— Bonjour, je balbutie. Je cherchais les toilettes.

— C’est bien ici, me dit Florence. Peut-être souhaitez-vous que nous sortions ?

— Heu, oui, s’il vous plaît

Florence et sa compagne me sourient. Je vois distinctement la main de Florence sortir de dessous le pagne de l’autre jeune femme. Elles quittent doucement la pièce et la porte se ferme, me laissant seule.

Je m’approche pour fermer le verrou : pas de verrou ! Un peu gênée, je me décide à m’approcher des toilettes. Je soulève ma jupe et descend ma culotte en priant pour que personne n’entre. Ma vessie a du mal à se vider, probablement la crainte de voir quelqu’un débouler.

J’ai l’impression d’uriner pendant de longues minutes et ma tête est en feu. Je commence à réaliser quelles relations semblent exister entre les femmes de cette maison. Muriel, me petite, fais attention à toi !

Enfin, je remonte ma culotte, tire la chasse et m’approche du lavabo. Je commence à me laver les mains lorsque la porte s’ouvre. Ouf, je l’ai échappé belle ! C’est Conakry qui m’adresse un sourire puis se rend sur les toilettes. Elle soulève son pagne, s’assied et commence à uriner. Stupéfaite, je me frotte les mains pendant de longues secondes avant de sortir précipitamment.

Revenant dans le salon, mon visage doit encore trahir mon trouble.

— Eh bien, que t’arrive-t-il, Muriel ? Tu n’as pas trouvé les toilettes.

— Heu, si, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de monde.

Ma tante éclate de rire.

— Qui y as tu vu ?

— Tout d’abord deux jeunes femmes mais elles m’ont rapidement laissé la place pour me permettre d’avoir un peu d’intimité. Puis, alors que je me lavais les mains, Conakry est venu faire un besoin. J’avoue que cela était un peu gênant.

— Pourquoi donc ?

— Comment dire… Je ne suis pas habituée à faire mes besoins devant quelqu’un d’autre ni à voir quelqu’un d’autre faire ses besoins devant moi.

— Effectivement c’est une habitude qui n’est pas facile à prendre. Mais dis-moi, si tu te maries un jour, tu risque d’avoir le même problème avec l’homme de ta vie.

— Je ne vois pas pourquoi. Nous ne serons pas obligés de laisser la porte des toilettes ouvertes.

— Tu sais, certains hommes sont particulièrement friands de ce genre de chose.

— J’espère bien que celui que j’épouserai n’auras pas ce genre de travers.

— Et comment comptes-tu t’y prendre ? Au premier rendez-vous, tu lui demanderas : « Monsieur, j’espère bien que vous me laisserez faire pipi toute seule, si jamais nous venions à nous marier ! Passez votre chemin sinon ! »

En fait, je ne me vois pas vraiment poser ce genre de question de façon aussi abrupte.

— Vois-tu, Muriel, dans cette maison, nous vivons, comment dire ? En communauté rapprochée.

— Excusez-moi de ma franchise, ma Tante, mais autant dire les choses comme elles sont, vous êtes lesbiennes !

— Tout à fait. Mais dis-moi, à ton âge, tu connais déjà le mot de lesbienne. Tu es cultivée. Généralement les gens parlent de gouines ou gougnottes. Qui t’as appris ce joli mot ?

— Je ne sais plus. Dans un livre sûrement.

— Tu as de saines lectures, c’est bien. Bon maintenant, que penses-tu du lesbianisme ? C’est une honte ? Une maladie honteuse ? Une perversion ?

— Mon père…

— Je sais parfaitement ce que pense ton père. C’est ton opinion personnelle qui m’intéresse. Mais discutons-en autour du repas.

Nous prenons place à table et la jeune femme que je pense être Florence nous apporte l’entrée. Ma tante la questionne.

— Dis-moi Florence, étais-tu dans la salle de bain quand ma nièce a voulu aller aux toilettes.

— Oui Madame. J’y étais avec Lima.

— Et que faisiez vous ?

— Nous échangions quelques baisers et caresses, mais nous avons très vite laissé la place à Mademoiselle votre nièce.

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