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Une éducation particulière – Chapitre 2




Chapitre 2 : Le Réel et son Double

La main tremblante, Raphaëlle ferma la porte de sa chambre et prit plusieurs longues inspirations pour tenter de mettre un peu d’ordre dans la panique. La surprise de cette découverte bousculait un mot unique, décliné sous plusieurs formes :

— mais c’est du sperme, c’est du foutre oui du foutre, du jus de bite

Cette énumération circulaire, entrecoupée de toutes les marques du déni « non, c’est pas possible », « enfin voyons », « je me serais trompée » ? se prolongeait dans son esprit fiévreux, avant de ralentir graduellement jusqu’à la terrible conclusion : Oui. C’est bien du foutre.

Loin d’apaiser ses tourments, ce constat dressa une forêt de questions dont les ramifications s’étiraient dans toutes les directions jusqu’en des profondeurs insoupçonnées.

— Mais bordel, d’où vient cette tache de foutre ? c’est pas possible qui se branle dans le couloir ? ça serait le plombier qui est venu hier mais non, je l’aurais vue en rentrant et puis c’était frais, si frais, et tiède avec ça ou alors c’est pour moi ? quelqu’un me mate en se branlant un type m’aurait suivie ce voisin, là, du troisième, un peu pervers, qui me regarde toujours avec son putain de sourire tordu mais non, c’est pas possible il aurait pas osé ce con, quand même rentrer chez moi me mater dans mon bain il aurait pas les couilles de faire ça, ce petit insignifiant et je l’aurais entendu.

 Elle essuya méticuleusement ses doigts encore collants avec un mouchoir et son esprit tumultueux par un tour de force que seul un spécialiste de la condition humaine à 70 euros de l’heure pourrait doctement expliquer s’éteignit. Il s’éteignit littéralement et, alors qu’elle prenait sa tête entre ses mains, surprise par ce grand silence intérieur, un mot surgit de manière effroyable, car il ne s’agissait pas d’un simple mot mais d’un prénom : Clément.

Clément. Ce nom se répliquait à une vitesse ahurissante, comme un écho dévastateur qui suivait l’emballement des pulsions de son sang. Raphaëlle s’assit, ou plutôt elle se laissa choir sur son lit, prit de nouveau son visage entre ses mains et, contemplant le sol, elle murmura :

— Clément. Non c’est impossible, pas mon fils quand même

Certes, Raphaëlle et Clément vivaient au quotidien dans une proximité qui en aurait étonné plus d’un ; il est bien connu que les adolescents finissent par se détacher, voire par rejeter un peu leur mère, d’abord par défiance, ou dans un simulacre maladroit d’indépendance (tout ce discours a été savamment approuvé par le spécialiste de la condition humaine aux honoraires excessifs que nous avons évoqué plus haut), mais dans leur cas, cela n’avait pas entamé cette complicité filiale, faite de tendresse et d’attentions. Certes, il est également vrai que cette tendresse se traduisait parfois sous la forme de confidences, ou encore de câlins et autres massages innocents, mais cette tache attribuée provisoirement à Clément marquait une cassure et l’irruption soudaine et parfaitement nouvelle d’une sexualité inconcevable dans l’esprit d’une mère. Dans sa stupeur, la première réaction de Raphaëlle fut d’imputer ce trop-plein déversé sur le sol à un scandaleux désir incestueux de la part du fils devant le corps dévoilé d’une mère insouciante.

Bientôt, la rationalité rassurante de l’entendement humain étouffa cette première supposition, qui lui sembla parfaitement grotesque, et d’autres explications bien plus probables se présentèrent dans sa tête :

— Mais comme t’es bête ma pauvre fille, c’est tout bonnement impossible. Après tout, c’est juste un grand garçon maintenant, presque un homme, et c’est normal à son âge de découvrir la chose. Oui c’est ça, il a simplement dû se faire du bien dans sa chambre et laissé échapper une goutte sur le chemin des toilettes oui c’est ça c’est simplement en voulant se nettoyer qu’il aura fait tomber par inadvertance cette petite goutte trop pressée.

 Maintenant bien rassérénée par cette explication, Raphaëlle s’entendit penser et s’étonna du naturel avec lequel son esprit évoquait la honteuse activité masturbatoire de son fils. Cette reprise d’elle-même, cette mise en abyme (comme dirait notre mercenaire du freudisme bon marché), provoqua une nouvelle réaction inattendue : le constat de la facilité d’évocation de la branlette de Clément se déplaça physiquement de la tête au ventre où une chaleur coupable s’alluma.

Le gonflement de son sexe, interrompu précédemment par le bruit, se manifesta une nouvelle fois. « Mais c’est affreux, c’est mal qu’est-ce qui m’arrive ? ». Ces objections, loin de calmer son excitation gluante, réchauffèrent encore davantage son intimité velue. Alors, son esprit s’éteignit de nouveau, ou, plus exactement, il prit un autre chemin et l’apparition de mains inconnues et sans propriétaire durant le bain se changea brusquement en une illustration précise du corps élancé de Clément dont les mains s’agitaient sur un membre dressé. Tandis que les doigts de Raphaëlle reprenaient tous seuls leur manège de la salle de bain, leur propriétaire se redressa soudain en interrompant toute l’entreprise. L’esprit de cette mère n’avait pas du tout quitté son état extatique mais il faisait face à deux insatisfactions insurmontables : d’abord, Raphaëlle ne pouvait convoquer une image précise de ce membre inconnu depuis plusieurs années ; bien sûr, elle avait vu et même tenu entre ses doigts le sexe enfant de Clément dans une simple perspective hygiéniste, mais l’ignorance actuelle des proportions de la chose empêchait l’esquisse d’une image stable et la bite de son fils passait alternativement du petit cornichon arrogant à l’énorme concombre disproportionné ; ensuite, et c’est peut-être ce qui l’inquiéta et l’émut davantage, elle se figurait son garçon comme tous les garçons de 18 ans qui évoluent dans une société permissive et de nature hautement pornographique , faire son affaire devant un quelconque support numérique présentant crûment des corps imberbes, violents et désincarnés.

Cette dernière difficulté la plongea dans une frustration que sa psychologie, devenue bancale, pourfendit dans un éclair aussi sauvage qu’irrésistible :

— Oh mon garçon, bien sûr que non, tu n’es pas un dégoutant, toi, tu ne te branles pas devant un vulgaire porno Tu te branles pour maman, hein, dis Oui, bien sûr, tu te branles pour maman, vilain cochon.

 Les doigts qui s’étaient contentés de jouer avec les poils durant ses doutes incompressibles, s’agitaient maintenant furieusement sur le clitoris gonflé de cette mère perdue. Alors que le majeur pénétra entre les lèvres dégoulinantes de mouille, un orgasme fulgurant saisit Raphaëlle. Tout son corps se contracta et elle laissa complètement retomber son large cul sur le couvre-lit maculé, à son tour, d’une tache humide.

Nous pourrions décrire l’effarement, la culpabilité et l’horreur que cette jouissance inspira à Raphaëlle mais il convient d’avancer un peu plus rapidement vers le questionnement renouvelé qui se fit jour peu après cette secousse :

— mais alors et si cette tache n’était pas un simple accident si c’était vraiment pour moi si mon fils se branlait littéralement pour moi non ça n’est pas possible ou alors

Encore sous l’effet de l’excitation, et peut-être parce que la vie sexuelle de Raphaëlle avait été si longtemps endormie, elle refusa de s’en tenir à des suppositions. Son esprit, de nouveau fonctionnel mais presque complètement détourné de la honte et de la censure, tâtonna pour échafauder une enquête perverse qui dissiperait tous ses doutes. Cette mère n’avait aucune idée des conséquences d’une telle enquête : s’en servirait-elle pour mettre fin à ce manège catastrophique ou, au contraire, comme un excitant supplémentaire ? Pour le moment, cela importait peu. Il fallait seulement trouver un moyen sûr de piéger Clément pour établir sa culpabilité et une belle certitude.

— Comment pourrais-je m’y prendre ? Je ne vais tout de même pas m’exhiber devant lui ? Ça serait vraiment grossier et si je le fais trop prudemment, je risquerais de manquer ma cible ou bien de ne pas avoir de réponse claire Qu’est-ce qui ferait plaisir à un garçon de son âge et qui lèverait toute ambiguïté sur son fantasme ?

A cet endroit, Raphaëlle se souvint d’un récit érotique lu des années auparavant et dans lequel un jeune garçon subtilisait sournoisement les culottes de sa sur pour se masturber furieusement dedans. Cette idée la fit sourire : « t’es complètement folle, ça ne marchera jamais ». Et pourtant, bien qu’elle fut sa mère et non sa sur, c’est bien ce stratagème démoniaque impliquant ses culottes qu’elle avait décidé de mettre en uvre, implacablement.

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