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L'empire du sexe – Chapitre 2




Une fois habillé, Artémisios sort de son appartement, et descend à pied les 24 étages de son immeuble. Cela fait longtemps que l’ascenseur ne marche plus. C’est bien simple : il n’y a plus d’électricité à Détroit depuis des années.

Cela ne le dérange pas tellement. À vrai dire, il vaut mieux être à un étage élevé, ça permet de fatiguer des éventuels agresseurs qui voudraient rentrer à l’intérieur, et puis ça le maintient en forme.

Il sort dans la rue, et reste quelques secondes ébloui par le soleil. C’est une belle journée d’été qui commence. Les rues de Detroit sont vertes à présent, cela fait des années que plus aucune voiture n’est passée par là. Ça donne un certain charme à la ville, une atmosphère assez étrange que de se promener dans une allée verte, recouverte d’herbe et d’arbres, mais entourée d’énormes buildings.

Après avoir marché quelques minutes, sa jovialité s’éteint tout à coup. Il voit ce qu’il redoute de voir chaque jour. Quatre hommes sont en train d’entourer une femme seule, qui baisse la tête de désespoir. La femme le remarque et lui jette un regard suppliant. Ce sont les pires moments de sa vie. De voir une femme en détresse le regarder avec espoir, sans pouvoir rien faire. Il sait très bien que ces hommes, qui se sont donné le nom ridicule de Blackstones, sont armés lourdement. Et que tenter de se frotter à eux revient à se jeter du haut de son immeuble.

Il sait que cette femme passera un très mauvais moment, mais malheureusement il ne peut rien faire pour le moment. Il ne peut que jurer tout bas, et penser à son plan, qui devrait pouvoir tout faire changer.

Artémisios se souvient alors des belles années. Les années après la crise, la fameuse crise de 29 (non pas de 1929, mais de 2029). Contrairement à ce qu’on aurait pu croire, la crise, qui a détruit fondamentalement toutes les industries, a aussi été à l’origine d’un énorme regain de solidarité. La plupart des gens n’ayant plus rien, et l’État n’étant plus présent, les gens se sont mis à s’entraider pour se nourrir et pour survivre, recréant des potagers, créant une société plus libre que jamais.

Artémisios avait 13 ans lors de la crise, et il a vécu son adolescence dans ce contexte idyllique. Bien sûr, ce n’était pas toujours facile, et il fallait parfois travailler dur dans les potagers pour avoir de quoi se nourrir, mais après une bonne journée de travail, tout le monde voulait se retrouver dans les bras de quelqu’un pour se reposer.

C’est dans ce contexte qu’Artémisios avait appris à aimer la sexualité. Il l’avait découverte sous toutes ses facettes, de la manière la plus libre qui soit. Dès qu’il avait eu 18 ans, il avait créé son propre potager, au sommet d’un building, et il organisait de grands banquets qui finissaient souvent en orgie.

Mais ça, c’était avant. Avant que Blackstone ne débarque de nulle part, avec des armes, et ne rétablisse la monnaie, dans le seul but de prélever des taxes. Depuis, Blackstone semait la terreur partout, et la vie était devenue invivable. Ce matin, Artémisios sétait réveillé avec un plan qui lui permettrait de se débarrasser de ces truands. Mais il lui faudrait beaucoup de patience pour y arriver.

Artémisios sortit de ses pensées. Il était arrivé à sa destination, le Wall, un ancien bar qui s’était rouvert depuis quun dénommé Pearl s’était mis en tête de brasser sa propre bière. On y retrouvait toute sorte de gens mal famés. Art’ se dirigea vers le fond du bar et sourit. Mayne se trouvait tous les jours à la même place, dans le coin le plus sombre du bar.

Il se dirigea vers lui :

— Salut Mayne, quelles sont les nouvelles ?

— Art, ça fait plaisir de te voir. Tu prendras bien une bière.

— Un peu trop tôt pour moi, merci. Réponds Art avant de baisser la voix. Dis-moi l’artillerie dont tu m’as parlé l’autre jour, c’est pas du pipeau ?

— Oh Art, tu me prends pour qui ? Tu crois que je ne suis pas digne de confiance ?

Art le regarde, à moitié saoul à 10h du matin, et se dit qu’effectivement c’est le genre de type à qui il ne ferait jamais confiance. Il lui répond cependant :

— Bien sûr que je te crois mon pote, écoute, j’ai rencontré une femme l’autre jour elle adore les armes. Elle n’a fait que m’en parler pendant toute la soirée. Elle en veut absolument une pour se protéger. Tu me suis ?

— Art, Art, mais comment tu arrives à trouver des nouvelles femmes tous les deux jours. Faudrait que tu me donnes ton truc. Mais bien sûr que je vois où tu veux en venir. Elle est jolie au moins ?

Artémisios le regarde en cachant son air dégoûté. Il s’en veut soudain d’envoyer une fille chez un type aussi détestable. Mais s’il veut obtenir des armes, c’est certainement le moyen le plus simple de le faire. Il sait aussi que Mayne n’est pas un tendre avec les femmes, et il est mal à l’aise de laisser une de ses amies seule avec un type comme lui, de surcroît armé.

— Plutôt pas mal ouais. Répond-il nonchalamment.

— Je te vois venir Artie, tu vas me refiler un vieux boudin.

— Écoute, tu veux la voir ou pas ?

— Okay okay, je verrai bien. De toute façon comme on dit, un trou c’est un trou. Dit-il en explosant de son gros rire d’ivrogne.

Art se force à sourire. « Bon, je la ramène ici demain soir ça te va ? »

— Je serai là, fidèle au poste. Dit-il en exposant ses dents blanches carnassières.

Artémisios sort du bar. Ça s’est passé mieux que ce qu’il n’imaginait. Il ne reste plus qu’à convaincre Natasha…

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