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Sonia mon amour – Chapitre 16




-Chéri, nos corps sont à lunisson quand nous faisons lamour, mais nous navons pas tout essayé.

-De quoi parles-tu ?

-De la sodomie bien sûr. Nous navons jamais essayé, je me souviens que tu mavais touché lanus avec ton doigt et plusieurs fois avec ta langue et à chaque fois, javais bien aimé. Jaimerais connaitre une nouvelle sensation de pénétration. On pourrait aller plus loin, quen penses-tu ?

-Ok chérie, on pourra essayer, mais il faut en laisser un peu pour plus tard, ne ten fait pas, nous avons le temps de tout essayer, enfin presque. Tu veux tout connaitre tout de suite, avançons calmement dans la découverte de lharmonie de nos corps.

-Oui chéri, mais tu sais bien que jaime quand tu fais vibrer mon corps avec tes mains, ta langue, ton sexe et ton corps tout entier. Jaime te sentir sur moi, en moi, à communier dans la recherche du plaisir, dans la recherche de lextase.

-Chérie, tu penses un peu trop au sexe.

-Peut-être, mais cest de ta faute, cest toi qui me la fait découvrir lamour, cest grace à toi que jai pu mépanouir, grace à ton amour, à ta tendresse, à ta patience. Cest toi qui mas donné la confiance nécessaire pour que ma vie ne sarrête pas sur une agression sauvage, pour que javance quoi quil arrive, que je suive mon cap. Et pour linstant mon cap cest de découvrir le maximum des facettes de lamour avec toi pour le partager et me donner à toi avec encore plus dardeur, dintensité.

-Oui chérie, mais tout ceci est très fatigant.

-Tu as raison mon chéri, je parle trop, mais cest parce que je taime et que jai envie de partager avec toi. Dormons maintenant.

Nous nous enlaçons dans les bras de lautre et nous nous endormons.

Marc arrive deux jours avant lanniversaire de Sonia avec Virginie. Nous sommes en arrière-saison, il fait encore chaud, cest le grand boum des vendanges, les routes sont remplies de tracteurs roulant assez vite avec leur chargement de raisin. La veille de son anniversaire, en début daprès-midi, Marc veut faire un cadeau à Virginie et demande à sa sur de laccompagner pour le choisir. Japprendrais plus tard, quen fait, cest Sonia qui voulait macheter mon cadeau danniversaire, ils avaient inventé cette histoire pour que je ne vienne pas, la voiture de Marc nayant que deux places. Ils partent en TR3, elle me fait un grand signe de la main et menvoies un baiser. Cest la dernière fois que je la verrais vivante.

Sur la route, Marc doit sarrêter à un carrefour pour laisser passer deux tracteurs. Le chauffeur du camion qui les suivait allume une cigarette avec son briquet sans regarder la route et ne freine pas. Il embouti la voiture à très vive allure la projetant sur un des tracteurs qui passaient. Sonia est tuée sur le coup, les vertèbres cervicales brisées, victimes « du coup du lapin », la voiture nayant pas dappui tête. Marc décèdera une heure plus tard des mêmes raisons pendant son transport à lhôpital. Vers dix-huit heures, nous sommes un peu inquiets de ne pas les voir revenir quand une voiture de la gendarmerie arrive. En sortent deux gendarmes, et à voir leurs tête je comprends quil sest passé quelque chose de très grave. Ils nous annoncent la nouvelle sans précautions.

-Vous êtes les parents de Sonia et Marc XXXX ?

-Oui.

-Ils sont morts dans un accident dautomobile, toutes nos condoléances.

Véronique sévanoui, Virginie, assise sur une chaise, tombe par terre, Jacques titube et se retient à la table et moi, je suis anéanti, ma tête tourne, mon cur sarrête, mes jambes mabandonnent et je mécroule au sol. Au bout dun moment qui me parait une éternité, je réussi à me lever péniblement, viens relever tant bien que mal Virginie restée au sol pour la faire assoir sur un divan pendant que Jacques soccupe de sa femmes. Les deux gendarmes sen vont sans un mot ni un geste pour nous aider. Nous sommes tous dans le salon à essayer de réaliser ce qui ce passe quand apparaissent Marion et Mélodie.

-Que ce passe-t-il, cest quoi ces gendarmes ?

Jacques se lève, les prend par les épaules pour les emmener vers son bureau.

-Venez avec moi.

-Que ce passe-t-il ?

Ils entrent dans le bureau, Jacques ferme la porte, trente secondes plus tard, on entend un grand cri.

-Non, non, ce nest pas possible.

Les filles et Jacques restent un long moment dans le bureau. Marion sort la première les yeux rouges, le visage ruisselant de larmes et vient se jeter dans mes bras.

-Ce nest pas possible, Jean dis-moi que ce nest pas vrai.

-Je ne peux malheureusement pas ma chérie.

Nous pleurons à chaudes larmes dans les bras lun de lautre. Tout le monde est abattu, inerte, sans vie.

Sonia est allongée sur son lit, elle repose en paix, elle na aucune blessure apparentes, elle est intact, toujours aussi belle, les traits reposés, le visage serein. Ma mère lui a fait un léger maquillage, elle est ravissante, mai elle est morte, et ça je ne peux pas laccepter. De la voir là, si belle, je craque et sors de la pièce en pleurant. Ce connard de chauffeur ma pris les deux êtres que jaimais plus que tout au monde, Sonia et mon enfant quelle portait.

Deux jours plus tard, nous enterrons Sonia et Marc. Jacques et Véronique ont tenus à ce que Virginie et moi soyons en tête du cortège. Elle se blotti contre moi, nous avançons comme des fantômes.

Toutes les personnes de ma famille qui lon rencontré sont là, jai réussi à prévenir Christine qui est venue aussi. Toutes les personnes qui laimaient étaient présentes. Maman a absolument voulu quelle soit enterrée avec sa bague, quelle aimait tant. Elle est effondrée, mon père doit la soutenir, elle adorait Sonia, cétait pour elle la fille quelle aurait tant voulu avoir. Elle ne la connu que très peu de temps, mais aucunes de mes femmes, comme celle de mes frères, ne la remplacerons dans son cur, elle men parle encore souvent aujourdhui. Laprès-midi même, je quittais les parents de Sonia pour retourner chez mes parents quelques jours, cest mon père qui a conduit, je ne pense pas que jaurais pu, jétais trop en proies à des crises de larmes. Nous en avons profité pour faire faire un bout de route à Christine. Jai obtenu ce travail à Toulouse et y ai déménagé très rapidement, je pensais que ça allait maider.

Après ces évènements tragiques, ma philosophie de la vie a totalement basculé. A quoi bon faire des projets, à quoi bon penser à lavenir, préparer le futur, tout peut sécrouler en une seconde parce quun chauffeur ne regardais pas sa route, parce quun mec a pris le volant complètement bourré, parce quun système na pas fonctionné correctement, pour un oubli, une distraction, pour tellement de raison. En un an, jai perdu mon ami denfance avec lequel javais de très grands projets et quand je croyais avoir trouvé le bonheur, et pouvoir fonder une famille, la femme que jaime disparait.

A partir de ce moment, jai décidé de vivre au jour le jour, de me laisser aller, de me lâcher, de bruler la chandelle par les deux bouts. Je ne pouvais plus dormir, il me manquait quelque chose dans mes bras pour mendormir. Je voulais mourir lentement, disparaitre de cette terre maudite et cruelle et rejoindre Sonia dans le néant.

Je suis tombé dans lalcool, je fumais plus de trois paquets de cigarettes par jour, buvait pratiquement une bouteille de whisky par jour, voire plus, sans compter le vin et tout le reste. Je sortais en boite, moi qui ai toujours détesté ça, je me faisais une fille par soir, la traitais comme une pute, la baisais et la virais le lendemain. Je nallais travailler, que pour me payer mes nuits, juste pour préparer la future soirée. La seule chose à laquelle je nai jamais touché de ma vie, cest la drogue.

Cela a duré six mois, dans une ville que je découvrais, durant lesquels jai failli basculer dans le néant sans que personne de mon entourage ne puisse faire quoi que ce soit, je ne leur en donnais pas la possibilité, jévitais mes parents, ma famille, personne ne pouvait venir me voir, je ne les recevais pas. Seule Michelle, à force de persuasion et damour, est parvenue à venir me voir, elle a fait le déplacement à Toulouse, mais jétais tellement en colère quelle a préféré ne pas insister et repartir, elle était désespérée. Jusquà ce quun jour je tombe sur Emmanuelle.

Elle saura, en comprenant ma situation, me remettre sur la route, et me faire reprendre le cours de ma vie, ce sera ma première femme. Elle a toujours sut quelle nétait pas lamour de ma vie et quelle ne le serait jamais, pourtant elle a su me faire reprendre goût à une vie plus saine. Elle a su me comprendre, ne pas voir que le pauvre con qui se plaignait de sa vie foutue, elle a su me faire comprendre quil pouvait y avoir autre chose, même si ça ne sera jamais comme avant. Notre histoire sest terminée en queue de poisson, par un brutal divorce, mais elle a été une personne très importante de ma vie.

Jai rencontré dautres femmes et les ai aimées, plus ou moins intensément, mais toujours respectées, elles mont toutes apporté quelque chose, elles ont toutes participé à mon évolution, fait partie intégrante de ma vie, elles ont toutes compté.

Toutefois, je nai plus jamais aimé une autre femme comme jai aimé Sonia, plus jamais je ne me suis laissé emporter par une femme comme avec Sonia, plus jamais je nai fusionné intimement avec une femme comme avec Sonia, plus jamais je ne me suis senti faire partie dune osmose, dun seul être comme avec Sonia, plus jamais je nai laissé mon cur divaguer et prendre le pas sur ma raison pour une femme comme avec Sonia, plus jamais je ne me suis autant projeté dans lavenir avec une femme comme avec Sonia, même si sur le moment je me sentais heureux. Une force immatérielle men empêchait, quelque chose dans mon cur, mon âme, mempêchait daller plus loin.

Sonia est là, toujours, près de moi, je la sens, je la respire. Elle na toujours pas quitté mon cur quarante-cinq ans plus tard. Elle est toujours tapie au plus profond de mon être, elle fait partie de ma chair, de mon âme. Elle est dans ma tête tous les jours, il ne passe pas un jour sans que je ne pense à elle plusieurs fois. Je laime et je laimerai toujours.

Après quarante-cinq ans, je suis conscient que nous navons vécu que quatre mois ensemble, que cétait le début de notre amour, que nous découvrions nos âmes, que nous découvrions nos corps et que tout paraissait beau, embelli par la découverte de lautre. Je suis conscient que la beauté de son corps, la beauté de son âme, tout ce qui faisait Sonia est amplifié dans mon cur comme dans mes souvenirs. Néanmoins, jamais il y a eu un mot plus haut que lautre entre nous, jamais nous navons été en désaccord, jamais une dispute. Nous étions à lunisson, en harmonie lun avec lautre, tendus lun vers lautre. Ces quatre mois ont étés une suite continue évènements heureux, qui nous rapprochait un peu plus chaque jour. Jamais une autre femme ne sest abandonnée à moi comme elle, ne sest laissé aller, donnée, offerte à moi en me laissant la guider vers la connaissance de son corps. Je sais au fond de moi-même que cétait la femme de ma vie et que jaurais vécu toute ma vie avec elle, que seule la mort pouvait nous séparer. Elle la fait prématurément.

Toute ma vie, à chaque évènement, bons comme mauvais, je pensais à ce quon aurait pu faire avec Sonia dans la même situation. Ma vie aurait été si différente, plus constructive, plus tournée vers lautre, pas la vie débridée et incohérente que jai menée, pratiquement tout le temps basée sur le sexe, me laissant aller à mes envies, mes pulsions, sans toujours en mesurer les conséquences.

Jai eu plusieurs femmes dans ma vie, toutes très belles, intelligentes, dynamiques, pleines de vie, aimantes, sensuelles, sexy, aimant faire lamour, parfois trop, deux mont donné un enfant, jai eu de bons et de mauvais moments avec elles, mais aucune na pu me faire oublier, ne serait-ce quun instant, Sonia, son amour, sa tendresse, son don de soi, sa beauté, sa présence, son esprit, sa voix, son corps, ses caresses, sa peau, son sexe, son goût.

Jai nai revu la famille de Sonia que pour lenterrement de Jacques, il sest suicidé le jour du premier anniversaire de laccident, laissant Véronique et ses filles seules. Il avait plongé dans une très sévère dépression dont il na su se sortir. Il a laissé Véronique et les filles dans une terrible détresse. Jai aidé Véronique financièrement pendant six ans, jusquà la fin des études dinfirmière de Mélodie. Paul, lui, resté très attaché à Marion, sest occupé delle, il la aidé et, conformément à ses prévisions, elle a fait de brillantes études de médecine devenant une ophtalmologue de réputation mondiale. Elle lui en garde une reconnaissance éternelle. Ils se voient toujours de temps en temps. Moi, je nai plus revu personne après lenterrement de Jacques, cest trop dur, elles lui ressemblent trop.

Après cet évènement, je ne suis plus jamais retourné là-bas, sur la tombe de Sonia, ce nest pas mon style de me recueillir sur une tombe.

Les gens que jaime sont dans mon cur pour toujours.

Sonia, mon amour, je taime, et je taimerai jusquà la fin de mes jours.

Jean.

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