers le passage nouvellement béant vers ce qui ressemble à une autre pièce attenante au bureau de mon mari. Il ne me regarde même pas. Il sait qu’il n’a rien à craindre de mon côté. Il n’a pas tort. Même si je n’étais pas immobilisée comme une pute soumise SM, il est trop costaud, il est trop agile, il évolue de manière souple et sans bruit. C’est un pro. Il me tuerait de ses mains et quelques secondes.
Je regarde par le passage, ma curiosité prend le dessus. Un gigantesque coffre-fort avec un clavier numérique est au fond. Putain des armes de poing sont installées dans un râtelier, un arsenal, des fusils d’assaut. Je sais les reconnaître, mon métier. C’est quoi cette merde.
Il est debout devant le coffre. Il tape une séquence sur le clavier, j’entends un bruit sourd de mouvement métallique. Un « putain merde ! » excédé sort de la pièce. Il ressort de la pièce, passe devant moi et s’arrête. Il me regarde droit dans les yeux.
« T’as intérêt à ce que je trouve ce que je cherche, tu peux me croire. »
Il sort. Je me suis pissée dessus.
Je perds un peu connaissance je crois, le mal aux bras me réveille encore une fois, j’entends des bruits de l’étage d’en dessous. Il fouille, cherche quelque chose. J’entends des tiroirs tomber. Il prend son temps. Il semble précis.
Il revient.
Il détient deux choses dans les mains. Dans sa main droite une carte magnétique. Dans sa main gauche, un objet qui me glace le sang. Un de mes sextoys, le plus impressionnant, le moulage de la queue d’un ex que j’ai gardé. Il est trop beau, long et fin. Je ne peux pas m’en passer. Le sexe de mon mari est plus petit, plus épais. Je garde ce jouet dans ma chambre. Je l’utilise sur un support à ventouse mais il est amovible et dispose d’un système de fixation à sa base. Le soldat tient mon jouet et me toise. Je perçois un sourire sous la cagoule et je vois les yeux s’éclairer un peu. Il jette mon jouet dans le canapé qui n’est pas loin, me regarde encore et retourne dans la pièce au coffre d’un pas rapide et décidé.
Un autre bruit métallique et puis un autre bruit semblable à l’ouverture de la bibliothèque. Je vois la porte du coffre s’ouvrir et l’homme disparaît dans ce qui semble être encore une nouvelle pièce. Des bruits de papier, de quelqu’un qui fouille, qui cherche. Et qui trouve.
L’homme ressort. Il tient un dossier et un cahier de partition musicale. Cette nuit prend une tournure étonnante. Je suis maintenant bien réveillée et je prends le temps d’observer l’homme. Il s’assied au bureau de mon mari. Il prend le dossier et le cahier. Je prie pour qu’il les prenne et qu’il foute le camp. S’il les copie, je suis morte, il ne me laissera pas raconter tout ça. Mais ce cahier de partition. Putain je rêve c’est quoi ce bordel, moi la fouille-merde, je ne sais rien de la vie de mon propre mari. L’homme lit et traverse les pages, il semble siffler d’admiration et même parfois rire. Il referme les deux objets et d’une dextérité incroyable les emballes dans une chemise plastique et les glisse dans une grande poche de son gilet pare-éclat dans son dos sous l’énorme calibre d’assaut que j’ai aperçu tout à l’heure. Il a fini le job. C’est du 50-50, il a l’attitude du pro qui ne laisse rien au hasard, je vais mourir ou sécher là comme un bout de viande jusqu’à ce que la femme de ménage me retrouve.
Il me passe devant et s’arrête. Je suis au taquet et je n’ai plus peur, la curiosité est trop grande. « Vous êtes mélomane ? » je lance.
Il me regarde et soutient mon regard. Un temps infini s’écoule avant qu’il ne réponde.
« – Je vous avais dit de vous taire je crois ».
Il a soudain un comportement inattendu. Il se déplace lentement autour de moi et semble me regarder du haut en bas. Je me sens scannée en 3D par un robot. Il ne semble rien rater de mes courbes, de mon corps jusqu’à la moindre tâche de rousseur et jusqu’au moindre grain de beauté. Je suis un peu mal alaise. Le pro se transforme en prédateur.
« – Vous n’avez plus peur ? vous ne pleurez plus. Vous vous êtes pissée dessus pourtant » il a l’air plus menaçant. Sa voix est ferme et autoritaire.
Je le regarde avec crainte à nouveau, là j’ai peur d’y passer mais d’une autre manière.
« – Les fouille merde sont toutes les mêmes, vous êtes curieuses n’est-ce pas ? que peut bien foutre mon mari avec un arsenal pareil et des documents qui nécessite que je sois pendue comme un salami à poil devant un inconnu en arme. »
Il soupire. Il regarde le plafond un bref instant. Le temps est suspendu. L’angoisse me reprend un peu. Il se tourne à nouveau vers moi et me fixe de ses yeux perçants.
« – Je vais vous rendre un service. Vous devez avoir peur. Votre mari ne mérite rien de mieux que d’être jeté au lac bien lesté de blocs de béton. Si vous restez, vous finirez là même chose et ce serait dommage. Bien dommage. Avec ce que vous avez vu ce soir vous êtes en danger. Vous devez fuir. Mais une journaliste ne fuit pas. Je vais faire en sorte que vous fuyez pour de bon. »
D’un geste bref au-dessus de son épaule il se saisit de son fusil d’assaut dans son dos. Cela a duré un dixième de seconde et j’ai maintenant un canon d’arme de guerre qui pointe sur mon front. Je n’ai plus rien à pisser, j’ai trop transpiré et la bouche sèche. C’est la fin. Merde, pas suspendue, pas comme ça, pas sans savoir pourquoi.
« – Pourquoi ? dites-moi ! qui est mon mari ? »
D’un autre geste bref, il a maintenant sorti une lame de je ne sais où. Il coupe mes liens d’un coup sec et je tombe à terre. Je m’évanouis encore.
Je fais à nouveau le même rêve, je suce un homme à genou devant mon mari. Cet homme c’est le soldat. Cette fois c’est une immense giffle qui me sort du rêve.
C’est pas beaucoup mieux. Cette fois je suis attachée des quatres membres sur le dos. Le dos cambré parce que sur une petite table de service. Mes bras et mes jambes sont attachés au pied de la table. Je suis cambrée à cause de l’attache précise de mes pieds qui me tendent les jambes par rapport à mon bassin. Une vraie posture de torture. Il voulait me faire peur. Il a réussi.
C’est la tête penchée à l’envers que je le vois à nouveau. Et là je sais que ma vie sera différente à tout jamais.
Il est là, il m’observe. Son arme toujours dans ses mains. Mais au bout du canon, mon sextoy, solidement fixé, donnant l’impression que le fusil bande comme le faisait mon ex. Avec la même courbure. C’est surréaliste.
Il tourne autour de la table, je me souviens, trois ou quatre fois, comme un fauve qui guette sa proie avant de la dévorer. En silence, en souplesse, le tigre qui s’apprête à achever sa proie.
Il s’arrête évidemment devant ma chatte qui est ouverte à cause des liens de mes jambes. Rasée laser, brillante, toujours ruisselante et encore souillée de ma pisse. Je me redresse et je vois le fusil, la queue. Ma tête retombe en arrière. J’ai peur.
C’est avec surprise que je sens le bout de mon jouet commencer à parcourir mon pubis délicatement, de haut en bas jusqu’à effleurer le petit bout de chair qui cache mon clito. On serait dans un autre contexte, je pense que je pourrais adorer ça, je connais mon jouet par cur et j’adore cette caresse préliminaire d’ordinaire. Je pensais qu’il allait me pénétrer comme un putain de sauvage et non, il continue ces petites caresses et tapes sur mon clito. Tout ça avec un fusil d’assaut comme outil.
Cela dure un temps interminable, du haut en bas, sur mes lèvres, à l’intérieur de mes lèvres, sur mon clito, avec juste le gland qui rentre et qui ressort.
Je suis une pute, j’aime ça je mouille. Je pleure. Je ne sais plus. C’est bon.
C’est là qu’il l’a senti, il a senti mon plaisir monter et à cet instant ou mon souffle et mon corps m’ont trahi, il a enfoncé le sexe au plus profond de mon ventre. C’est rentré tout seul. Comme dans du beurre. Je suis une vraie pute dépravée. Je me dégoûte. Mais je ne veux pas qu’il s’arrête. Je ne veux plus qu’il s’arrête. La courbure de mon jouet est tendue et arquée vers le haut. La nature l’avait bien doté le salaud. A chaque fois qu’il s’enfonce et qu’il ressort, c’est mon point secret qui est ravagé. A chaque passage je sens que je vais défaillir.
Il l’a de nouveau senti. Il accélère. Je vais venir. Je crois que je pleure à nouveau.
Et soudain, il arrête. Le jouet est au plus profond de moi. Immobile. Le moindre mouvement et je pars. Je redresse la tête pour le voir. Il me regarde. Il attend. Il semble se délecter de voir que chacun des spasmes de mon corps pourrait déclencher un plaisir coupable. Le con, c’est comme ça qu’il comptait me faire peur ?
Et c’est là qu’il l’a fait. Le mouvement de charge de son arme, la balle qui monte dans le canon, cette petite vibration qui me rapprochait de mon exécution mais qui en même temps ma fait jouir comme la dernière des nymphos. Si c’était que ça, ça aurait pu passer, mais l’éjaculation que j’ai eue qui a inondé son arme, son équipement et sa tenue d’assaut était la première de ma vie.
Ma tête est retombée en arrière. Il a continué. Plus sauvage maintenant. Toujours avec la balle dans le canon. Plus rapide et plus intense, sur mon point G toujours et encore. Encore plus vite. Je gueule comme une truie qu’on égorge.
Il ralenti. Je redresse la tête. Il me regarde. Un temps suspendu à nouveau.
Un déclic, il a désassuré son arme. S’il presse la détente, ma chatte prend 20 balles à 600m/s qui me découperont en morceau jusqu’à m’arracher la tête.
« – Non »
« – Tu n’as toujours pas peur ? »
Sans réponse de ma part, il reprend ses aller-retours cette fois avec son arme désassurée. C’est un malade, un pervers, je le sais maintenant. Et je sais aussi que je suis la dernière des chiennes car même à un cheveu d’une mort immonde, j’en veux encore et encore.
Il me ramone encore et encore. Encore et encore. Je jouis et je coule encore. Deux ou trois fois je ne sais plus.
Il va encore plus vite, toujours plus vite. Tellement vite. Le déclic, le percuteur. Je jouis avant le noir encore.
Il fait jour.
Je me réveille dans mon lit Il est parti, il m’a libérée.
Je n’ai pas eu peur. J’en avais rien à foutre je crois. Mais maintenant. Je veux savoir. Qui est mon mari vraiment. Et toi qui es-tu le tigre ? Un foutu pervers, un soldat, un tueur ?