Mais quest-ce que je fais là? Depuis deux heures je veille sur un sac à main. Jenna, une collègue de lusine mavait abordé dans un couloir. Elle avait un service à me demander. Elle souhaitait aller au bal, samedi et cherchait le gentil garçon disposé à ly conduire.

-Tu ne danses pas bien? Quà cela ne tienne, je me ferai un plaisir de tentraîner. En une nuit, avec moi comme professeur, tu feras des progrès incroyables .

A 23 ans, 1,75m donc de taille moyenne, normalement constitué sans être un Apollon, je suis un garçon plutôt réservé. Jusquà présent je nai pas trouvé lâme sur, la fille aimante et propre, désireuse de se marier avec moi. Une amie de ma marraine tient un cours de danse et jy ai pris des leçons il y a quelques années, à dix-huit ans. Mais depuis jai très peu pratiqué. Je préfère mes cours de judo, jy ai glané quelques ceintures depuis la blanche de mes débuts. La noire mest promise pour bientôt.

Cette Jenna était jolie. Elle semblait sintéresser à moi. Il était peut-être temps de penser à fonder un foyer et à quitter mes chers parents. Cest ainsi que je me suis retrouvé dans cette salle, à une table réservée. Le temps de commander deux boissons pour elle et pour moi au bar, quand je suis revenu à la table un garçon la tenait par la main, prêt à lemmener danser. Avec un sourire aimable il ma dit

-Vous permettez?

Jenna a trempé le bout des lèvres dans son verre, ma adressé un signe de main et ma recommandé de veiller sur son sac. Depuis elle a laissé chauffer son coca et nest pas revenue à notre table. Dans les bras du même cavalier, elle na pas manqué une danse. Au début, passant à proximité elle me souriait, avait un petit geste amical. Désormais elle est trop absorbée dans ses gesticulations ou dans ses discussions pour maccorder un regard. Pendant les poses de lorchestre elle sassied à la table de lautre, en compagnie dune blonde à chignon de danseuse et dun autre brun. Lune ou lautre fois les garçons ont échangé leur cavalière. Jenna semble surtout apprécier celui qui est venu me l"emprunter" comme disait Adamo.

Il est vingt trois heures. Jen ai marre, je profite de la fin dun morceau pour aller déposer ce fichu sac sur sa chaise. Arrivée à sa place, elle voit son sac, lève la main dans ma direction et me sourit aimablement. La mémoire lui revient, mais pas lenvie de tenir son engagement.

Jentame un tour des tables, finis par trouver une cavalière à mon goût et je pars valser. Je suis tombé sur le gros lot. Elle est mariée, son mari ne valse pas alors quelle adore cette danse. Nous prenons beaucoup de plaisir à tournoyer en rythme. Elle semble apprécier et souhaite me retrouver pour les prochaines valses. Suivent dautres danses avec quelques jeunes apprenties maladroites que je quitte avec un merci de courtoisie.

Vers minuit, je sors fumer une cigarette. Sur le parking une place sest libérée à proximité de la porte. Jen profite pour rapprocher ma voiture. Jéteins mes phares. Sur le seuil un couple sarrête pour sabîmer dans un long baiser. Ils dégagent lentement le passage. Jenna pendue aux lèvres du garçon se rend-elle compte de ce déplacement lent vers un recoin plus à lombre. Elle paraît ensorcelée, abandonnée au baiser et aux caresses de deux mains baladeuses. Son dos est parcouru sur toute la largeur, dans toute sa hauteur en un va et vient incessant par une gauche insistante qui flâne avec une prédilection particulière sur la croupe. Si le garçon lâche sa bouche cest pour lui dévorer le cou, pendant que sa droite prend la mesure des seins. Le baiser reprend, plus gourmand. Jenna sempare de la tête brune des deux mains. La droite du type glisse sur le ventre, cherche lourlet de la robe, remonte entre les jambes dénudées pour sarrêter dans la fourche. Le baiser dure, la main caresse. La fille accepte, pousse son ventre en avant, se prête à une caresse plus précise.

Ils font une pose, les têtes se séparent, mais la main reste en place. Ils se regardent dans le blanc des yeux, semblent discuter un peu, puis le garçon se baisse, pose ses deux mains sur les hanches et fait descendre vers le bas un léger bandeau de tissu, prisonnier une seconde de la vulve dégagée d’un coup sec. Il empoche le string et ils retrouvent la position précédente, lèvres collées, une main dans le dos et lautre sous la robe remontée dévoilant le blanc de deux cuisses bien en chair. Sous la pression dun doigt pénétrant, Jenna a un sursaut, mais ne proteste pas. Au contraire. La gauche du garçon profite de la distraction produite par la droite dans le vagin envahi, pour dégager le corsage et offrir à la bouche un nouveau terrain de jeu. La tête de la belle dessine des arabesques aux lignes inattendues, elle perd la tête, permet tout, ou plutôt soffre à toutes les caresses et invasions.

Elle est maintenant dos au mur, je ne vois plus guère que le dos de lhomme. Seules deux mains blanches derrière la nuque affirment sa présence, puis le bas des jambes apparaît symétriquement de chaque côté du pantalon. Lhomme fléchit les genoux, pousse vers le haut. Il a dû rater son coup, baisse les fesses tente une nouvelle percée, se reprend encore. Un groupe bruyant quitte la salle. Les amants simmobilisent, debout, interrompus en plein envol. Le gars attrape une main de Jenna et la tire dans ma direction. Je me tasse sur mon siège. Les clignotants de la voiture voisine jettent leurs éclairs. Les deux complices sarrêtent de lautre côté du véhicule. Il reprend la bouche de Jenna, le temps de ressusciter lenvie, lappuie contre la carrosserie basse du coupé sport, la fait ployer en arrière, cheveux épars sur la tôle. Je ne vois pas ce qui se passe à quatre-vingts centimètres du sol, mais jentends le ah! de Jenna sous limpact de la verge qui vient de louvrir. Ses mèches brunes balaient régulièrement le toit blanc de lauto, de droite à gauche. Ses gémissements et soupirs de bonheur sont de moins en moins discrets, elle finit crescendo sur une note aiguë à peine étouffée par sa propre main.

Son compagnon ouvre la porte droite du véhicule, se penche à lintérieur, trafique, jette sa veste sur le siège du conducteur. Cest une voiture de sport bas de gamme certainement, sans vitres teintées. Je le vois sasseoir sur le siège passager et disparaître. A son tour Jenna se penche vers lintérieur du véhicule, se courbe et je vois sa tête monter et descendre régulièrement sur un point qui échappe à ma vue. Au bout de quelques longues minutes, elle se redresse, envoie une jambe par-dessus le siège, opère un mouvement de bascule et se retrouve à califourchon, visage tourné vers la lunette arrière, sur le corps étendu de son cavalier. Elle est couchée en avant, soulève sa croupe, sajuste, pour entamer une cavalcade dont je ne vois que le mouvement vertical continu dune croupe blanche dénudée par le glissement du tissu léger de la robe ou les mains du bienheureux succube.

Ils sont dans le feu de laction, je peux quitter discrètement mon poste dobservation improvisé et retourner danser, sans me faire remarquer. Sur ma table trônent deux sacs à main au lieu dun. Quand les musiciens annoncent la pose, deux jeunes filles étonnées me demandent ce que je fais à leur table. Mon ticket de réservation les met dans lembarras. Elles sexcusent, je les invite à rester. Nous lions conversation et jai vite la certitude de pouvoir danser jusquà trois heures du matin soit avec lune soit avec lautre, sauf lorsquelles danseront ensemble.

Vers deux heures Jenna sen va avec le jeune homme qui la accaparée, elle me présente son ami René, Je naurai pas à la raccompagner, il sen charge parce que la danse la épuisée. La danse et le reste sans doute. En remerciement elle se penche pour membrasser sur les joues. Instinctivement je jette ma tête en arrière.

-Tu naimes pas mon parfum? Pourtant tu men avais fait compliment en venant!

— Tu as devancé lady Gaga en la matière. Il a tourné peut-être.

Elle hausse les épaules, ne comprend pas. Elle na pas lu lannonce de lodeur de sang et de sperme qui devrait caractériser les flacons de lartiste. La nouvelle lui arrivera peut-être. Elle comprendra ce jour là.

Le vendredi suivant, au self Jenna me sollicite pour retourner au bal. Elle promet de mieux soccuper de moi. Ses retrouvailles avec René, purement accidentelles, avaient dérangé ses projets.

-Je regrette, mais jattends de la visite samedi. Des amis se sont annoncés.

Cette fois elle a compris.

Le samedi, à 20heures je prends place sur le parking encore vide. Le bal nest pas commencé, les musiciens débarquent leur matériel et vont linstaller. A louverture du guichet je réserve une place et vais masseoir. Au hasard des réservations, je suis rejoins par une jeune fille au léger embonpoint, mais souriante et sympathique. Elle est venue seule et espère nouer connaissance avec lhomme de sa vie qui laidera à élever son bébé. Je nai pas la vocation.

-Je suis seul ce soir, parce que ma fiancée, est en mission humanitaire. Elle ma recommandé de me distraire en attendant son retour et notre mariage. La date reste à fixer.

Le mensonge la trompe-t-il? Je veux éviter de la froisser. Elle acceptera volontiers de danser avec moi, en attendant dautres invitations. Effectivement nous faisons ensemble quelques rondes au milieu des autres. Elle me met à rude épreuve. Lexistence dune fiancée ne la gêne pas. Elle tente sa chance, me fait connaître la douceur et le confort dun corps grassouillet. Avec un malin plaisir, à la faveur de lentassement des danseurs sur la piste, elle se presse contre moi, avec le fol espoir de me prouver quun tiens vaut mieux que deux tu lauras. Je dois lui plaire, elle nhésite pas à me le faire savoir. Son bras autour de mon cou, ses seins de nourrice contre mes pectoraux, ses cuisses en recherche de ma virilité: elle met le paquet. Je ne suis pas de bois et vois arriver avec soulagement la fin de ces slows dangereux pour mon intégrité.

Devinez qui japerçois dans la salle en compagnie dune blonde à chignon et dun grand brun. Oui, René, mais sans Jenna. Il semble sennuyer, mais il ma vu. Et soudain il est à ma table, vient me serrer amicalement la main et, comme si cétait une seconde nature chez lui, il memprunte ma cavalière

-Tu permets?

Il sait que je ne protesterai pas. Margot rouge de plaisir prend sa main et séloigne. Plus tard avec un clin dil complice elle récupère ses affaires et va compléter la table du trio.

-Je crois que jai trouvé. Excuse-moi, il ma invité à sa table. Merci. Bonne continuation.

Je nirai pas remercier René. Sa fâcheuse habitude de vouloir me prendre mes partenaires ne le rend pas sympathique. A une table voisine, trois copines attendent. Deux vont danser ensemble. La troisième se morfond. Elle est mignonne comme un cur, jeune et fraîche, avec de grands yeux bleus innocents. Pour combien de temps encore? Je vais tenter ma chance et suis accueilli avec un large sourire de contentement. Je devrais excuser ses maladresses, mais mon invitation lui fait plaisir. Cahin-caha nous nous dandinons ensemble. Jeanne est novice, mais douée et si confiante. Elle apprend vite. Je deviens son partenaire attitré. Que Denise et Françoise moublient. Le discours est clair. Les cousines sourient, acquiescent.

Le loup sapproche. Il a senti la chair fraîche en ma compagnie. Je dis aux trois copines:

-Pas celui-là. Je vous expliquerai.

Il sincline dabord devant Jeanne avec son « Tu permets » conventionnel, ponctué dun sourire narquois à mon adresse. Elle exagère son affection pour moi, passe son bras velouté autour de mon cou et pour mon plus grand bonheur, fait savoir quelle a une invitation permanente. Denise et Françoise ne cherchent pas dexcuse, refusent tout bonnement de passer en deuxième ou troisième place.

René repart, étonné, refroidi et déçu du triple refus. Il ne doit pas être rejeté habituellement. Je mets les filles en garde contre ce prédateur. Elles me remercient. Il ne manque pas dautres concurrents. René rejoint dépité Margot qui lui fait la fête. Il a perdu un pari: du bar il revient avec une bouteille de mousseux et quatre flûtes sous les applaudissements des trois autres.

Jeanne, en dansant, me fixe dans les yeux. Bientôt, ses cousines et elles vont quitter le bal. Elle en a le cur gros. Pour une fois quelle est heureuse, ce nest pas juste. Comme Cendrillon, elles ont une permission de minuit. Je dois lui promettre de revenir ici le samedi suivant. Elles seront présentes et si je le souhaite, nous ignorerons tous les autres. Rendez-vous est pris sur létoile polaire tous les soirs de la semaine à 22 heures. Touchante déclaration damour, il y manque le mot. Comment croire à ce coup de foudre? Pourquoi refuser ce naïf espoir?

Je les raccompagne jusquà leur voiture, les vois séloigner. Si je fumais une cigarette. Pas de briquet, pas dallumettes. Mon allume-cigare va servir. Je massieds dans ma voiture, tournée vers le bal. Comme par magie cela déclenche une sortie. René, main sur lépaule de Margot la pousse vers lombre.

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