Nous sommes le 4 juillet 1914. Dans un village d’Île-de-France. L’Europe reste secouée par l’assassinat de Sarajevo, mais les esprits et notamment en France sont loin encore de la macabre entrée dans le XXe siècle.

    Lucien est un jeune garçon. À peine majeur encore. Enfant unique d’un père éleveur équin et vétéran de 1870, et d’une femme, comme la grande majorité des femmes en France, au foyer, sa vie n’est pas des plus trépidantes. Bachelier ès sciences de la promotion 1910, il est promis à reprendre le haras familial.

    Il aurait préféré être auteur. Il aimait rêver, s’asseoir sur l’herbe et écouter la nature, ou écrire des nouvelles et des poèmes. Il dévorait Jules Verne, Rimbaud, Musset, Baudelaire, et appréciait particulièrement Victor Hugo qu’il était contraint de lire en secret : son père faisait partie des nostalgiques du Second Empire et prenait parti pour Napoléon III, rendant Hugo à ses yeux révolutionnaire et traître.

    Ce samedi-là, Lucien devait aider son père et les écuyers à prendre soin des chevaux. L’un d’eux était souffrant et un vétérinaire dut être dépêché en conséquence. Son père lui demanda de faire faire des tours de manège à une de leurs juments le temps de la consultation. Près d’une vingtaine de minutes plus tard, peut-être une trentaine, Lucien aperçut la silhouette paternelle au bord des barrières de bois. Le fils arrêta la gracieuse créature pour marcher en direction de l’homme ; ce dernier avait l’air grave.

Il faudra nettoyer le box de Tempête. Il ne survivra pas, le vétérinaire va l’achever toute à l’heure.

Non !

Comment ça ? Un cheval malade est bon à rien ! Il n’y a pas de guérison possible.

On sait ce qu’il a ?

Le médecin parle d’une peste aiguë. Range Fleurine dans son enclos et retrouve-nous juste après.

    Le jeune garçon était une personne très sensible, trop de l’avis de nombreux adultes, son père en premier lieu, mais aussi ses professeurs. Souvent il était décrié, et l’on allait jusqu’à parfois se moquer de lui ; il avait l’habitude de ne pas être « un vrai homme ». Il n’alla pas devant l’enclos de Tempête, cet après-midi-là. En voyant l’animal entouré de ces humains, il refusa de voir la vérité et resta en retrait, derrière un mur. Ignorant le procédé, il comprit seulement qu’il en était fini de la monture lorsque ses cris stridents et assourdissants s’arrêtèrent brutalement. Le jeune poète crispa ses yeux en mettant son poing devant la bouche, il laissa s’échapper deux larmes.

    Son père ne dit rien en le revoyant, du moins par des mots : le regard, à la fois noir et plein de lassitude, qu’il lui adressa valait bien toutes les réprimandes du monde.

La journée touchait à sa fin. Lucien et son père retournèrent à leur maison, bâtie à plusieurs centaines de mètres du haras. Pour y accéder, il fallait passer aux abords d’un terrain vague, au milieu duquel coulait une rivière dans lequel les femmes lavaient habituellement le linge, le dimanche, après la messe. Alors que le lieu était encore vide le matin même, il s’était retrouvé envahi de roulottes et de vieilles calèches. Des chevaux étaient attachés à un poteau planté par les arrivants, des enfants jouaient avec les chiens et les adultes commençaient à installer de quoi préparer leur repas.

Des gitans, fit le père de Lucien. Qu’est-ce qu’ils viennent faire ici ? Méfie-toi. Tous des voleurs, des assassins, garde bien un il sur eux.

    Cet homme était épris d’un profond sentiment nationaliste, amplifié par la défaite quarante ans plus tôt. Parallèlement à cela, les gens du voyage n’étaient pas bien vus de la société et se trouvaient par conséquent marginalisés. Ne partageant absolument pas les mêmes idées, le jeune fils observait ces inconnus avec davantage d’interrogations ; il n’avait jamais eu l’occasion d’en voir, à peine en avait-il entendu parler, et surtout dans la littérature. Il fut trop pressé pour rentrer au foyer pour pouvoir les regarder plus longtemps.

    Durant le dîner, il subit de nouvelles remontrances de la part de son père quant à son comportement dans le haras. Penaud jamais il n’oserait tenir tête Lucien laissa passer l’orage. Il monta dans sa chambre ; de là il pouvait voir par la fenêtre les lueurs du campement. Intrigué par ces étrangers et d’un naturel curieux, il se laissa tenter par le désir d’en savoir plus et attrapa sa veste avant de sortir de la maison.

    Quelques minutes seulement lui suffirent pour atteindre le terrain vague. Se cachant derrière un buisson, à quelques mètres de hauteur, il en écarta une branche pour se laisser le champ de vision libre. Ils jouaient de la musique et faisaient des danses totalement inconnues qui venaient certainement d’un pays lointain. Leurs vêtements simples étaient légers et s’envolaient d’un seul mouvement, apportant une grâce particulière surtout aux demoiselles. Les hommes étaient massifs, même gros pour certains, presque tous à la barbe épaisse, mais ils riaient de bon cur en fumant leur pipe ou leur cigarette. Les femmes également se montraient bien nourries. Les plus jeunes, quelques-uns de l’âge de Lucien mais surtout des enfants, étaient les seuls à paraître sveltes, avec la grâce au corps. La musique continuait, continuait ; les chants, les danses, les instruments, les mains, jusqu’à ce que le jeune Français ne sente la fatigue lui monter aux yeux et ne retourne chez lui, se coucher, ses doigts tapotant sur son buste quelques rythmes étrangers tout juste découverts.

    Lucien allait toujours observer ces gens, chaque jour. En journée, en soirée, rarement le matin où, quand il jetait un il au campement tout était éteint, rideaux tirés, les cendres à fumer encore très fébrilement.

    Le dimanche suivant, alors que tout le monde était rentré de la messe matinale, et tandis qu’elle apportait le déjeuner sur la table, la mère s’exclama.

Ces gitans sont envahissants ! Nous avons dû nous déplacer pour laver le linge car ils prenaient toute la place sur la rivière !

Vous avez demandé à la gendarmerie de les faire partir ? demanda le père.

Madame Lavigne a essayé, mais nous n’avons aucune nouvelle.

Sales étrangers, qu’ils aillent s’installer ailleurs ! On a déjà cédé assez de France aux Prussiens ; on ne va pas se laisser envahir par d’autres peuples qui vivent avec les animaux, des païens qui ne font rien à part voler et nous égorger à chaque coin de rue !

    Il valait mieux garder silence, mais Lucien abhorrait ces discours paternels, notamment lorsqu’il remettait constamment la perte de l’Alsace-Lorraine dans la conversation.

    Ce soir-là, le jeune garçon n’eut pas l’occasion de sortir. Même s’il le traitait durement, son père se montrait parfois proche de lui et lui proposait de jouer, le plus souvent aux échecs ; Lucien n’était pas un grand stratège mais faisait de son mieux pour à défaut de gagner réussir à perdre avec lutte et panache. De même pour les dames ou pour des jeux de cartes. Mais durant ces parties, le regret de ne pouvoir aller voir les bohémiens le distrayait et il se laissait avoir par des coups simples.

Qu’est-ce qui se passe, Lucien ? Fais attention à ce que tu fais.

Désolé, c’est sûrement la fatigue. Je vais me coucher.

Terminons la partie, au moins !

    Ils achevèrent le jeu et le garçon monta dans sa chambre. Il était trop tard pour sortir, de plus ses deux parents étaient encore en bas.

    Le lendemain, pour le 14 juillet, Lucien eut l’occasion d’avoir sa journée de libre. Il alla dans un coin qu’il appréciait particulièrement, auprès d’un ruisseau, se laissant bercer par le clapotis de l’eau. En train de croquer un geai qui dormait dans son nid, un bruissement de feuilles derrière lui le fit se retourner. Rien.

    Quelques secondes plus tard, une main lui tira son papier alors qu’il avait levé le crayon. Il poussa un « Hé ! » de surprise qui fit se réveiller et fuir le volatile. Lucien se redressa dans un demi-tour à la recherche de celui qui lui avait volé son dessin, puis trouva ce-dernier entre les mains d’une jeune fille. Il fut agréablement étonné de l’apparence de cette inconnue, mais ne s’en laissa pas distraire.

Rends-le-moi. S’il te plaît. Je ne l’ai pas fini.

    Mais elle ne répondait pas, regardant l’uvre d’un il intéressé. Puis en l’observant d’un peu mieux, le jeune garçon sentit monter en lui une chaleur qu’il trouva des plus agréables. Ce ne fut que lorsqu’elle le regarda qu’il se laissa envahir par le charme. Sa peau mate et ses cheveux noirs lui donnaient un aspect ensoleillé. Était-elle Espagnole ? Italienne ? Égyptienne ? Ou Slave ? Ou même encore venait-elle des Indes ? Lucien ne connaissait que très peu ce dernier pays, sauf par les gravures et les dessins des Anglais qui venaient parfois en France, ou par les différentes Expositions Universelles.

    Ce qui perdit Lucien furent les grands yeux noirs de la belle étrangère. « D’où viens-tu ? » était la question qui raisonnait dans la tête du garçon.

Frumos.

Quoi ?

    Ce fut le premier mot qu’il entendait de sa bouche. Elle roulait le R, mais cela ne lui indiqua pas la nationalité de l’inconnue pour autant, de nombreux pays en Europe parlaient de cette manière.

Qui es-tu ?

Îmi place.

Tu t’appelles Imi ?

Frumos, îmi place foarte mult.

Tu ne parles pas Français ?

Imi poate acesta pastrati ?

    Lucien comprit rapidement qu’il ne comprendrait pas cette fille. Pourtant, il pouvait voir indéniablement l’admiration qu’elle vouait pour son dessin ; il n’allait pas le récupérer. Plutôt que de lutter vainement avec quelqu’un qui ne parlait pas la même langue, il rangea son crayon en lui disant « Tu peux le garder, si tu veux. », puis tourna les talons, encore émoustillé de cette rencontre fortuite, et étrangement attiré par cette créature.

    Le soir-même il sortit en direction du campement pour aller les voir. Toujours de loin, il observait ces étrangers d’un il perpétuellement curieux, mais surtout plus attentif pour tenter d’apercevoir la jeune fille. Et il la vit, assise entre deux hommes mûrs, à manger sa côte d’agneau. Elle était charmante ; même habillée telle une paysanne, elle était d’une élégance très affinée, plus que certaines filles du rang social de Lucien ou supérieur.

    Comment se nommait-elle ? La littérature quil avait dévorée donna de nombreux noms à Lucien : Pénélope, vertueuse femme grecque qui attend son époux parti au-delà de la mer Égée ? Bérénice, reine de Palestine ?

    Un puissant désir commença à le prendre, il percevait les pulsions de son cur augmenter en rythme et en vigueur, la chaleur monter dans son buste et sa tête, et un mouvement encore léger dans son pantalon. Il déglutit par réflexe face à cette montée d’adrénaline ; il n’avait jamais éprouvé de réel désir pour une femme jusqu’ici. Voulant rester à la regarder encore un peu, la voix de la sagesse eut raison de lui et le fit rentrer à la maison.

    Ce ne fut qu’une fois dans sa chambre que, trop gonflé de désir, il porta la main à sa verge préalablement sortie et procéda à de douces caresses. Il se retint de pousser un trop gros soupir en se mordant le poing et laissa s’écouler sa semence dans sa corbeille, au milieu de ses brouillons, là où il abandonnait habituellement les résultats de ses masturbations.

    Il retourna le soir suivant observer les gens du voyage pour revoir une nouvelle fois cette demoiselle. Le troisième soir, il était de nouveau à son rendez-vous. Toujours derrière son buisson, il ne voyait que deux hommes fumant la pipe. Lair sétait rafraîchi et la pluie était tombée durant la journée. Cette météorologie fit glisser la fine couche de boue sous le pied du curieux qui perdit léquilibre : dabord tombé sur son séant, il tenta de saccrocher à la branche qui craqua sous le poids de son corps, et tomba. Lucien finit son périple à plat ventre, dans la fange, la paume de la main écorchée, le visage et les vêtements souillés de terre mouillée. Il nétait pas sonné, mais encore confus de ce qui venait de lui arriver.

    Les deux fumeurs avaient entendu sa chute et, une torche à la main, vinrent le voir et lui parler dans cette langue incompréhensible. Bien que les discours racistes de son père le révoltaient, ils revinrent soudainement en sa mémoire et il prit peur, pensant que ces hommes costauds viendraient le dépouiller ou le tuer, voire les deux.

    Rien de cela. Lucien fut attrapé doucement par les aisselles et relevé. Il tenta de sexpliquer avec les bohémiens pour leur demander de sen aller, mais il se dit quil aurait du mal à expliquer à ses parents la raison de létat de ses vêtements. De ce quil comprit, on lui proposait de les laver et, peut-être mais il nen était pas sûr nettoyer sa main qui saignait plus quil ne le pensait.

    Toute cette agitation avait fait sortir les personnes alentour de leurs roulottes. Des questions se posaient, puis vint vers Lucien une femme qui appela sa fille. LA fille. Lucien, encore incertain des réels desseins de ces gens-là, navait pu écouter le nom de laimée, ce quil regretta amèrement. Après quelques conversations, la sublime créature amena le jeune voyeur dans une roulotte quelle ferma derrière elle. Le lieu était exigu ; Lucien éprouva subitement une montée d’adrénaline à se retrouver aussi proche de cette personne. Elle le fit asseoir sur une paillasse, à la lumière dune bougie dans une lanterne, et commença à lui enlever gilet et chemise. Lucien, comme beaucoup de gens de son âge, était encore garçon ; il n’avait pas même lexpérience dun baiser, fût-il volé ou donné. Se retrouver le torse nu devant une personne de lautre sexe lémoustilla fortement, dautant plus devant celle désirée depuis des jours.

    La jeune fille sortit dun tiroir un petit baluchon et un mouchoir. Du second, elle nettoya la main ensanglantée. Le contact de cette peau sur son poignet était des plus délicieux, elle était douce. Linconnue sétait agenouillée et se montrait fort concentrée dans son travail ; ses yeux ne quittaient pas la paume. Elle prit ensuite un flacon et en déposa quelques gouttes sur un autre côté du mouchoir, propre, et lappliqua sur la plaie. Surpris par la douleur, Lucien ne parvint à retenir un cri quil sempressa datténuer en fermant la bouche et en plaçant sa main valide dessus. Ce passage fut bref. La fille avait commencé à dérouler le baluchon sur toute la main avec aisance et habileté, pour terminer par un pansement quelle attacha dune petite épingle. Une fois ce travail accompli, elle regarda Lucien avec un sourire en lui caressant amicalement la cuisse.

Merci.

    Bien quils ne parlassent pas la même langue, elle comprit ce quil lui avait dit et sourit de plus belle. Elle saisit ensuite un second torchon qu’elle trempa dans un seau d’eau, puis commença à nettoyer le visage de Lucien, boueux, afin de lui redonner le teint blanc et sain qui était propre au jeune garçon. Elle fit de même avec la seconde main. Bien qu’il y eût le tissu entre eux, sentir le contact de ces doigts contre les siens ou contre sa paume émoustillait le blessé. Les seules mains féminines qu’il ait jamais touchées étaient gantées, et appartenaient la plupart du temps à des femmes mariées et d’âge mur, auxquelles il se devait de faire le baisemain. Cette personne avait les mains nues qui lui touchaient les siennes pour autre chose que des conventions. Il est compréhensible qu’un jeune homme encore vierge et qui n’a jamais approché de femme auparavant se trouve submergé d’émotions dans une pareille situation. Et si elle se nommait Mercédès, telle l’ancienne promise d’Edmond Dantès ?

    Elle se redressa doucement puis approcha la main du visage du garçon et lui donna une caresse sur la joue.

    Ils étaient seuls. Elle était venue le voir. Ils se plaisaient, et ils le savaient. Lucien lui caressa lavant-bras avec sa main saine. Elle se pencha en avant pour montrer son décolleté à ce jeune mâle qui ne manqua pas dy perdre son regard, rouge comme une pivoine. La fille lui donna alors un baiser doux et délicat ; et sil sétait montré tendu et encore hésitant quant aux choses à faire de par son éducation morale et chrétienne qui était dattendre le mariage, Lucien se laissa totalement abandonner à cette divine créature.

    La fille sécarta de lui et commença à se déshabiller, vêtement par vêtement, en se nourrissant du désir qui grandissait dans les yeux du garçon. Elle dégagea ses épaules, puis sa gorge, de son léger chemisier blanc avant de le laisser tomber complètement, dévoilant ses seins et une partie de son ventre. Rapidement, sa jupe noire tomba elle aussi. La bohémienne sapprocha alors et commença à lui ôter chaussures, chaussettes et pantalon, puis caleçon. Lamante posa les vêtements dans une corbeille quelle déposa furtivement, sans être vue, à lentrée de sa roulotte. Revenant vers lui, la jeune fille se mit à lui caresser délicatement la hampe afin de lui dégager le gland rouge et même violet de désir. Elle prit le poignet de Lucien et lui fit toucher des doigts son entrejambe en gémissant doucement, quil comprenne bien que cétait une chose à faire. Les attouchements durèrent un certain temps, entrecoupés de baisers sur la bouche et tout le corps, de caresses et de regards brûlants.

    Lucien était promis, une fois son service militaire accompli, en mariage à une fille de bonne famille dun village voisin ; mais en vérité, bien quelle ne fût pas laide, il ne laimait pas beaucoup. Cétait une épouse « arrangée ». Ce contact de la chair avec cette fille de grand chemin était en revanche un réel désir, peut-être même un réel amour passionné, alors quil ne la connaissait que depuis à peine une semaine. Ce fut donc sans le moindre sentiment de honte ou de péché quil se laissa entraîner à lamour avec cette fille que certains appelleraient, à tort ou à raison, de joie.

    La demoiselle sécarta en direction de la lanterne, louvrit et souffla dun coup sec sur la bougie, plongeant la roulotte dans un noir total. Lucien ne voyait plus pendant un instant, mais avait senti la peau de la jeune fille contre la sienne. Tant de sensualité dans ce contact, dans cette caresse des cuisses, lui faisaient tourner la tête, comme si ses sens étaient, par l’obscurité rassurante de ce véhicule de bois, toujours plus affinés. Il tremblait de tout son être, intérieur et extérieur. La jeune fille comprit alors que le jeune garçon était encore pur.

    Dès lors allongé, il avait deviné, au contact particulier, quelle sétait mise à califourchon sur lui. Peu averti des rapports sexuels, il pensait que seul lhomme devait être sur la femme. Néanmoins il trouva cette posture, bien quencore aveugle, incroyablement excitante.

    La main de la jeune fille le caressa une nouvelle fois de manière humide, puis lui prit le sexe et commença à bouger elle-même son corps, jusquà ce que Lucien sente le contact de son gland sur les lèvres intimes de son aimée. Lespace dun instant, des questions envahirent son esprit : « Est-elle vierge ? », « Comment ça sera ? », « Ai-je raison de le faire ? » La première réponse arriva de suite : il entra en elle dun glissement fluide et sans obstacle. En effet, la demoiselle avait déjà fait don de son pucelage. Point de jalousie pour Lucien ; en réalité, ce fait nétait plus si important que cela pour lui, qui était déjà le plus heureux du monde de faire lamour avec cette fille.

    Celui qui vint de devenir homme fut surpris, et sursauta même, par autant de douceur et de chaleur, mêlées à une humidité des plus agréables. Il poussa un soupir de plaisir et détonnement, et la délicieuse inconnue resta un instant immobile, ayant prévu que amant avait besoin dun peu de temps pour shabituer aux douceurs vaginales. Elle se pencha ensuite sur lui, poitrine contre poitrine, pour lembrasser et commencer ses mouvements de hanches.

    Encore étourdi de plaisir, Lucien leva les bras instinctivement avant de les poser sur les hanches de la personne. Une peau si douce, si chaude Cette femme restait silencieuse et ne gémissait que peu ; les souffles de son nez, de sa gorge, tantôt longs, tantôt saccadés, suffisaient à faire comprendre son plaisir. Lui, au contraire, ne parvenait pas à contenir les râles dus aux caresses des chairs.

    Elle continuait de bouger, tranquillement, avec douceur, en embrassant le cou de celui qu’elle avait mis en elle. Son ventre se frottait à lui, ses seins se frottaient à lui ; même dans son inexpérience des femmes, Lucien saisît rapidement que sa partenaire procédait ainsi à dessein, peut-être pour son propre plaisir. Il ne s’en plaignait pas, bien au contraire. S’il n’avait pas eu assez de temps pour découvrir ce corps enchanteur par la vue, il le voyait par les mains, par le torse, par tout son jeune corps aux poils dressés sous l’effet de l’excitation. Il laissait ses mains fureter sur le dos de la belle étrangère, sur ses cuisses, sur ses bras, et même sur ses fesses rondes et lisses qu’il caressa après quelques hésitations.

    La lueur de la lune qui se reflétait sur sa peau donnait une inspiration de déesse à cette femme, qui passa d’un teint ambré à un teint pâle, angélique, surnaturel, comme venant d’un autre monde. Une création lunaire, divine. Son nom serait-il Séléné, mythologique déesse de l’astre nocturne et épouse d’Endymion, représentée sur un cheval d’albâtre ?

    La fille sentait le soleil. Ses cheveux, brillants, soyeux, d’ébène tels les touches d’un piano, humaient l’écorce des pins que Lucien connaissait grâce aux concours hippiques donnés dans divers pays de France et d’Europe. Il se mit à embrasser le bras, puis à le mordre sous l’effet de la joie. Ses mains se crispaient sur le fessier féminin qui continuait ses mouvements sans la moindre lassitude, mouvements qui avaient gagné en intensité depuis quelques minutes.

    Alors que les va-et-vient continuaient sur un rythme plus soutenu, Lucien sentit sa verge s’abandonner et déverser son blanc liquide dans les profondeurs merveilleuses de cette charmante personne. Bien qu’il sût ce que pouvait être une éjaculation, celle-ci lui fut hors du commun : son âme sembla s’élever un instant, toute sa peau s’érigea en des milliers de petits picots et ses mains, ses yeux se crispèrent avec force. Un cri, très difficilement contrôlé, émana du fond de sa gorge ; s’ensuivit une respiration forte, comme après un effort.

    La jeune fille s’était arrêtée. Un peu redressée, tenant sur ses bras tendus, les paumes posées des deux côtés de la tête de son partenaire, elle resta assise sur la verge encore droite et bien au chaud. Habitués maintenant à la nuit, ils pouvaient tous deux voir leurs visages grâce à la lumière de la lune qui passait par la fenêtre de la caravane. Elle avait le visage malicieux. Il avait un sourire indéfinissable où se mêlaient joie, plaisir, étonnement, excitation, euphorie. Ils restèrent un instant dans cette position équestre, les mains de Lucien posées sur les cuisses de la demoiselle, jusqu’à ce que chacun ne sente la détumescence. L’inconnue se pencha dès lors sur son amant pour lui offrir un doux baiser sur les lèvres. Lucien l’enlaça pour être au plus près de cette peau aussi douce et sucrée qu’un bonbon au miel ou une dragée de mariage.

    Le jeune homme savait comment étaient faits les enfants ; pourtant il ne s’en soucia aucunement. Non par irresponsabilité ou inconscience, mais plutôt par, peut-être, une envie cachée au plus profond de son inconscient de devenir éventuellement père. Cette fille, de nationalité étrangère, vivant de peu, n’était pas forcément ignorante de ces choses-là non plus ; et que si elle lui avait offert d’elle-même ses faveurs, elle était sûrement consciente de son acte.

    Sans un mot, puisqu’ils ne les comprendraient pas, ils se parlaient avec les mains et les yeux. De l’Amour. Ils s’aimaient, et le savaient. Qu’importait la peau, qu’importait le sang, qu’importait le rang : leur cur était chaud.

    Lucien aurait voulu continuer, reprendre, mais la jeune fille se leva de la paillasse, jambe semi-arquées, la main sous le clitoris et sembla attendre. Le garçon devina par la blancheur qu’elle évacuait le sperme de son vagin ; ainsi était sa méthode pour ne pas tomber enceinte. Elle s’essuya la main dans un torchon qu’elle avait sorti d’un tiroir, le passa un instant sur son sexe puis le jeta dans un coin avant de rejoindre son amoureux sur ce lit de fortune.

    Les deux passionnés ne refirent pas l’amour. La belle étrangère s’était endormie peu après s’être recouchée.

    Lucien se réveilla en sursaut au beau milieu de la nuit ; il devait absolument être présent chez lui le lendemain matin aux aurores pour accompagner son père au haras. Sa partenaire le tenait dans ses bras, et bien qu’il voulût rester la nuit entière auprès d’elle, il devait s’en séparer pour éviter les problèmes. Se défaisant de l’étreinte sans brusquerie, il passa au-dessus de l’endormie pour retrouver ses sous-vêtements et ses chaussures. Il se rappela que ses vêtements, maculés de boue, avaient été mis dans le panier à la porte de la roulotte. Il regarda encore un instant celle qu’il avait ou plutôt qui l’avait honoré, lui adressa une tendre bise sur l’épaule nue et sortit.

    Une fois dehors, il s’aperçut que le panier avait disparu. Lucien commença à s’inquiéter : lui avait-on honteusement volé ses vêtements ? Ou bien les femmes les avaient-elles pris pour les laver le lendemain ? Dans tous les cas, il était presque nu et avait froid dans cette nuit d’été. N’ayant pas le choix, il rentra chez lui dévêtu.

    La porte de la maison était fermée, mais le jeune aventurier ne s’arrêtait pas là : il avait l’habitude, plus jeune, d’escalader la façade de la maison pour atteindre sa chambre, à l’étage, dont il avait laissé par chance la fenêtre ouverte. Se hissant sur le flanc du mur en évitant tout bruit suspect, il sauta dans son lit avant de s’endormir en repensant à sa première nuit d’amour, pensée qui n’eut pas besoin de plus pour soulever une nouvelle fois son organe fraîchement utilisé.

    Quand elle le vit sinstaller à la table du petit déjeuner, sa mère sétonna du pansement à la main qui nétait pas là la veille.

Tu tes blessé ?

    Il comprit tout de suite, et grâce à son habitude de la lecture et des histoires, il en trouva une très rapidement.

Hier soir jétais allé voir Constant pour parler, à un moment jai trébuché et je suis tombé sur un bout de bois. Sa mère ma soigné.

Oh, tu aurais dû rentrer, ce nétait pas la peine de faire travailler encore cette brave dame ! Jirai la remercier si nous nous croisons au marché.

    Aïe ! Lidée nétait peut-être pas si bonne

Elle ma dit que ce nétait pas la peine de la remercier ; je lui ai dit que je ten parlerais, mais elle a insisté pour ne rien en faire. Tu la connais, cest une femme humble qui naime pas attirer lattention.

    Lucien marqua un point. Constant était son meilleur ami, et sa mère était devenue plus modeste et beaucoup moins bavarde depuis la mort de son mari causée par un coup de corne d’un de leurs bufs de trait. Elle était devenue dès lors très pieuse, se consacrant à Dieu et à ses deux enfants, et naimait effectivement pas être maintes et maintes fois remerciée pour des services. Sauf que la mère de Lucien était, elle, du genre à beaucoup en faire et à dire des dizaines de fois « Merci » aux gens qui ont été gentils ; trop, même, au point den devenir gênant même pour des personnes plus ouvertes. Lucien espérait que sa mère lécouterait lui plutôt que sa tête.

    Le père s’étonna de voir son fils sous un autre jour : actif au haras, motivé, il ne l’avait jamais vu ainsi depuis plusieurs années. Toute tâche était acceptée et accomplie dans l’heure. Pourtant, Lucien ne pouvait aller voir sa bien-aimée le soir : bien que l’amour donne des ailes, il donnait tant de sa personne la journée qu’il n’avait plus aucune énergie le soir venu. Et il s’en voulait ; il ne souhaitait pas paraître goujat et malotru aux yeux de sa bohémienne, n’ayant voulu que la culbuter un instant et l’abandonner plus tard. Si elle parlait Français, il lui aurait écrit un mot en partant. Il espérait qu’elle ne lui en voudrait pas.

    La chance sourit enfin au jeune amoureux. Trois jours après sa nuit de bonheur, une fois le travail au haras terminé, son père lui adressa la parole :

Fils, je dois te dire que je suis fier de toi. Tu as su me montrer que tu étais capable de quelque chose, et devant Monsieur Garnier. Il était venu pour affaires, et il a trouvé les bêtes très bien traitées lorsqu’il t’a vu à l’ouvrage. C’est une bonne nouvelle, car il peut nous rapporter beaucoup d’argent. Demande-moi quelque chose que tu veux en récompense ; je suis prêt à te donner jusqu’à dix francs.

    Dix francs, une récompense conséquente justifiée par un futur profit. Lucien aurait pu accepter, mais une autre idée lui vint en tête.

J’aimerais un jour de repos, demain.

Tu ne veux pas d’argent ?

Non, je voudrais une journée pour me reposer, et me promener.

Encore tes flâneries et tes pertes de temps de poète ? Rêver ne rapporte rien ; tu ne réussiras pas dans la vie si tu continues comme ça.

Oui, mais tu m’as dit m’offrir ce que je voulais.

C’est vrai, accepta le père après un soupir. Bien. Je ne renie jamais ma parole. Tu es libre de faire ce que bon te semble toute la journée de demain.

Merci.

    Le fils n’avait jamais espéré une telle occasion. Après une partie de dames qu’il avait failli remporter, il alla se coucher de bonne heure afin de se réveiller tôt et ainsi passer plus de temps en charmante compagnie.

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